Tuesday, April 29, 2008

Coma Chameleon

Hier, Fille Aînée m'a annoncé d'un air pénétré : "Maman, j'ai inventé une chanson. Les paroles... je pense qu'elles sont très belles."

Mère indigne -- Ah oui, qu'est-ce que c'est?

Fille Aînée -- "Sortir du coma..."

Mère indigne -- Mrfff...

Fille Aînée -- "Ne plus voir la vie en noir... Sortir du coma..."

Mère indigne -- Prfff...

Fille Aînée -- "Le coma de la joie."

Mère indigne -- "Le com... mrfff.. coma de la joie". Wow.

Fille Aînée -- Oui, tu sais, j'ai essayé de faire une chanson importante. Pour dire qu'il fallait être heureux.

Mère indigne -- Comme, sortir la joie du coma?

Fille Aînée, dont les certitudes vacillent quelques secondes -- Ouuuui. Mais sortir du coma de la joie, c'est pareil. Hein? C'est pareil?

Mère indigne -- Oui, chérie. Bien sûr. Identique. Et magnifique. Rmflgrrfff.

***

Plus tard, avec Père indigne:

Mère indigne -- Je pense que je n'aurais pas dû downloader les chansons de Marie-Mai pour Fille Aînée. Elle y est allée d'une composition personnelle.

Père indigne -- Qui disait?

Mère indigne -- "Sortir du coma/Quelque chose au sujet d'idées noires/Sortir du coma..."

Père indigne -- Mrfff...

Mère indigne -- LE COMA DE LA JOIE!

Père indigne -- ... Okayyyy. Je lui en compose une autre sur le vomi de la vie, pis on fait Star Académie.

***

Encore plus tard:

Mère indigne -- Si tu veux, avant d'aller te coucher, on peut regarder où en sont les Canadiens à la télé. Oh, oh. Trois-zéro pour Philadelphie.

Fille Aînée, très hockey, copains d'école obligent -- Ahnoncépavraiiiii!

Mère indigne -- Ouaipe, chérie. J'ai l'impression que les Canadiens ont une petite déprime, là. Un petit coup de fatigue. Qu'ils ont besoin d'un peu d'encouragements.

Fille Aînée -- Bonne idée Maman! Go Habs GO! Go Habs GO!

Mère indigne -- Go les Habs! Sortez... du... COMA DE LA JOIE!

Fille Aînée -- ...

Mère indigne -- Mrfff...

Fille Aînée -- Très drôle.

Friday, April 25, 2008

C't'une fois deux mères: La voie lactée


Après avoir gagné un prix littéraire, je me suis dit que la moindre des choses serait de vous écrire un magnifique billet avec plein de mots réfléchis et d'introspection, de longues descriptions de steppes sauvages, le tout entrelacé de pensées profondes qui contribueraient à vous emporter au-dessus des contingences de la vie, dans les nuages de la poésie. Ça n'a pas marché. Alors à la place, j'ai écouté les ordres d'Éditeur Indigne: "Si tu veux un tome II, la mère, va falloir y mettre plus de sexe". Alors voilà, le texte en bas, c'est sa faute à lui.

(Et comme une lectrice le signale dans les commentaires, ce billet aurait pu s'intituler "Tout ce que vous n'auriez jamais voulu savoir sur l'allaitement". Soyez prévenus...)

***

Future Maman -- Faut que je te dise. J'ai un peu d'appréhension à propos de l'allaitement.

Mère indigne -- Le dilemme classique, allaiter deux jours ou bien deux ans? Dans mon cas, c'est Bébé qui a décidé. À 4 mois, elle a fait une grève de la faim, refusé le mamelon tendrement offert pendant je ne sais plus combien de boires, et ensuite elle a avalé trois fois huit onces de suite dans un biberon. Pire que moi avec le gin tonic.

Future Maman -- Tu as dû te sentir trahie?

Mère indigne -- J'ai pleuré pendant deux jours. Surtout que le lait accumulé, ça vous bétonne une poitrine. J'ai eu l'impression de porter deux gongs dans le soutif pendant une semaine. Mais ensuite, je suis allée au cinéma onze soirs de suite... L'extase.

Future Maman -- T'aurais peut-être pu insister un peu plus pour qu'elle boive au sein?

Mère indigne, songeant au caractère de Bébé -- Insister? Avec Bébé??? Des plans pour me faire transformer en Amazone sans anesthésie. Non merci. Puis honnêtement, point de vue sexuel, c'était aussi préférable. Allaiter, ça dégoûte.

Future Maman -- Ça dégoûte les hommes?

Mère indigne -- Non, non. Ça dégoûte tout court. Tu sais, t'es en pleine action et PAF!, la machine s'emballe. Cléopâtre aimait peut-être le lait en bains, mais en douche, Père indigne a trouvé ça moyen. "Humide, trop humide", comme dirait Nietzsche.

Future Maman -- Seigneur. On a peut-être commis une erreur, là, Futur Papa et moi... Avez-vous trouvé une solution, au moins?

Mère indigne -- Oui, mais ça crée un léger paradoxe. On conserve le soutien-gorge dans l'intimité, et hop! on s'expose devant tout le monde pour allaiter.

Future Maman -- Justement! C'est ça qui me dérange avec l'allaitement. Devoir le faire en public. Tu sais, moi, montrer ma poitrine à tout le monde...

Mère indigne -- Mais ce ne sera plus une poitrine sexuelle, chérie! Sortir un mamelon du soutien-gorge ou sortir un Tupperware du frigo, même combat. D'ailleurs, ça peut même être pratique. Une fois, je n'avais pas de lait pour mon café. Pfuit, pfuit, deux jets, et hop! Cafe con leche, mama style.

Future Maman -- Ah, pouache. Une chance que personne ne t'a vue.

Mère indigne -- J'étais à la cafétéria de l'Université.

Future Maman -- Arrête!

Mère indigne -- Ils ont appelé la sécurité.

Future Maman -- Non!

Mère indigne -- T'inquiète. Je les ai tenus en respect avec mes deux mamelons agressivement pointés vers eux, prêts à l'attaque. Ça t'immobilise un homme, une mitraillette à lait.

Future Maman -- Tu me niaises!

Mère indigne -- Ben oui. Mais sérieusement, je connais quelqu'un qui n'avait vraiment plus de lait pour le café de ses invités. Elle allaitait, alors elle s'en est tiré un petit pot en cachette et elle l'a apporté au centre de la table.

Future Maman -- ...

Mère indigne -- Éthiquement discutable, j'en conviens...

Future Maman -- ...

Mère indigne -- ... mais entre toi et moi, on boit bien du lait de vache...

Future Maman -- ...

Mère indigne -- ... et les invités n'y ont vu que du feu.

Future Maman -- Je pense qu'on va changer de sujet.

Mère indigne -- On fait comme tu veux, ma belle. Mais une fois mère, tu vas voir. Tu vas devenir COMME NOUS AUTRES™.

Future Maman -- (Soupir.) Heille, je voulais te demander. C'est vrai qu'enceinte, on fait parfois des rêves bizarres?

Mère indigne -- Comme rêver que tu portes un extraterrestre au lieu d'un foetus, qui jaillit de ton ventre comme dans Alien?

Future Maman -- Nnnnon. Plus comme rêver de, comment dire, prodiguer certaines faveurs à Nicolas Sarkozy dans la Maison Blanche.

Mère indigne -- Mon Dieu. J'espère que ça n'est pas prémonitoire.

Future Maman -- Ben voyons! J'aurai jamais l'occasion de rencontrer Nicolas Sarkozy.

Mère indigne -- Ça ne veut pas dire que ton bébé ne ressemblera pas à Nicolas Sarkozy.

Future Maman -- Arrête, j'attends une fille.

Mère indigne -- Mes sympathies.

Future Maman -- Sérieusement, j'étais vraiment embêtée. Je me demandais vaguement où était Carla.

Mère indigne -- Elle devait être avec W. Ou bien avec Futur Papa.

Future Maman -- C'est ce qu'il pense lui aussi. Et puis dans mon rêve, je me disais qu'il y avait sûrement plein de caméras cachées dans la Maison Blanche, et puis que nos cabrioles se retrouveraient sur YouTube.

Mère indigne -- Et là? T'as arrêté?

Future Maman -- Ben... non. Je me suis dit que j'écrirais un livre sur mon expérience et que je deviendrais riche.

Mère indigne -- ... Tsé, euh, allaiter en public?

Future Maman -- Oui?

Mère indigne -- Je pense honnêtement que ça ne sera pas un problème pour toi.

Thursday, April 24, 2008

J'aime mon public et mon public m'aime!

Hé oui, ne reculant devant rien pour témoigner de ma gratitude, j'ai bel et bien emprunté cette phrase à notre Poune nationale dans mon petit mot de remerciement hier soir, alors que je recevais le Grand Prix littéraire Archambault.

C'est de tout coeur que je vous dis MERCI pour l'honneur que vous m'avez fait d'aller voter pour moi! Ça fait tout un choc de me retrouver parmi la liste prestigieuse des gagnants des autres années... Mais en même temps, et comme je l'ai aussi mentionné en recevant le Prix, j'ai eu un public avant même d'avoir publié un livre, et le Prix témoigne en quelque sorte de la relation privilégiée qui se developpe dans un blogue entre les lecteurs et la personne qui écrit. Et écrire un blogue, c'est aussi participer à une communauté tissée serrée; les messages de mes confrères et consoeurs blogueurs/blogueuses sur Facebook hier m'ont d'ailleurs fait chaud au coeur (j'allais dire "m'ont beaucoup touchée", mais j'ai tendance à utiliser le mot un peu trop souvent, comme en témoigne cette vidéo...).

Je mentionne également que Mathyas Lefebure, qui a remporté le Prix de la relève littéraire Archambault hier soir pour son roman D'où viens-tu berger?, a également commencé par raconter ses aventures sur un blogue... Peut-être que ça ne veut rien dire mais... peut-être que nous somme en train de conquérir le mooooonnnnnde! :-)

Encore une fois, merci à tous! Et je promets un tome II pour l'an prochain!

Wednesday, April 23, 2008

Toutes les femmes veulent Georges

Chroniques Blondes parlait de Georges, hier. Or, je suis justement revenue à la maison hier en portant une robe de chez Georges, ma première, parce que parfois, comme dit la pub, "vous le méritez bien". Bon, elle était dans le rayon des soldes, mais ça lui donne une qualité supplémentaire.

Bébé s'est empressée de remarquer la nouvelle sophistication de sa maman. Sa réaction? Toute en stratégie et en finesse:

"Moi l'a fait bobo à la garderie (tâte le tissu) moi l'a tombé tombé tombé de la moto (reluque le décolleté) moi l'a fait bobo au zenou mes collants sont déssirés là (palpe le rebord) moi l'a pleuré pleuré pleuré dans le local moi l'a donné une tape à Heidi (tire les bretelles) pis là Lyne était pas contente moi l'a pleuré pleuré C'EST MA ROBE À MOI TU M'AS PRIS MA ROBE DONNE-MOI MA ROOOOBE!!!"

Georges, même à deux ans et demi, elles vous veulent toutes.

Friday, April 18, 2008

Tag beauté, coudonc

Bon, me voilà taguée par Nadia. Habituellement, je ne joue pas à la tag, mais là, exactement comme Martine, vu le plaisir que j'ai à lire les réponses de celles qui ont rempli le questionnaire, j'ai décidé de m'y prêter aussi. Alors voici, dévoilés devant vos yeux éblouis, mes secrets beauté hors du commun.

Mon fond de teint : Revlon Age Defying, spf 15. Je n'ai aucune idée des meilleures marques, je l'ai probablement choisi parce qu'il était en spécial et à cause du spf. Et aussi, de puis que j'ai 36 ans, à cause du "age defying" potentiel de la chose. Et du fond de teint, j'en utilise tous les jours (ça y est, c'est dit).

Un mascara : Lash Blast de Cover Girl. Acheté il y a trois mois, jamais utilisé encore (mon ancien avait dix ans, il est mort de vieillesse et avec toutes ses dents puisqu'utilisé seulement trois fois environ). J'imagine que j'en traîne un juste pour me sentir comme une vraie madame... parce que je ne l'utilise jamais.

Une crème de jour : Je mets une crème de jour et de nuit seulement depuis que j'ai eu 36 ans l'automne dernier. Passer de l'autre côté de la trentaine m'avait (attention, un aveu) fait incroyablement suer. Je m'étais dit qu'à partir de maintenant, tout pouvait s'écrouler n'importe quand alors mieux valait commencer le travail de ravalement de façade avant qu'il soit TROP TARD™. Une amie m'a recommandé la crème de jour Dormer. Je ne l'aimais pas au début parce que je trouvais qu'elle avait une petite odeur de régurgit de bébé, mais faut croire que je me suis habituée (en espérant que personne d'autre que moi ne la sent). J'aime bien l'effet hydratant mais pas gras du bidule.

Une marque de produits : Dove. Je me lave le visage avec du Dove, les cheveux avec du Dove, le body avec du Dove. Dove rules.

Ma marque de fétiche de maquillage : Je suis infidèle, la musique m'appelle, et d'abord je ne connais pas les marques. Disons que c'est celle qui est en spécial.

Un produit must : Du t'sous d'bras?

Mon parfum : Le parfum Tommy Girl de Hilfiger. C'est Père indigne qui l'a choisi pour moi et il a eu le pif, je l'aime beaucoup. Malheureusement, avec le temps, je développe une intolérance au parfum (j'ai de gros maux de tête sitôt que quelqu'un porte un parfum de manière trop prononcée -- ça m'a déjà fait changer de place dans l'avion ou au restaurant).

Mon magazine fétiche : Rien sur la mode. N'importe quoi avec des potins de vedettes. Ça a remplacé les Archies dans ma vie, pour l'insignifiance qui détend.

Tu pars sur une île déserte et tu emportes quoi (trois produits max sans protection solaire ni rasoir) : Kéri Lotion et, euh... du gin et du tonic? À part la crème hydratante, je ne vois pas. Peut-être du baume pour les lèvres, marque Personnelle, genre.

La femme que tu admires pour sa beauté : Helen Mirren. Je veux être comme elle quand je serai grande.

La femme dont tu envies le look : Chroniques Blondes. Elle a un vrai décolleté, elle, et elle a des robes d'enfer. (Dans son billet de tag beauté, elle essaie de faire croire qu'elle peut avoir l'air de rien. Mouarf! C'est une bombe.)

Je me damnerais pour : Toi, mon chou.

Que signifie pour toi la féminité : Tout et rien. Faisons donc ce qu'on veut avec.

Un dernier mot : Je ne pourrais pas mieux dire que Nadia à cet égard. En fait, je dirais que depuis que je suis mère (de deux filles en plus), j'ai tendance à être bienveillante envers les jeunes filles extraverties et folichonnes -- que j'aurais trouvées insupportables au début de ma vingtaine... Je pense que je perçois maintenant l'insécurité présente chez la plupart des filles, et ça m'émeut.

Ton adresse blog fashion/beauté préférée : Je ne pense jamais à aller consulter des adresses sur le Web pour ça. Par contre, j'admire (avec une pointe d'ébahissement) Martine qui fait ses crèmes elle-même. (Et Martine, je viens de songer avec honte que la crème de jour que tu m'as donnée l'an dernier est probablement encore au fond de mon sac à couches. Je pensais honnêtement que j'allais m'en servir, mais comme je n'avais pas encore 36 ans, j'ai dû oublier...)

Pas trop trop branchée produits de beauté, la mère, hein? Le pire dans tout ça, c'est que je passerais facilement deux heures à la pharmacie à les examiner un par un. Je ressors toujours avec les trucs de Dove, mais j'adore flâner dans les allées des crèmes, du maquillage et des produits capillaires. Ça doit être parce que je suis Balance.

Bon, avec tout ça, je ne sais pas qui taguer! Les cinq dernières personnes qui m'ont laissé un commentaire, tiens:

Mona
Cathe
Regor (hé hé)
La Suissesse Anonyme
Petite fille

Et puis, tiens, je tague aussi Pierre-Léon, parce qu'il le mérite...

Saturday, April 12, 2008

À névroses, névroses et demies

Billet radiophonique diffusé ce matin à l'émission Nulle part ailleurs (Radio-Canada, Sudbury). Le billet audio sera en ligne sur le site de l'émission plus tard aujourd'hui.

***

Chers enfants,

Moi, je dois vous dire franchement, en tant que parent, je ne crois plus tellement à la santé mentale. Et, soyons honnêtes, en particulier à la vôtre.

Oui, oui, c’est à vous que je m’adresse, les tout-petits. Surtout aux 0-5 ans, et même si je suis sûre que vous allez faire semblant de ne pas me comprendre. Je les connais, vos trucs, bande de petits malins.

Non, sérieusement, vous avez beau être petits, il y a quand même certains de vos comportements qui sèment le doute dans la classe adulte au sujet de votre capacité future à vous intégrer dans notre belle société.

Par exemple, cette manie que vous avez de ne pas vouloir prêter vos jouets. C’est pas beau. Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, on vit dans la grande famille humaine. Il faut de l’harmonie pour que ça fonctionne. Si déjà, à un an et demi, Nicolas ne veut pas prêter ses petites autos à Alexandre, c’est un mauvais début dans la vie et c’est toute l’humanité qui en souffre. Parce que ça crée de la chicane, et nous, les parents, la chicane, on n’aime pas ça. Ça nous fait de la peine de voir vos petits yeux rougis et vos habits déchirés (surtout que les t-shirts de Dora, ça ne pousse pas dans les arbres). Ça nous fait de la peine, et ça nous dérange dans la lecture de notre roman policier. Et ça, c’est très, très grave. Parce qu’ensuite, nous, les adultes, ça nous met de mauvaise humeur et on décide de se chicaner entre nous et si jamais il n’y a pas de beaux Jeux Olympiques cette année, ça va être entièrement votre faute.

En plus, les méchants enfants qui ne prêtent pas leurs jouets, vous savez ce qu’ils deviennent plus tard? Ils deviennent des méchants gérants de banque qui ne veulent pas prêter leurs sous aux parents qui en ont désespérément besoin pour s’acheter une deuxième voiture. Et si on n’a pas de deuxième voiture, qui va en souffrir, hein? C’est vous, mes chers petits. Parce que lorsque vous serez en âge de conduire, si on n’a qu’une seule voiture, on ne va certainement pas vous la prêter.

Pendant qu’on y est, crevons un autre abcès. Les enfants, franchement, c’est quoi cette manie de pleurer pour tout et pour rien? Vous voulez du jus dans le verre rouge, et suffit qu’on vous le donne dans le verre jaune pour que vous nous déchiriez les tympans pendant une demi-heure avec vos cris d’éléphant blessé à mort comme si on avait, sans faire exprès évidemment, mis votre nounours préféré à la poubelle. Et ça n’arrive pas qu’une fois par semaine, oh que non. Plusieurs fois par jour, les cocos. C’est un signe, ça. Un signe que ça ne tourne pas très rond là-dedans...

Oui, je sais, parfois Maman se fâche elle aussi. Et parfois, on dirait qu’elle se fâche pour rien. Par exemple, la fois où j’ai pleuré et mis tout le monde à la porte parce que vous aviez barbouillé mon Sudoku. Mais c’était pas pour rien que je m’étais choquée, j’allais le réussir pour une fois. Et de toute manière, quand Maman se met en colère, elle a toujours une bonne raison. En général, Maman, quand elle se fâche, c’est parce qu’elle est dans son SPM, scientifiquement appelé le « boléro des hormones ». C’est un phénomène prouvé médicalement: Maman est victime de pulsions qui sont hors de son contrôle. Et ça, c’est pas comme vous. Vous, mes chers petits, vous n’avez aucune raison d’être agressifs, parce que médicalement, on a prouvé que les 0-5 ans, ils n’ont pas encore d’hormones. Enfin, c’est ce que j’ai lu dans le dernier numéro du, euh, je sais plus trop... Mais bon, peu importe, de toute manière, vous ne savez pas lire. Et si vous me contredisez encore une fois, je vous préviens, ça va barder.

Finalement, il faut qu’on s’assoie pour discuter de votre dépendance aux friandises. Sérieusement, le goût de la plupart des bonbons... Horrible! C’est chimique à mort, et ça ne goûte même pas ce que c’est censé imiter. Prenez les bonbons en forme de baleines. Non seulement ça ne goûte pas les baleines, mais en plus, il n’y a même pas de vraies baleines dans les ingrédients! Alors que moi, dans le daiquiri aux fraises que je suis en train de me préparer, il y a du vrai jus de fraise bon pour la santé! En tout cas, il y en a un petit peu. Et dans le gin tonic que je vais prendre après, c’est encore mieux! Il n’y a pas de fruits bons pour la santé dans le gin tonic, mais le gin, ça vient d’une plante qu’on appelle le genièvre, et les plantes, mes petits amis, c’est nécessairement plein de vitamines, et ça montre que je suis proche de la nature. C’est pas comme vous avec vos M&M industrialisés.

Décidément, les enfants, quand je vous vois agir parfois, je suis un peu pessimiste pour le futur de notre belle planète. Mais je me dis qu’heureusement, nous sommes là, nous, les adultes, pour essayer de vous rendre meilleurs.

Friday, April 11, 2008

Chronique radiophonique de demain

Ça va s'appeler "À névroses, névroses et demies" et j'ai été l'enregistrer ce matin. J'ignore encore à quelle heure elle sera diffusée, je vous tiendrai au courant -- tiens, j'ai eu le courriel juste là là, ça va être à 8h20. Et vous pourrez ensuite la lire ici-même, et l'entendre là-bas, après l'émission, si l'envie vous prend.

***

Petite pub mais c'est pour votre bien: J'ai été au lancement d'Entendu à Montréal mercredi et j'en ai acheté un exemplaire, alors je peux en toute confiance vous recommander chaudement ce livre issu du blogue du même nom et enfanté (si je puis me permettre) par Frederic Rappaz. J'avoue que j'ai une propension à bien aimer les bouquins qui ont d'abord été publiés sous forme de blogues (je me demande bien pourquoi d'ailleurs ;-)), et celui-là est hilarant. À ne pas lire dans le métro si vous n'aimez pas vous esclaffer tout seul dans votre coin en public, et aussi si vous ne voulez pas passer tout droit à la station Jean-Talon alors que vous deviez changer pour la direction Montmorency pour aller chercher les enfants -- ouais, c'est ce qui m'est arrivé. Bonne lecture!

Sunday, April 06, 2008

Petites vites du week-end

Bébé, absolument charmante -- Maman, ma touve pas mes suyiers de picesse, ma. Pi-ti aider ma? Si-ti-plaît?

Mère indigne, heureuse de voir son héritière numéro 2 dans de bonnes dispositions -- Tu ne trouves pas tes souliers de princesse? Viens avec moi, on va aller voir dans ta chambre. Hé bien oui! tu vois, ils sont là!

Bébé -- Rhôôôôôôôô! Ma les ai touvés! Ze savais-ze savais-ze savais!

Mère indigne, attendrie -- C'est Maman qui les a trouvés, mais c'est pas grave.

Bébé toise sa mère des pieds à la tête: "Qué tu fais dans ma samb'? C'é MA samb'! Va-t'en, toua! Va-t'en!

Mère indigne -- Bon, ben... Ouais... De toute manière, j'avais autre chose à faire, hein. (Sniff, sniff...)

***

La famille est attablée devant notre souper belge hebdomadaire: moules/frites à gogo.

Fille Aînée -- Oh, regarde Maman! J'écaaaaarte la moule... Ça s'étiiiiiire...

Père indigne -- Hin hin hin.

Fille Aînée -- C'est drôle, je n'ai pas tellement envie de moules, ce soir.

Père indigne -- Ah ben c'est bizarre, parce que moi c'est tout l'inverse.

Mère indigne -- Bon. Je suppose que j'aurai droit à une portion supplémentaire de frites.

***

Fille Aînée -- Tu sais, vendredi à l'école, il est arrivé quelque chose de vraiment bien.

Mère indigne -- Tu as retrouvé toutes tes mitaines perdues? (Ben quoi, on sait jamais.)

Fille Aînée -- Pfff. Ben non. C'est Michael. Il est venu me parler.

Mère indigne -- Et alors?

Fille Aînée -- Ben, j'ai calculé, et ça faisait un an et demi qu'on ne s'était pas parlés!

Mère indigne -- Pour des enfants de huit ans, c'est vrai que c'est un bail.

Fille Aînée -- Tu sais, ce que tu m'avais raconté? Que tu t'étais réconciliée avec un ami à qui tu n'avais pas parlé depuis 10 ans?

Mère indigne -- Douze.

Fille Aînée -- Et que c'était un peu ridicule de ne pas se parler pendant tout ce temps-là, t'sais, un peu niaiseux?

Mère indigne -- Même si c'était entièrement sa faute.

Fille Aînée -- Madame Sophie, elle dit que c'est toujours un peu la faute des deux. Alors ça devait quand même être un peu ta faute.

Mère indigne -- Hmfvrmmroui.

Fille Aînée -- En tout cas, j'étais vraiment contente que Michael me parle. Parce que c'est vrai que c'est niaiseux de ne pas se parler. En plus, je ne me souviens pas vraiment pourquoi on ne se parlait plus, alors...

Mère indigne -- Tu as raison. C'est très bien ce qui vous arrive, très mature. Ça veut dire que vous grandissez.

Fille Aînée -- Oui, j'étais super fière de notre comportement.

Mère indigne -- Et qu'est-ce qu'il t'a dit, Michael?

Fille Aînée -- Je sais pas, j'ai pas bien entendu.

***

Fille Aînée -- Combien de moules je suis obligée de manger, encore?

Père indigne -- Cinq.

Mère indigne -- Quatre.

Fille Aînée -- Je choisis l'opinion de Maman!

Mère indigne -- En tant que chef de famille, mon opinion n'est pas qu'un simple avis, c'est un ordre.

Mère indigne et Fille Aînée s'adonnent alors à un "tope-là" sonore qui semble indisposer Père indigne.

Père indigne -- Et moi, c'est quoi mon rôle, dans cette famille?

Mère indigne -- Serviteur de Bébé.

Fille Aînée -- Un rôle dont l'honneur te reviendra pendant des siècles et des siècles.

Père indigne, qui a tendance à user de références exagérées lorsqu'il est dépité -- On dirait Goebbels.

Mère indigne et Fille Aînée -- Tope-là!! Hin hin hin.

***

Bébé -- Un nazeau! Ma la vu un nazeau dans la finêtre!

Mère indigne -- Oh, oui! Un bel oiseau! Le printemps est arrivé! Qu'est-ce que ça fait, les oiseaux, chérie?

Bébé -- Couilles! Couilles!

Mère indigne -- Je suppose qu'il fallait s'y attendre.

Wednesday, April 02, 2008

Mère indigne et les doigts humains

Bon, bon, bon.

(Je vous le dis pour le futur, mais quand je commence un message avec "Bon, bon, bon", c'est parce que j'ai honte de quelque chose. Mais je vais vous le raconter pareil, hein, faut pas croire. On a des principes, mais seulement là où ça compte. C'est-à-dire, heu... On applique nos principes lorsque... Pouf, pouf... En tout cas, on s'en reparle, j'ai un truc à vous dire.)

Bon, bon, bon.

Ce n'est pas évident pour vous qui lisez fort gentiment ce blogue, mais je suis une personne qui a de l'imagination. Ce n'est pas évident, dis-je bien, puisque tout ce que je raconte ici est toujours ri-gou-reu-se-ment vrai. Mais j'aime bien inventer des choses de temps en temps. Comme des blagues. Quel est le pays préféré des chiens? Le Japon. Celui des voleurs? La Libye. Des bûcherons? La Syrie. Des grenouilles? La Croatie.

Je sais, je sais. Vous n'en revenez pas. Une vraie machine, je suis. Père indigne, en tant que Belge et donc, supposément "drôle", en est vert de jalousie.

Et en plus, c'est pas tout! J'invente des chansons, aussi. Enfin, je prends des airs connus et là, je remplace les paroles. Des trucs sophistiqués, bon chic bon genre. Rien de scatologique ou qui parle des parties privées, hé, ho.

Bon, bon, bon, j'avoue, ça m'arrive peut-être une fois de temps en temps. Rarem-- bon, d'accord, souvent. Et parfois même, ô horreur, devant mes enfants.

Mais ce n'est pas ma faute. C'est la faute à Fille Aînée. Qu'est-ce que je pourrais faire d'autre? Elle croit encore au Père Noël, la pauvre. Alors je me dis qu'il est de mon devoir de mère de l'éveiller à d'autres réalités. Pour qu'elle puisse apporter une contribution positive à son groupe d'amis et que sa croyance abjecte et irrationnelle dans le Père Noël ne soit pas un trop gros handicap dans sa vie sociale.

Et par "d'autres réalités", j'entends les chansons inventées. De préférence stupides. Et à léger contenu scatologique; juste ce qu'il faut pour ravir les enfants du primaire et leurs mamans. Enfin, au moins une maman. Moi.

C'est pas très joli, je sais, mais c'est pour son bien.

Mère indigne, hier, dans la voiture -- Hin hin hin.

Fille Aînée -- Pourquoi tu ris, Maman?

Mère indigne -- Hum. Je... Je ne peux pas te le dire.

Fille Aînée -- ...

(En fait, à 8 ans et demi, Fille Aînée sait déjà que sa mère est absolument incapable de retenir une blague, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Surtout, soyons honnêtes, lorsqu'elle est mauvaise.)

Mère indigne -- C'est parce que j'ai inventé des nouvelles paroles pour "La mère Michel", mais je ne peux pas te les dire, ce n'est pas un sujet pour les enfants.

Fille Aînée -- ...

Mère indigne -- Non, sérieusement. Je ne peux pas.

Fille Aînée -- ...

Mère indigne -- Je... c'est pas...

Fille Aînée -- ...

Mère indigne -- Ou alors, tu promets de ne pas dire à Papa que ça vient de moi.

(Père indigne, il ne devinerait jamais, hein. Complètement mystifié, le mec. Hum.)

Fille Aînée -- C'est promis! C'est promis! C'est quoi les paroles?

Mère indigne (ravie de pouvoir chanter tout haut ce qu'elle pense tout bas) -- C'est la mère Michel qui a perdu son doigt / Qui crie par la fenêtre à qui le lui rendra / C'est le père Lustucru / Qui lui a répondu / Allez la mère Michel, votre doigt est dans votre ...

Fille Aînée, triomphalement -- NEZ!

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais j'ai l'impression qu'on s'enligne pour être pris avec le Père Noël encore un bon bout de temps.