Une (demi-)fiction cathartique.
***
Le grand problème de Fille Aînée, c'est qu'elle n'arrive pas à s'adapter à notre époque.
Elle est contre la barbarie, vous vous imaginez? Et ça peut vraiment devenir emmerdant.
Exemple: Je veux que Bébé termine son assiette de crevettes. Que faire? Moi, j'en prends une entre mes doigts, je la fais frétiller gaillardement, je prends une voix de crevette et je dis: "Non, non Madame, ne me mangez paaaaas! J'ai une femme et des enfants! Pitié, je vous en prie, piti-" et gloups! Je l'avale. Bébé, qui est une créature bien en harmonie avec notre ère dégénérée, rigole et avale le reste de ses crevettes en étouffant leurs cris de protestation par des "z'a besoin! z'a le D'OIT!" bien sentis.
En fait, Bébé aimerait bien que nous allions pêcher nous-mêmes nos crevettes. Au bazooka. En nous curant les dents avec un sabre japonais. Et en souillant la faune et la flore marines de nos râclures de gorge bilieuses et de nos pipis corrosifs. Pour vous dire toute la vérité, la réputation de Bébé est telle qu'il y a McCain qui a appelé à la maison pour savoir si elle voulait être son V.P. Mais quand Bébé a appris que les États-Unis étaient encore une stupide démocratie et non une tyrannie pleine de potentiel, elle a refusé.
Bref, avec Bébé, cuire les crevettes n'est qu'un prélude à leur torture psychologique. De l'amusement normal et hygiénique, quoi.
Mais, allez savoir pourquoi, Fille Aînée regimbe. Fille Aînée, elle, aimerait mettre au point une potion magique de vie pour faire ressusciter les crevettes grillées -- z'imaginez les maux de ventre.
Mère indigne tendant une crevette artificiellement frétillante à Bébé -- 'Oh, non, Madame, je vous en prie! Ne me mangez pas!'
Bébé -- Ha, ha! (Gloups!)
Fille Aînée -- Maman.
Mère indigne -- 'Songez à mes enfants, qui deviendront orphelins et n'auront plus personne à blâmer pour leurs malheurs!'
Bébé -- Hi, hi! (Croque!)
Fille Aînée -- Maman...
Mère indigne -- 'Songez que je n'ai pas encore fait mon pèlerinage à la faille de San Andreas, moi qui l'avais promis à ma pauvre mère avant que le gros requin la rattrape!'
Bébé -- Ho, ho! (Crounche!)
Fille Aînée -- Maman!!
Mère indigne -- 'Songez en outre que je viens de me refaire faire la poitrine à prix d'or et que mon mari n'a même pas encore pu en profiter! Pauvre crevette que je suis, mon sort est bien douloureux!'
Bébé -- Qu'est-ce qu'on se marre ici, saperlotte de cornegidouille! (Slurp!)
Fille Aînée -- Maman, arrête! Tu sais que je déteste quand tu fais ce genre de blagues.
Mère indigne -- Écoute, chérie, ce n'est pas que je n'en suis pas consciente. Mais il faudra que tu t'adaptes à une dure réalité: l'estomac de ta soeur est plus important que ta belle sensibilité. Pas mal plus, je dirais.
Fille Aînée, insultée, dit ce qu'il ne fallait pas dire -- Moi, en tout cas, je ne ferai jamais ça à mes enfants. C'est vraiment, euh, pas bien.
Le regard de Mère indigne se transforme alors sous vos yeux effarés mais éblouis: il devient froid. Sévère. Impénétrable. Reptilien.
Pas content.
Ça va mal se passer, mes tout-petits. Vous le sentez. Vous avez raison.
(En même temps, c'est ici que la fiction cathartique commence. Autrement dit, je me défoule en vous racontant du pas vrai. Z'a besoin, z'a le d'oit.)
Mère indigne -- Laisse-moi te raconter une merveilleuse histoire, chérie. L'histoire de ta conception. Comme tu le sais peut-être (je ne sais pas où vous en êtes avec ce récit dans la cour d'école, mais je prends pour acquis que, hein), tu es composée à moitié de l'ovule de maman, qui ressemblait à un grand soleil magnifique, et du spermatozoïde de papa, qui avait une gueule de petit têtard hargneux.
Fille Aînée -- Un têtard, hin hin...
Bébé, introspective -- On peut le...?
Mère indigne -- Non. Mais oui, un têtard. Hargneux. Et ta moitié têtard a dû se dépêcher, aller très très vite pour rejoindre ta moitié soleil. Parce que tu n'étais pas toute seule, mon amour. Ôôôôô que non. Vous étiez plus de deux cent cinquante millions à faire le sprint de l'amour. Deux cent cinquante millions. Plus de 62 millions de fois la population de notre maison. C'était la course, chérie. À fond la caisse.
Fille Aînée, impressionnée -- Et c'est moi qui ai gagné?
Mère indigne -- Oui, tu as gagné la course. Mais tu dois savoir que cette course, c'était aussi une course contre la MORT.
Fille Aînée -- (Cligne, cligne.)
Mère indigne -- Parce que tu sais ce qui est arrivé quand tu as touché le soleil en premier? Quand tu as crié "Hourra! J'ai gagné! Z'êtes nuls, les mecs!"? Tu sais ce qui s'est passé?
Fille Aînée -- N... non?
Mère indigne -- Les autres, ils sont tous morts. Tu comprends? Morts. Morts.
Bébé, réjouie -- Hou, hou!
Fille Aînée écarquille les yeux. On peut y lire l'incertitude ("ma mère est quand même susceptible d'exagérer...") mais aussi l'horreur ("...quoique peut-être pas").
Mère indigne -- Au cas où tu entendrais cette expression, le "péché originel", ben c'est ça. Tu avais du sang sur les mains alors que tu n'avais même pas encore de mains. Et même pas encore de sang, en fait.
Silence.
Mère indigne -- Alors j'aimerais vraiment que tu te souviennes, ma chérie, que quand ta mère bouffe une crevette, elle n'en tue pas 250 millions en même temps, elle.
Fille Aînée baisse la tête, repousse son assiette et descend dans sa chambre. Du sous-sol, on entend vaguement Queen chanter "Love Kills".
Père indigne -- C'était vache. Et c'était même pas une bonne analogie.
Mère indigne laisse poindre un rictus satisfait.
Fille Aînée, au loin -- Un jour, je la mettrai au point, cette potion magique! Et toutes les crevettes que vous avez mangées reviendront vous hanter!
Mère indigne, sans pitié -- Tu pourras PAS! Pour ta potion, ça va te prendre des yeux de grenouilles et des ailes de chauve-souris, et t'oseras PAS leur faire du mal! Na-na-nèreuh!
***
Plus tard, cette nuit-là, j'ai rêvé que 250 millions de crevettes me menaçaient avec leurs bazookas, en souillant mon lit de leurs crachats bilieux et de leurs pipis corrosifs. En me réveillant, j'ai dû me précipiter à la salle de bain.
Grosse indigestion.
Mais ça n'était sûrement qu'une coïncidence.
Saturday, August 30, 2008
Wednesday, August 27, 2008
Un amour interminable
Comme vous le savez tous (oui, tous!), je termine depuis maintenant plusieurs années un doctorat en philosophie. Et ça serait bien que je le finisse pour de bon très bientôt, parce que la philosophie, comme je m'en rends parfois compte, ce n’est pas très bon pour le couple.
C’est vrai, quoi. Parfois, moi, je discute d’un point de vue com-plè-te-ment détaché des contingences de la vie. Je suis dans le méta-discours, mes loulous. Ça, c’est le discours au sujet du discours, loin, très loin, que dis-je, à une distance intergalactique du plancher des vaches.
J’hypothèse. Je théorise. J’épistémologise. Et soudainement, alors que je m'y attends le moins, on se met à me prendre au sérieux.
C’est pas juste.
Mère indigne – L’autre jour, je suis tombée sur un site Web qui croyait que la nanotechnologie permettrait un jour à l’homme de devenir quasi immortel.
Frère indigne, venu souper à la maison avec Belle-Soeur indigne – De quelle manière?
Mère indigne – Bon, j’ai pas tout compris, mais certaines personnes pensent qu'avec la nano, on pourrait vivre au moins trois cents ans. Tu t’imagines, vivre 300 ans?
Le regard de Mère indigne, rêveur, croise soudain celui de son tendre époux. «Tu t’imagines, chéri? Trois cents ans. Je ne pense pas que l’humanité pourrait continuer à fonctionner avec son schème idéalisant de couple-heureux-vivant-ensemble-pour- toujours.»
Père indigne – Qu’est-ce que tu veux dire?
Mère indigne – C'est évident. À la limite, c’est faisable de passer, disons, cinquante ans avec la même personne. Mais cent? Cent cinquante? Deux cent cinquante?? Les manies de l’être aimé doivent commencer à vous tomber sérieusement sur les nerfs. «Georges, voilà deux-cent-huit ans que je vous regarde vous gratter l’entrejambe tous les matins que Dieu a créés. J’en ai marre. Élargissons nos horizons. Vous m’avez eue toute à vous pendant plus de deux cents années, je me barre pour les quarante prochaines.»
(Notez comme Mère indigne théorise. Aucune référence à son vécu personnel. Que de l’hypothèse, de la supputation, de la conjecture ridicule sans véritable fondement. Une vraie pro.)
Père indigne – Moi, je pourrais t’aimer pendant trois cents ans.
(Notez maintenant comme Père indigne personnalise le débat. «Moi», «je», «t’aimer». C’est un incurable romantique, PI, et Mère indigne, elle, est trop prise par la dimension intellectuelle fascinante du débat pour remarquer qu’elle enfile gaffe sur gaffe.)
Mère indigne – Moui, enfin, si Georges est un bon compagnon de route, je peux comprendre qu'on reste avec lui. Pourquoi tout changer à 175 ans pour se rendre compte de toute manière que tous les hommes sont des gratteurs d'entrejambe compulsifs? Par contre, vivre deux cent-cinquante ans avec la même personne, j’aime autant te dire que la monogamie, c’est foutu.
Père indigne se tait.
Mère indigne – Non, sérieusement. C'est mort.
Belle-Sœur indigne ferme à demi les yeux, comme quelqu’un qui voit de très près un 45 tonnes se diriger tout droit vers la grande muraille de Chine avec plus de freins.
Mère indigne – Déjà que… T’as vu les études? C’est à peine si certaines personnes peuvent attendre cinq ans avant de se gratter l’entrejambe devant une nouvelle conquête. Cinq ans, voyons, qu’est-ce que je dis là, moi? Cinq jours.
Belle-Sœur indigne – Ils ont fait un épisode sur ce sujet-là dans une série télé américaine. Curb your enthusiasm. Le mari et la femme renouvelaient leurs vœux de mariage, et dans le discours de la femme, elle parlait d’amour éternel, blablabla. Le mec s’énervait en disant qu’il n’avait pas signé pour ça.
Mère indigne, à son mari chéri – Ben tu vois? Je ne suis pas la seule à avoir des inquiétudes du genre! L’éternité, en plus, t’imagines.
Père indigne, véritable diable's advocate qu’on peut presque soupçonner d’encourager Mère indigne dans sa spirale infernale de raisonnement fâcheux, vu le petit sourire qu'il a aux lèvres – Moi, si on vivait éternellement, je continuerais à t'aimer quand même. Et même après ma mort, si le Paradis existait, je t’aimerais toujours.
Frère et Belle-Sœur indigne parient discrètement sur l’issue de la lutte. Uxoricide ou maricide? Mère indigne ne part pas favorite, et ça n’est pas près de s’arranger.
Mère indigne – Le Paradis? Woah, minute! Le Paradis? Mais… mais… le mariage est un contrat qui unit deux personnes vivantes, là. Si le Paradis existe, j’exige la table rase, moi! Non, mais quoi encore? Même rongés par les vers, on va aussi continuer à se taper l’hypothèque?
Frère indigne manifeste son accord en se grattant discrètement la zone du kiki.
Père indigne, refermant le piège avec un talent et une ruse exemplaire – Dis donc, juste pour savoir, ça te prendrait combien de temps, à toi, pour vouloir changer de mari?
Mère indigne, comprenant subitement que son discours épistémologique sans fondement dans la vraie réalité avait été perçu comme une déclaration d’intention sur des projets personnels – À moi? Pour vouloir changer de…? Mais, voyons! Il n’est pas DU TOUT question de nous deux, ici! Je… je théorisais! J’hypothésais! Je méta-discourais, cibole! Tu sais bien que je t’aimerai éternellement. C’est sûr. Pas de trouble. C’est comme si c’était fait.
Silence dans la salle.
Belle-Sœur indigne – Bien essayé, mais trop tard.
***
Quelques jours plus tard, Mère indigne ayant réussi par des manœuvres connues d’elle seule à se raccommoder avec un Père indigne (qui faisait semblant d’être) ébranlé, il fallut aller au dépanneur afin de renouveler le stock de lait. Autre preuve de sa bonne volonté, Mère indigne se sacrifia.
À la caisse, une vieille dame discutait avec le commis.
Vieille dame – Moi, monsieur, je ne me suis jamais mariée. Jamais! C’est la meilleure décision que j’ai prise de toute ma vie.
Mère indigne, curieuse – Avez-vous aussi réussi à éviter les enfants?
Vieille dame – Non… J’ai deux jumelles. Mais le père est mort. Il est bien, il est avec Dieu, et bon débarras. La maudite paix.
Mère indigne – Ce n'est pas pour vous inquiéter inutilement, madame, mais si le Paradis existe, votre Roger, là, il est probablement en train de vous attendre en se la grattant.
C’est vrai, quoi. Parfois, moi, je discute d’un point de vue com-plè-te-ment détaché des contingences de la vie. Je suis dans le méta-discours, mes loulous. Ça, c’est le discours au sujet du discours, loin, très loin, que dis-je, à une distance intergalactique du plancher des vaches.
J’hypothèse. Je théorise. J’épistémologise. Et soudainement, alors que je m'y attends le moins, on se met à me prendre au sérieux.
C’est pas juste.
Mère indigne – L’autre jour, je suis tombée sur un site Web qui croyait que la nanotechnologie permettrait un jour à l’homme de devenir quasi immortel.
Frère indigne, venu souper à la maison avec Belle-Soeur indigne – De quelle manière?
Mère indigne – Bon, j’ai pas tout compris, mais certaines personnes pensent qu'avec la nano, on pourrait vivre au moins trois cents ans. Tu t’imagines, vivre 300 ans?
Le regard de Mère indigne, rêveur, croise soudain celui de son tendre époux. «Tu t’imagines, chéri? Trois cents ans. Je ne pense pas que l’humanité pourrait continuer à fonctionner avec son schème idéalisant de couple-heureux-vivant-ensemble-pour- toujours.»
Père indigne – Qu’est-ce que tu veux dire?
Mère indigne – C'est évident. À la limite, c’est faisable de passer, disons, cinquante ans avec la même personne. Mais cent? Cent cinquante? Deux cent cinquante?? Les manies de l’être aimé doivent commencer à vous tomber sérieusement sur les nerfs. «Georges, voilà deux-cent-huit ans que je vous regarde vous gratter l’entrejambe tous les matins que Dieu a créés. J’en ai marre. Élargissons nos horizons. Vous m’avez eue toute à vous pendant plus de deux cents années, je me barre pour les quarante prochaines.»
(Notez comme Mère indigne théorise. Aucune référence à son vécu personnel. Que de l’hypothèse, de la supputation, de la conjecture ridicule sans véritable fondement. Une vraie pro.)
Père indigne – Moi, je pourrais t’aimer pendant trois cents ans.
(Notez maintenant comme Père indigne personnalise le débat. «Moi», «je», «t’aimer». C’est un incurable romantique, PI, et Mère indigne, elle, est trop prise par la dimension intellectuelle fascinante du débat pour remarquer qu’elle enfile gaffe sur gaffe.)
Mère indigne – Moui, enfin, si Georges est un bon compagnon de route, je peux comprendre qu'on reste avec lui. Pourquoi tout changer à 175 ans pour se rendre compte de toute manière que tous les hommes sont des gratteurs d'entrejambe compulsifs? Par contre, vivre deux cent-cinquante ans avec la même personne, j’aime autant te dire que la monogamie, c’est foutu.
Père indigne se tait.
Mère indigne – Non, sérieusement. C'est mort.
Belle-Sœur indigne ferme à demi les yeux, comme quelqu’un qui voit de très près un 45 tonnes se diriger tout droit vers la grande muraille de Chine avec plus de freins.
Mère indigne – Déjà que… T’as vu les études? C’est à peine si certaines personnes peuvent attendre cinq ans avant de se gratter l’entrejambe devant une nouvelle conquête. Cinq ans, voyons, qu’est-ce que je dis là, moi? Cinq jours.
Belle-Sœur indigne – Ils ont fait un épisode sur ce sujet-là dans une série télé américaine. Curb your enthusiasm. Le mari et la femme renouvelaient leurs vœux de mariage, et dans le discours de la femme, elle parlait d’amour éternel, blablabla. Le mec s’énervait en disant qu’il n’avait pas signé pour ça.
Mère indigne, à son mari chéri – Ben tu vois? Je ne suis pas la seule à avoir des inquiétudes du genre! L’éternité, en plus, t’imagines.
Père indigne, véritable diable's advocate qu’on peut presque soupçonner d’encourager Mère indigne dans sa spirale infernale de raisonnement fâcheux, vu le petit sourire qu'il a aux lèvres – Moi, si on vivait éternellement, je continuerais à t'aimer quand même. Et même après ma mort, si le Paradis existait, je t’aimerais toujours.
Frère et Belle-Sœur indigne parient discrètement sur l’issue de la lutte. Uxoricide ou maricide? Mère indigne ne part pas favorite, et ça n’est pas près de s’arranger.
Mère indigne – Le Paradis? Woah, minute! Le Paradis? Mais… mais… le mariage est un contrat qui unit deux personnes vivantes, là. Si le Paradis existe, j’exige la table rase, moi! Non, mais quoi encore? Même rongés par les vers, on va aussi continuer à se taper l’hypothèque?
Frère indigne manifeste son accord en se grattant discrètement la zone du kiki.
Père indigne, refermant le piège avec un talent et une ruse exemplaire – Dis donc, juste pour savoir, ça te prendrait combien de temps, à toi, pour vouloir changer de mari?
Mère indigne, comprenant subitement que son discours épistémologique sans fondement dans la vraie réalité avait été perçu comme une déclaration d’intention sur des projets personnels – À moi? Pour vouloir changer de…? Mais, voyons! Il n’est pas DU TOUT question de nous deux, ici! Je… je théorisais! J’hypothésais! Je méta-discourais, cibole! Tu sais bien que je t’aimerai éternellement. C’est sûr. Pas de trouble. C’est comme si c’était fait.
Silence dans la salle.
Belle-Sœur indigne – Bien essayé, mais trop tard.
***
Quelques jours plus tard, Mère indigne ayant réussi par des manœuvres connues d’elle seule à se raccommoder avec un Père indigne (qui faisait semblant d’être) ébranlé, il fallut aller au dépanneur afin de renouveler le stock de lait. Autre preuve de sa bonne volonté, Mère indigne se sacrifia.
À la caisse, une vieille dame discutait avec le commis.
Vieille dame – Moi, monsieur, je ne me suis jamais mariée. Jamais! C’est la meilleure décision que j’ai prise de toute ma vie.
Mère indigne, curieuse – Avez-vous aussi réussi à éviter les enfants?
Vieille dame – Non… J’ai deux jumelles. Mais le père est mort. Il est bien, il est avec Dieu, et bon débarras. La maudite paix.
Mère indigne – Ce n'est pas pour vous inquiéter inutilement, madame, mais si le Paradis existe, votre Roger, là, il est probablement en train de vous attendre en se la grattant.
Monday, August 18, 2008
Faites ce que je dis, pas ce que je fée
Sœur Indigne – Je t’annonce officiellement que Fille Aînée est une pré-adolescente.
Mère indigne – Quoi? Je te la fais garder deux jours et tu me la pervertis moralement?
Sœur Indigne – En fait, c’est elle qui m’a posé la question. « Tante Indigne, à quel âge est-ce qu’on devient une pré-adolescente? »
Mère indigne – Et tu lui as répondu…?
Sœur Indigne – « Ton âge. »
Mère indigne – Génial. Merci.
Sœur Indigne – C’est tout naturel.
Mère indigne – Non, sérieusement, je suis bien prête à croire que Bébé est dans sa pré-adolesc—
Bébé – NOOOOON!!! Moi lé PAS dans la p’éadolesse, BON! Moi z’a le DROIT! Moi z'a BESOIIIIN!
Mère indigne – Enfin, tu vois ce que je veux dire. Mais Fille Aînée?
Sœur Indigne – T'aurais dû voir ça. C’était super mignon. Quand je lui ai annoncé la bonne nouvelle, elle s’est plantée devant le miroir et a déclaré d’un air extrêmement satisfait : "Aujourd’hui, je suis devenue une pré-adolescente."
Mère indigne – Le pouvoir des mots. Qu’est-ce qu’elle a fait, ensuite? Elle est allée se faire tatouer le nom de son moniteur de camp de jour sur la fesse gauche?
Sœur Indigne – En fait, elle a continué à jouer aux petits bonhommes de princesse avec sa cousine.
Mère indigne – Voyez-vous ça. En plus, ça se déclare pré-ado, mais ça croit encore au Père Noël.
Sœur Indigne – Et à la Fée des dents, non?
Mère indigne – Sans parler du Lapin de Pâques. Je t’ai déjà parlé de ma grande crainte? J’ai peur que le moment où elle va frencher un gars pour la première fois chevauche sa période "je crois encore au Père Noël". Et pas nécessairement parce qu’elle va être précoce sur les frenchs.
Sœur Indigne – Moi, ta fille, je pense qu’un gars qui va vouloir la frencher, ça va être super facile.
Mère indigne – Arrête! Comment ça??
Sœur Indigne – Il va seulement avoir à lui demander "Savais-tu que le Génie de la Langue apparaît si on les frotte ensemble?"
Mère indigne – …
Sœur Indigne – (Cligne, cligne.)
Mère indigne – En tout cas, j’en connais une que la Fée Tais-Toi-Bordel s’est pas penchée sur son berceau quand elle était bébé.
Sœur Indigne – Gnac, gnac.
Mère indigne – Quoi? Je te la fais garder deux jours et tu me la pervertis moralement?
Sœur Indigne – En fait, c’est elle qui m’a posé la question. « Tante Indigne, à quel âge est-ce qu’on devient une pré-adolescente? »
Mère indigne – Et tu lui as répondu…?
Sœur Indigne – « Ton âge. »
Mère indigne – Génial. Merci.
Sœur Indigne – C’est tout naturel.
Mère indigne – Non, sérieusement, je suis bien prête à croire que Bébé est dans sa pré-adolesc—
Bébé – NOOOOON!!! Moi lé PAS dans la p’éadolesse, BON! Moi z’a le DROIT! Moi z'a BESOIIIIN!
Mère indigne – Enfin, tu vois ce que je veux dire. Mais Fille Aînée?
Sœur Indigne – T'aurais dû voir ça. C’était super mignon. Quand je lui ai annoncé la bonne nouvelle, elle s’est plantée devant le miroir et a déclaré d’un air extrêmement satisfait : "Aujourd’hui, je suis devenue une pré-adolescente."
Mère indigne – Le pouvoir des mots. Qu’est-ce qu’elle a fait, ensuite? Elle est allée se faire tatouer le nom de son moniteur de camp de jour sur la fesse gauche?
Sœur Indigne – En fait, elle a continué à jouer aux petits bonhommes de princesse avec sa cousine.
Mère indigne – Voyez-vous ça. En plus, ça se déclare pré-ado, mais ça croit encore au Père Noël.
Sœur Indigne – Et à la Fée des dents, non?
Mère indigne – Sans parler du Lapin de Pâques. Je t’ai déjà parlé de ma grande crainte? J’ai peur que le moment où elle va frencher un gars pour la première fois chevauche sa période "je crois encore au Père Noël". Et pas nécessairement parce qu’elle va être précoce sur les frenchs.
Sœur Indigne – Moi, ta fille, je pense qu’un gars qui va vouloir la frencher, ça va être super facile.
Mère indigne – Arrête! Comment ça??
Sœur Indigne – Il va seulement avoir à lui demander "Savais-tu que le Génie de la Langue apparaît si on les frotte ensemble?"
Mère indigne – …
Sœur Indigne – (Cligne, cligne.)
Mère indigne – En tout cas, j’en connais une que la Fée Tais-Toi-Bordel s’est pas penchée sur son berceau quand elle était bébé.
Sœur Indigne – Gnac, gnac.
Thursday, August 14, 2008
C'est lui, son idole
Mère indigne, Fille Aînée et Bébé sont installées devant les Olympiques. Enfin, devant la télévision d'État, qui parle des Olympiques. Déjà, par son regard plein d’espoir tourné vers la lampe suspendue accessible par la table de la salle à manger, on peut voir que Bébé subit la mauvaise influence des gymnastes.
Mais ce n’est rien, comparé à ce qui nous attend.
La disgrâce.
Mais ce n’est rien, comparé à ce qui nous attend.
La disgrâce.
L’horreur.
Le mal absolu.
Le mal absolu, j'ai nommé le reportage d'intérêt humain.
Dans ce cas précis, le reporter (Jean-René Dufort, pour pas l'nommer), dans une quête inconditionnelle de la vérité globalisante, a pensé profiter de son séjour en Chine pour tester la gastronomie locale. Et il a décidé d'expérimenter, directement sous nos yeux subjugués et éblouis, un mets de choix.
Fille Aînée – Maman. C’est pas vrai. T’as vu??
Mère indigne – J'ai bien peur que oui.
Le mal absolu, j'ai nommé le reportage d'intérêt humain.
Dans ce cas précis, le reporter (Jean-René Dufort, pour pas l'nommer), dans une quête inconditionnelle de la vérité globalisante, a pensé profiter de son séjour en Chine pour tester la gastronomie locale. Et il a décidé d'expérimenter, directement sous nos yeux subjugués et éblouis, un mets de choix.
Fille Aînée – Maman. C’est pas vrai. T’as vu??
Mère indigne – J'ai bien peur que oui.
Bébé – ...
Fille Aînée – Est-ce que le monsieur, il va vraiment goûter au…
Mère indigne – J'ai bien peur que oui.
Fille Aînée – Est-ce que le monsieur, il va vraiment goûter au…
Mère indigne – J'ai bien peur que oui.
Bébé – ...
Reporter, à la tévé – C’est ça, c'est cette patente, là? Ça vient du serpent? Oui? Alors voilà, j’y goûte…
Mère indigne et Fille Aînée – Ouache.
Reporter, à la tévé – C’est ça, c'est cette patente, là? Ça vient du serpent? Oui? Alors voilà, j’y goûte…
Mère indigne et Fille Aînée – Ouache.
Bébé – ...
Reporter, toujours à la tévé car pas question de l'inviter chez nous -- Mmmm, celui du chien est un peu gluant…
Mère indigne et Fille Aînée – Ah, ouache!
Reporter, toujours à la tévé car pas question de l'inviter chez nous -- Mmmm, celui du chien est un peu gluant…
Mère indigne et Fille Aînée – Ah, ouache!
Bébé – ...
Reporter, qu’on va bientôt lui couper le sifflet sans lui donner l'avis de 30 jours – Hé bien voilà, en direct de Beijing, veni, vidi, man-
Bébé – Manzé. Holy Virgin Mary Mother of God, on peut le manzer.
Mère indigne – Merde.
C'est bien, les reportages d'intérêt humain. Dans ce cas précis, on a réussi à contrer mon influence maléfique de mère pudibonde en montrant à Bébé qu’on pouvait, après tout, goûter à des zizis-pénis. Une pièce d'information que, dans notre monde évolué, il fait bon posséder à tout âge et se remémorer en toutes circonstances, afin d'être prête (et prêt) à faire face au premier rendez-vous dans une vieille Tercel, au rite d'initiation universitaire ou à la promotion-canapé.
Mais je vous préviens, ô monde du reportage d'intérêt humain. Au moindre problème médical ou psychologique dont je préfère taire les détails sordides, je vous envoie la facture.
Reporter, qu’on va bientôt lui couper le sifflet sans lui donner l'avis de 30 jours – Hé bien voilà, en direct de Beijing, veni, vidi, man-
Bébé – Manzé. Holy Virgin Mary Mother of God, on peut le manzer.
Mère indigne – Merde.
C'est bien, les reportages d'intérêt humain. Dans ce cas précis, on a réussi à contrer mon influence maléfique de mère pudibonde en montrant à Bébé qu’on pouvait, après tout, goûter à des zizis-pénis. Une pièce d'information que, dans notre monde évolué, il fait bon posséder à tout âge et se remémorer en toutes circonstances, afin d'être prête (et prêt) à faire face au premier rendez-vous dans une vieille Tercel, au rite d'initiation universitaire ou à la promotion-canapé.
Mais je vous préviens, ô monde du reportage d'intérêt humain. Au moindre problème médical ou psychologique dont je préfère taire les détails sordides, je vous envoie la facture.
Oldies goldies
La communauté en ligne Ladies Room m'a gentiment demandé la permission de piger dans mes archives pour leur journée "Histoires de famille". Dans leur grande sagesse, les éditrices ont choisi un des textes que j'ai eu le plus de plaisir à rédiger: Mère indigne fait sa bougonne.
Merci à Ladies Room pour leur invitation, et à tous les nostalgiques, bonne relecture!
Tuesday, August 12, 2008
L'homard en héritage
Les filles, faut que je vous dise. C’est encore arrivé.
Vous vous souvenez d’Ex Indigne? Le gars qui ne m’a pas adressé la parole (et vice-versa, d’accord) pendant douze ans, sous prétexte qu’on avait rompu de manière un peu brutale? Et avec qui je me suis finalement réconciliée, parce que je suis comme ça, moi, bonne pâte, magnanime, parfaite?
Bon, ben l’autre soir, j’ai encore été au resto avec lui. Comprenez-le, le pauvre homme : il vient tout juste de divorcer, ça n’a pas été facile, et il voulait marquer l’occasion avec une bonne amie, tout simplement.
Touuuut simplement.
(Sans blague, j’adore raconter cette histoire. Non, mais, vous vous rendez compte? Tout le monde à qui j’en parle prête de mauvaises intentions à Ex Indigne. À lui! Pas à moi! Et ça, je vous prie de me croire, c’est rarissime.
Évidemment, je profite de ma position de victime pour en rajouter.)
Mère indigne – Tu sais, quand on était ensemble, il y a quinze ans, tu m’impressionnais tellement que ça me poussait à faire plein de conneries pour que tu m’apprécies.
Ex Indigne, bonne pâte, magnanime, parfait – Tu sais bien que tu n’avais pas à faire ça.
Mère indigne – Mais j’étais tellement jeune! Et il y avait une certaine différence d’âge entre nous, il faut bien l’admettre. Pour ne pas dire une différence d’âge certaine. Je ne voulais pas me l’avouer à moi-même, mais ça m’affectait.
Ex Indigne, un peu déçu tout de même – Je n’ai pas l’impression que ça t’affecte encore.
Mère indigne – Tu te trompes. J’ai l’impression que tu es mieux installé que moi dans la vie. Tu vois, tu peux te permettre de m’inviter dans un resto chic, et ça… ça m’intimide. Terriblement. Et c’est d’ailleurs parce que je suis toujours très intimidée et qu’inconsciemment, je te hais, que je vais commander l’entrée de foie gras poêlé à 55 dollars.
Ex Indigne – C’est effectivement ce que j’appellerais de l’intimidation.
Mère indigne – Tu rigoles…
Ex Indigne, grommelant – Non.
Mère indigne – … mais tu ne devrais pas. C’est important, ce que je te dis là. Parce que je constate que je transmets sans le vouloir mes insécurités à mes enfants. Prends Fille Aînée. Elle est pareille comme moi, une vraie catastrophe! Toujours à vouloir faire plaisir, même s’il faut qu’elle se livre à toutes les bassesses pour y parvenir. En tant que mère qui ne veut pas que sa progéniture commette les mêmes erreurs qu’elle, ça m’inquiète. Et c’est pour ça que, l’autre jour, je lui ai parlé de toi. Je lui ai raconté la fois du homard.
Ex Indigne – La fois du homard?
Mère indigne – Oh, c’est vrai. Tu ne sais pas. Mon Dieu, ce qui est arrivé ce jour-là… c’était horrible. Je crois bien que c’est à ce moment précis dans notre relation que j’ai atteint le fond de la cage à crustacés.
Ex Indigne, l’air incrédule – Un homard?
Mère indigne – Mais oui, tu ne te souviens pas? On avait décidé d’aller au restaurant, et tu m’as demandé si j’avais déjà mangé du homard. Moi, je pensais que tu voulais dire du homard au restaurant. Alors j’ai dit non. Mais toi, tu as pensé que je n’avais jamais mangé de homard de ma vie. Tu étais tellement fier de me faire goûter à cette bestiole pour la première fois… Et moi, je voulais tellement bien faire… Je suis désolée de te dire ça comme ça, mais j’ai dû faire semblant du début à la fin.
Ex Indigne, estomaqué – Mais c’était absolument inutile!
Mère indigne – Je… j’avais besoin de ton approbation… La différence d’âge considérable que nous avions alors… et que nous avons toujours, je te signale…
Ex Indigne – Oui, bon, ça va…
Mère indigne – Enfin bref, j’ai menti. J’ai fait semblant d’utiliser des pinces à homard pour la première fois de ma vie, de ne pas savoir comment les tenir, d’hésiter avant de prendre la première bouchée. Et arrivée là, j’ai levé les yeux au ciel en signe d’extase, j’ai fait des «oooh» et des «aaaah» d’une voix rauque de plaisir, en espérant que j’aurais l’air suffisamment convaincue. Tu te rends compte! J’ai feint l’orgasme gustatif. Et toi, tu trouvais ça follement émouvant.
Ex Indigne – Dis donc, cette fois-là, justement, tu ne m’avais pas foutu plein de jus de citron dans l’œil? Il me semble que j’avais dû aller aux toilettes pendant une quinzaine de minutes, le temps de retrouver la vue.
Mère indigne – Je pense que je n’avais pas fait exprès - j’en suis presque certaine -, mais au moins, ça m’avait permis de finir mon homard tranquille.
Ex Indigne lève les yeux au ciel.
Mère indigne – Quoi qu’il en soit, je me suis dit qu’il n’était pas question que ma fille suive les traces pathétiques de sa génitrice. Je lui ai tout avoué, en espérant qu’elle sache en tirer les leçons.
Ex Indigne – Et les leçons furent-elles tirées?
Mère indigne – Elle m’a dit que je lui avais déjà raconté cette histoire quatre fois, mais qu’à cause de mon plaisir manifeste à lui en parler, elle n’avait pas osé m’interrompre.
Ex Indigne – Ça doit être la différence d’âge entre vous… Ça doit l’intimider.
Mère indigne – En tout cas, de t’avoir avoué tout ça, ça me soulage, tu ne peux pas savoir à quel point. On devrait fêter ça. (Se tournant vers les cuisines :) Garçon, champagne! Pour tout le monde!
Ex Indigne, le visage tout blanc, soudain – ???
Mère indigne, battant des cils – Est-ce que je t’ai déjà dit que je n’avais jamais, jamais bu de champagne? De toute ma vie? Pour le moment, tu es sous le choc, mais tu vas voir. Tu vas finir par trouver ça follement émouvant.
Vous vous souvenez d’Ex Indigne? Le gars qui ne m’a pas adressé la parole (et vice-versa, d’accord) pendant douze ans, sous prétexte qu’on avait rompu de manière un peu brutale? Et avec qui je me suis finalement réconciliée, parce que je suis comme ça, moi, bonne pâte, magnanime, parfaite?
Bon, ben l’autre soir, j’ai encore été au resto avec lui. Comprenez-le, le pauvre homme : il vient tout juste de divorcer, ça n’a pas été facile, et il voulait marquer l’occasion avec une bonne amie, tout simplement.
Touuuut simplement.
(Sans blague, j’adore raconter cette histoire. Non, mais, vous vous rendez compte? Tout le monde à qui j’en parle prête de mauvaises intentions à Ex Indigne. À lui! Pas à moi! Et ça, je vous prie de me croire, c’est rarissime.
Évidemment, je profite de ma position de victime pour en rajouter.)
Mère indigne – Tu sais, quand on était ensemble, il y a quinze ans, tu m’impressionnais tellement que ça me poussait à faire plein de conneries pour que tu m’apprécies.
Ex Indigne, bonne pâte, magnanime, parfait – Tu sais bien que tu n’avais pas à faire ça.
Mère indigne – Mais j’étais tellement jeune! Et il y avait une certaine différence d’âge entre nous, il faut bien l’admettre. Pour ne pas dire une différence d’âge certaine. Je ne voulais pas me l’avouer à moi-même, mais ça m’affectait.
Ex Indigne, un peu déçu tout de même – Je n’ai pas l’impression que ça t’affecte encore.
Mère indigne – Tu te trompes. J’ai l’impression que tu es mieux installé que moi dans la vie. Tu vois, tu peux te permettre de m’inviter dans un resto chic, et ça… ça m’intimide. Terriblement. Et c’est d’ailleurs parce que je suis toujours très intimidée et qu’inconsciemment, je te hais, que je vais commander l’entrée de foie gras poêlé à 55 dollars.
Ex Indigne – C’est effectivement ce que j’appellerais de l’intimidation.
Mère indigne – Tu rigoles…
Ex Indigne, grommelant – Non.
Mère indigne – … mais tu ne devrais pas. C’est important, ce que je te dis là. Parce que je constate que je transmets sans le vouloir mes insécurités à mes enfants. Prends Fille Aînée. Elle est pareille comme moi, une vraie catastrophe! Toujours à vouloir faire plaisir, même s’il faut qu’elle se livre à toutes les bassesses pour y parvenir. En tant que mère qui ne veut pas que sa progéniture commette les mêmes erreurs qu’elle, ça m’inquiète. Et c’est pour ça que, l’autre jour, je lui ai parlé de toi. Je lui ai raconté la fois du homard.
Ex Indigne – La fois du homard?
Mère indigne – Oh, c’est vrai. Tu ne sais pas. Mon Dieu, ce qui est arrivé ce jour-là… c’était horrible. Je crois bien que c’est à ce moment précis dans notre relation que j’ai atteint le fond de la cage à crustacés.
Ex Indigne, l’air incrédule – Un homard?
Mère indigne – Mais oui, tu ne te souviens pas? On avait décidé d’aller au restaurant, et tu m’as demandé si j’avais déjà mangé du homard. Moi, je pensais que tu voulais dire du homard au restaurant. Alors j’ai dit non. Mais toi, tu as pensé que je n’avais jamais mangé de homard de ma vie. Tu étais tellement fier de me faire goûter à cette bestiole pour la première fois… Et moi, je voulais tellement bien faire… Je suis désolée de te dire ça comme ça, mais j’ai dû faire semblant du début à la fin.
Ex Indigne, estomaqué – Mais c’était absolument inutile!
Mère indigne – Je… j’avais besoin de ton approbation… La différence d’âge considérable que nous avions alors… et que nous avons toujours, je te signale…
Ex Indigne – Oui, bon, ça va…
Mère indigne – Enfin bref, j’ai menti. J’ai fait semblant d’utiliser des pinces à homard pour la première fois de ma vie, de ne pas savoir comment les tenir, d’hésiter avant de prendre la première bouchée. Et arrivée là, j’ai levé les yeux au ciel en signe d’extase, j’ai fait des «oooh» et des «aaaah» d’une voix rauque de plaisir, en espérant que j’aurais l’air suffisamment convaincue. Tu te rends compte! J’ai feint l’orgasme gustatif. Et toi, tu trouvais ça follement émouvant.
Ex Indigne – Dis donc, cette fois-là, justement, tu ne m’avais pas foutu plein de jus de citron dans l’œil? Il me semble que j’avais dû aller aux toilettes pendant une quinzaine de minutes, le temps de retrouver la vue.
Mère indigne – Je pense que je n’avais pas fait exprès - j’en suis presque certaine -, mais au moins, ça m’avait permis de finir mon homard tranquille.
Ex Indigne lève les yeux au ciel.
Mère indigne – Quoi qu’il en soit, je me suis dit qu’il n’était pas question que ma fille suive les traces pathétiques de sa génitrice. Je lui ai tout avoué, en espérant qu’elle sache en tirer les leçons.
Ex Indigne – Et les leçons furent-elles tirées?
Mère indigne – Elle m’a dit que je lui avais déjà raconté cette histoire quatre fois, mais qu’à cause de mon plaisir manifeste à lui en parler, elle n’avait pas osé m’interrompre.
Ex Indigne – Ça doit être la différence d’âge entre vous… Ça doit l’intimider.
Mère indigne – En tout cas, de t’avoir avoué tout ça, ça me soulage, tu ne peux pas savoir à quel point. On devrait fêter ça. (Se tournant vers les cuisines :) Garçon, champagne! Pour tout le monde!
Ex Indigne, le visage tout blanc, soudain – ???
Mère indigne, battant des cils – Est-ce que je t’ai déjà dit que je n’avais jamais, jamais bu de champagne? De toute ma vie? Pour le moment, tu es sous le choc, mais tu vas voir. Tu vas finir par trouver ça follement émouvant.
Sunday, August 10, 2008
L'étiquette, encore et toujours
Bébé -- Attention, Blansse-Neige. Moi ze suis la Méssante Reine.
Mère indigne -- Oh, Méchante Reine, que me voulez-vous?
Bébé -- Z'ai une pomme emPOIzonnée! (Bébé me tend une pêche.) C'oque... c'oque... C'OQUE!!!
Mère indigne, croquant la pêche -- Aaaaargh...
Bébé -- Pis là, Blansse-Neize, on dit MARSI!
Siffler en périssant, lalala-lala-lala...
Thursday, August 07, 2008
Poisson à un autre appel
Tout le monde ici n’est pas sans savoir que Bébé a une personnalité forte.
Forte et, ma foi, peut-être quelque peu perturbée.
Par exemple, dans Macaroni tout garni, elle s'identifie à Pouache-le-Ouache. "Maman, rega'de! C'est Bébé qui l'est arrivéééé! C'est moi! Moi ze vole! Moi l'est tout brun!" No comment.
Ensuite, imaginez-vous le pire d’entre ces monstres. Hé ben voilà, c’est lui. Le meilleur ami de Bébé. Celui qu’elle a affectueusement surnommé : Poisson Méchant.
Lui:
Bébé – Bonzour, Poisson Méssant! Ça va bien, Poisson Méssant? Bébé s’en va à la ga’derie, mais ne t’inquètte pas, Poisson Méssant. Ze reviens. Deux minutes.
(Plus tard.)
Bébé – Ça va, Poisson Méssant? Bébé est revenue, là. Ze te raconte Blansse-Neize, oké? Oké. Là, Poisson Méssant, la méssante reine avait un miroir…
Mère indigne – Oh! Tu racontes l’histoire de Blanche-Neige! Est-ce que je peux l’écouter aussi?
Bébé – NOOOOOON! Moi le raconte l’histrare à POISSON MÉSSANT!!! Z’ai le DROIT! Moi z’ai BESOIN! Toi tu peux PAAAAS! Va-t'en! (Puis, pleine de sollicitude:) Pleure pas, Poisson Méssant, c’est ma maman. Elle peut pas.
(C'est à ce moment que Mère indigne , telle Blanche-Neige dans la forêt inhospitalière, s'enfuit pour sangloter dans les toilettes.)
Je vous avoue que, victime d’un tel rejet, et en faveur d’une bestiole aussi grotesque, j’éprouve parfois du plaisir et un certain soulagement à me réfugier auprès de Fille Aînée.
Fille Aînée, elle, veut faire plaisir à sa maman. Fille Aînée, elle, comprend que je ne suis pas passée par les inconvénients de la grossesse (pas d’alcool, ou presque) et par les douleurs de l’accouchement (même avec l’épidurale, ça fait mal pareil, si si) pour me faire traiter comme un chromosome de concombre par le fruit de mes entrailles.
Bref, Fille Aînée, elle est mignonne.
Mère indigne – Alors, mon cœur en sucre, qu’est-ce que tu as fait de beau aujourd’hui au camp de jour?
(Par réflexe, j’approche mes mains de mes oreilles pour les boucher en cas de hurlement strident, mais ça n’est pas le genre de ma mignonne Fille Aînée.)
Fille Aînée – J’ai trouvé la réponse à une énigme! Je n’osais pas la dire devant tout le monde, mais mes amis me disaient « Oui! Oui! Dis-le! »... Alors j’ai pris une chance.
(Trop mignonne.)
Mère indigne – C’était quoi, l’énigme, mon petit pain au chocolat?
Fille Aînée – « Plus on est loin, moins on y pense. Plus on est proche, plus on y pense. Mais une fois que c’est arrivé, et une fois que c’est passé, on n’y pense plus. » Tu vois ce que c'est?
Mère indigne, nulle dans plein de domaines dont celui des énigmes à la mord-moi-le-nœud (et ne le sont-elles pas toutes, ces salopes?) – Je n’en ai vraiment aucune idée.
Fille Aînée – Moi, au début, j’ai pensé que la réponse, c’était "notre anniversaire". Mais je pense au mien pas mal tout le temps – avant, pendant, après–, alors…
(Mignonne de chez mignonne.)
Fille Aînée – Ensuite, j’ai pensé à l’amour. Mais il me semble que même quand c’est passé, on y pense encore, hein, Maman?
(Mignonne, et sage.)
Fille Aînée – Alors, il ne restait plus qu’une seule chose.
Mère indigne (qui n'essaie même pas vraiment, faut dire) – Laquelle?
Fille Aînée – La mort.
(Super mign–)
Mère indigne – La mort?
Fille Aînée – La mort.
Mère indigne – Tu… tu avais déjà lu cette énigme dans ton livre de dragonologie? Tu la connaissais déjà?
Fille Aînée – Non, non. J’y ai pensé toute seule. Je me suis dit, tu sais, plus on vieillit, plus on a peur de mourir, mais une fois qu’on est mort… j’veux dire… on aura beau faire… y’a plus rien. On ne peut plus vraiment penser. Soit notre cerveau est brûlé, là, tu sais, s'ils nous mettent dans le four, soit les vers nous le mangent par en-dedans. Alors.
Mère indigne – …
Fille Aînée – En passant, tu ne m’as toujours pas dit si le Père Noël existait ou non.
Mère indigne – Attends deux minutes, chérie. Tiens, voilàààà. Je te passe le Traité du désespoir de Kierkegaard et L’Être et le Néant de Sartre. Tu me lis ça, et ensuite, on se reparle du Père Noël. En attendant, je vais aller discuter de la beauté du crépuscule avec Poisson Méchant. J’ai le droit. Et Dieu sait que j’ai besoin.
Forte et, ma foi, peut-être quelque peu perturbée.
Par exemple, dans Macaroni tout garni, elle s'identifie à Pouache-le-Ouache. "Maman, rega'de! C'est Bébé qui l'est arrivéééé! C'est moi! Moi ze vole! Moi l'est tout brun!" No comment.
Mais il y a pire. Le meilleur copain de Bébé est, en quelque sorte, un ami imaginaire.
Une camaraderie complice s'est en effet installée entre elle et une image, qui se trouve dans un livre décrivant les merveilles des fonds marins. Lors Bébé, matin et soir, ouvre le livre à la bonne page (cette dernière toute abîmée de recevoir tant d’attention) et discute le bout de gras avec son pote, allant même jusqu’à lui expliquer la signification profonde de certains épisodes de Dora.
De quelle image s’agit-il? Allez, un petit effort. Pensez fonds marins. Fonds très, très profonds. Pensez créatures qui vivent dans le noir absolu et qui, ergo, n’en ont rien a foutre de l'apparence extérieure, de la séduction, de la peau lisse et des bad hair days.
Bref, songez « bêtes immondes ».
Ensuite, imaginez-vous le pire d’entre ces monstres. Hé ben voilà, c’est lui. Le meilleur ami de Bébé. Celui qu’elle a affectueusement surnommé : Poisson Méchant.
Lui:
Bébé – Bonzour, Poisson Méssant! Ça va bien, Poisson Méssant? Bébé s’en va à la ga’derie, mais ne t’inquètte pas, Poisson Méssant. Ze reviens. Deux minutes.
(Plus tard.)
Bébé – Ça va, Poisson Méssant? Bébé est revenue, là. Ze te raconte Blansse-Neize, oké? Oké. Là, Poisson Méssant, la méssante reine avait un miroir…
Mère indigne – Oh! Tu racontes l’histoire de Blanche-Neige! Est-ce que je peux l’écouter aussi?
Bébé – NOOOOOON! Moi le raconte l’histrare à POISSON MÉSSANT!!! Z’ai le DROIT! Moi z’ai BESOIN! Toi tu peux PAAAAS! Va-t'en! (Puis, pleine de sollicitude:) Pleure pas, Poisson Méssant, c’est ma maman. Elle peut pas.
(C'est à ce moment que Mère indigne , telle Blanche-Neige dans la forêt inhospitalière, s'enfuit pour sangloter dans les toilettes.)
Je vous avoue que, victime d’un tel rejet, et en faveur d’une bestiole aussi grotesque, j’éprouve parfois du plaisir et un certain soulagement à me réfugier auprès de Fille Aînée.
Fille Aînée, elle, veut faire plaisir à sa maman. Fille Aînée, elle, comprend que je ne suis pas passée par les inconvénients de la grossesse (pas d’alcool, ou presque) et par les douleurs de l’accouchement (même avec l’épidurale, ça fait mal pareil, si si) pour me faire traiter comme un chromosome de concombre par le fruit de mes entrailles.
Bref, Fille Aînée, elle est mignonne.
Mère indigne – Alors, mon cœur en sucre, qu’est-ce que tu as fait de beau aujourd’hui au camp de jour?
(Par réflexe, j’approche mes mains de mes oreilles pour les boucher en cas de hurlement strident, mais ça n’est pas le genre de ma mignonne Fille Aînée.)
Fille Aînée – J’ai trouvé la réponse à une énigme! Je n’osais pas la dire devant tout le monde, mais mes amis me disaient « Oui! Oui! Dis-le! »... Alors j’ai pris une chance.
(Trop mignonne.)
Mère indigne – C’était quoi, l’énigme, mon petit pain au chocolat?
Fille Aînée – « Plus on est loin, moins on y pense. Plus on est proche, plus on y pense. Mais une fois que c’est arrivé, et une fois que c’est passé, on n’y pense plus. » Tu vois ce que c'est?
Mère indigne, nulle dans plein de domaines dont celui des énigmes à la mord-moi-le-nœud (et ne le sont-elles pas toutes, ces salopes?) – Je n’en ai vraiment aucune idée.
Fille Aînée – Moi, au début, j’ai pensé que la réponse, c’était "notre anniversaire". Mais je pense au mien pas mal tout le temps – avant, pendant, après–, alors…
(Mignonne de chez mignonne.)
Fille Aînée – Ensuite, j’ai pensé à l’amour. Mais il me semble que même quand c’est passé, on y pense encore, hein, Maman?
(Mignonne, et sage.)
Fille Aînée – Alors, il ne restait plus qu’une seule chose.
Mère indigne (qui n'essaie même pas vraiment, faut dire) – Laquelle?
Fille Aînée – La mort.
(Super mign–)
Mère indigne – La mort?
Fille Aînée – La mort.
Mère indigne – Tu… tu avais déjà lu cette énigme dans ton livre de dragonologie? Tu la connaissais déjà?
Fille Aînée – Non, non. J’y ai pensé toute seule. Je me suis dit, tu sais, plus on vieillit, plus on a peur de mourir, mais une fois qu’on est mort… j’veux dire… on aura beau faire… y’a plus rien. On ne peut plus vraiment penser. Soit notre cerveau est brûlé, là, tu sais, s'ils nous mettent dans le four, soit les vers nous le mangent par en-dedans. Alors.
Mère indigne – …
Fille Aînée – En passant, tu ne m’as toujours pas dit si le Père Noël existait ou non.
Mère indigne – Attends deux minutes, chérie. Tiens, voilàààà. Je te passe le Traité du désespoir de Kierkegaard et L’Être et le Néant de Sartre. Tu me lis ça, et ensuite, on se reparle du Père Noël. En attendant, je vais aller discuter de la beauté du crépuscule avec Poisson Méchant. J’ai le droit. Et Dieu sait que j’ai besoin.
Tuesday, August 05, 2008
Soeur fou rire
Les filles, en tondant le gazon ce matin, j'ai eu une révélation. Bien entendu, je me suis tout de suite précipitée vers Père indigne pour lui en parler.
Mère indigne -- Chéri, en tondant le gazon ce matin, j'ai eu une révélation. Bien entendu, je me suis tout de suite précipitée vers toi pour t'en parler.
Père indigne -- Ne me dis pas que tu as compris que j'étais fantastique?
Mère indigne -- Bien sûr, tu es forminable, comme dirait Bébé. Mais non, c'est pas ça. J'ai eu un flash. Quand j'allais à l'école au collège de soeurs, en secondaire 1 et 2, y'avait Soeur Pauline. Elle nous fascinait parce que, contrairement à la majorité de ses collègues, elle avait eu la vocation sur le tard. Je me souviens encore du moment où elle nous avait raconté qu'elle s'était mariée, qu'elle avait eu deux enfants, et qu'à trente-deux ans, elle avait reçu l'appel du Seigneur.
Père indigne -- Wow.
Mère indigne -- Ben, c'est ça qu'on se disait! Wow! Elle avait un couple, une famille, mais l'appel de Dieu était si fort qu'elle a quand même tout laissé tomber pour s'enfermer dans un couvent. Le renoncement total. Mais ce matin, j'ai compris. Tu vois ce qu'elle a fait, Soeur Pauline?
Père indigne -- Elle s'est barrée.
Mère indigne -- Ex-ac-te-ment!! Elle s'est barrée! La vie de famille, le mari, les petits monstres, les repas, les couches, les crises, les lunchs, le gazon... Elle en a eu marre et bonsoir la visite! Allez que je m'enferme toute seule dans ma petite chambre avec ma Bible et mes romans policiers, je deviens une sainte femme et j'ai la sainte paix. Alors là, chapeau, Soeur Pauline! Un vrai coup de génie! Elle doit encore en rire dans son lit le soir, en lisant le dernier Lawrence Block. (Silence admiratif.) Le pire, tu sais c'est quoi?
Père indigne -- Quoi?
Mère indigne -- Un jour, Soeur Pauline m'avait demandé de rester avec elle après la classe. Quand toutes les autres élèves ont été parties, elle s'est penchée vers moi, m'a regardé droit dans les yeux, et m'a annoncé solennellement que Dieu avait besoin de moi. J'étais terrorisée.
Père indigne -- Laisse-moi deviner. Maintenant, tu commences à trouver ça moins effrayant.
Mère indigne -- L'appel de Dieu, chéri. L'appel de Dieu... Je le sens, LÀ! Il y a comme une force irrésistible qui prend possession de moi, une soif inextinguible de Le servir...
Père indigne -- Ça va quand même impliquer que tu renonces à pas mal de trucs, foie gras et Barsac pour commencer.
Mère indigne -- Oh! Attends, je ne t'ai pas dit le meilleur. Dieu a seulement besoin de moi pendant une semaine. Dans un Club Med. Ensuite, il se peut qu'il ait encore recours à mes services, mais de manière toujours très ponctuelle.
Père indigne -- Ta soudaine vocation a l'air un peu trop taillée sur mesure.
Mère indigne -- Les voies de Dieu sont impénétrables. Et c'est comme ça qu'on les aime.
Monday, July 28, 2008
En-cas d'urgence
Mère indigne reçoit la visite d'Amie-célibataire-indigne- femme-fatale-sulfureuse-et-dégénérée (pour faire court, nous l’appellerons Emmanuelle-l'Anti-Vierge. Bon, peut-être juste Emmanuelle, finalement, mais vraiment par souci d'espace). Toutes deux tentent d’avoir une conversation de filles autour d’un café.
Mère indigne – Attends, là, je comprends mal. Ton mec, il t’a dit qu’il avait une pépine? Je croyais qu’il était médecin.
Bébé -- WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA!!!
Emmanuelle – Non, pas une pépine. Il s’est dégoté une [AAAAAAAAAAAAAAAAAAA]ine.
Mère indigne – Il s’est fait tatouer quelque chose sur la p[AAAAAAAAAAAAAAAAAAA]???
Emmanuelle – (Soupir.) Tu comprends ri[OUAIIIIIIIIINNNNNNNNN].
Mère indigne – Merde. Attends deux secondes. (Puis, se tournant vers Bébé :) Mais qu’est-ce qui se passe, chérie?
(Note aux futurs parents : la crise qui suit est authentique. Comprendrez que vous auriez dû vous retenir. Je sais. Dommage. Trop tard.)
Bébé, se jetant par terre avec grand fracas – WAAAAAAAAAAA! Moi l’a tombééééééééaaaaaHHAAAA!
Mère indigne – Mais non, tu n’es pas tombée. Tu t’es jetée par terre.
Bébé – NonmoilaPAjetéparterre!! MOILATOMBÉ! BON! WIIIIIIAAAAAAAAAAHHH!
Mère indigne – Bon, d’accor-
Bébé – NANPADACCORAAAAAAAAA!!!
Mère indigne – Viens me voir, ma chouette, on va trouver une solution.
Bébé – NooooOOOOOooooon! On trouvera PAS de solution!!! On va trouver du CACA!!!
Mère indigne -- ...
Bébé – On va trouver de la CROTTE!!!
Mère indigne -- ...
Bébé, de plus en plus féroce – ON VA TROUVER DU CACA-CROTTE!!!
Mère indigne – Oké. J’ai compris. Tiens.
Bébé – NANMOIVEUXPAAAAAAaa. Marsi.
Suit un silence inespéré et quasi insoutenable.
Emmanuelle – C’est quoi? C'est... c’est des bonbons?
Mère indigne – Oui. D'habitude, ça fonctionne avec un ou deux, mais étant donné l’ampleur de la crise, j’ai pensé que ça valait la peine de lui filer le sac.
Emmanuelle – Attends, là, je rêve. Tu es en train d’apprendre à ta fille à manger ses émotions?
Mère indigne – Si je peux au moins lui apprendre une chose utile dans la vie, que ce soit celle-là.
Emmanuelle – Ben voyons! Ça n’a aucun sens! Il faut lui apprendre à gérer ses colères, à renforcer son estime de soi, à canaliser ses sentiments négatifs dans quelque chose de productif...
Mère indigne – Dans quelque chose de prod— non. J’ai assez de bricolages qui traînent partout, s’il faut que j’en ajoute un à chaque crise...
Emmanuelle – Tu pourrais au moins essayer de la raisonner, je sais pas, moi...
Mère indigne – Ben voilà. Justement. Tu ne sais pas.
Emmanuelle, levant les yeux au ciel – Classique. Je n’ai pas d’enfants, je ne peux rien dire.
Mère indigne, doctement – C’est pas une question d’enfants, c’est une question de savoir-vivre. Je dirais même plus, c’est une question de sauce-yolodgie. Tout le fonctionnement de la société est élaboré autour de la dégustation des émotions. Et d'ailleurs, j’irais même encore plus loin et je dirais que celui qui ne mange pas ses émotions ne mérite pas d’en avoir.
Emmanuelle – Bon, v’là autre chose.
Mère indigne – Pourquoi on va au restaurant, hein? Hein? Pour fêter des trucs! Pour célébrer! D’ailleurs, dans les magazines de bouffe, c’est toujours ça : préparer des banquets, des soupers entre amoureux... T’es heureux? Tu manges. Et les chips, mon Dieu. Les chips. C’est conçu pour la célébration, les chips. Surtout les Pringles, t’a vu la forme de la boîte...
Emmanuelle – Mais là, c’est la crise de nerfs de ta fille que tu célèbres en lui donnant des bonbons.
Mère indigne – Bon, bon, t’as raison, je vais faire un peu de renforcement positif. Bébé, ça va, t’es contente maintenant?
Bébé, la bouche pleine d’une masse collante – Mvfoui.
Mère indigne – Excellent. Tiens, fête ça avec une couple d’autres framboises en gelée.
Bébé – Mfwarsi.
Mère indigne – Elle est tellement polie. Je devrais la récompenser.
Emmanuelle – Ah, mon dieu! Arrête! C’est super choquant.
Mère indigne – Peut-être, mais en attendant, je vais pouvoir comprendre ce que tu essayais de me dire depuis tout à l’heure.
Emmanuelle – Ah. Oui. Écoute. C’est encore plus choquant.
Mère indigne – Quoi? Tu t’es mise au scrapbooking?
Emmanuelle – Es-tu folle, jamais. Non. Figure-toi que mon amant s’est fait une copine.
Mère indigne – « Ton » amant? Excuse-moi, je croyais que t’en avais dix-huit.
Emmanuelle – Quatre. Cinq. En tout cas, depuis trois jours, j’en ai juste quatre, ça a l’air.
Mère indigne – Tu es phobique de l’engagement, tu m’as déjà dit que la tendresse, c’était « gluant », ça devrait te faire plaisir de voir que ton attitude n’est pas contagieuse. Et aussi de voir que le gars continue d’être attiré par des filles, même après son expérience avec toi.
Emmanuelle – Tu peux rigoler, mais ça m’affecte vraiment profondément. Le truc, c’est que j’aime que ma vie soit régie par des règles, comment dire, cosmiques. Genre, je suis le Soleil, pis là y’a plein de petites planètes qui gravitent autour de moi. Et dans un système solaire, y’a combien de soleils?
Mère indigne – Euh, attends...
Emmanuelle – Juste un. Y’en a juste un. Là, un amant qui se fait une blonde, c’est comme deux soleils dans un même système solaire. Ça perturbe le cours normal des lois de la nature.
Mère indigne – T'as quand même pas le don d'ucubit- pardon, d'ubiquité. C’est pas fatiguant d’être le seul soleil?
Emmanuelle, le regard rêveur – C’est une bonne fatigue.
Mère indigne – J’ai une idée : tu rebaptises ton amant « Pluton » et pouf!, c’est même plus une planète.
Emmanuelle – C’est pas si simple. Enfin bref, ça m’a mise toute à l’envers, ça fait trois jours que je mange à peine.
Mère indigne – Hé ben voiiiilà! La candidate parfaite pour une rééducation! Ma chère, aujourd’hui, tu vas manger tes émotions. Que dis-je, tu vas les dévorer. Et je vais t’accompagner dans ta démarche.
Emmanuelle – J’aime pas les bonbons.
Mère indigne – Minute, minute. Les bonbons, c’est le stade 1, pour les enfants, puisque leur goût n’est pas encore de toute première qualité. Pour nous, j’ai ÇA.
Mère indigne ouvre le frigo et dépose sur la table un pot de foie gras tout neuf et une bouteille de Barsac. Toute neuve aussi. Mais rassurez-vous, pas pour longtemps.
Mère indigne – Le stade 2. C’était pour Père indigne et moi, mais il va comprendre ta détresse. Enfin, je crois...
Une heure plus tard...
Mère indigne – Pis? (hic!) Pluton?
Emmanuelle – Il en reste un petit peu au fond...
Mère indigne, déçue – Oh. J’aurais vraiment cru que ça t’aurait totalement guérie.
Emmanuelle – Non, je veux dire, il reste un petit fond de foie gras. Quoique (hic!) pour Pluton, je vais quand même m’ennuyer de ses cu[WAAAAAAAAAAAAAA]us.
Mère indigne, jetant un bonbon à Bébé – De ses quoi??
Emmanuelle – Nevermind. Donne-moi le fond de Barsac, ça va finir de guérir le bobo.
Mère indigne – J’aime ça quand l’élève dépasse le maître.
Plus tard, Bébé est au lit, Emmanuelle est partie, et Père indigne questionne.
Père indigne – Puis? De quoi vous avez parlé avec Emmanuelle?
Mère indigne – D’astronomie, figure-toi. De systèmes solaires, de planètes, d’harmonie dans l’univers...
Père indigne – Des cerveaux comme vous deux, vous devez avoir réglé la question de savoir si l’univers se rétracte ou s’il est en expansion?
Mère indigne – Ben, le sien s’est rétracté, je pense. Elle a aussi vaguement fait allusion à des cumul0-nimbus... Enfin, je crois, je ne suis pas certaine, y’a Bébé qui faisait une crise.
Père indigne – C’est Bébé qui a bouffé le foie gras?
Mère indigne – Non, c’est, euh, c’est nous... Avec Emmanuelle en pleine crise galactique...
Père indigne – Notre foie gras. De couple. Ça me fait mal.
Mère indigne – T’es triste? Tu devrais manger au lieu de te plaindre. Tu sais, sociologiquement, c’est plus civilisé.
Père indigne – ...
Mère indigne – Tu veux un bonbon?
Père indigne – J’aime pas les bonbons.
Mère indigne – Je parle de « bonbons ». Stade 3. On les trouve en général dans la chambre, sous les couvertures.
Père indigne – Oh. Je vois... Tiens, c’est drôle, je sens que mon univers est en expansion.
Mère indigne – Tu vas voir, je suis une thérapeute super professionnelle. Et pour mon salaire, je prends les chèques personnels.
Père indigne -- Bien essayé, Docteur Maman, mais cette fois-ci, je vais mettre ça sur ma carte soleil.
Mère indigne – Attends, là, je comprends mal. Ton mec, il t’a dit qu’il avait une pépine? Je croyais qu’il était médecin.
Bébé -- WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA!!!
Emmanuelle – Non, pas une pépine. Il s’est dégoté une [AAAAAAAAAAAAAAAAAAA]ine.
Mère indigne – Il s’est fait tatouer quelque chose sur la p[AAAAAAAAAAAAAAAAAAA]???
Emmanuelle – (Soupir.) Tu comprends ri[OUAIIIIIIIIINNNNNNNNN].
Mère indigne – Merde. Attends deux secondes. (Puis, se tournant vers Bébé :) Mais qu’est-ce qui se passe, chérie?
(Note aux futurs parents : la crise qui suit est authentique. Comprendrez que vous auriez dû vous retenir. Je sais. Dommage. Trop tard.)
Bébé, se jetant par terre avec grand fracas – WAAAAAAAAAAA! Moi l’a tombééééééééaaaaaHHAAAA!
Mère indigne – Mais non, tu n’es pas tombée. Tu t’es jetée par terre.
Bébé – NonmoilaPAjetéparterre!! MOILATOMBÉ! BON! WIIIIIIAAAAAAAAAAHHH!
Mère indigne – Bon, d’accor-
Bébé – NANPADACCORAAAAAAAAA!!!
Mère indigne – Viens me voir, ma chouette, on va trouver une solution.
Bébé – NooooOOOOOooooon! On trouvera PAS de solution!!! On va trouver du CACA!!!
Mère indigne -- ...
Bébé – On va trouver de la CROTTE!!!
Mère indigne -- ...
Bébé, de plus en plus féroce – ON VA TROUVER DU CACA-CROTTE!!!
Mère indigne – Oké. J’ai compris. Tiens.
Bébé – NANMOIVEUXPAAAAAAaa. Marsi.
Suit un silence inespéré et quasi insoutenable.
Emmanuelle – C’est quoi? C'est... c’est des bonbons?
Mère indigne – Oui. D'habitude, ça fonctionne avec un ou deux, mais étant donné l’ampleur de la crise, j’ai pensé que ça valait la peine de lui filer le sac.
Emmanuelle – Attends, là, je rêve. Tu es en train d’apprendre à ta fille à manger ses émotions?
Mère indigne – Si je peux au moins lui apprendre une chose utile dans la vie, que ce soit celle-là.
Emmanuelle – Ben voyons! Ça n’a aucun sens! Il faut lui apprendre à gérer ses colères, à renforcer son estime de soi, à canaliser ses sentiments négatifs dans quelque chose de productif...
Mère indigne – Dans quelque chose de prod— non. J’ai assez de bricolages qui traînent partout, s’il faut que j’en ajoute un à chaque crise...
Emmanuelle – Tu pourrais au moins essayer de la raisonner, je sais pas, moi...
Mère indigne – Ben voilà. Justement. Tu ne sais pas.
Emmanuelle, levant les yeux au ciel – Classique. Je n’ai pas d’enfants, je ne peux rien dire.
Mère indigne, doctement – C’est pas une question d’enfants, c’est une question de savoir-vivre. Je dirais même plus, c’est une question de sauce-yolodgie. Tout le fonctionnement de la société est élaboré autour de la dégustation des émotions. Et d'ailleurs, j’irais même encore plus loin et je dirais que celui qui ne mange pas ses émotions ne mérite pas d’en avoir.
Emmanuelle – Bon, v’là autre chose.
Mère indigne – Pourquoi on va au restaurant, hein? Hein? Pour fêter des trucs! Pour célébrer! D’ailleurs, dans les magazines de bouffe, c’est toujours ça : préparer des banquets, des soupers entre amoureux... T’es heureux? Tu manges. Et les chips, mon Dieu. Les chips. C’est conçu pour la célébration, les chips. Surtout les Pringles, t’a vu la forme de la boîte...
Emmanuelle – Mais là, c’est la crise de nerfs de ta fille que tu célèbres en lui donnant des bonbons.
Mère indigne – Bon, bon, t’as raison, je vais faire un peu de renforcement positif. Bébé, ça va, t’es contente maintenant?
Bébé, la bouche pleine d’une masse collante – Mvfoui.
Mère indigne – Excellent. Tiens, fête ça avec une couple d’autres framboises en gelée.
Bébé – Mfwarsi.
Mère indigne – Elle est tellement polie. Je devrais la récompenser.
Emmanuelle – Ah, mon dieu! Arrête! C’est super choquant.
Mère indigne – Peut-être, mais en attendant, je vais pouvoir comprendre ce que tu essayais de me dire depuis tout à l’heure.
Emmanuelle – Ah. Oui. Écoute. C’est encore plus choquant.
Mère indigne – Quoi? Tu t’es mise au scrapbooking?
Emmanuelle – Es-tu folle, jamais. Non. Figure-toi que mon amant s’est fait une copine.
Mère indigne – « Ton » amant? Excuse-moi, je croyais que t’en avais dix-huit.
Emmanuelle – Quatre. Cinq. En tout cas, depuis trois jours, j’en ai juste quatre, ça a l’air.
Mère indigne – Tu es phobique de l’engagement, tu m’as déjà dit que la tendresse, c’était « gluant », ça devrait te faire plaisir de voir que ton attitude n’est pas contagieuse. Et aussi de voir que le gars continue d’être attiré par des filles, même après son expérience avec toi.
Emmanuelle – Tu peux rigoler, mais ça m’affecte vraiment profondément. Le truc, c’est que j’aime que ma vie soit régie par des règles, comment dire, cosmiques. Genre, je suis le Soleil, pis là y’a plein de petites planètes qui gravitent autour de moi. Et dans un système solaire, y’a combien de soleils?
Mère indigne – Euh, attends...
Emmanuelle – Juste un. Y’en a juste un. Là, un amant qui se fait une blonde, c’est comme deux soleils dans un même système solaire. Ça perturbe le cours normal des lois de la nature.
Mère indigne – T'as quand même pas le don d'ucubit- pardon, d'ubiquité. C’est pas fatiguant d’être le seul soleil?
Emmanuelle, le regard rêveur – C’est une bonne fatigue.
Mère indigne – J’ai une idée : tu rebaptises ton amant « Pluton » et pouf!, c’est même plus une planète.
Emmanuelle – C’est pas si simple. Enfin bref, ça m’a mise toute à l’envers, ça fait trois jours que je mange à peine.
Mère indigne – Hé ben voiiiilà! La candidate parfaite pour une rééducation! Ma chère, aujourd’hui, tu vas manger tes émotions. Que dis-je, tu vas les dévorer. Et je vais t’accompagner dans ta démarche.
Emmanuelle – J’aime pas les bonbons.
Mère indigne – Minute, minute. Les bonbons, c’est le stade 1, pour les enfants, puisque leur goût n’est pas encore de toute première qualité. Pour nous, j’ai ÇA.
Mère indigne ouvre le frigo et dépose sur la table un pot de foie gras tout neuf et une bouteille de Barsac. Toute neuve aussi. Mais rassurez-vous, pas pour longtemps.
Mère indigne – Le stade 2. C’était pour Père indigne et moi, mais il va comprendre ta détresse. Enfin, je crois...
Une heure plus tard...
Mère indigne – Pis? (hic!) Pluton?
Emmanuelle – Il en reste un petit peu au fond...
Mère indigne, déçue – Oh. J’aurais vraiment cru que ça t’aurait totalement guérie.
Emmanuelle – Non, je veux dire, il reste un petit fond de foie gras. Quoique (hic!) pour Pluton, je vais quand même m’ennuyer de ses cu[WAAAAAAAAAAAAAA]us.
Mère indigne, jetant un bonbon à Bébé – De ses quoi??
Emmanuelle – Nevermind. Donne-moi le fond de Barsac, ça va finir de guérir le bobo.
Mère indigne – J’aime ça quand l’élève dépasse le maître.
Plus tard, Bébé est au lit, Emmanuelle est partie, et Père indigne questionne.
Père indigne – Puis? De quoi vous avez parlé avec Emmanuelle?
Mère indigne – D’astronomie, figure-toi. De systèmes solaires, de planètes, d’harmonie dans l’univers...
Père indigne – Des cerveaux comme vous deux, vous devez avoir réglé la question de savoir si l’univers se rétracte ou s’il est en expansion?
Mère indigne – Ben, le sien s’est rétracté, je pense. Elle a aussi vaguement fait allusion à des cumul0-nimbus... Enfin, je crois, je ne suis pas certaine, y’a Bébé qui faisait une crise.
Père indigne – C’est Bébé qui a bouffé le foie gras?
Mère indigne – Non, c’est, euh, c’est nous... Avec Emmanuelle en pleine crise galactique...
Père indigne – Notre foie gras. De couple. Ça me fait mal.
Mère indigne – T’es triste? Tu devrais manger au lieu de te plaindre. Tu sais, sociologiquement, c’est plus civilisé.
Père indigne – ...
Mère indigne – Tu veux un bonbon?
Père indigne – J’aime pas les bonbons.
Mère indigne – Je parle de « bonbons ». Stade 3. On les trouve en général dans la chambre, sous les couvertures.
Père indigne – Oh. Je vois... Tiens, c’est drôle, je sens que mon univers est en expansion.
Mère indigne – Tu vas voir, je suis une thérapeute super professionnelle. Et pour mon salaire, je prends les chèques personnels.
Père indigne -- Bien essayé, Docteur Maman, mais cette fois-ci, je vais mettre ça sur ma carte soleil.
Saturday, July 26, 2008
Photoshoppons du bois, pour la mère, pour la mère
Z'avez remarqué? Je fais des tests de design de blogue. (Bon, d'accord, "design", c'est un peu fort... À vrai dire, je niaise avec Photoshop.)
Quoi qu'il en soit, ça pourra changer un peu dans les prochaines semaines. Surtout, ne le prenez pas personnel! ;)
Quoi qu'il en soit, ça pourra changer un peu dans les prochaines semaines. Surtout, ne le prenez pas personnel! ;)
Thursday, July 17, 2008
Mère indigne exagère, mais il faut bien gagner sa vie
Mère indigne – L’autre jour, j’ai voulu faire un test dans Facebook, mais je n’ai pas osé me rendre jusqu’au bout.
Père indigne – Pas «quel personnage de Passe-Partout êtes-vous?», j’espère? Je ne pourrais pas supporter d’avoir la confirmation officielle que j’ai épousé Alakazou.
Mère indigne – Non, non. J’ai commencé le test «Quel genre de criminel êtes-vous?». Fiou.
Père indigne – Fiou quoi?
Mère indigne – Ben, il fallait classer des crimes dans l’ordre, en commençant par celui qu’on était le plus susceptible de commettre jusqu’à celui qu’on ne commettrait jamais.
Père indigne – Tu as mis «souper avec un ex» en premier, j’imagine?
Mère indigne – Ce n’était pas sur la liste. Par contre, je me suis rendue compte que je classais «se faire payer en échange de faveurs sexuelles» en deuxième place! Tu te rends compte? J’ai réalisé que je n’aurais vraiment presque pas de problème avec le concept.
Père indigne – Hm.
Mère indigne – Euh, je veux dire, je n’aurais pas eu de problème avec ça avant de te rencontrer, évidemment.
Père indigne – Évidemment.
Mère indigne – Non, mais c’est vrai, je n’avais jamais vraiment réfléchi à la question, mais tant qu’à avoir un one night stand poche, aussi bien s’arranger pour pouvoir s’acheter une nouvelle paire de chaussures le lendemain, non? Si on est bien prudent, au lieu de ramener une MTS à la maison, on ramène une paire de Manolo Blahnik.
Père indigne – Est-ce que tu as vraiment suivi des cours d’éthique à l’Université?
Mère indigne – Tu me prends pour qui? Je n’achèterais pas de souliers en peau de serpent ou quoi que ce soit du genre.
Père indigne, une drôle de lueur dans le regard – Écoute, je ne suis pas certain que ton attitude soit tout à fait normale, mais juste comme ça, par curiosité... Combien tu aurais chargé?
Mère indigne, super capitaliste, super vite – Pour la soirée? Service complet? Genre, cinq cents piastres. (Et, regardant Père indigne par dessous d’un air éminemment sexy, enfin, elle essaie:) Mais pour certaines personnes très, très spéciales, j’aurais fait un prix d’ami. Cent cinquante. Taxes et tendresse post-coïtale incluses.
Père indigne – Écoute, je comprends que cette histoire de te faire payer pour des services sexuels est en quelque sorte un fantasme inassouvi chez toi. Si tu veux, et en tout respect pour ta valeur intrinsèque en tant qu’être humain, je serais prêt à...
Mère indigne – OUIIIIIII!
Père indigne sort un chèque et le remplit en ne se trompant même pas une seule fois, ce qui, pour lui, relève presque du miracle. Puis il le dépose triomphalement sur la table, devant Mère indigne qui s’en saisit d’une main, alors que de l’autre, elle clavarde déjà avec les copines pour discuter des meilleures marques de chaussures de luxe.
Mère indigne, examinant le chèque – Tu es certain que tu veux me payer tout de suite? On ne sait jamais, tu pourrais peut-être ne pas être satisfait...
Père indigne – J’ai toute confiance en ton professionnalisme.
Plus tard, dans la chambre à coucher...
Père indigne – Ooooh. Il fait noir ici. Ça augure bien.
Mère indigne, de sous les couvertures – Grufahdkjgaomf.
Père indigne – Et ces grognements... Des cris d’amour?
Mère indigne – Mal à la tête.
Père indigne – Mal à... Excuse-moi, mais les vrais professionnels ne demandent pas de congé de maladie quand ils sont sur un gros contrat.
Mère indigne – Écoute, entre le moment où tu m’as donné le chèque et maintenant, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de l’amour.
Père indigne – Mais... ça fait à peine une heure!
Mère indigne – Ouais, ben en une heure, je me suis tapée la méga-crise de Bébé qui ne voulait pas prendre son bain, pas brosser ses dents, pas se coucher, bref, pas collaborer. Bruyamment.
Père indigne – D’où le mal de tête?
Mère indigne – Non, ça je pense que c’est quand Fille Aînée m’a demandé de lui trouver des extraits sonores de la maturité sexuelle des orangs-outangs.
Père indigne – Bon, d’accord, ça va. Je suis un client compréhensif. Redonne-moi mon chèque et on n’en parle plus.
Mère indigne – Je... Écoute, mon mal de tête est terrible, je ne sais plus où je l’ai cach—où je l’ai rangé...
Père indigne -- Tu ne sais...?
Mère indigne – Je l’ai peut-être même perdu... Va falloir que tu m’en fasses un autre.
Père indigne – Dis donc, juste comme ça, dans ton test Facebook, c’était quoi le premier crime que tu étais susceptible de commettre?
Mère indigne – Fraude.
Père indigne – Merde.
Mère indigne, après un bref silence – Quand je pense que tu as osé dire que je ne suis pas professionnelle.
Père indigne – Pas «quel personnage de Passe-Partout êtes-vous?», j’espère? Je ne pourrais pas supporter d’avoir la confirmation officielle que j’ai épousé Alakazou.
Mère indigne – Non, non. J’ai commencé le test «Quel genre de criminel êtes-vous?». Fiou.
Père indigne – Fiou quoi?
Mère indigne – Ben, il fallait classer des crimes dans l’ordre, en commençant par celui qu’on était le plus susceptible de commettre jusqu’à celui qu’on ne commettrait jamais.
Père indigne – Tu as mis «souper avec un ex» en premier, j’imagine?
Mère indigne – Ce n’était pas sur la liste. Par contre, je me suis rendue compte que je classais «se faire payer en échange de faveurs sexuelles» en deuxième place! Tu te rends compte? J’ai réalisé que je n’aurais vraiment presque pas de problème avec le concept.
Père indigne – Hm.
Mère indigne – Euh, je veux dire, je n’aurais pas eu de problème avec ça avant de te rencontrer, évidemment.
Père indigne – Évidemment.
Mère indigne – Non, mais c’est vrai, je n’avais jamais vraiment réfléchi à la question, mais tant qu’à avoir un one night stand poche, aussi bien s’arranger pour pouvoir s’acheter une nouvelle paire de chaussures le lendemain, non? Si on est bien prudent, au lieu de ramener une MTS à la maison, on ramène une paire de Manolo Blahnik.
Père indigne – Est-ce que tu as vraiment suivi des cours d’éthique à l’Université?
Mère indigne – Tu me prends pour qui? Je n’achèterais pas de souliers en peau de serpent ou quoi que ce soit du genre.
Père indigne, une drôle de lueur dans le regard – Écoute, je ne suis pas certain que ton attitude soit tout à fait normale, mais juste comme ça, par curiosité... Combien tu aurais chargé?
Mère indigne, super capitaliste, super vite – Pour la soirée? Service complet? Genre, cinq cents piastres. (Et, regardant Père indigne par dessous d’un air éminemment sexy, enfin, elle essaie:) Mais pour certaines personnes très, très spéciales, j’aurais fait un prix d’ami. Cent cinquante. Taxes et tendresse post-coïtale incluses.
Père indigne – Écoute, je comprends que cette histoire de te faire payer pour des services sexuels est en quelque sorte un fantasme inassouvi chez toi. Si tu veux, et en tout respect pour ta valeur intrinsèque en tant qu’être humain, je serais prêt à...
Mère indigne – OUIIIIIII!
Père indigne sort un chèque et le remplit en ne se trompant même pas une seule fois, ce qui, pour lui, relève presque du miracle. Puis il le dépose triomphalement sur la table, devant Mère indigne qui s’en saisit d’une main, alors que de l’autre, elle clavarde déjà avec les copines pour discuter des meilleures marques de chaussures de luxe.
Mère indigne, examinant le chèque – Tu es certain que tu veux me payer tout de suite? On ne sait jamais, tu pourrais peut-être ne pas être satisfait...
Père indigne – J’ai toute confiance en ton professionnalisme.
Plus tard, dans la chambre à coucher...
Père indigne – Ooooh. Il fait noir ici. Ça augure bien.
Mère indigne, de sous les couvertures – Grufahdkjgaomf.
Père indigne – Et ces grognements... Des cris d’amour?
Mère indigne – Mal à la tête.
Père indigne – Mal à... Excuse-moi, mais les vrais professionnels ne demandent pas de congé de maladie quand ils sont sur un gros contrat.
Mère indigne – Écoute, entre le moment où tu m’as donné le chèque et maintenant, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de l’amour.
Père indigne – Mais... ça fait à peine une heure!
Mère indigne – Ouais, ben en une heure, je me suis tapée la méga-crise de Bébé qui ne voulait pas prendre son bain, pas brosser ses dents, pas se coucher, bref, pas collaborer. Bruyamment.
Père indigne – D’où le mal de tête?
Mère indigne – Non, ça je pense que c’est quand Fille Aînée m’a demandé de lui trouver des extraits sonores de la maturité sexuelle des orangs-outangs.
Père indigne – Bon, d’accord, ça va. Je suis un client compréhensif. Redonne-moi mon chèque et on n’en parle plus.
Mère indigne – Je... Écoute, mon mal de tête est terrible, je ne sais plus où je l’ai cach—où je l’ai rangé...
Père indigne -- Tu ne sais...?
Mère indigne – Je l’ai peut-être même perdu... Va falloir que tu m’en fasses un autre.
Père indigne – Dis donc, juste comme ça, dans ton test Facebook, c’était quoi le premier crime que tu étais susceptible de commettre?
Mère indigne – Fraude.
Père indigne – Merde.
Mère indigne, après un bref silence – Quand je pense que tu as osé dire que je ne suis pas professionnelle.
Friday, July 11, 2008
Comme dirait Adamo, c'est ma vie
Mère indigne -- Bébé, veux-tu aller faire pipi aux toilettes?
Bébé -- On dit "SITEPLÈ", Maman. Y faut dire "SITEPLÈ".
Mère indigne -- S'il-te-plaît, Bébé, veux-tu aller faire pipi aux toilettes?
Bébé -- Non.
Mère indigne -- ...
Bébé -- Pis là, faut dire "MARSI", Maman. "MARSIII!!!"
Bébé -- On dit "SITEPLÈ", Maman. Y faut dire "SITEPLÈ".
Mère indigne -- S'il-te-plaît, Bébé, veux-tu aller faire pipi aux toilettes?
Bébé -- Non.
Mère indigne -- ...
Bébé -- Pis là, faut dire "MARSI", Maman. "MARSIII!!!"
Friday, July 04, 2008
L'avis des bêtes
Ah, là, là, les filles. Faut que je vous raconte.
J’ai été au restaurant avec un homme hier soir. Pas avec Père indigne, non. Avec une de ces créatures étranges et fascinantes qui forment la race des «ex». (D’ailleurs, puisque Jean-Louis est déjà pris et que Jean-Jules menace de revenir dans le décor incessamment, j’ai décidé que nous appellerions cet ex «Jean-Ex».)
En femmes accomplies et expérimentées que vous êtes, les poulettes, vous savez que ce genre de relation est parfois un peu difficile à gérer. Surtout quand, vous rappelez-vous vaguement, vous avez peut-être certains torts assez gratinés à vous reprocher. Personnellement, j’ai trouvé une recette infaillible pour entretenir des relations harmonieuses avec mes ex, en tout cas avec Jean-Ex : couper complètement les ponts pendant 12 ans. Ensuite, quand on recommence à se parler, non seulement on ne se souvient plus exactement de qui a fait quoi de mal, mais on s’en fiche complètement.
Et après douze ans, ce qui est chouette, c’est que quand on ne veut pas parler des Méchants Fantômes du Passé, on parle des enfants qu'on a faits entre-temps.
Mère indigne – L’autre jour, je pense que j’ai été un peu bête avec Fille Aînée.
Jean-Ex – Toi, bête? Voyons, c’est impossible! (N.D.M.I. Voyez ce que ça fait, 12 ans de silence? L’harmonie. Génial.)
Mère indigne – Non, je te jure. Même Père indigne était un peu furieux. Fille Aînée est venue me voir pour m’annoncer en grandes pompes qu’elle avait réussi à faire fonctionner le DVD. J’ai dit «Bravo, chérie, c’est très bien»...
Jean-Ex – Et...?
Mère indigne – Figure-toi qu’elle m’a regardé d’un air un peu méprisant et qu’elle m’a dit : «Ben là. J’aurais cru que tu aurais été un peu plus... enthousiaste.» Heille, moi, ça me fatigue. Les enfants, aujourd’hui, on s’extasie au moindre truc, et ensuite, ils en veulent toujours plus. «Maman, Maman, j’ai pensé à fermer la lumière de ma chambre!» «Oh, mais c’est super, chérie, on va organiser une belle fête en ton honneur! » Pu capable. Alors j’ai répondu à Fille Aînée, un peu sèchement, «Quoi? Est-ce qu’il faudrait que je me roule par terre en plus? Que je te fasse un gâteau?» Père indigne a trouvé ça bête.
Jean-Ex – Enfin, personnellement, je la trouve quand même bonne d’avoir réussi à faire fonctionner un DVD. L’autre jour, au chalet, je n’y suis jamais arrivé. Trop de fils derrière la télé, trop de boutons sur la télécommande...
Mère indigne – T'as raison! C'est comme à la maison! Comment ça se fait qu’en 2008, il ne faut pas simplement brancher un fil dans un trou pour faire marcher un DVD? Ça me rend folle à chaque fois. Pour faire fonctionner le DVD chez nous, il faut commencer par allumer le lecteur de cassettes, mais pas juste l’allumer. Il faut mettre une cassette dedans, appuyer sur Play et ensuite sur Stop, sinon le son du DVD ne marche pas. C’est juste s’il faut pas dire abracadabra. C’est hyper-complexe, je n’y arrive pas la moitié du temps.
Jean-Ex – ...
Mère indigne – (Cligne, cligne.) Merde. Fille Aînée. J’aurais peut-être bien dû faire preuve de plus d’enthousiasme...
Jean-Ex – Hm.
Mère indigne – ... Mais elle va s’en remettre.
Jean-Ex – Hm.
Mère indigne – En fait, elle s’en est déjà remise. Comme je trouvais que j’y étais quand même allée un peu fort, j’ai fait amende honorable.
Jean-Ex – Tu t'es excusée? Tu as bien changé.
Mère indigne – Pas vraiment. Je l’ai emmenée au Dairy Queen.
Jean-Ex – Ah, ça, c’est pas bête... Tiens, changement de sujet, tu as lu la chronique de Josée Blanchette dans Le Devoir? Celle qui parlait des ex?
(Jean-Ex est un grand fan de Joblo. Depuis des années. Un fan noble, d’ailleurs, qui, comme pour le Playboy, ne lit pas Josée pour ses propos occasionnels sur le sexe, mais pour l'élévation de son âme. J’étais jalouse, dans le temps.)
Mère indigne – Oui, oui, j’ai lu... Rassure-moi, on va pas parler des Méchants Fantômes du Passé, là?
Jean-Ex – Non, ça va, je te respecte dans ton déni. En tout cas, tu sais que je ne lis pas Josée Blanchette pour ses propos occasionnels sur le sexe, je préfère l'élévation de son âme...
Mère indigne – Moui, bien sûr.
Jean-Ex – ... mais l’autre jour, elle parlait des ex qui veulent encore coucher avec leur ex.
Mère indigne – Oh! Seigneur. Moi, ça, ça me DÉGOÛTE.
Jean-Ex – ...
Mère indigne – Ça ne m’est jamais arrivé, et je peux te le dire, ça ne m’arrivera JAMAIS.
Jean-Ex – ...
Mère indigne – Coucher avec un ex. Sérieusement. Quelle HORREUR.
Jean-Ex – ...
Mère indigne – (Cligne, cligne.) Oh. Je... J’ai pas réalisé... J’ai encore été bête, là, hein?
Jean-Ex – ...
Mère indigne – On va au Dairy Queen?
J’ai été au restaurant avec un homme hier soir. Pas avec Père indigne, non. Avec une de ces créatures étranges et fascinantes qui forment la race des «ex». (D’ailleurs, puisque Jean-Louis est déjà pris et que Jean-Jules menace de revenir dans le décor incessamment, j’ai décidé que nous appellerions cet ex «Jean-Ex».)
En femmes accomplies et expérimentées que vous êtes, les poulettes, vous savez que ce genre de relation est parfois un peu difficile à gérer. Surtout quand, vous rappelez-vous vaguement, vous avez peut-être certains torts assez gratinés à vous reprocher. Personnellement, j’ai trouvé une recette infaillible pour entretenir des relations harmonieuses avec mes ex, en tout cas avec Jean-Ex : couper complètement les ponts pendant 12 ans. Ensuite, quand on recommence à se parler, non seulement on ne se souvient plus exactement de qui a fait quoi de mal, mais on s’en fiche complètement.
Et après douze ans, ce qui est chouette, c’est que quand on ne veut pas parler des Méchants Fantômes du Passé, on parle des enfants qu'on a faits entre-temps.
Mère indigne – L’autre jour, je pense que j’ai été un peu bête avec Fille Aînée.
Jean-Ex – Toi, bête? Voyons, c’est impossible! (N.D.M.I. Voyez ce que ça fait, 12 ans de silence? L’harmonie. Génial.)
Mère indigne – Non, je te jure. Même Père indigne était un peu furieux. Fille Aînée est venue me voir pour m’annoncer en grandes pompes qu’elle avait réussi à faire fonctionner le DVD. J’ai dit «Bravo, chérie, c’est très bien»...
Jean-Ex – Et...?
Mère indigne – Figure-toi qu’elle m’a regardé d’un air un peu méprisant et qu’elle m’a dit : «Ben là. J’aurais cru que tu aurais été un peu plus... enthousiaste.» Heille, moi, ça me fatigue. Les enfants, aujourd’hui, on s’extasie au moindre truc, et ensuite, ils en veulent toujours plus. «Maman, Maman, j’ai pensé à fermer la lumière de ma chambre!» «Oh, mais c’est super, chérie, on va organiser une belle fête en ton honneur! » Pu capable. Alors j’ai répondu à Fille Aînée, un peu sèchement, «Quoi? Est-ce qu’il faudrait que je me roule par terre en plus? Que je te fasse un gâteau?» Père indigne a trouvé ça bête.
Jean-Ex – Enfin, personnellement, je la trouve quand même bonne d’avoir réussi à faire fonctionner un DVD. L’autre jour, au chalet, je n’y suis jamais arrivé. Trop de fils derrière la télé, trop de boutons sur la télécommande...
Mère indigne – T'as raison! C'est comme à la maison! Comment ça se fait qu’en 2008, il ne faut pas simplement brancher un fil dans un trou pour faire marcher un DVD? Ça me rend folle à chaque fois. Pour faire fonctionner le DVD chez nous, il faut commencer par allumer le lecteur de cassettes, mais pas juste l’allumer. Il faut mettre une cassette dedans, appuyer sur Play et ensuite sur Stop, sinon le son du DVD ne marche pas. C’est juste s’il faut pas dire abracadabra. C’est hyper-complexe, je n’y arrive pas la moitié du temps.
Jean-Ex – ...
Mère indigne – (Cligne, cligne.) Merde. Fille Aînée. J’aurais peut-être bien dû faire preuve de plus d’enthousiasme...
Jean-Ex – Hm.
Mère indigne – ... Mais elle va s’en remettre.
Jean-Ex – Hm.
Mère indigne – En fait, elle s’en est déjà remise. Comme je trouvais que j’y étais quand même allée un peu fort, j’ai fait amende honorable.
Jean-Ex – Tu t'es excusée? Tu as bien changé.
Mère indigne – Pas vraiment. Je l’ai emmenée au Dairy Queen.
Jean-Ex – Ah, ça, c’est pas bête... Tiens, changement de sujet, tu as lu la chronique de Josée Blanchette dans Le Devoir? Celle qui parlait des ex?
(Jean-Ex est un grand fan de Joblo. Depuis des années. Un fan noble, d’ailleurs, qui, comme pour le Playboy, ne lit pas Josée pour ses propos occasionnels sur le sexe, mais pour l'élévation de son âme. J’étais jalouse, dans le temps.)
Mère indigne – Oui, oui, j’ai lu... Rassure-moi, on va pas parler des Méchants Fantômes du Passé, là?
Jean-Ex – Non, ça va, je te respecte dans ton déni. En tout cas, tu sais que je ne lis pas Josée Blanchette pour ses propos occasionnels sur le sexe, je préfère l'élévation de son âme...
Mère indigne – Moui, bien sûr.
Jean-Ex – ... mais l’autre jour, elle parlait des ex qui veulent encore coucher avec leur ex.
Mère indigne – Oh! Seigneur. Moi, ça, ça me DÉGOÛTE.
Jean-Ex – ...
Mère indigne – Ça ne m’est jamais arrivé, et je peux te le dire, ça ne m’arrivera JAMAIS.
Jean-Ex – ...
Mère indigne – Coucher avec un ex. Sérieusement. Quelle HORREUR.
Jean-Ex – ...
Mère indigne – (Cligne, cligne.) Oh. Je... J’ai pas réalisé... J’ai encore été bête, là, hein?
Jean-Ex – ...
Mère indigne – On va au Dairy Queen?
Thursday, July 03, 2008
Terrible Taxi
Il m'arrive, les jours de grand retard, de prendre le taxi du métro Laurier jusqu'au bureau, qui se trouve coin St-Laurent et St-Viateur. Comme vous le dira tout bon chauffeur de taxi qui se respecte, faut prendre la rue St-Joseph jusqu'à St-Laurent, tourner à droite, et hop, on y est presque.
Mais aujourd'hui, j'ai rencontré un dur à cuire.
Mère indigne -- Je vais sur St-Laurent au coin de St-Viateur.
Chauffeur -- Vous prenez par St-Denis?
Mère indigne -- C'est-à-dire que... on ne peut pas tourner à gauche sur St-Denis et... je vais sur St-Laurent.
Chauffeur -- Oui mais là, on est à côté de St-Denis.
Mère indigne -- On pourrait pas prendre par St-Joseph? Puis tourner à droite sur St-Laurent?
Chauffeur -- St-Denis est juste là!
Mère indigne -- Je vais sur St-Laurent.
Chauffeur -- (Sourcils froncés.) Oui, mais LÀ, vous êtes à St-Denis, LÀ.
Mère indigne (dont on pourrait presque croire que parfois, elle aime se soumettre) -- Bon, écoutez, on va par où vous voulez. On peut passer par St-Denis, sans problème.
Chauffeur -- Ben NON! Pas par St-Denis!! On peut pas tourner à gauche sur St-Denis!! On va prendre St-Joseph, puis ensuite on va tourner à droite sur St-Laurent.
Mère indigne -- Ma foi... Excellente idée.
Est-ce que je me suis énervée? Mais non, voyons. Pas du tout. Je suis zen, moi. Relax. Décontrax. Un vrai substitut humain au Xanax. Même mes organes internes sont certifiés feng-shui.
...
Bon, j'avoue, il y a un truc.
Je ne me suis pas énervée, mais en réalité, c'est parce que j'ai ce genre de conversation environ trente fois par jour avec Bébé.
Mère indigne -- Viens chérie, on s'en va à la garderie.
Bébé -- Naaaaaaaan, moi veux PAS aller à la gâderiiiiiie!
Mère indigne -- Mais oui, chérie, tu vas pouvoir raconter à Sophie que tu m'as aidée à arracher des mauvaises herbes ce matin.
Bébé -- Naaaaaaaaan, moi l'a PAS aidé à arracher les môvèzèèèèèbes!
Mère indigne -- Puis quand Papa viendra te chercher, vous allez vous baigner dans la piscine.
Bébé -- Naaaaaaaan, LÀ, moi l'a PAS DE PISCINE à ma maison, LÀ!
Mère indigne (chez qui on pourrait presque croire que la soumission est un art majeur) -- Bon, bon, d'accord. Reste assise ici, alors. Maman va ranger la cuisine avant de partir.
Bébé -- Ben NAN! Toi tu peux PAS ranzer la cuizine, moi va aller à la gâderie raconter à Sophie que moi l'a arraché les movèzèbes avec Maman pis là Papa va venir me chercher pou' se baigner.
Mère indigne -- Ma foi... Excellente idée.
Comme aurait dit Gengis Khan, practice makes perfect.
Mais aujourd'hui, j'ai rencontré un dur à cuire.
Mère indigne -- Je vais sur St-Laurent au coin de St-Viateur.
Chauffeur -- Vous prenez par St-Denis?
Mère indigne -- C'est-à-dire que... on ne peut pas tourner à gauche sur St-Denis et... je vais sur St-Laurent.
Chauffeur -- Oui mais là, on est à côté de St-Denis.
Mère indigne -- On pourrait pas prendre par St-Joseph? Puis tourner à droite sur St-Laurent?
Chauffeur -- St-Denis est juste là!
Mère indigne -- Je vais sur St-Laurent.
Chauffeur -- (Sourcils froncés.) Oui, mais LÀ, vous êtes à St-Denis, LÀ.
Mère indigne (dont on pourrait presque croire que parfois, elle aime se soumettre) -- Bon, écoutez, on va par où vous voulez. On peut passer par St-Denis, sans problème.
Chauffeur -- Ben NON! Pas par St-Denis!! On peut pas tourner à gauche sur St-Denis!! On va prendre St-Joseph, puis ensuite on va tourner à droite sur St-Laurent.
Mère indigne -- Ma foi... Excellente idée.
Est-ce que je me suis énervée? Mais non, voyons. Pas du tout. Je suis zen, moi. Relax. Décontrax. Un vrai substitut humain au Xanax. Même mes organes internes sont certifiés feng-shui.
...
Bon, j'avoue, il y a un truc.
Je ne me suis pas énervée, mais en réalité, c'est parce que j'ai ce genre de conversation environ trente fois par jour avec Bébé.
Mère indigne -- Viens chérie, on s'en va à la garderie.
Bébé -- Naaaaaaaan, moi veux PAS aller à la gâderiiiiiie!
Mère indigne -- Mais oui, chérie, tu vas pouvoir raconter à Sophie que tu m'as aidée à arracher des mauvaises herbes ce matin.
Bébé -- Naaaaaaaaan, moi l'a PAS aidé à arracher les môvèzèèèèèbes!
Mère indigne -- Puis quand Papa viendra te chercher, vous allez vous baigner dans la piscine.
Bébé -- Naaaaaaaan, LÀ, moi l'a PAS DE PISCINE à ma maison, LÀ!
Mère indigne (chez qui on pourrait presque croire que la soumission est un art majeur) -- Bon, bon, d'accord. Reste assise ici, alors. Maman va ranger la cuisine avant de partir.
Bébé -- Ben NAN! Toi tu peux PAS ranzer la cuizine, moi va aller à la gâderie raconter à Sophie que moi l'a arraché les movèzèbes avec Maman pis là Papa va venir me chercher pou' se baigner.
Mère indigne -- Ma foi... Excellente idée.
Comme aurait dit Gengis Khan, practice makes perfect.
Friday, June 20, 2008
Moi Maman, toilettes (c'est supposé être un jeu de mots, mais pas nécessairement génial)
(Certaines parties de cette histoire sont vraies. Je vous laisse choisir lesquelles.)
***
Mère indigne -- Vraiment, je suis désolée de m’être emportée tout à l'heure.
Soeur indigne -- Même Nièce indigne t'a entendu crier par le combiné.
Mère indigne -- Écoute, j'haïs vraiment ça être dérangée quand je suis aux toilettes. Je veux dire, avec les enfants, on s'y attend, mais là, Père indigne qui frappe à la porte pour me dire que ma soeur veut me parler au téléphone? C'était, comme, trop.
Soeur indigne -- Je comprends.
Mère indigne – Pourquoi on ne peut pas avoir la paix aux toilettes? Pourquoi? Même les animaux dans la jungle ont le réflexe de s’isoler. Et on les laisse faire. Pourquoi les mères ne peuvent pas être tranquilles?
Soeur indigne -- Mm.
Mère indigne -- C'est pareil chez vous, je peux pas croire.
Soeur indigne -- Mm.
Mère indigne – Écoute ça. L'autre jour, je suis aux toilettes. Concentrée. Et là, Fille Aînée frappe à la porte.
Soeur indigne -- Classique.
Mère indigne -- Bon, c'est déjà beau qu'elle ait frappé au lieu d'entrer et de s'asseoir sur le bord du bain en me fixant jusqu'à ce que j'aie terminé...
Soeur indigne -- Qu'est-ce qu'elle voulait?
Mère indigne – J’en ai tellement marre, si tu savais. Je lui ai demandé si ce qu'elle avait à me dire était vraiment important.
Soeur indigne -- Et?
Mère indigne -- Voyons. Bien sûr que c'était d’une importance ca-pi-ta-le. Ça ne pouvait pas attendre.
Soeur indigne – Elle avait pas déjà ses règles à huit ans?
Mère indigne -- Non. Elle venait d'écouter les nouvelles du sport. Elle voulait savoir ce que “neige synchronisée” voulait dire. Evidemment, le temps que je lui explique, ça m'a perturbée.
Soeur indigne -- Le blocage.
Mère indigne -- Total. Je n'ai pas pu procéder pendant trois jours.
Soeur indigne -- Et Bébé? Elle te fout la paix?
Mère indigne -- C'est pire! Pourtant, j'essaie vraiment d'être décontract. Je m'installe sur la cuvette pendant qu'elle est dans son bain, en me disant qu'au moins, comme elle est déjà dans la salle de bain, je sais à quoi m'attendre.
Soeur indigne -- Mais non.
Mère indigne -- Non. Non seulement elle me regarde fixement elle aussi, mais elle sort du bain et essaie de m'écarter les jambes pour vérifier où j’en suis. Et si j’ai le malheur de faire un numéro 2, il faut que je lui donne un nom.
Soeur indigne -- Fuck.
Mère indigne -- Fais-moi plaisir, appelle jamais ton chat «Ti-Brun».
Soeur indigne -- En tout cas, moi, j'ai réglé le problème. Je verrouille la porte.
Mère indigne -- Comment tu fais? Suffit qu'ils entendent le "clic" pour que toute la maisonnée soit soudain prise d'une envie irrépressible.
Soeur indigne -- Non. Plus chez nous. Pour les toilettes, j'ai adopté l'approche “tough on crime”. T'as envie quand j'occupe la place, tu vas ailleurs. On a trois salles de bain, c’est pas comme si je leur demandais d’aller faire ça dans la cour .
Mère indigne – Et ça marche?
Soeur indigne -- Ils se débrouillent. Et j'ai la paix. En fait, je dois dire que maintenant, c'est aux toilettes que je conduis la plupart de ma business.
Mère indigne -- Euh... C’est-à-dire...?
Soeur indigne -- J'amène le téléphone et mon ordi avec moi, je verrouille la porte, et je prends un grand respir. Je peux rester là deux heures.
Mère indigne -- Tu me niaises? Et Beauf' adoré? Il est d'accord?
Soeur indigne -- Tony fait pareil. D'ailleurs, je suis aux toilettes en ce moment même.
Mère indigne -- J'hallucine. Tu me parles au téléphone assise sur la bol.
Soeur indigne --Si je ne te l’avais pas dit, tu ne l’aurais jamais su. Faut juste que je fasse attention de ne pas flusher quand je suis au téléphone avec un client. Remarque, Tony le fait régulièrement et ses affaires ne se sont jamais mieux portées. Je pense que notre société est vraiment sur la pente descendante.
Mère indigne -- Seigneur. Et les filles?
Soeur indigne – Tony et moi, on prend nos tours de toilettes. Pour le moment, Tony s'en occupe. Il me reste encore un bon 15 minutes avant de lui céder la place.
Mère indigne -- Tu, euh, ne manques jamais de papier de toilettes?
Soeur indigne -- C’est drôle que tu en parles. C’est arrivé la semaine dernière en pleine gastro, alors on a fait le plein chez Cosco. Rouleaux doubles. Les armoires des trois salles de bain sont remplies à pleine capacité.
Mère indigne -- Et t'as ton ordi avec toi, là, là?
Soeur indigne -- Mon laptop. C’est vraiment génial. Dans un petit endroit clos comme ça, j’ai l’impression de me retrouver dans l’utérus de Maman, mais avec tout le côté pratique de la techno. D’ailleurs, tiens! Je viens de te poker sur Facebook.
Mère indigne -- Tu viens de me... J'ai mon voyage. C’est ce qui s’appelle avoir le wireless collé aux fesses.
Soeur indigne -- Ah, shit.
Mère indigne -- Non, s’il-te-plaît. Too much information.
Soeur indigne -- Non, non, c'est pas ça.
Mère indigne -- Quoi?
Soeur indigne -- Tony vient aussi de me poker sur Facebook. Il doit être dans la salle de bain à l'étage. Le maudit. Je pensais qu'il s'occupait des filles. Attends, je vais le skyper.
Boop! Boop! Boop!
(Bon, résumons, voulez-vous? On s’amuse tellement qu’on pourrait s’y perdre : Mère indigne, via son téléphone cellulaire, s’apprête à épier une conversation Skype entre sa soeur et Beauf’ adoré.)
Soeur indigne -- Chéri?
Beauf’ adoré -- Ouais?
Soeur indigne -- Comment ça tu me pokes?
Beauf’ adoré – Ben, quoi. J’aime pas ça perdre l’avantage du poke.
Soeur indigne – Je veux bien, mais les filles? Tu t’en occupes?
Beauf’ adoré – Pas vraiment. Je suis aux toilettes en haut.
Soeur indigne – Je vois bien!
Beauf’ adoré – Il est 4 heures. Ton tour de toilettes est fini.
Soeur indigne -- Tu pourrais me prévenir! Où sont les filles?
Beauf’ adoré – Euh... Écoute, faut je te laisse. J’ai vraiment envie.
Soeur indigne -- Mais où sont les fiiiilles??
Il s’avéra que les deux nièces de Mère indigne, suivant l'exemple de leurs parents, avaient investi la troisième salle de bain, celle du sous-sol. Par contre, boudant résolument la techno, elles s’étaient consacrées à une tâche manuelle et beaucoup plus terre-à-terre consistant à bourrer systématiquement la cuvette avec des rouleaux doubles de chez Cosco.
Moi, ensuite, j’ai fait une recherche sur Google, et c’est écrit noir sur blanc : on est toujours puni par où on a poké.
***
Mère indigne -- Vraiment, je suis désolée de m’être emportée tout à l'heure.
Soeur indigne -- Même Nièce indigne t'a entendu crier par le combiné.
Mère indigne -- Écoute, j'haïs vraiment ça être dérangée quand je suis aux toilettes. Je veux dire, avec les enfants, on s'y attend, mais là, Père indigne qui frappe à la porte pour me dire que ma soeur veut me parler au téléphone? C'était, comme, trop.
Soeur indigne -- Je comprends.
Mère indigne – Pourquoi on ne peut pas avoir la paix aux toilettes? Pourquoi? Même les animaux dans la jungle ont le réflexe de s’isoler. Et on les laisse faire. Pourquoi les mères ne peuvent pas être tranquilles?
Soeur indigne -- Mm.
Mère indigne -- C'est pareil chez vous, je peux pas croire.
Soeur indigne -- Mm.
Mère indigne – Écoute ça. L'autre jour, je suis aux toilettes. Concentrée. Et là, Fille Aînée frappe à la porte.
Soeur indigne -- Classique.
Mère indigne -- Bon, c'est déjà beau qu'elle ait frappé au lieu d'entrer et de s'asseoir sur le bord du bain en me fixant jusqu'à ce que j'aie terminé...
Soeur indigne -- Qu'est-ce qu'elle voulait?
Mère indigne – J’en ai tellement marre, si tu savais. Je lui ai demandé si ce qu'elle avait à me dire était vraiment important.
Soeur indigne -- Et?
Mère indigne -- Voyons. Bien sûr que c'était d’une importance ca-pi-ta-le. Ça ne pouvait pas attendre.
Soeur indigne – Elle avait pas déjà ses règles à huit ans?
Mère indigne -- Non. Elle venait d'écouter les nouvelles du sport. Elle voulait savoir ce que “neige synchronisée” voulait dire. Evidemment, le temps que je lui explique, ça m'a perturbée.
Soeur indigne -- Le blocage.
Mère indigne -- Total. Je n'ai pas pu procéder pendant trois jours.
Soeur indigne -- Et Bébé? Elle te fout la paix?
Mère indigne -- C'est pire! Pourtant, j'essaie vraiment d'être décontract. Je m'installe sur la cuvette pendant qu'elle est dans son bain, en me disant qu'au moins, comme elle est déjà dans la salle de bain, je sais à quoi m'attendre.
Soeur indigne -- Mais non.
Mère indigne -- Non. Non seulement elle me regarde fixement elle aussi, mais elle sort du bain et essaie de m'écarter les jambes pour vérifier où j’en suis. Et si j’ai le malheur de faire un numéro 2, il faut que je lui donne un nom.
Soeur indigne -- Fuck.
Mère indigne -- Fais-moi plaisir, appelle jamais ton chat «Ti-Brun».
Soeur indigne -- En tout cas, moi, j'ai réglé le problème. Je verrouille la porte.
Mère indigne -- Comment tu fais? Suffit qu'ils entendent le "clic" pour que toute la maisonnée soit soudain prise d'une envie irrépressible.
Soeur indigne -- Non. Plus chez nous. Pour les toilettes, j'ai adopté l'approche “tough on crime”. T'as envie quand j'occupe la place, tu vas ailleurs. On a trois salles de bain, c’est pas comme si je leur demandais d’aller faire ça dans la cour .
Mère indigne – Et ça marche?
Soeur indigne -- Ils se débrouillent. Et j'ai la paix. En fait, je dois dire que maintenant, c'est aux toilettes que je conduis la plupart de ma business.
Mère indigne -- Euh... C’est-à-dire...?
Soeur indigne -- J'amène le téléphone et mon ordi avec moi, je verrouille la porte, et je prends un grand respir. Je peux rester là deux heures.
Mère indigne -- Tu me niaises? Et Beauf' adoré? Il est d'accord?
Soeur indigne -- Tony fait pareil. D'ailleurs, je suis aux toilettes en ce moment même.
Mère indigne -- J'hallucine. Tu me parles au téléphone assise sur la bol.
Soeur indigne --Si je ne te l’avais pas dit, tu ne l’aurais jamais su. Faut juste que je fasse attention de ne pas flusher quand je suis au téléphone avec un client. Remarque, Tony le fait régulièrement et ses affaires ne se sont jamais mieux portées. Je pense que notre société est vraiment sur la pente descendante.
Mère indigne -- Seigneur. Et les filles?
Soeur indigne – Tony et moi, on prend nos tours de toilettes. Pour le moment, Tony s'en occupe. Il me reste encore un bon 15 minutes avant de lui céder la place.
Mère indigne -- Tu, euh, ne manques jamais de papier de toilettes?
Soeur indigne -- C’est drôle que tu en parles. C’est arrivé la semaine dernière en pleine gastro, alors on a fait le plein chez Cosco. Rouleaux doubles. Les armoires des trois salles de bain sont remplies à pleine capacité.
Mère indigne -- Et t'as ton ordi avec toi, là, là?
Soeur indigne -- Mon laptop. C’est vraiment génial. Dans un petit endroit clos comme ça, j’ai l’impression de me retrouver dans l’utérus de Maman, mais avec tout le côté pratique de la techno. D’ailleurs, tiens! Je viens de te poker sur Facebook.
Mère indigne -- Tu viens de me... J'ai mon voyage. C’est ce qui s’appelle avoir le wireless collé aux fesses.
Soeur indigne -- Ah, shit.
Mère indigne -- Non, s’il-te-plaît. Too much information.
Soeur indigne -- Non, non, c'est pas ça.
Mère indigne -- Quoi?
Soeur indigne -- Tony vient aussi de me poker sur Facebook. Il doit être dans la salle de bain à l'étage. Le maudit. Je pensais qu'il s'occupait des filles. Attends, je vais le skyper.
Boop! Boop! Boop!
(Bon, résumons, voulez-vous? On s’amuse tellement qu’on pourrait s’y perdre : Mère indigne, via son téléphone cellulaire, s’apprête à épier une conversation Skype entre sa soeur et Beauf’ adoré.)
Soeur indigne -- Chéri?
Beauf’ adoré -- Ouais?
Soeur indigne -- Comment ça tu me pokes?
Beauf’ adoré – Ben, quoi. J’aime pas ça perdre l’avantage du poke.
Soeur indigne – Je veux bien, mais les filles? Tu t’en occupes?
Beauf’ adoré – Pas vraiment. Je suis aux toilettes en haut.
Soeur indigne – Je vois bien!
Beauf’ adoré – Il est 4 heures. Ton tour de toilettes est fini.
Soeur indigne -- Tu pourrais me prévenir! Où sont les filles?
Beauf’ adoré – Euh... Écoute, faut je te laisse. J’ai vraiment envie.
Soeur indigne -- Mais où sont les fiiiilles??
Il s’avéra que les deux nièces de Mère indigne, suivant l'exemple de leurs parents, avaient investi la troisième salle de bain, celle du sous-sol. Par contre, boudant résolument la techno, elles s’étaient consacrées à une tâche manuelle et beaucoup plus terre-à-terre consistant à bourrer systématiquement la cuvette avec des rouleaux doubles de chez Cosco.
Moi, ensuite, j’ai fait une recherche sur Google, et c’est écrit noir sur blanc : on est toujours puni par où on a poké.
Sunday, June 15, 2008
Les vacances d'été
Dernière chronique radiophonique de la saison, diffusée à l'émission Nulle part ailleurs (Radio-Can, Sudbury). Elle sera en format audio sur le site de la station d'ici quelques jours.
***
Moi, je dois vous dire franchement, en tant que parent, je ne crois plus tellement au sens du mot « vacances » dans l’expression « vacances d’été ».
Suffit de traîner un peu sur Internet pour constater à quel point on vit dans un monde rempli de détresse. La question « que faire pendant les vacances avec les enfants », qui revient des milliers de fois dans les forums de discussion, nous révèle tout l’ampleur de l’angoisse humaine, et plus précisément de l’anxiété parentale à l’aube de la saison du Dairy Queen. Surtout qu’en général, c’est dès le 3e jour qu’on devra faire face à la phrase fatidique : « J’ai rien à faire. »
Pour les gens comme moi, qui passeraient des mois entiers à lire des romans policiers et qui sont donc confrontés au vide intersidéral lorsque vient le moment d’avoir des idées d’activités en famille, il est très normal de demander de l’aide sur Internet. Mais est-ce qu’on la trouve?
Malheureusement, il suffit de faire une brève incursion sur des sites soi-disant pratiques pour voir qu’en fait, ils ne nous sont d’aucune utilité. Une chronique destinée à donner des idées aux parents nous invite, par exemple, à adopter un « code de vie des vacances ». On nous propose des règles aussi alléchantes que « Chaque vacancier doit se coiffer différemment chaque jour ». Mais bon sang, chacun sait que les parents ne se coiffent plus depuis belle lurette, et encore moins en vacances!
Un autre de ces sites sataniques nous propose de ne pas aller au lit avant d’avoir chacun attrapé deux lucioles. C’est plus qu’une idée ridicule, c’est une infamie! Premièrement, pourquoi serait-il acceptable de jouer avec la vie de pauvres lucioles? Imaginez si on nous conseillait, à la place des lucioles, d’attraper chacun deux petits bébés phoques sur la banquise? Appelez-moi la Brigitte Bardot des lucioles, mais je m’objecte farouchement à leur chasse, et surtout à l’utilisation de leur fourrure pour fabriquer sacs de couchage. On pourrait pas dormir avec toute la lumière. Et deuxièmement, le but est de COUCHER les enfants TÔT, pas de les envoyer s’exciter pour qu’ils reviennent en réclamant encore plus de guimauves grillés. Il faudrait au contraire leur inculquer la hantise des lucioles, pour qu’ils aillent eux-mêmes se cacher dans leur lit dès qu’ils en aperçoivent les premières lueurs.
Et dans d’autres sites horriblement culpabilisants, on nous exhorte à ne pas parler de l’école pendant les vacances, sous prétexte que cela pourrait traumatiser nos pauvres petits n’enfants, leur rappeler qu’ils vont être obligés de retourner en septembre dans ces sombres endroits où ils devront (horreur!) apprendre des choses. Bon, moi je veux bien, mais est-ce qu’on peut quand même se parler de l’école entre parents, pour se dire à quel point on a hâte qu’elle recommence?
Non, mes chers parents. Inutile d’espérer une quelconque aide du cyberespace. Nous sommes seuls au monde.
Ceci dit, et puisque vous m’êtes sympathiques, j’ai décidé de partager avec vous seuls quelques idées qui m’ont été inspirées par ce thème estival.
Tout d’abord, et bien que la tentation puisse être grande, je vous déconseille de perdre vos enfants en forêt avant de partir pour deux semaines à Miami. Premièrement, nos enfants aujourd’hui sont très précoces et malheureusement, ils connaissent déjà leur adresse par coeur dès l’âge de 3-4 ans. En plus ils peuvent appeler le 911 à partir du cellulaire de Dora que leur parrain leur a offert pour Noël. Une poursuite policière sur la 40 avec vos enfants qui pointent votre voiture du doigt du haut de l’hélicoptère est certes une manière enlevante de commencer des vacances, mais aussi de les terminer un peu trop rapidement.
J’ai par contre devisé un plan ingénieux pour assurer à votre couple un bref moment d’intimité pendant les vacances. Vous mettez les enfants dans un avion en partance pour l’Australie, avec un papier assurant qu’ils vont rejoindre leur grand-maman. Vous vous reposez pendant 3 ou 4 jours, le temps que la compagnie aérienne se rende compte que personne, pas même un kangourou, n’attend votre marmaille à Sydney et ne vous les rapatrie vite fait. Vos enfants, seront ravis de l’aventure, et vous aussi, puisque vous rentrerez à la maison avec les bouteilles de gin que vous leur aurez demandé d’acheter à la boutique hors taxe. Vous quitterez tous ensemble l’aéroport en rigolant et au pas de course, et comment mieux terminer cette épopée que par une autre poursuite policière sur la 40? Car malheureusement, les forces de l’ordre n’ont parfois pas le même sens de l’humour que les parents au bord de la crise de nerfs.
Mais après de multiples essais et erreurs, je pense avoir trouvé LA solution au problème des vacances. En tout cas, des miennes. Ça m’est venu en allant chercher du lait au dépanneur plus tôt aujourd’hui, et – oh! Justement, Père indigne vient de m’envoyer un texto à ce sujet : « quand reviens-tu du dépanneur, toi partie depuis 2 heures ». Juste un moment, chers amis, je lui réponds : « Chéri, plus de lait au dépanneur, moi partie à Bora-Bora acheter du lait de vaches heureuses. Retour dans trois semaines avec un 2 litres, signé, ton épouse aimante ». Hiiiiiiiiiiii!
Bon, mon avion est sur le point de s’envoler vers le Pacifique, alors je me dépêche de vous souhaiter à tous de fabuleuses vacances d’été avec les enfants, que vous aimez malgré tout, n’est-ce pas? Surtout les vôtres.
***
(Tiens, je me relis et je me dis que j'exagère sans doute, comme d'habitude... Si vous connaissez des sites Internet avec des idées intéressantes pour les vacances, ou que vous avez vous-mêmes des trucs éprouvés d'activités familiales, ne vous gênez pas pour nous donner vos idées et références dans les commentaires!)
***
Moi, je dois vous dire franchement, en tant que parent, je ne crois plus tellement au sens du mot « vacances » dans l’expression « vacances d’été ».
Suffit de traîner un peu sur Internet pour constater à quel point on vit dans un monde rempli de détresse. La question « que faire pendant les vacances avec les enfants », qui revient des milliers de fois dans les forums de discussion, nous révèle tout l’ampleur de l’angoisse humaine, et plus précisément de l’anxiété parentale à l’aube de la saison du Dairy Queen. Surtout qu’en général, c’est dès le 3e jour qu’on devra faire face à la phrase fatidique : « J’ai rien à faire. »
Pour les gens comme moi, qui passeraient des mois entiers à lire des romans policiers et qui sont donc confrontés au vide intersidéral lorsque vient le moment d’avoir des idées d’activités en famille, il est très normal de demander de l’aide sur Internet. Mais est-ce qu’on la trouve?
Malheureusement, il suffit de faire une brève incursion sur des sites soi-disant pratiques pour voir qu’en fait, ils ne nous sont d’aucune utilité. Une chronique destinée à donner des idées aux parents nous invite, par exemple, à adopter un « code de vie des vacances ». On nous propose des règles aussi alléchantes que « Chaque vacancier doit se coiffer différemment chaque jour ». Mais bon sang, chacun sait que les parents ne se coiffent plus depuis belle lurette, et encore moins en vacances!
Un autre de ces sites sataniques nous propose de ne pas aller au lit avant d’avoir chacun attrapé deux lucioles. C’est plus qu’une idée ridicule, c’est une infamie! Premièrement, pourquoi serait-il acceptable de jouer avec la vie de pauvres lucioles? Imaginez si on nous conseillait, à la place des lucioles, d’attraper chacun deux petits bébés phoques sur la banquise? Appelez-moi la Brigitte Bardot des lucioles, mais je m’objecte farouchement à leur chasse, et surtout à l’utilisation de leur fourrure pour fabriquer sacs de couchage. On pourrait pas dormir avec toute la lumière. Et deuxièmement, le but est de COUCHER les enfants TÔT, pas de les envoyer s’exciter pour qu’ils reviennent en réclamant encore plus de guimauves grillés. Il faudrait au contraire leur inculquer la hantise des lucioles, pour qu’ils aillent eux-mêmes se cacher dans leur lit dès qu’ils en aperçoivent les premières lueurs.
Et dans d’autres sites horriblement culpabilisants, on nous exhorte à ne pas parler de l’école pendant les vacances, sous prétexte que cela pourrait traumatiser nos pauvres petits n’enfants, leur rappeler qu’ils vont être obligés de retourner en septembre dans ces sombres endroits où ils devront (horreur!) apprendre des choses. Bon, moi je veux bien, mais est-ce qu’on peut quand même se parler de l’école entre parents, pour se dire à quel point on a hâte qu’elle recommence?
Non, mes chers parents. Inutile d’espérer une quelconque aide du cyberespace. Nous sommes seuls au monde.
Ceci dit, et puisque vous m’êtes sympathiques, j’ai décidé de partager avec vous seuls quelques idées qui m’ont été inspirées par ce thème estival.
Tout d’abord, et bien que la tentation puisse être grande, je vous déconseille de perdre vos enfants en forêt avant de partir pour deux semaines à Miami. Premièrement, nos enfants aujourd’hui sont très précoces et malheureusement, ils connaissent déjà leur adresse par coeur dès l’âge de 3-4 ans. En plus ils peuvent appeler le 911 à partir du cellulaire de Dora que leur parrain leur a offert pour Noël. Une poursuite policière sur la 40 avec vos enfants qui pointent votre voiture du doigt du haut de l’hélicoptère est certes une manière enlevante de commencer des vacances, mais aussi de les terminer un peu trop rapidement.
J’ai par contre devisé un plan ingénieux pour assurer à votre couple un bref moment d’intimité pendant les vacances. Vous mettez les enfants dans un avion en partance pour l’Australie, avec un papier assurant qu’ils vont rejoindre leur grand-maman. Vous vous reposez pendant 3 ou 4 jours, le temps que la compagnie aérienne se rende compte que personne, pas même un kangourou, n’attend votre marmaille à Sydney et ne vous les rapatrie vite fait. Vos enfants, seront ravis de l’aventure, et vous aussi, puisque vous rentrerez à la maison avec les bouteilles de gin que vous leur aurez demandé d’acheter à la boutique hors taxe. Vous quitterez tous ensemble l’aéroport en rigolant et au pas de course, et comment mieux terminer cette épopée que par une autre poursuite policière sur la 40? Car malheureusement, les forces de l’ordre n’ont parfois pas le même sens de l’humour que les parents au bord de la crise de nerfs.
Mais après de multiples essais et erreurs, je pense avoir trouvé LA solution au problème des vacances. En tout cas, des miennes. Ça m’est venu en allant chercher du lait au dépanneur plus tôt aujourd’hui, et – oh! Justement, Père indigne vient de m’envoyer un texto à ce sujet : « quand reviens-tu du dépanneur, toi partie depuis 2 heures ». Juste un moment, chers amis, je lui réponds : « Chéri, plus de lait au dépanneur, moi partie à Bora-Bora acheter du lait de vaches heureuses. Retour dans trois semaines avec un 2 litres, signé, ton épouse aimante ». Hiiiiiiiiiiii!
Bon, mon avion est sur le point de s’envoler vers le Pacifique, alors je me dépêche de vous souhaiter à tous de fabuleuses vacances d’été avec les enfants, que vous aimez malgré tout, n’est-ce pas? Surtout les vôtres.
***
(Tiens, je me relis et je me dis que j'exagère sans doute, comme d'habitude... Si vous connaissez des sites Internet avec des idées intéressantes pour les vacances, ou que vous avez vous-mêmes des trucs éprouvés d'activités familiales, ne vous gênez pas pour nous donner vos idées et références dans les commentaires!)
Thursday, June 05, 2008
Surprises et autres singeries
Après quatre jours d'un cruel éloignement, Mère indigne rentre d'un voyage à Vancouver et se prépare à accueillir, au creux de ses bras aimants, les membres de sa famille désemparés par une si longue absence.
Mère indigne -- Mes chéris! C'est moi! Je le sais, vous avez tant souffert. Venez vous réfugier dans mes bras accueill-
Bébé -- MA SUPIIIIZE!
Mère indigne -- Ta...?
Bébé -- VEUX MA SUPIIIIZE!
Père indigne -- Elle veut son cadeau. Tu lui avais promis une surprise avant de partir.
Mère indigne -- Oui, bon. Viens ici, Bébé. Viens me donner un bisou. Après, je vais te donner ta-
Bébé -- SUPIIIZE! AAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHMAVEUXMASUPIIIIZEÀMAAAA!
Fille Aînée -- Maman?
Bébé -- Supize?
Mère indigne -- Ah, ma grande chérie! Tu viens me faire un gros câ--
Fille Aînée -- Euh, oui, Maman, c'est parce que, t'as une imprimante couleur à ton travail?
Mère indigne -- Ben... oui. Mais tu viens me donner un bis-
Fille Aînée -- C'est parce que c'est pour ma présentation sur les orang-outangs. J'ai besoin d'images.
Bébé -- Supize, Maman?
Mère indigne -- Oooooké, des images d'orang-outangs. C'est noté. Gros bis--?
Fille Aînée -- Et j'ai aussi besoin que tu trouves la réponse à une question très importante sur les orang-outangs.
Mère indigne -- Une question très importante. Sur les orang-outangs.
Fille Aînée -- Oui. Ça concerne l'âge de leur maturité sexuelle.
Bébé -- Supize!
Mère indigne -- L'âge. De leur maturité sexuelle.
Fille Aînée -- C'est parce que j'ai oublié si c'est à 4 ans ou à 6 ans qu'ils deviennent matures sexuellement.
Mère indigne -- Tu sais c'est quoi, la maturité sexuelle?
Fille Aînée -- Ben! C'est l'âge où le pénis pousse.
Bébé -- SUPIZESUPIZESUPIZE!!!
Mère indigne -- L'âge où le... D'accccooooooord.
Fille Aînée -- Si t'as des photos de ça, tu les imprimes.
Mère indigne, s'imaginant la gueule de Madame Nadia quand Fille Aînée va faire sa présentation en classe -- Non, je ne pense pas non. Tiens, Bébé, ta surprise.
Bébé -- MA SUPIIIIZE! Massi Maman.
Mère indigne -- Tu me donnes un beau bisou, là?
Bébé -- Va-t-en.
Mère indigne, au désespoir, se tournant vers Père indigne -- Toi, chéri, au moins, tu es content de me voir?
Père indigne -- Tu parles. J'arrivais justement à ma maturité sexuelle. Ça pousse, je le sens.
Mère indigne -- Oh! Une supize? Pour moi?
Père indigne -- Après ces retrouvailles difficiles avec nos enfants, tu le mérites bien.
Mère indigne -- Merci, chéri... Je suis rassurée de savoir que je ne suis pas pour toi qu'un simple instrument que tu prévois utiliser selon ton bon vouloir. Que je possède vraiment une dignité intrinsèque en tant qu'être humain digne de respect.
Père indigne -- Hé hé.
Mère indigne -- Chéri, je blague. Je ne suis pas dupe. Mais je suis une femme pleine de sagesse, et je sais qu'on doit accepter ce qu'on ne peut changer. Sers-moi une vodka-orange et je resterai votre esclave pour l'éternité.
Mère indigne sirota sa vodka-orange en se disant tout de même qu'un jour, elle finirait bien par les avoir.
Mère indigne -- Mes chéris! C'est moi! Je le sais, vous avez tant souffert. Venez vous réfugier dans mes bras accueill-
Bébé -- MA SUPIIIIZE!
Mère indigne -- Ta...?
Bébé -- VEUX MA SUPIIIIZE!
Père indigne -- Elle veut son cadeau. Tu lui avais promis une surprise avant de partir.
Mère indigne -- Oui, bon. Viens ici, Bébé. Viens me donner un bisou. Après, je vais te donner ta-
Bébé -- SUPIIIZE! AAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHMAVEUXMASUPIIIIZEÀMAAAA!
Fille Aînée -- Maman?
Bébé -- Supize?
Mère indigne -- Ah, ma grande chérie! Tu viens me faire un gros câ--
Fille Aînée -- Euh, oui, Maman, c'est parce que, t'as une imprimante couleur à ton travail?
Mère indigne -- Ben... oui. Mais tu viens me donner un bis-
Fille Aînée -- C'est parce que c'est pour ma présentation sur les orang-outangs. J'ai besoin d'images.
Bébé -- Supize, Maman?
Mère indigne -- Oooooké, des images d'orang-outangs. C'est noté. Gros bis--?
Fille Aînée -- Et j'ai aussi besoin que tu trouves la réponse à une question très importante sur les orang-outangs.
Mère indigne -- Une question très importante. Sur les orang-outangs.
Fille Aînée -- Oui. Ça concerne l'âge de leur maturité sexuelle.
Bébé -- Supize!
Mère indigne -- L'âge. De leur maturité sexuelle.
Fille Aînée -- C'est parce que j'ai oublié si c'est à 4 ans ou à 6 ans qu'ils deviennent matures sexuellement.
Mère indigne -- Tu sais c'est quoi, la maturité sexuelle?
Fille Aînée -- Ben! C'est l'âge où le pénis pousse.
Bébé -- SUPIZESUPIZESUPIZE!!!
Mère indigne -- L'âge où le... D'accccooooooord.
Fille Aînée -- Si t'as des photos de ça, tu les imprimes.
Mère indigne, s'imaginant la gueule de Madame Nadia quand Fille Aînée va faire sa présentation en classe -- Non, je ne pense pas non. Tiens, Bébé, ta surprise.
Bébé -- MA SUPIIIIZE! Massi Maman.
Mère indigne -- Tu me donnes un beau bisou, là?
Bébé -- Va-t-en.
Mère indigne, au désespoir, se tournant vers Père indigne -- Toi, chéri, au moins, tu es content de me voir?
Père indigne -- Tu parles. J'arrivais justement à ma maturité sexuelle. Ça pousse, je le sens.
Mère indigne -- Oh! Une supize? Pour moi?
Père indigne -- Après ces retrouvailles difficiles avec nos enfants, tu le mérites bien.
Mère indigne -- Merci, chéri... Je suis rassurée de savoir que je ne suis pas pour toi qu'un simple instrument que tu prévois utiliser selon ton bon vouloir. Que je possède vraiment une dignité intrinsèque en tant qu'être humain digne de respect.
Père indigne -- Hé hé.
Mère indigne -- Chéri, je blague. Je ne suis pas dupe. Mais je suis une femme pleine de sagesse, et je sais qu'on doit accepter ce qu'on ne peut changer. Sers-moi une vodka-orange et je resterai votre esclave pour l'éternité.
Mère indigne sirota sa vodka-orange en se disant tout de même qu'un jour, elle finirait bien par les avoir.
Saturday, May 31, 2008
Redécouvertes
Chronique radiophonique diffusée il y a, hum, 25 minutes à l'émission Nulle part ailleurs (Radio-Can, Sudbury). Quasiment du direct, quoi! Et si vous voulez l'entendre avec vos oreilles, elle sera sur le site de la station d'ici quelques jours.
Moi, je vais vous dire franchement, en tant que parent, je trouve qu’on exagère un peu le côté émouvant du regard d’un enfant.
Vous savez, quand on entend dire que c’est tellement chouette d’avoir des enfants, parce qu’on redécouvre le monde à travers leurs yeux? Qu’on retrouve la magie des choses qu’on a fini par trouver ordinaires avec les années qui s’accumulent? Personnellement, j’ai l’impression qu’on a parfois de bonnes raisons de trouver certaines choses ordinaires : c’est parce qu’elles le sont.
Voir le monde avec des yeux d’enfants, c’est voir une limace dans le jardin et avoir envie de la manger. C’est aussi s’extasier sur quelque chose d’aussi improbable que, disons, du sable. « Maman, maman! Viens toucher comme c’est doux et chaud, du sable! » La première fois, vous souriez de l’enthousiasme de votre enfant devant une matière qui, elle le saura bien assez vite, est peut-être chaude et douce entre les doigts mais se transforme en saloperie rugueuse lorsqu’elle s’infiltre dans vos chaussures, vos cheveux, ou même pire. Néanmoins, en bon parent, vous vous exclamez, enthousiaste : « Maman change la couche de ton petit frère et elle arrive tout de suite. » Mais l’autre matière douce et chaude qui a envahi la couche de Bébé vous fait cependant oublier tout le reste.
« Maman! T’es pas encore venue toucher mon sable! », vous répète-t-on une demi-heure plus tard, d’un ton légèrement agacé. C’est que, bon sang, le sable, vous l’avez touché et retouché de nombreuses fois au cours de votre vie, et pour être franche, en tant qu’adulte, vous avez depuis longtemps découvert qu’il existe d’autres choses douces et chaudes que vous toucheriez plus volontiers que du banal sable de chez Canadian Tire. « J’arrive dans cinq minutes! », hurlez-vous, en vous empressant immédiatement d’oublier ce que vous venez tout juste de promettre.
Deux heures plus tard, on tire sur votre jupe : « Maman. Le sable. » Excédée, vous déléguez alors Bébé pour aller y toucher à votre place, au maudit sable. Ce qu’il s’empresse de faire. Et non seulement il le touche, mais il le prend à pleines mains et il le jette dans les yeux de sa grande soeur qui expérimente alors la douceur et la chaleur des grains de sables coincés sous la paupière. Elle pleure, il pleure, et vous priez pour que votre conjoint arrive au plus vite pour lancer vos deux petits monstres dans ses deux bras doux et chauds, et qui sont bien mieux d’être accueillants.
Parfois aussi, être soi-même vu à travers des yeux d’enfants, c’est pas nécessairement positif. Quand votre rejeton, dans l’autobus, vous demande de sa voix haute et claire : « Maman, pourquoi le Monsieur assis à côté de nous a les dents oranges? », vous aimeriez bien qu’il ferme ses yeux d’enfants une fois de temps en temps. Et sa bouche aussi, par la même occasion.
Et même quand ça a l’air positif d’être vu par des yeux d’enfants, on peut se poser de sérieuses questions. Vous savez par exemple que la petite voisine cultive un fétichisme avancé pour les robes de princesses et que ses yeux s’écarquillent à la moindre poupée Barbie peinturlurée comme un travesti qui se serait fait capturer par le Cirque du Soleil. Or, quand cette même petite voisine pose sur vous ses yeux d’enfants, les écarquille et s’exclame «T’es tellement bellllle Madame» alors que vous vous apprêtez à partir pour une importante réunion d’affaires, vous avez tendance à vous poser des questions sur la couleur peut-être un peu trop vive de votre nouveau rouge à lèvres ou sur la bienséance de vos talons hauts. Vous résistez à l’envie de fondre en larmes, mais vous rentrez quand même à la maison vous changer encore quatre fois avant de partir.
Et puis la redécouverte, comme son nom l’indique, c’est pas la vraie nouveauté. Ça enlève quand même le « oumph » d’une histoire de déjà savoir comment elle va finir. Pourtant, les enfants, ils peuvent écouter Aladin cinq fois de suite sans aucun problème, et ce, tous les jours pendant trois ans. Avouons que c’est tout de même préoccupant. Et parlant d’histoires qu’on répète à n’en plus finir, c’est quand on est parent qu’on se rend compte que l’humanité roule sur un capital de blagues assez restreint. Voulez-vous bien me dire comment ça se fait qu’en 2008, on est encore pognés avec Pète pis Répète? Pis la madame qui avait deux fils, Sam et Pique? Aujourd’hui, vous vous plaisez à imaginer Pète et Répète assis dans leur chaloupe, tout vieux et ridés, en train de tourner une publicité de couches pour adultes : « Tu sais comme moi, Répète, que passer sa vie sur un bateau, ça exige des solutions alternatives pour se soulager ». Et Sam et Pique, on peut espérer qu'ils ont enterré leur fatigante de mère depuis longtemps. Et on peut même imaginer qu’ils sont eux-mêmes parents de deux enfants, deux filles, qu’ils ont appelées Calamine et Vagisil, question de remettre un peu d’équilibre dans l’Univers.
Sur ce, permettez-moi de me changer les idées d’Aladin et de retourner tranquillement à la lecture de mon roman policier. C’est vrai, les intrigues sont aussi toujours les mêmes, mais au moins, c’est pas comme les vieilles blagues : les noms des personnages changent. Et tiens, je vais peut-être même accompagner ma lecture d’un petit gin tonic. Le gin tonic... Voilà bien quelque chose que je ne me lasserai jamais de redécouvrir...
***
Moi, je vais vous dire franchement, en tant que parent, je trouve qu’on exagère un peu le côté émouvant du regard d’un enfant.
Vous savez, quand on entend dire que c’est tellement chouette d’avoir des enfants, parce qu’on redécouvre le monde à travers leurs yeux? Qu’on retrouve la magie des choses qu’on a fini par trouver ordinaires avec les années qui s’accumulent? Personnellement, j’ai l’impression qu’on a parfois de bonnes raisons de trouver certaines choses ordinaires : c’est parce qu’elles le sont.
Voir le monde avec des yeux d’enfants, c’est voir une limace dans le jardin et avoir envie de la manger. C’est aussi s’extasier sur quelque chose d’aussi improbable que, disons, du sable. « Maman, maman! Viens toucher comme c’est doux et chaud, du sable! » La première fois, vous souriez de l’enthousiasme de votre enfant devant une matière qui, elle le saura bien assez vite, est peut-être chaude et douce entre les doigts mais se transforme en saloperie rugueuse lorsqu’elle s’infiltre dans vos chaussures, vos cheveux, ou même pire. Néanmoins, en bon parent, vous vous exclamez, enthousiaste : « Maman change la couche de ton petit frère et elle arrive tout de suite. » Mais l’autre matière douce et chaude qui a envahi la couche de Bébé vous fait cependant oublier tout le reste.
« Maman! T’es pas encore venue toucher mon sable! », vous répète-t-on une demi-heure plus tard, d’un ton légèrement agacé. C’est que, bon sang, le sable, vous l’avez touché et retouché de nombreuses fois au cours de votre vie, et pour être franche, en tant qu’adulte, vous avez depuis longtemps découvert qu’il existe d’autres choses douces et chaudes que vous toucheriez plus volontiers que du banal sable de chez Canadian Tire. « J’arrive dans cinq minutes! », hurlez-vous, en vous empressant immédiatement d’oublier ce que vous venez tout juste de promettre.
Deux heures plus tard, on tire sur votre jupe : « Maman. Le sable. » Excédée, vous déléguez alors Bébé pour aller y toucher à votre place, au maudit sable. Ce qu’il s’empresse de faire. Et non seulement il le touche, mais il le prend à pleines mains et il le jette dans les yeux de sa grande soeur qui expérimente alors la douceur et la chaleur des grains de sables coincés sous la paupière. Elle pleure, il pleure, et vous priez pour que votre conjoint arrive au plus vite pour lancer vos deux petits monstres dans ses deux bras doux et chauds, et qui sont bien mieux d’être accueillants.
Parfois aussi, être soi-même vu à travers des yeux d’enfants, c’est pas nécessairement positif. Quand votre rejeton, dans l’autobus, vous demande de sa voix haute et claire : « Maman, pourquoi le Monsieur assis à côté de nous a les dents oranges? », vous aimeriez bien qu’il ferme ses yeux d’enfants une fois de temps en temps. Et sa bouche aussi, par la même occasion.
Et même quand ça a l’air positif d’être vu par des yeux d’enfants, on peut se poser de sérieuses questions. Vous savez par exemple que la petite voisine cultive un fétichisme avancé pour les robes de princesses et que ses yeux s’écarquillent à la moindre poupée Barbie peinturlurée comme un travesti qui se serait fait capturer par le Cirque du Soleil. Or, quand cette même petite voisine pose sur vous ses yeux d’enfants, les écarquille et s’exclame «T’es tellement bellllle Madame» alors que vous vous apprêtez à partir pour une importante réunion d’affaires, vous avez tendance à vous poser des questions sur la couleur peut-être un peu trop vive de votre nouveau rouge à lèvres ou sur la bienséance de vos talons hauts. Vous résistez à l’envie de fondre en larmes, mais vous rentrez quand même à la maison vous changer encore quatre fois avant de partir.
Et puis la redécouverte, comme son nom l’indique, c’est pas la vraie nouveauté. Ça enlève quand même le « oumph » d’une histoire de déjà savoir comment elle va finir. Pourtant, les enfants, ils peuvent écouter Aladin cinq fois de suite sans aucun problème, et ce, tous les jours pendant trois ans. Avouons que c’est tout de même préoccupant. Et parlant d’histoires qu’on répète à n’en plus finir, c’est quand on est parent qu’on se rend compte que l’humanité roule sur un capital de blagues assez restreint. Voulez-vous bien me dire comment ça se fait qu’en 2008, on est encore pognés avec Pète pis Répète? Pis la madame qui avait deux fils, Sam et Pique? Aujourd’hui, vous vous plaisez à imaginer Pète et Répète assis dans leur chaloupe, tout vieux et ridés, en train de tourner une publicité de couches pour adultes : « Tu sais comme moi, Répète, que passer sa vie sur un bateau, ça exige des solutions alternatives pour se soulager ». Et Sam et Pique, on peut espérer qu'ils ont enterré leur fatigante de mère depuis longtemps. Et on peut même imaginer qu’ils sont eux-mêmes parents de deux enfants, deux filles, qu’ils ont appelées Calamine et Vagisil, question de remettre un peu d’équilibre dans l’Univers.
Sur ce, permettez-moi de me changer les idées d’Aladin et de retourner tranquillement à la lecture de mon roman policier. C’est vrai, les intrigues sont aussi toujours les mêmes, mais au moins, c’est pas comme les vieilles blagues : les noms des personnages changent. Et tiens, je vais peut-être même accompagner ma lecture d’un petit gin tonic. Le gin tonic... Voilà bien quelque chose que je ne me lasserai jamais de redécouvrir...
Monday, May 26, 2008
Ignorance is bliss
Fille Aînée -- Maman, je sais comment on appelle ça, le poil en dessous des bras.
Mère indigne -- Ah oui? (Y'a un nom pour le poil en dessous des bras? Pouf pouf... Le poil, euh, pubien?... ah, non, c'est pas ça, ça c'est ailleurs...) Comment on appelle ça?
Fille Aînée -- Les menstruations.
Mère indigne -- Euh...
Fille Aînée -- C'est ça que mes amis disent à l'école.
Mère indigne -- Eh bien, euh, ils se gourent. C'est pas ça.
Fille Aînée -- Ben c'est ça que mes amis disent à l'école.
Mère indigne -- Les menstruations, c'est du sang.
Fille Aînée -- (Cligne, cligne.) Ben c'est pas ça que mes amis disent à l'école.
Mère indigne -- C'est du sang qui sort par la zézette une fois par mois quand notre corps comprend qu'on n'a pas de bébé dans notre ventre. Notre corps, euh, à chaque mois il construit un petit coussin, genre, en sang, puis quand aucun bébé ne vient s'installer, ben, le coussin sort. En sang.
Fille Aînée -- (Cligneclignecligneclignecligne. Cligne.) En tout cas, c'est pas ça que mes amis disent à l'école. Pis en tout cas, faut que j'aille dans ma chambre.
Mère indigne -- Super. On s'en reparle le plus tard possible, OK?
Mère indigne -- Ah oui? (Y'a un nom pour le poil en dessous des bras? Pouf pouf... Le poil, euh, pubien?... ah, non, c'est pas ça, ça c'est ailleurs...) Comment on appelle ça?
Fille Aînée -- Les menstruations.
Mère indigne -- Euh...
Fille Aînée -- C'est ça que mes amis disent à l'école.
Mère indigne -- Eh bien, euh, ils se gourent. C'est pas ça.
Fille Aînée -- Ben c'est ça que mes amis disent à l'école.
Mère indigne -- Les menstruations, c'est du sang.
Fille Aînée -- (Cligne, cligne.) Ben c'est pas ça que mes amis disent à l'école.
Mère indigne -- C'est du sang qui sort par la zézette une fois par mois quand notre corps comprend qu'on n'a pas de bébé dans notre ventre. Notre corps, euh, à chaque mois il construit un petit coussin, genre, en sang, puis quand aucun bébé ne vient s'installer, ben, le coussin sort. En sang.
Fille Aînée -- (Cligneclignecligneclignecligne. Cligne.) En tout cas, c'est pas ça que mes amis disent à l'école. Pis en tout cas, faut que j'aille dans ma chambre.
Mère indigne -- Super. On s'en reparle le plus tard possible, OK?
Saturday, May 24, 2008
Blogu'or... Époustouflant!
D'abord, je suis époustouflée d'avoir gagné dans la catégorie "Meilleure Bedaine", c'est pas tous les jours qu'on peut se vanter d'une chose pareille! Merci à tous!
Et ensuite, encore plus époustouflant est le gala lui-même, élaboré par la Fêlée et l'Ex-Ivrogne. Ils ont fait un travail du tonnerre, et je pense franchement que je ne me suis jamais autant amusée à regarder un gala. Les Oscars? De la small beer à côté de ça! Mille fois bravo à ces deux pionniers de la blogosphère!
Et ensuite, encore plus époustouflant est le gala lui-même, élaboré par la Fêlée et l'Ex-Ivrogne. Ils ont fait un travail du tonnerre, et je pense franchement que je ne me suis jamais autant amusée à regarder un gala. Les Oscars? De la small beer à côté de ça! Mille fois bravo à ces deux pionniers de la blogosphère!
Friday, May 16, 2008
Père indigne se mouille
Vous pouvez entendre le témoignage émouvant que Père indigne a livré au Salon du livre de Sudbury sur le site de l'émission Nulle part ailleurs.
Tout ce qu'il dit est vrai.
Tout ce qu'il dit est vrai.
Saturday, May 10, 2008
Les joies de la lecture
Puisque je suis à Sudbury pour le Salon du livre (très chouette en passant, et où j'ai rencontré l'auteure du blogue La Petite Fumée, qui publiera aussi son livre bientôt, ainsi que Louise Desjardins, une femme et auteure éminemment intéressante), j'ai lu en direct mon billet à l'émission Nulle part ailleurs. Vous pouvez le lire ci-bas. Et si nous sommes chanceux, l'équipe de l'émission mettra aussi en ligne sur son site un billet exclusif de Père indigne, que ce dernier a préparé en cachette et qui a été diffusé juste avant mon intervention. Vous serez alors au courant de mon terrible secret: Père indigne est plus drôle que moi!
***
Moi, je dois vous dire franchement, en tant que parent, je suis 100% pour l’alphabétisation des enfants. Et plus vite on les alphabétise, mieux c’est.
Bon, c’est sûr, on veut tous que nos enfants aiment la lecture. Et au début, c’est pour des raisons nobles. On nous a tellement répété que lire, c’est important pour le bien-être de nos tout-petits. Toutes les belles couleurs dans les livres, ça les stimule – c’est sûr, ça les stimule à laisser des traces de dents sur la couverture, à déchirer les pages et à barbouiller les images, mais qu’à cela ne tienne. De toute manière, la lecture, c’est une si belle activité à faire avec son enfant : on lit une belle histoire ensemble avant le dodo, jusqu’au moment où on tombe nous-mêmes endormis dans le lit de Fiston pendant que ce dernier se relève pour aller dévaliser la crème glacée. Mais surtout, la lecture éveille nos bambins à la fantaisie, à l’imagination, à la manière de raconter des histoires, un art qui leur sera bien utile lorsqu’ils auront atteint l’adolescence.
C’est avec toutes ces excellentes raisons en tête qu’on instaure avec Fiston la jolie tradition de l’histoire avant le dodo. Et c’est là qu’on fait la connaissance de Monsieur Zozo, qui adore aller au zoo.
Votre enfant, lui, adore Monsieur Zozo. Il ne s’en lasse pas. Et si ça continue comme ça, vous avez peur qu’il ne s’en lasse jamais et n’accepte pas de s’en séparer même lorsqu’il sera plutôt en âge de lui préférer le Kama Sutra.
A priori, vous n’avez rien contre Monsieur Zozo. Les 10 premières lectures sont même plutôt agréables. Le méchant et énorme lion, qui capture Monsieur Zozo lorsque ce dernier s’approche trop près de sa cage, voulait seulement briser sa solitude et ne cherchait après tout qu’à se faire un ami. Vous tenez d’ailleurs à peu près le même raisonnement lorsque vous sortez le gin tonic après une dure journée au boulot. Mais après la 1425e lecture de « Monsieur Zozo va au zoo », comment dire? Il vous vient comme une étrange envie de mettre un peu de variété au menu.
Par exemple, après avoir annoncé que s’avançait «le méchant et énorme lion», vous succombez à l’envie d’ajouter un original «poil au menton». Mais mal vous en prend. Vous découvrez en effet que Fiston est en réalité un véritable gardien du culte de Monsieur Zozo, et ne supporte pas que vous salissiez cette littérature sacrée. Le lion, tu sauras, Maman, que ce n’est pas parce qu’il porte une crinière qu’on peut lui dire impunément «poil au menton». Pas non plus de poil aux doigts pour la girafe Rita, et les perroquets Pico et Tutu n’ont pas non plus de poil... nulle part.
Ce manque total de souplesse venant de votre progéniture ne cesse de vous attrister. En effet, lorsqu’on y pense un peu, nos enfants sont horriblement à plaindre. Dans leurs livres à eux, point des merveilleux ingrédients qui rendent la littérature pour adultes vraiment supérieure, j’ai nommé l’amour torride et le sang. Vous rêvez de pouvoir raconter la vraie histoire de Monsieur Zozo, dans laquelle l’énorme lion, en réalité un agent de l’escouade anti-drogue, capture Monsieur Zozo et l’éventre de ses griffes acérées pour trouver dans son estomac des sachets remplis d’héroïne. Ces sachets, Monsieur Zozo devait les livrer aux cruels perroquets, Pico et Tutu, membres de la filière colombienne. Mais le lion est lui-même corrompu jusqu’à l’os et, avec l’argent de la drogue, il s’enfuira avec le gardien de sécurité du zoo sur une île du Pacifique où pourra enfin s’épanouir leur amour interdit, au milieu des palmiers et des noix de coco aux formes évocatrices. Ils vivront heureux... enfin, jusqu’à ce que les perroquets les retrouvent et rapportent leurs yeux, en guise de trophée, à la girafe Rita, qui menait tout depuis le début.
Mais évidemment, il est hors de question que vous racontiez cette belle histoire à Fiston, et chaque soir, vous vous retrouvez face à face avec Monsieur Zozo, qui semble vous narguer un peu plus chaque fois en ayant l’air de dire : «Si tu me touches, tu vas avoir affaire au cartel de Medellín.»
C’est ainsi qu’un soir, votre mari remarquera de nouvelles traces de dents, les vôtres, sur la couverture du livre maudit, et il vous jettera le regard résigné de celui qui comprend que dorénavant, c’est lui qui sera de corvée de Zozo.
C’est aussi à peu près à ce moment-là que vous comprenez qui a orchestré les premières campagnes d’alphabétisation : des parents, comme vous, qui n’en peuvent plus de Zozo et du zoo et qui veulent à tout prix que les enfants, surtout les leurs, apprennent à lire au plus sacrant.
Mais il y a de la lumière au bout du tunnel. Hier soir, Père indigne m’a proposé une thérapie : son plan consiste à nous faire reconstituer l’histoire de «Zozo qui va au zoo», mais au lieu d’être Zozo, le héros, c’est moi, Zézette, et je me fais capturer par un gros gorille poilu qui tient beaucoup à briser sa solitude. Si c’est ce que ça prend pour me réconcilier avec le livre préféré de Bébé, je crois que je suis prête à faire un effort...
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Moi, je dois vous dire franchement, en tant que parent, je suis 100% pour l’alphabétisation des enfants. Et plus vite on les alphabétise, mieux c’est.
Bon, c’est sûr, on veut tous que nos enfants aiment la lecture. Et au début, c’est pour des raisons nobles. On nous a tellement répété que lire, c’est important pour le bien-être de nos tout-petits. Toutes les belles couleurs dans les livres, ça les stimule – c’est sûr, ça les stimule à laisser des traces de dents sur la couverture, à déchirer les pages et à barbouiller les images, mais qu’à cela ne tienne. De toute manière, la lecture, c’est une si belle activité à faire avec son enfant : on lit une belle histoire ensemble avant le dodo, jusqu’au moment où on tombe nous-mêmes endormis dans le lit de Fiston pendant que ce dernier se relève pour aller dévaliser la crème glacée. Mais surtout, la lecture éveille nos bambins à la fantaisie, à l’imagination, à la manière de raconter des histoires, un art qui leur sera bien utile lorsqu’ils auront atteint l’adolescence.
C’est avec toutes ces excellentes raisons en tête qu’on instaure avec Fiston la jolie tradition de l’histoire avant le dodo. Et c’est là qu’on fait la connaissance de Monsieur Zozo, qui adore aller au zoo.
Votre enfant, lui, adore Monsieur Zozo. Il ne s’en lasse pas. Et si ça continue comme ça, vous avez peur qu’il ne s’en lasse jamais et n’accepte pas de s’en séparer même lorsqu’il sera plutôt en âge de lui préférer le Kama Sutra.
A priori, vous n’avez rien contre Monsieur Zozo. Les 10 premières lectures sont même plutôt agréables. Le méchant et énorme lion, qui capture Monsieur Zozo lorsque ce dernier s’approche trop près de sa cage, voulait seulement briser sa solitude et ne cherchait après tout qu’à se faire un ami. Vous tenez d’ailleurs à peu près le même raisonnement lorsque vous sortez le gin tonic après une dure journée au boulot. Mais après la 1425e lecture de « Monsieur Zozo va au zoo », comment dire? Il vous vient comme une étrange envie de mettre un peu de variété au menu.
Par exemple, après avoir annoncé que s’avançait «le méchant et énorme lion», vous succombez à l’envie d’ajouter un original «poil au menton». Mais mal vous en prend. Vous découvrez en effet que Fiston est en réalité un véritable gardien du culte de Monsieur Zozo, et ne supporte pas que vous salissiez cette littérature sacrée. Le lion, tu sauras, Maman, que ce n’est pas parce qu’il porte une crinière qu’on peut lui dire impunément «poil au menton». Pas non plus de poil aux doigts pour la girafe Rita, et les perroquets Pico et Tutu n’ont pas non plus de poil... nulle part.
Ce manque total de souplesse venant de votre progéniture ne cesse de vous attrister. En effet, lorsqu’on y pense un peu, nos enfants sont horriblement à plaindre. Dans leurs livres à eux, point des merveilleux ingrédients qui rendent la littérature pour adultes vraiment supérieure, j’ai nommé l’amour torride et le sang. Vous rêvez de pouvoir raconter la vraie histoire de Monsieur Zozo, dans laquelle l’énorme lion, en réalité un agent de l’escouade anti-drogue, capture Monsieur Zozo et l’éventre de ses griffes acérées pour trouver dans son estomac des sachets remplis d’héroïne. Ces sachets, Monsieur Zozo devait les livrer aux cruels perroquets, Pico et Tutu, membres de la filière colombienne. Mais le lion est lui-même corrompu jusqu’à l’os et, avec l’argent de la drogue, il s’enfuira avec le gardien de sécurité du zoo sur une île du Pacifique où pourra enfin s’épanouir leur amour interdit, au milieu des palmiers et des noix de coco aux formes évocatrices. Ils vivront heureux... enfin, jusqu’à ce que les perroquets les retrouvent et rapportent leurs yeux, en guise de trophée, à la girafe Rita, qui menait tout depuis le début.
Mais évidemment, il est hors de question que vous racontiez cette belle histoire à Fiston, et chaque soir, vous vous retrouvez face à face avec Monsieur Zozo, qui semble vous narguer un peu plus chaque fois en ayant l’air de dire : «Si tu me touches, tu vas avoir affaire au cartel de Medellín.»
C’est ainsi qu’un soir, votre mari remarquera de nouvelles traces de dents, les vôtres, sur la couverture du livre maudit, et il vous jettera le regard résigné de celui qui comprend que dorénavant, c’est lui qui sera de corvée de Zozo.
C’est aussi à peu près à ce moment-là que vous comprenez qui a orchestré les premières campagnes d’alphabétisation : des parents, comme vous, qui n’en peuvent plus de Zozo et du zoo et qui veulent à tout prix que les enfants, surtout les leurs, apprennent à lire au plus sacrant.
Mais il y a de la lumière au bout du tunnel. Hier soir, Père indigne m’a proposé une thérapie : son plan consiste à nous faire reconstituer l’histoire de «Zozo qui va au zoo», mais au lieu d’être Zozo, le héros, c’est moi, Zézette, et je me fais capturer par un gros gorille poilu qui tient beaucoup à briser sa solitude. Si c’est ce que ça prend pour me réconcilier avec le livre préféré de Bébé, je crois que je suis prête à faire un effort...
Friday, May 09, 2008
Billet radio de demain
Je lirai mon billet en direct de Sudbury demain, à 9h20, à l'émission Nulle part ailleurs, que vous pouvez écouter sur le Net. L'émission sera enregistrée au Salon du livre de Sudbury. Si vous êtes dans le coin, passez faire un tour!
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