Monday, June 18, 2007

Pourquoi nous rions de nos ados devant leurs amis

Samedi dernier, nous avons fait une magnifique promenade en vélo dans les rues du voisinage.

Enfin, quand je dis "magnifique", je parle pour tout le monde, sauf pour moi.

Bébé est confortablement assise dans son siège juste derrière moi, mais elle ne se contente pas d'apprécier le paysage lointain. Elle préfère ce qui se trouve dans son champ de vision le plus immédiat, j'ai nommé: mes fesses. Certes, je me plais à penser que si on plaçait les consommateurs devant une table où se trouvent, du côté A, le paysage lointain, et du côté B, les fesses de mémère, l'option B se révélerait être le choix d'un large pourcentage d'entre eux, surtout si le paysage est lavallois. Mais ce n'est pas un large pourcentage des consommateurs qui pourraient se permettre de faire la même chose que Bébé sans se faire taper sur la gueule.

Parce que Bébé, quand nous sommes à vélo, se fait un malin plaisir de tirer sur l'élastique de mon short ET de ma culotte, de se pencher sur le résultat et de s'écrier: "Ooooh, gô caca Maman!"

Ce qui donne, devant un défilé de banlieusards hilares, la conversation suivante:

MI -- Ben non voyons, Maman elle n'a pas de caca dans sa culotte.

Bébé -- Maman a gô caca!

MI -- Non, chérie. Maman n'a pas de caca dans sa culotte! Maman, elle va aux toilettes pour faire son caca.

Bébé -- É gô caca à Maman!

Père indigne -- Ha, ha, ha!!

MI, accélérant sur la pédale -- Maman. N'a pas. De caca.

Bébé -- Maman va sanzer coyottes!

MI -- Maman ne changera PAS ses culottes, ses culottes sont pro-pres!

Bébé, devant les voisins, je vous le rappelle -- É gô! É gô caca!

MI (c'est moi, et je m'énerve) -- C'est même pas vrai. C'EST MÊME PAS VRAI!

Père indigne ne rit plus, il s'étouffe carrément, frôle la mort, et moi j'ai des pensées méchantes à son égard qui impliquent ses parties génitales.

Bébé -- Maman va sanzer coyottes! Cousse à Maman!

MI -- Maman ne mettra pas de couches, voyons! Maman va à la toilette!

Bébé, survoltée -- É GÔÔÔ CACA MAMAN!!!

MI -- MERDE!

Bébé, toujours penchée sur ma raie -- MED!!

Sur quoi, je m'arrache à sa poigne de fer en me levant pour pédaler, et on rentre à toute vitesse à la maison.

Alors laissez-moi vous dire que Bébé, quand elle sera ado, elle va vraiment y goûter.

Friday, June 15, 2007

La taille de Jean-Louis

C'est l'été, n'est-ce pas, les filles? Et l'été, vous le savez toutes comme moi, c'est le temps des récoltes. On sème ici et là, on arrose fréquemment, on patiente un peu, et hop! Tout à coup, y'a Jean-Louis XXX qui se ramène en maillot au bord de notre piscine. (Au bord de la mienne, en tout cas.)

C'est beau, la nature.

Mais c'est aussi bizarre: Jean-Louis est arrivé pile-poil hier midi, alors que les deux filles étaient prises en charge par le système d'éducation et que Père indigne, par un hasard incroyable, était parti à L.A. contempler des femmes avec des seins.

Aussi bien vous le dire crûment, j'étais seule à la maison. Vulnérable? Très.

J'ai immédiatement voulu mettre mon invité à l'aise en lui retirant tous ses vêtements (sauf le maillot, auquel il avait pris soin de verrouiller un gros cadenas Master à la taille -- semble-t-il que c'est la mode; enfin, c'est ce qu'il m'a dit). Puis, je suis partie me changer.

Dilemme. Allais-je, en guise de maillot, porter mon slip de maternité qui avait tant remué JL le 31 décembre dernier? Combiné avec un soutif d'allaitement rembourré, j'aurais une allure d'enfer. Mais je risquais de le rendre totalement fou de désir et de le voir s'enfuir, sans nul doute par loyauté pour Père indigne. Non, si je voulais garder Jean-Louis pour l'après-midi, il me fallait être plus subtile. Aussi, j'ai simplement enfilé mon petit itsi bitsi mini weeny tout petit petit bikini.

En arrivant dans la cour, j'ai senti le regard de Jean-Louis glisser sur moi comme sur une peau de banane bien mûre. Plus bas, encore plus bas... oh, oui, plus bas! Oups, trop bas. Les sourcils de Jean-Louis froncèrent comme une robe de collégienne. Mais contrairement aux robes des collégiennes, la figure de Jean-Louis s'allongea.

JL -- Heu, tu ne crois pas que c'est un peu...

MI -- Un peu...?

JL -- Ben, un peu... long, par là?

MI -- Long? Tu crois?

JL -- En fait, je dirais même... touffu.

MI -- À ce point?

JL -- Honnêtement, on sent la négligence.

MI -- Ben, c'est parce que Père indigne est parti pour la semaine et je ne pensais pas que quelqu'un aurait l'occasion de voir...

JL -- Faudrait être aveugle.

MI, quelque peu offusquée, d'autant que Jean-Louis n'a pas apporté de vin -- N'exagérons rien. Tous les goûts sont dans la nature, et ça, personne ne pourra me dire que ça n'est pas naturel! En fait, je trouve que ça fait plutôt exotique: jungle, moiteur, cris aigus d'oiseaux en mal d'amour, animaux sauvages en pleine chasse... Ça ne t'inspire pas?

JL -- Pour dire la vérité, je préfère un terrain de jeux bien dégagé.

MI -- Holà! Mais c'est que ça prend du temps à entretenir, et c'est toujours à refaire! Et puis, Père indigne est assez indifférent sur la question. Quand l'envie me prend, il me donne rarement un coup de main... et pis toute seule, c'est moins motivant.

Dans l'oeil de Jean-Louis, une lueur soudaine d'intérêt.

JL -- Père indigne ne t'aide pas? Il...

MI -- Ben, parfois, il me regarde, mais j'ai l'impression que ça ne le branche pas vraiment.

Jean-Louis s'était mis à tripoter fébrilement son Master.

JL -- Heu, écoute, si tu veux, je pourrais... en toute amitié... pour t'aider... si t'es d'accord...

MI -- Ooooh... Tu ferais ça??

JL -- Ben... à vrai dire... je... c'est mon fantasme secret.

Sincèrement, les filles, qu'est-ce que je pouvais faire? Appelez-moi la Mozer Térésa des fantasmes, parce que je me suis étendue dans la chaise longue, j'ai respiré un grand coup, et là, dans la cour arrière de mon bungalow lavallois, j'ai laissé Jean-Louis tondre la pelouse.