Billet radiophonique diffusé hier matin à l'émission Nulle part ailleurs (Radio-Canada, Sudbury). Le billet audio sera bientôt en ligne sur le site de l'émission.
***
Moi, je dois vous dire franchement, en tant que parent, je suis éblouie. Éblouie de voir à quel point avoir des enfants change notre vision du monde.
C’est vrai, tout le monde le sait, quand on a un enfant, on recommence à voir les bourgeons qui fleurissent au printemps (en même temps que les crottes de chiens qui émergent au parc et qui fascinent nos tout-petits) et on apprécie davantage le moment présent (surtout quand les enfants sont au lit). Puis prendre un enfant par la main, comme disait Yves Duteil, c’est tellement émouvant... Remarquez, on pourrait aussi changer les paroles pour :
Prendre un enfant par le bras
Pour le sortir du IGA
S’il pète une crise devant le rack à bonbons
Et qu’il prend ses parents pour des cons
... mais bon, on y reviendra sûrement dans une autre chronique.
Tout ça pour dire que les enfants, ça nous transforme d’une manière qu’on n’avait pas prévue. Par exemple, je ne sais pas pour vous, mais maintenant, quand je porte des souliers à lacets, je fais toujours des doubles noeuds, sinon, je me sens moins en sécurité. Et quand je vois certaines personnes se promener dehors à -10ºC sans leur tuque, je me demande quel genre de parents ils ont pour les laisser sortir comme ça de la maison le matin. D’ailleurs, je profite de l’occasion qui m’est donnée pour dire mes collègues de travail que c’est moi qui ai cousu leurs gants à leurs manches de manteau. Ils ne m’ont jamais remerciée, mais je sais qu’ils savent que c’était pour leur bien.
Aussi, depuis que j’ai des enfants, je ne pourrais pas être serveuse au restaurant. Les clients ne pourraient pas me commander une bavette de boeuf sans que j’essaie de l’attacher autour de leur cou. En plus, je serais toujours en train de souffler sur leur assiette en disant : « Attention! C’est chaud-chaud-chaud! » Et je ne sais pas jusqu’à quel point ils apprécieraient de se faire débarbouiller le bec après leur dessert.
Quand on a des enfants, on reconnaît aussi, infailliblement et chez n’importe qui, le twist de l’envie de pipi. Dès les premières nanosecondes, on sait ce qui se passe dans la région de leur slip et après une minute, on a envie nous aussi : envie d’en finir et d’aller les asseoir nous-mêmes sur la toilette. C’est pour ça que, si je donne une conférence dans un colloque et que je vois quelqu’un s’agiter sur son siège de plus en plus nerveusement, je n’hésite pas à m’interrompre : « Les toilettes sont au bout du couloir à gauche, Monsieur. Oui, vous, avec la cravate rayée. Allez-y, sinon vous allez avoir un accident! » Je ne sais pas pourquoi, mais en général, les gens à qui je dis ça, ils ne reviennent jamais pour entendre la fin de ma présentation.
Mais je dois dire que l’autre jour, dans l’avion, j’ai atteint le fond du baril. Mon voisin de siège, un inconnu, s’est mis à me raconter tous ses malheurs en long et en large. Si encore il avait été question de mésaventures sexuelles avec des personnalités connues, je l’aurais écouté jusqu’au bout, mais non. Il m’entretenait d’hypothèque et de prêts REER, et horreur, il s’est même mis à me parler de ses enfants. Mais au bout d’un moment, il s’est mis à se débattre. C’est parce que, sans même m’en rendre compte, j’essayais de lui fourrer dans la bouche une vieille suce qui traînait dans le fond de ma poche. Ça n’a pas tellement bien marché. Il a appelé ça une « atteinte à son intégrité physique », les agents de sécurité sont intervenus... Je leur ai dit que ça suffisait, j’ai compté jusqu’à trois et comme ils ne me lâchaient pas, je les ai tous envoyés réfléchir dans leur chambre.
Ça non plus, ça n’a pas tellement bien marché. En ce moment même, je vous parle en direct d’une cellule capitonnée et insonorisée, vêtue d’une chemise blanche à très longues manches. Mais ce n’est pas si désagréable. Ils m’ont laissé la su-suce et Père indigne est venu me porter un biberon de gin tonic. J’espère seulement que ma maman viendra me lire une histoire avant le dodo...
Sunday, May 04, 2008
Friday, May 02, 2008
Chronique radio
Juste un petit mot pour vous dire que ma chronique à l'émission Nulle part ailleurs (Radio-Canada, Sudbury) sera en onde demain matin à 8h20. Je la mettrai sur le blogue après l'émission, comme d'hab.
J'aurai aussi la chance de lire ma chronique en direct le 10 mai, puisque je serai au Salon du livre de Sudbury du 9 au 11. Si vous êtes dans le coin, vous passerez me voir!
***
Pour ceux que ça intéresse, j'ai aussi mis des liens dans la colonne de droite vers des G.M. (Gentils Médias) qui parlent de Mère indigne. Sur le lien vers Archambault, il y a même des photos de la robe de Georges, avec, parfois, une fascinante ligne de bobettes en prime.
C'est Jean-Louis qui va être content.
J'aurai aussi la chance de lire ma chronique en direct le 10 mai, puisque je serai au Salon du livre de Sudbury du 9 au 11. Si vous êtes dans le coin, vous passerez me voir!
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Pour ceux que ça intéresse, j'ai aussi mis des liens dans la colonne de droite vers des G.M. (Gentils Médias) qui parlent de Mère indigne. Sur le lien vers Archambault, il y a même des photos de la robe de Georges, avec, parfois, une fascinante ligne de bobettes en prime.
C'est Jean-Louis qui va être content.
Tuesday, April 29, 2008
Coma Chameleon
Hier, Fille Aînée m'a annoncé d'un air pénétré : "Maman, j'ai inventé une chanson. Les paroles... je pense qu'elles sont très belles."
Mère indigne -- Ah oui, qu'est-ce que c'est?
Fille Aînée -- "Sortir du coma..."
Mère indigne -- Mrfff...
Fille Aînée -- "Ne plus voir la vie en noir... Sortir du coma..."
Mère indigne -- Prfff...
Fille Aînée -- "Le coma de la joie."
Mère indigne -- "Le com... mrfff.. coma de la joie". Wow.
Fille Aînée -- Oui, tu sais, j'ai essayé de faire une chanson importante. Pour dire qu'il fallait être heureux.
Mère indigne -- Comme, sortir la joie du coma?
Fille Aînée, dont les certitudes vacillent quelques secondes -- Ouuuui. Mais sortir du coma de la joie, c'est pareil. Hein? C'est pareil?
Mère indigne -- Oui, chérie. Bien sûr. Identique. Et magnifique. Rmflgrrfff.
***
Plus tard, avec Père indigne:
Mère indigne -- Je pense que je n'aurais pas dû downloader les chansons de Marie-Mai pour Fille Aînée. Elle y est allée d'une composition personnelle.
Père indigne -- Qui disait?
Mère indigne -- "Sortir du coma/Quelque chose au sujet d'idées noires/Sortir du coma..."
Père indigne -- Mrfff...
Mère indigne -- LE COMA DE LA JOIE!
Père indigne -- ... Okayyyy. Je lui en compose une autre sur le vomi de la vie, pis on fait Star Académie.
***
Encore plus tard:
Mère indigne -- Si tu veux, avant d'aller te coucher, on peut regarder où en sont les Canadiens à la télé. Oh, oh. Trois-zéro pour Philadelphie.
Fille Aînée, très hockey, copains d'école obligent -- Ahnoncépavraiiiii!
Mère indigne -- Ouaipe, chérie. J'ai l'impression que les Canadiens ont une petite déprime, là. Un petit coup de fatigue. Qu'ils ont besoin d'un peu d'encouragements.
Fille Aînée -- Bonne idée Maman! Go Habs GO! Go Habs GO!
Mère indigne -- Go les Habs! Sortez... du... COMA DE LA JOIE!
Fille Aînée -- ...
Mère indigne -- Mrfff...
Fille Aînée -- Très drôle.
Mère indigne -- Ah oui, qu'est-ce que c'est?
Fille Aînée -- "Sortir du coma..."
Mère indigne -- Mrfff...
Fille Aînée -- "Ne plus voir la vie en noir... Sortir du coma..."
Mère indigne -- Prfff...
Fille Aînée -- "Le coma de la joie."
Mère indigne -- "Le com... mrfff.. coma de la joie". Wow.
Fille Aînée -- Oui, tu sais, j'ai essayé de faire une chanson importante. Pour dire qu'il fallait être heureux.
Mère indigne -- Comme, sortir la joie du coma?
Fille Aînée, dont les certitudes vacillent quelques secondes -- Ouuuui. Mais sortir du coma de la joie, c'est pareil. Hein? C'est pareil?
Mère indigne -- Oui, chérie. Bien sûr. Identique. Et magnifique. Rmflgrrfff.
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Plus tard, avec Père indigne:
Mère indigne -- Je pense que je n'aurais pas dû downloader les chansons de Marie-Mai pour Fille Aînée. Elle y est allée d'une composition personnelle.
Père indigne -- Qui disait?
Mère indigne -- "Sortir du coma/Quelque chose au sujet d'idées noires/Sortir du coma..."
Père indigne -- Mrfff...
Mère indigne -- LE COMA DE LA JOIE!
Père indigne -- ... Okayyyy. Je lui en compose une autre sur le vomi de la vie, pis on fait Star Académie.
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Encore plus tard:
Mère indigne -- Si tu veux, avant d'aller te coucher, on peut regarder où en sont les Canadiens à la télé. Oh, oh. Trois-zéro pour Philadelphie.
Fille Aînée, très hockey, copains d'école obligent -- Ahnoncépavraiiiii!
Mère indigne -- Ouaipe, chérie. J'ai l'impression que les Canadiens ont une petite déprime, là. Un petit coup de fatigue. Qu'ils ont besoin d'un peu d'encouragements.
Fille Aînée -- Bonne idée Maman! Go Habs GO! Go Habs GO!
Mère indigne -- Go les Habs! Sortez... du... COMA DE LA JOIE!
Fille Aînée -- ...
Mère indigne -- Mrfff...
Fille Aînée -- Très drôle.
Friday, April 25, 2008
C't'une fois deux mères: La voie lactée
Après avoir gagné un prix littéraire, je me suis dit que la moindre des choses serait de vous écrire un magnifique billet avec plein de mots réfléchis et d'introspection, de longues descriptions de steppes sauvages, le tout entrelacé de pensées profondes qui contribueraient à vous emporter au-dessus des contingences de la vie, dans les nuages de la poésie. Ça n'a pas marché. Alors à la place, j'ai écouté les ordres d'Éditeur Indigne: "Si tu veux un tome II, la mère, va falloir y mettre plus de sexe". Alors voilà, le texte en bas, c'est sa faute à lui.
(Et comme une lectrice le signale dans les commentaires, ce billet aurait pu s'intituler "Tout ce que vous n'auriez jamais voulu savoir sur l'allaitement". Soyez prévenus...)
***
Future Maman -- Faut que je te dise. J'ai un peu d'appréhension à propos de l'allaitement.
Mère indigne -- Le dilemme classique, allaiter deux jours ou bien deux ans? Dans mon cas, c'est Bébé qui a décidé. À 4 mois, elle a fait une grève de la faim, refusé le mamelon tendrement offert pendant je ne sais plus combien de boires, et ensuite elle a avalé trois fois huit onces de suite dans un biberon. Pire que moi avec le gin tonic.
Future Maman -- Tu as dû te sentir trahie?
Mère indigne -- J'ai pleuré pendant deux jours. Surtout que le lait accumulé, ça vous bétonne une poitrine. J'ai eu l'impression de porter deux gongs dans le soutif pendant une semaine. Mais ensuite, je suis allée au cinéma onze soirs de suite... L'extase.
Future Maman -- T'aurais peut-être pu insister un peu plus pour qu'elle boive au sein?
Mère indigne, songeant au caractère de Bébé -- Insister? Avec Bébé??? Des plans pour me faire transformer en Amazone sans anesthésie. Non merci. Puis honnêtement, point de vue sexuel, c'était aussi préférable. Allaiter, ça dégoûte.
Future Maman -- Ça dégoûte les hommes?
Mère indigne -- Non, non. Ça dégoûte tout court. Tu sais, t'es en pleine action et PAF!, la machine s'emballe. Cléopâtre aimait peut-être le lait en bains, mais en douche, Père indigne a trouvé ça moyen. "Humide, trop humide", comme dirait Nietzsche.
Future Maman -- Seigneur. On a peut-être commis une erreur, là, Futur Papa et moi... Avez-vous trouvé une solution, au moins?
Mère indigne -- Oui, mais ça crée un léger paradoxe. On conserve le soutien-gorge dans l'intimité, et hop! on s'expose devant tout le monde pour allaiter.
Future Maman -- Justement! C'est ça qui me dérange avec l'allaitement. Devoir le faire en public. Tu sais, moi, montrer ma poitrine à tout le monde...
Mère indigne -- Mais ce ne sera plus une poitrine sexuelle, chérie! Sortir un mamelon du soutien-gorge ou sortir un Tupperware du frigo, même combat. D'ailleurs, ça peut même être pratique. Une fois, je n'avais pas de lait pour mon café. Pfuit, pfuit, deux jets, et hop! Cafe con leche, mama style.
Future Maman -- Ah, pouache. Une chance que personne ne t'a vue.
Mère indigne -- J'étais à la cafétéria de l'Université.
Future Maman -- Arrête!
Mère indigne -- Ils ont appelé la sécurité.
Future Maman -- Non!
Mère indigne -- T'inquiète. Je les ai tenus en respect avec mes deux mamelons agressivement pointés vers eux, prêts à l'attaque. Ça t'immobilise un homme, une mitraillette à lait.
Future Maman -- Tu me niaises!
Mère indigne -- Ben oui. Mais sérieusement, je connais quelqu'un qui n'avait vraiment plus de lait pour le café de ses invités. Elle allaitait, alors elle s'en est tiré un petit pot en cachette et elle l'a apporté au centre de la table.
Future Maman -- ...
Mère indigne -- Éthiquement discutable, j'en conviens...
Future Maman -- ...
Mère indigne -- ... mais entre toi et moi, on boit bien du lait de vache...
Future Maman -- ...
Mère indigne -- ... et les invités n'y ont vu que du feu.
Future Maman -- Je pense qu'on va changer de sujet.
Mère indigne -- On fait comme tu veux, ma belle. Mais une fois mère, tu vas voir. Tu vas devenir COMME NOUS AUTRES™.
Future Maman -- (Soupir.) Heille, je voulais te demander. C'est vrai qu'enceinte, on fait parfois des rêves bizarres?
Mère indigne -- Comme rêver que tu portes un extraterrestre au lieu d'un foetus, qui jaillit de ton ventre comme dans Alien?
Future Maman -- Nnnnon. Plus comme rêver de, comment dire, prodiguer certaines faveurs à Nicolas Sarkozy dans la Maison Blanche.
Mère indigne -- Mon Dieu. J'espère que ça n'est pas prémonitoire.
Future Maman -- Ben voyons! J'aurai jamais l'occasion de rencontrer Nicolas Sarkozy.
Mère indigne -- Ça ne veut pas dire que ton bébé ne ressemblera pas à Nicolas Sarkozy.
Future Maman -- Arrête, j'attends une fille.
Mère indigne -- Mes sympathies.
Future Maman -- Sérieusement, j'étais vraiment embêtée. Je me demandais vaguement où était Carla.
Mère indigne -- Elle devait être avec W. Ou bien avec Futur Papa.
Future Maman -- C'est ce qu'il pense lui aussi. Et puis dans mon rêve, je me disais qu'il y avait sûrement plein de caméras cachées dans la Maison Blanche, et puis que nos cabrioles se retrouveraient sur YouTube.
Mère indigne -- Et là? T'as arrêté?
Future Maman -- Ben... non. Je me suis dit que j'écrirais un livre sur mon expérience et que je deviendrais riche.
Mère indigne -- ... Tsé, euh, allaiter en public?
Future Maman -- Oui?
Mère indigne -- Je pense honnêtement que ça ne sera pas un problème pour toi.
Thursday, April 24, 2008
J'aime mon public et mon public m'aime!
Hé oui, ne reculant devant rien pour témoigner de ma gratitude, j'ai bel et bien emprunté cette phrase à notre Poune nationale dans mon petit mot de remerciement hier soir, alors que je recevais le Grand Prix littéraire Archambault.
C'est de tout coeur que je vous dis MERCI pour l'honneur que vous m'avez fait d'aller voter pour moi! Ça fait tout un choc de me retrouver parmi la liste prestigieuse des gagnants des autres années... Mais en même temps, et comme je l'ai aussi mentionné en recevant le Prix, j'ai eu un public avant même d'avoir publié un livre, et le Prix témoigne en quelque sorte de la relation privilégiée qui se developpe dans un blogue entre les lecteurs et la personne qui écrit. Et écrire un blogue, c'est aussi participer à une communauté tissée serrée; les messages de mes confrères et consoeurs blogueurs/blogueuses sur Facebook hier m'ont d'ailleurs fait chaud au coeur (j'allais dire "m'ont beaucoup touchée", mais j'ai tendance à utiliser le mot un peu trop souvent, comme en témoigne cette vidéo...).
Je mentionne également que Mathyas Lefebure, qui a remporté le Prix de la relève littéraire Archambault hier soir pour son roman D'où viens-tu berger?, a également commencé par raconter ses aventures sur un blogue... Peut-être que ça ne veut rien dire mais... peut-être que nous somme en train de conquérir le mooooonnnnnde! :-)
Encore une fois, merci à tous! Et je promets un tome II pour l'an prochain!
C'est de tout coeur que je vous dis MERCI pour l'honneur que vous m'avez fait d'aller voter pour moi! Ça fait tout un choc de me retrouver parmi la liste prestigieuse des gagnants des autres années... Mais en même temps, et comme je l'ai aussi mentionné en recevant le Prix, j'ai eu un public avant même d'avoir publié un livre, et le Prix témoigne en quelque sorte de la relation privilégiée qui se developpe dans un blogue entre les lecteurs et la personne qui écrit. Et écrire un blogue, c'est aussi participer à une communauté tissée serrée; les messages de mes confrères et consoeurs blogueurs/blogueuses sur Facebook hier m'ont d'ailleurs fait chaud au coeur (j'allais dire "m'ont beaucoup touchée", mais j'ai tendance à utiliser le mot un peu trop souvent, comme en témoigne cette vidéo...).
Je mentionne également que Mathyas Lefebure, qui a remporté le Prix de la relève littéraire Archambault hier soir pour son roman D'où viens-tu berger?, a également commencé par raconter ses aventures sur un blogue... Peut-être que ça ne veut rien dire mais... peut-être que nous somme en train de conquérir le mooooonnnnnde! :-)
Encore une fois, merci à tous! Et je promets un tome II pour l'an prochain!
Wednesday, April 23, 2008
Toutes les femmes veulent Georges
Chroniques Blondes parlait de Georges, hier. Or, je suis justement revenue à la maison hier en portant une robe de chez Georges, ma première, parce que parfois, comme dit la pub, "vous le méritez bien". Bon, elle était dans le rayon des soldes, mais ça lui donne une qualité supplémentaire.
Bébé s'est empressée de remarquer la nouvelle sophistication de sa maman. Sa réaction? Toute en stratégie et en finesse:
"Moi l'a fait bobo à la garderie (tâte le tissu) moi l'a tombé tombé tombé de la moto (reluque le décolleté) moi l'a fait bobo au zenou mes collants sont déssirés là (palpe le rebord) moi l'a pleuré pleuré pleuré dans le local moi l'a donné une tape à Heidi (tire les bretelles) pis là Lyne était pas contente moi l'a pleuré pleuré C'EST MA ROBE À MOI TU M'AS PRIS MA ROBE DONNE-MOI MA ROOOOBE!!!"
Georges, même à deux ans et demi, elles vous veulent toutes.
Bébé s'est empressée de remarquer la nouvelle sophistication de sa maman. Sa réaction? Toute en stratégie et en finesse:
"Moi l'a fait bobo à la garderie (tâte le tissu) moi l'a tombé tombé tombé de la moto (reluque le décolleté) moi l'a fait bobo au zenou mes collants sont déssirés là (palpe le rebord) moi l'a pleuré pleuré pleuré dans le local moi l'a donné une tape à Heidi (tire les bretelles) pis là Lyne était pas contente moi l'a pleuré pleuré C'EST MA ROBE À MOI TU M'AS PRIS MA ROBE DONNE-MOI MA ROOOOBE!!!"
Georges, même à deux ans et demi, elles vous veulent toutes.
Friday, April 18, 2008
Tag beauté, coudonc
Bon, me voilà taguée par Nadia. Habituellement, je ne joue pas à la tag, mais là, exactement comme Martine, vu le plaisir que j'ai à lire les réponses de celles qui ont rempli le questionnaire, j'ai décidé de m'y prêter aussi. Alors voici, dévoilés devant vos yeux éblouis, mes secrets beauté hors du commun.
Mon fond de teint : Revlon Age Defying, spf 15. Je n'ai aucune idée des meilleures marques, je l'ai probablement choisi parce qu'il était en spécial et à cause du spf. Et aussi, de puis que j'ai 36 ans, à cause du "age defying" potentiel de la chose. Et du fond de teint, j'en utilise tous les jours (ça y est, c'est dit).
Un mascara : Lash Blast de Cover Girl. Acheté il y a trois mois, jamais utilisé encore (mon ancien avait dix ans, il est mort de vieillesse et avec toutes ses dents puisqu'utilisé seulement trois fois environ). J'imagine que j'en traîne un juste pour me sentir comme une vraie madame... parce que je ne l'utilise jamais.
Une crème de jour : Je mets une crème de jour et de nuit seulement depuis que j'ai eu 36 ans l'automne dernier. Passer de l'autre côté de la trentaine m'avait (attention, un aveu) fait incroyablement suer. Je m'étais dit qu'à partir de maintenant, tout pouvait s'écrouler n'importe quand alors mieux valait commencer le travail de ravalement de façade avant qu'il soit TROP TARD™. Une amie m'a recommandé la crème de jour Dormer. Je ne l'aimais pas au début parce que je trouvais qu'elle avait une petite odeur de régurgit de bébé, mais faut croire que je me suis habituée (en espérant que personne d'autre que moi ne la sent). J'aime bien l'effet hydratant mais pas gras du bidule.
Une marque de produits : Dove. Je me lave le visage avec du Dove, les cheveux avec du Dove, le body avec du Dove. Dove rules.
Ma marque de fétiche de maquillage : Je suis infidèle, la musique m'appelle, et d'abord je ne connais pas les marques. Disons que c'est celle qui est en spécial.
Un produit must : Du t'sous d'bras?
Mon parfum : Le parfum Tommy Girl de Hilfiger. C'est Père indigne qui l'a choisi pour moi et il a eu le pif, je l'aime beaucoup. Malheureusement, avec le temps, je développe une intolérance au parfum (j'ai de gros maux de tête sitôt que quelqu'un porte un parfum de manière trop prononcée -- ça m'a déjà fait changer de place dans l'avion ou au restaurant).
Mon magazine fétiche : Rien sur la mode. N'importe quoi avec des potins de vedettes. Ça a remplacé les Archies dans ma vie, pour l'insignifiance qui détend.
Tu pars sur une île déserte et tu emportes quoi (trois produits max sans protection solaire ni rasoir) : Kéri Lotion et, euh... du gin et du tonic? À part la crème hydratante, je ne vois pas. Peut-être du baume pour les lèvres, marque Personnelle, genre.
La femme que tu admires pour sa beauté : Helen Mirren. Je veux être comme elle quand je serai grande.
La femme dont tu envies le look : Chroniques Blondes. Elle a un vrai décolleté, elle, et elle a des robes d'enfer. (Dans son billet de tag beauté, elle essaie de faire croire qu'elle peut avoir l'air de rien. Mouarf! C'est une bombe.)
Je me damnerais pour : Toi, mon chou.
Que signifie pour toi la féminité : Tout et rien. Faisons donc ce qu'on veut avec.
Un dernier mot : Je ne pourrais pas mieux dire que Nadia à cet égard. En fait, je dirais que depuis que je suis mère (de deux filles en plus), j'ai tendance à être bienveillante envers les jeunes filles extraverties et folichonnes -- que j'aurais trouvées insupportables au début de ma vingtaine... Je pense que je perçois maintenant l'insécurité présente chez la plupart des filles, et ça m'émeut.
Ton adresse blog fashion/beauté préférée : Je ne pense jamais à aller consulter des adresses sur le Web pour ça. Par contre, j'admire (avec une pointe d'ébahissement) Martine qui fait ses crèmes elle-même. (Et Martine, je viens de songer avec honte que la crème de jour que tu m'as donnée l'an dernier est probablement encore au fond de mon sac à couches. Je pensais honnêtement que j'allais m'en servir, mais comme je n'avais pas encore 36 ans, j'ai dû oublier...)
Pas trop trop branchée produits de beauté, la mère, hein? Le pire dans tout ça, c'est que je passerais facilement deux heures à la pharmacie à les examiner un par un. Je ressors toujours avec les trucs de Dove, mais j'adore flâner dans les allées des crèmes, du maquillage et des produits capillaires. Ça doit être parce que je suis Balance.
Bon, avec tout ça, je ne sais pas qui taguer! Les cinq dernières personnes qui m'ont laissé un commentaire, tiens:
Mona
Cathe
Regor (hé hé)
La Suissesse Anonyme
Petite fille
Et puis, tiens, je tague aussi Pierre-Léon, parce qu'il le mérite...
Mon fond de teint : Revlon Age Defying, spf 15. Je n'ai aucune idée des meilleures marques, je l'ai probablement choisi parce qu'il était en spécial et à cause du spf. Et aussi, de puis que j'ai 36 ans, à cause du "age defying" potentiel de la chose. Et du fond de teint, j'en utilise tous les jours (ça y est, c'est dit).
Un mascara : Lash Blast de Cover Girl. Acheté il y a trois mois, jamais utilisé encore (mon ancien avait dix ans, il est mort de vieillesse et avec toutes ses dents puisqu'utilisé seulement trois fois environ). J'imagine que j'en traîne un juste pour me sentir comme une vraie madame... parce que je ne l'utilise jamais.
Une crème de jour : Je mets une crème de jour et de nuit seulement depuis que j'ai eu 36 ans l'automne dernier. Passer de l'autre côté de la trentaine m'avait (attention, un aveu) fait incroyablement suer. Je m'étais dit qu'à partir de maintenant, tout pouvait s'écrouler n'importe quand alors mieux valait commencer le travail de ravalement de façade avant qu'il soit TROP TARD™. Une amie m'a recommandé la crème de jour Dormer. Je ne l'aimais pas au début parce que je trouvais qu'elle avait une petite odeur de régurgit de bébé, mais faut croire que je me suis habituée (en espérant que personne d'autre que moi ne la sent). J'aime bien l'effet hydratant mais pas gras du bidule.
Une marque de produits : Dove. Je me lave le visage avec du Dove, les cheveux avec du Dove, le body avec du Dove. Dove rules.
Ma marque de fétiche de maquillage : Je suis infidèle, la musique m'appelle, et d'abord je ne connais pas les marques. Disons que c'est celle qui est en spécial.
Un produit must : Du t'sous d'bras?
Mon parfum : Le parfum Tommy Girl de Hilfiger. C'est Père indigne qui l'a choisi pour moi et il a eu le pif, je l'aime beaucoup. Malheureusement, avec le temps, je développe une intolérance au parfum (j'ai de gros maux de tête sitôt que quelqu'un porte un parfum de manière trop prononcée -- ça m'a déjà fait changer de place dans l'avion ou au restaurant).
Mon magazine fétiche : Rien sur la mode. N'importe quoi avec des potins de vedettes. Ça a remplacé les Archies dans ma vie, pour l'insignifiance qui détend.
Tu pars sur une île déserte et tu emportes quoi (trois produits max sans protection solaire ni rasoir) : Kéri Lotion et, euh... du gin et du tonic? À part la crème hydratante, je ne vois pas. Peut-être du baume pour les lèvres, marque Personnelle, genre.
La femme que tu admires pour sa beauté : Helen Mirren. Je veux être comme elle quand je serai grande.
La femme dont tu envies le look : Chroniques Blondes. Elle a un vrai décolleté, elle, et elle a des robes d'enfer. (Dans son billet de tag beauté, elle essaie de faire croire qu'elle peut avoir l'air de rien. Mouarf! C'est une bombe.)
Je me damnerais pour : Toi, mon chou.
Que signifie pour toi la féminité : Tout et rien. Faisons donc ce qu'on veut avec.
Un dernier mot : Je ne pourrais pas mieux dire que Nadia à cet égard. En fait, je dirais que depuis que je suis mère (de deux filles en plus), j'ai tendance à être bienveillante envers les jeunes filles extraverties et folichonnes -- que j'aurais trouvées insupportables au début de ma vingtaine... Je pense que je perçois maintenant l'insécurité présente chez la plupart des filles, et ça m'émeut.
Ton adresse blog fashion/beauté préférée : Je ne pense jamais à aller consulter des adresses sur le Web pour ça. Par contre, j'admire (avec une pointe d'ébahissement) Martine qui fait ses crèmes elle-même. (Et Martine, je viens de songer avec honte que la crème de jour que tu m'as donnée l'an dernier est probablement encore au fond de mon sac à couches. Je pensais honnêtement que j'allais m'en servir, mais comme je n'avais pas encore 36 ans, j'ai dû oublier...)
Pas trop trop branchée produits de beauté, la mère, hein? Le pire dans tout ça, c'est que je passerais facilement deux heures à la pharmacie à les examiner un par un. Je ressors toujours avec les trucs de Dove, mais j'adore flâner dans les allées des crèmes, du maquillage et des produits capillaires. Ça doit être parce que je suis Balance.
Bon, avec tout ça, je ne sais pas qui taguer! Les cinq dernières personnes qui m'ont laissé un commentaire, tiens:
Mona
Cathe
Regor (hé hé)
La Suissesse Anonyme
Petite fille
Et puis, tiens, je tague aussi Pierre-Léon, parce qu'il le mérite...
Saturday, April 12, 2008
À névroses, névroses et demies
Billet radiophonique diffusé ce matin à l'émission Nulle part ailleurs (Radio-Canada, Sudbury). Le billet audio sera en ligne sur le site de l'émission plus tard aujourd'hui.
***
Chers enfants,
Moi, je dois vous dire franchement, en tant que parent, je ne crois plus tellement à la santé mentale. Et, soyons honnêtes, en particulier à la vôtre.
Oui, oui, c’est à vous que je m’adresse, les tout-petits. Surtout aux 0-5 ans, et même si je suis sûre que vous allez faire semblant de ne pas me comprendre. Je les connais, vos trucs, bande de petits malins.
Non, sérieusement, vous avez beau être petits, il y a quand même certains de vos comportements qui sèment le doute dans la classe adulte au sujet de votre capacité future à vous intégrer dans notre belle société.
Par exemple, cette manie que vous avez de ne pas vouloir prêter vos jouets. C’est pas beau. Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, on vit dans la grande famille humaine. Il faut de l’harmonie pour que ça fonctionne. Si déjà, à un an et demi, Nicolas ne veut pas prêter ses petites autos à Alexandre, c’est un mauvais début dans la vie et c’est toute l’humanité qui en souffre. Parce que ça crée de la chicane, et nous, les parents, la chicane, on n’aime pas ça. Ça nous fait de la peine de voir vos petits yeux rougis et vos habits déchirés (surtout que les t-shirts de Dora, ça ne pousse pas dans les arbres). Ça nous fait de la peine, et ça nous dérange dans la lecture de notre roman policier. Et ça, c’est très, très grave. Parce qu’ensuite, nous, les adultes, ça nous met de mauvaise humeur et on décide de se chicaner entre nous et si jamais il n’y a pas de beaux Jeux Olympiques cette année, ça va être entièrement votre faute.
En plus, les méchants enfants qui ne prêtent pas leurs jouets, vous savez ce qu’ils deviennent plus tard? Ils deviennent des méchants gérants de banque qui ne veulent pas prêter leurs sous aux parents qui en ont désespérément besoin pour s’acheter une deuxième voiture. Et si on n’a pas de deuxième voiture, qui va en souffrir, hein? C’est vous, mes chers petits. Parce que lorsque vous serez en âge de conduire, si on n’a qu’une seule voiture, on ne va certainement pas vous la prêter.
Pendant qu’on y est, crevons un autre abcès. Les enfants, franchement, c’est quoi cette manie de pleurer pour tout et pour rien? Vous voulez du jus dans le verre rouge, et suffit qu’on vous le donne dans le verre jaune pour que vous nous déchiriez les tympans pendant une demi-heure avec vos cris d’éléphant blessé à mort comme si on avait, sans faire exprès évidemment, mis votre nounours préféré à la poubelle. Et ça n’arrive pas qu’une fois par semaine, oh que non. Plusieurs fois par jour, les cocos. C’est un signe, ça. Un signe que ça ne tourne pas très rond là-dedans...
Oui, je sais, parfois Maman se fâche elle aussi. Et parfois, on dirait qu’elle se fâche pour rien. Par exemple, la fois où j’ai pleuré et mis tout le monde à la porte parce que vous aviez barbouillé mon Sudoku. Mais c’était pas pour rien que je m’étais choquée, j’allais le réussir pour une fois. Et de toute manière, quand Maman se met en colère, elle a toujours une bonne raison. En général, Maman, quand elle se fâche, c’est parce qu’elle est dans son SPM, scientifiquement appelé le « boléro des hormones ». C’est un phénomène prouvé médicalement: Maman est victime de pulsions qui sont hors de son contrôle. Et ça, c’est pas comme vous. Vous, mes chers petits, vous n’avez aucune raison d’être agressifs, parce que médicalement, on a prouvé que les 0-5 ans, ils n’ont pas encore d’hormones. Enfin, c’est ce que j’ai lu dans le dernier numéro du, euh, je sais plus trop... Mais bon, peu importe, de toute manière, vous ne savez pas lire. Et si vous me contredisez encore une fois, je vous préviens, ça va barder.
Finalement, il faut qu’on s’assoie pour discuter de votre dépendance aux friandises. Sérieusement, le goût de la plupart des bonbons... Horrible! C’est chimique à mort, et ça ne goûte même pas ce que c’est censé imiter. Prenez les bonbons en forme de baleines. Non seulement ça ne goûte pas les baleines, mais en plus, il n’y a même pas de vraies baleines dans les ingrédients! Alors que moi, dans le daiquiri aux fraises que je suis en train de me préparer, il y a du vrai jus de fraise bon pour la santé! En tout cas, il y en a un petit peu. Et dans le gin tonic que je vais prendre après, c’est encore mieux! Il n’y a pas de fruits bons pour la santé dans le gin tonic, mais le gin, ça vient d’une plante qu’on appelle le genièvre, et les plantes, mes petits amis, c’est nécessairement plein de vitamines, et ça montre que je suis proche de la nature. C’est pas comme vous avec vos M&M industrialisés.
Décidément, les enfants, quand je vous vois agir parfois, je suis un peu pessimiste pour le futur de notre belle planète. Mais je me dis qu’heureusement, nous sommes là, nous, les adultes, pour essayer de vous rendre meilleurs.
***
Chers enfants,
Moi, je dois vous dire franchement, en tant que parent, je ne crois plus tellement à la santé mentale. Et, soyons honnêtes, en particulier à la vôtre.
Oui, oui, c’est à vous que je m’adresse, les tout-petits. Surtout aux 0-5 ans, et même si je suis sûre que vous allez faire semblant de ne pas me comprendre. Je les connais, vos trucs, bande de petits malins.
Non, sérieusement, vous avez beau être petits, il y a quand même certains de vos comportements qui sèment le doute dans la classe adulte au sujet de votre capacité future à vous intégrer dans notre belle société.
Par exemple, cette manie que vous avez de ne pas vouloir prêter vos jouets. C’est pas beau. Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, on vit dans la grande famille humaine. Il faut de l’harmonie pour que ça fonctionne. Si déjà, à un an et demi, Nicolas ne veut pas prêter ses petites autos à Alexandre, c’est un mauvais début dans la vie et c’est toute l’humanité qui en souffre. Parce que ça crée de la chicane, et nous, les parents, la chicane, on n’aime pas ça. Ça nous fait de la peine de voir vos petits yeux rougis et vos habits déchirés (surtout que les t-shirts de Dora, ça ne pousse pas dans les arbres). Ça nous fait de la peine, et ça nous dérange dans la lecture de notre roman policier. Et ça, c’est très, très grave. Parce qu’ensuite, nous, les adultes, ça nous met de mauvaise humeur et on décide de se chicaner entre nous et si jamais il n’y a pas de beaux Jeux Olympiques cette année, ça va être entièrement votre faute.
En plus, les méchants enfants qui ne prêtent pas leurs jouets, vous savez ce qu’ils deviennent plus tard? Ils deviennent des méchants gérants de banque qui ne veulent pas prêter leurs sous aux parents qui en ont désespérément besoin pour s’acheter une deuxième voiture. Et si on n’a pas de deuxième voiture, qui va en souffrir, hein? C’est vous, mes chers petits. Parce que lorsque vous serez en âge de conduire, si on n’a qu’une seule voiture, on ne va certainement pas vous la prêter.
Pendant qu’on y est, crevons un autre abcès. Les enfants, franchement, c’est quoi cette manie de pleurer pour tout et pour rien? Vous voulez du jus dans le verre rouge, et suffit qu’on vous le donne dans le verre jaune pour que vous nous déchiriez les tympans pendant une demi-heure avec vos cris d’éléphant blessé à mort comme si on avait, sans faire exprès évidemment, mis votre nounours préféré à la poubelle. Et ça n’arrive pas qu’une fois par semaine, oh que non. Plusieurs fois par jour, les cocos. C’est un signe, ça. Un signe que ça ne tourne pas très rond là-dedans...
Oui, je sais, parfois Maman se fâche elle aussi. Et parfois, on dirait qu’elle se fâche pour rien. Par exemple, la fois où j’ai pleuré et mis tout le monde à la porte parce que vous aviez barbouillé mon Sudoku. Mais c’était pas pour rien que je m’étais choquée, j’allais le réussir pour une fois. Et de toute manière, quand Maman se met en colère, elle a toujours une bonne raison. En général, Maman, quand elle se fâche, c’est parce qu’elle est dans son SPM, scientifiquement appelé le « boléro des hormones ». C’est un phénomène prouvé médicalement: Maman est victime de pulsions qui sont hors de son contrôle. Et ça, c’est pas comme vous. Vous, mes chers petits, vous n’avez aucune raison d’être agressifs, parce que médicalement, on a prouvé que les 0-5 ans, ils n’ont pas encore d’hormones. Enfin, c’est ce que j’ai lu dans le dernier numéro du, euh, je sais plus trop... Mais bon, peu importe, de toute manière, vous ne savez pas lire. Et si vous me contredisez encore une fois, je vous préviens, ça va barder.
Finalement, il faut qu’on s’assoie pour discuter de votre dépendance aux friandises. Sérieusement, le goût de la plupart des bonbons... Horrible! C’est chimique à mort, et ça ne goûte même pas ce que c’est censé imiter. Prenez les bonbons en forme de baleines. Non seulement ça ne goûte pas les baleines, mais en plus, il n’y a même pas de vraies baleines dans les ingrédients! Alors que moi, dans le daiquiri aux fraises que je suis en train de me préparer, il y a du vrai jus de fraise bon pour la santé! En tout cas, il y en a un petit peu. Et dans le gin tonic que je vais prendre après, c’est encore mieux! Il n’y a pas de fruits bons pour la santé dans le gin tonic, mais le gin, ça vient d’une plante qu’on appelle le genièvre, et les plantes, mes petits amis, c’est nécessairement plein de vitamines, et ça montre que je suis proche de la nature. C’est pas comme vous avec vos M&M industrialisés.
Décidément, les enfants, quand je vous vois agir parfois, je suis un peu pessimiste pour le futur de notre belle planète. Mais je me dis qu’heureusement, nous sommes là, nous, les adultes, pour essayer de vous rendre meilleurs.
Friday, April 11, 2008
Chronique radiophonique de demain
Ça va s'appeler "À névroses, névroses et demies" et j'ai été l'enregistrer ce matin. J'ignore encore à quelle heure elle sera diffusée, je vous tiendrai au courant -- tiens, j'ai eu le courriel juste là là, ça va être à 8h20. Et vous pourrez ensuite la lire ici-même, et l'entendre là-bas, après l'émission, si l'envie vous prend.
***
Petite pub mais c'est pour votre bien: J'ai été au lancement d'Entendu à Montréal mercredi et j'en ai acheté un exemplaire, alors je peux en toute confiance vous recommander chaudement ce livre issu du blogue du même nom et enfanté (si je puis me permettre) par Frederic Rappaz. J'avoue que j'ai une propension à bien aimer les bouquins qui ont d'abord été publiés sous forme de blogues (je me demande bien pourquoi d'ailleurs ;-)), et celui-là est hilarant. À ne pas lire dans le métro si vous n'aimez pas vous esclaffer tout seul dans votre coin en public, et aussi si vous ne voulez pas passer tout droit à la station Jean-Talon alors que vous deviez changer pour la direction Montmorency pour aller chercher les enfants -- ouais, c'est ce qui m'est arrivé. Bonne lecture!
***
Petite pub mais c'est pour votre bien: J'ai été au lancement d'Entendu à Montréal mercredi et j'en ai acheté un exemplaire, alors je peux en toute confiance vous recommander chaudement ce livre issu du blogue du même nom et enfanté (si je puis me permettre) par Frederic Rappaz. J'avoue que j'ai une propension à bien aimer les bouquins qui ont d'abord été publiés sous forme de blogues (je me demande bien pourquoi d'ailleurs ;-)), et celui-là est hilarant. À ne pas lire dans le métro si vous n'aimez pas vous esclaffer tout seul dans votre coin en public, et aussi si vous ne voulez pas passer tout droit à la station Jean-Talon alors que vous deviez changer pour la direction Montmorency pour aller chercher les enfants -- ouais, c'est ce qui m'est arrivé. Bonne lecture!
Sunday, April 06, 2008
Petites vites du week-end
Bébé, absolument charmante -- Maman, ma touve pas mes suyiers de picesse, ma. Pi-ti aider ma? Si-ti-plaît?
Mère indigne, heureuse de voir son héritière numéro 2 dans de bonnes dispositions -- Tu ne trouves pas tes souliers de princesse? Viens avec moi, on va aller voir dans ta chambre. Hé bien oui! tu vois, ils sont là!
Bébé -- Rhôôôôôôôô! Ma les ai touvés! Ze savais-ze savais-ze savais!
Mère indigne, attendrie -- C'est Maman qui les a trouvés, mais c'est pas grave.
Bébé toise sa mère des pieds à la tête: "Qué tu fais dans ma samb'? C'é MA samb'! Va-t'en, toua! Va-t'en!
Mère indigne -- Bon, ben... Ouais... De toute manière, j'avais autre chose à faire, hein. (Sniff, sniff...)
***
La famille est attablée devant notre souper belge hebdomadaire: moules/frites à gogo.
Fille Aînée -- Oh, regarde Maman! J'écaaaaarte la moule... Ça s'étiiiiiire...
Père indigne -- Hin hin hin.
Fille Aînée -- C'est drôle, je n'ai pas tellement envie de moules, ce soir.
Père indigne -- Ah ben c'est bizarre, parce que moi c'est tout l'inverse.
Mère indigne -- Bon. Je suppose que j'aurai droit à une portion supplémentaire de frites.
***
Fille Aînée -- Tu sais, vendredi à l'école, il est arrivé quelque chose de vraiment bien.
Mère indigne -- Tu as retrouvé toutes tes mitaines perdues? (Ben quoi, on sait jamais.)
Fille Aînée -- Pfff. Ben non. C'est Michael. Il est venu me parler.
Mère indigne -- Et alors?
Fille Aînée -- Ben, j'ai calculé, et ça faisait un an et demi qu'on ne s'était pas parlés!
Mère indigne -- Pour des enfants de huit ans, c'est vrai que c'est un bail.
Fille Aînée -- Tu sais, ce que tu m'avais raconté? Que tu t'étais réconciliée avec un ami à qui tu n'avais pas parlé depuis 10 ans?
Mère indigne -- Douze.
Fille Aînée -- Et que c'était un peu ridicule de ne pas se parler pendant tout ce temps-là, t'sais, un peu niaiseux?
Mère indigne -- Même si c'était entièrement sa faute.
Fille Aînée -- Madame Sophie, elle dit que c'est toujours un peu la faute des deux. Alors ça devait quand même être un peu ta faute.
Mère indigne -- Hmfvrmmroui.
Fille Aînée -- En tout cas, j'étais vraiment contente que Michael me parle. Parce que c'est vrai que c'est niaiseux de ne pas se parler. En plus, je ne me souviens pas vraiment pourquoi on ne se parlait plus, alors...
Mère indigne -- Tu as raison. C'est très bien ce qui vous arrive, très mature. Ça veut dire que vous grandissez.
Fille Aînée -- Oui, j'étais super fière de notre comportement.
Mère indigne -- Et qu'est-ce qu'il t'a dit, Michael?
Fille Aînée -- Je sais pas, j'ai pas bien entendu.
***
Fille Aînée -- Combien de moules je suis obligée de manger, encore?
Père indigne -- Cinq.
Mère indigne -- Quatre.
Fille Aînée -- Je choisis l'opinion de Maman!
Mère indigne -- En tant que chef de famille, mon opinion n'est pas qu'un simple avis, c'est un ordre.
Mère indigne et Fille Aînée s'adonnent alors à un "tope-là" sonore qui semble indisposer Père indigne.
Père indigne -- Et moi, c'est quoi mon rôle, dans cette famille?
Mère indigne -- Serviteur de Bébé.
Fille Aînée -- Un rôle dont l'honneur te reviendra pendant des siècles et des siècles.
Père indigne, qui a tendance à user de références exagérées lorsqu'il est dépité -- On dirait Goebbels.
Mère indigne et Fille Aînée -- Tope-là!! Hin hin hin.
***
Bébé -- Un nazeau! Ma la vu un nazeau dans la finêtre!
Mère indigne -- Oh, oui! Un bel oiseau! Le printemps est arrivé! Qu'est-ce que ça fait, les oiseaux, chérie?
Bébé -- Couilles! Couilles!
Mère indigne -- Je suppose qu'il fallait s'y attendre.
Mère indigne, heureuse de voir son héritière numéro 2 dans de bonnes dispositions -- Tu ne trouves pas tes souliers de princesse? Viens avec moi, on va aller voir dans ta chambre. Hé bien oui! tu vois, ils sont là!
Bébé -- Rhôôôôôôôô! Ma les ai touvés! Ze savais-ze savais-ze savais!
Mère indigne, attendrie -- C'est Maman qui les a trouvés, mais c'est pas grave.
Bébé toise sa mère des pieds à la tête: "Qué tu fais dans ma samb'? C'é MA samb'! Va-t'en, toua! Va-t'en!
Mère indigne -- Bon, ben... Ouais... De toute manière, j'avais autre chose à faire, hein. (Sniff, sniff...)
***
La famille est attablée devant notre souper belge hebdomadaire: moules/frites à gogo.
Fille Aînée -- Oh, regarde Maman! J'écaaaaarte la moule... Ça s'étiiiiiire...
Père indigne -- Hin hin hin.
Fille Aînée -- C'est drôle, je n'ai pas tellement envie de moules, ce soir.
Père indigne -- Ah ben c'est bizarre, parce que moi c'est tout l'inverse.
Mère indigne -- Bon. Je suppose que j'aurai droit à une portion supplémentaire de frites.
***
Fille Aînée -- Tu sais, vendredi à l'école, il est arrivé quelque chose de vraiment bien.
Mère indigne -- Tu as retrouvé toutes tes mitaines perdues? (Ben quoi, on sait jamais.)
Fille Aînée -- Pfff. Ben non. C'est Michael. Il est venu me parler.
Mère indigne -- Et alors?
Fille Aînée -- Ben, j'ai calculé, et ça faisait un an et demi qu'on ne s'était pas parlés!
Mère indigne -- Pour des enfants de huit ans, c'est vrai que c'est un bail.
Fille Aînée -- Tu sais, ce que tu m'avais raconté? Que tu t'étais réconciliée avec un ami à qui tu n'avais pas parlé depuis 10 ans?
Mère indigne -- Douze.
Fille Aînée -- Et que c'était un peu ridicule de ne pas se parler pendant tout ce temps-là, t'sais, un peu niaiseux?
Mère indigne -- Même si c'était entièrement sa faute.
Fille Aînée -- Madame Sophie, elle dit que c'est toujours un peu la faute des deux. Alors ça devait quand même être un peu ta faute.
Mère indigne -- Hmfvrmmroui.
Fille Aînée -- En tout cas, j'étais vraiment contente que Michael me parle. Parce que c'est vrai que c'est niaiseux de ne pas se parler. En plus, je ne me souviens pas vraiment pourquoi on ne se parlait plus, alors...
Mère indigne -- Tu as raison. C'est très bien ce qui vous arrive, très mature. Ça veut dire que vous grandissez.
Fille Aînée -- Oui, j'étais super fière de notre comportement.
Mère indigne -- Et qu'est-ce qu'il t'a dit, Michael?
Fille Aînée -- Je sais pas, j'ai pas bien entendu.
***
Fille Aînée -- Combien de moules je suis obligée de manger, encore?
Père indigne -- Cinq.
Mère indigne -- Quatre.
Fille Aînée -- Je choisis l'opinion de Maman!
Mère indigne -- En tant que chef de famille, mon opinion n'est pas qu'un simple avis, c'est un ordre.
Mère indigne et Fille Aînée s'adonnent alors à un "tope-là" sonore qui semble indisposer Père indigne.
Père indigne -- Et moi, c'est quoi mon rôle, dans cette famille?
Mère indigne -- Serviteur de Bébé.
Fille Aînée -- Un rôle dont l'honneur te reviendra pendant des siècles et des siècles.
Père indigne, qui a tendance à user de références exagérées lorsqu'il est dépité -- On dirait Goebbels.
Mère indigne et Fille Aînée -- Tope-là!! Hin hin hin.
***
Bébé -- Un nazeau! Ma la vu un nazeau dans la finêtre!
Mère indigne -- Oh, oui! Un bel oiseau! Le printemps est arrivé! Qu'est-ce que ça fait, les oiseaux, chérie?
Bébé -- Couilles! Couilles!
Mère indigne -- Je suppose qu'il fallait s'y attendre.
Wednesday, April 02, 2008
Mère indigne et les doigts humains
Bon, bon, bon.
(Je vous le dis pour le futur, mais quand je commence un message avec "Bon, bon, bon", c'est parce que j'ai honte de quelque chose. Mais je vais vous le raconter pareil, hein, faut pas croire. On a des principes, mais seulement là où ça compte. C'est-à-dire, heu... On applique nos principes lorsque... Pouf, pouf... En tout cas, on s'en reparle, j'ai un truc à vous dire.)
Bon, bon, bon.
Ce n'est pas évident pour vous qui lisez fort gentiment ce blogue, mais je suis une personne qui a de l'imagination. Ce n'est pas évident, dis-je bien, puisque tout ce que je raconte ici est toujours ri-gou-reu-se-ment vrai. Mais j'aime bien inventer des choses de temps en temps. Comme des blagues. Quel est le pays préféré des chiens? Le Japon. Celui des voleurs? La Libye. Des bûcherons? La Syrie. Des grenouilles? La Croatie.
Je sais, je sais. Vous n'en revenez pas. Une vraie machine, je suis. Père indigne, en tant que Belge et donc, supposément "drôle", en est vert de jalousie.
Et en plus, c'est pas tout! J'invente des chansons, aussi. Enfin, je prends des airs connus et là, je remplace les paroles. Des trucs sophistiqués, bon chic bon genre. Rien de scatologique ou qui parle des parties privées, hé, ho.
Bon, bon, bon, j'avoue, ça m'arrive peut-être une fois de temps en temps. Rarem-- bon, d'accord, souvent. Et parfois même, ô horreur, devant mes enfants.
Mais ce n'est pas ma faute. C'est la faute à Fille Aînée. Qu'est-ce que je pourrais faire d'autre? Elle croit encore au Père Noël, la pauvre. Alors je me dis qu'il est de mon devoir de mère de l'éveiller à d'autres réalités. Pour qu'elle puisse apporter une contribution positive à son groupe d'amis et que sa croyance abjecte et irrationnelle dans le Père Noël ne soit pas un trop gros handicap dans sa vie sociale.
Et par "d'autres réalités", j'entends les chansons inventées. De préférence stupides. Et à léger contenu scatologique; juste ce qu'il faut pour ravir les enfants du primaire et leurs mamans. Enfin, au moins une maman. Moi.
C'est pas très joli, je sais, mais c'est pour son bien.
Mère indigne, hier, dans la voiture -- Hin hin hin.
Fille Aînée -- Pourquoi tu ris, Maman?
Mère indigne -- Hum. Je... Je ne peux pas te le dire.
Fille Aînée -- ...
(En fait, à 8 ans et demi, Fille Aînée sait déjà que sa mère est absolument incapable de retenir une blague, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Surtout, soyons honnêtes, lorsqu'elle est mauvaise.)
Mère indigne -- C'est parce que j'ai inventé des nouvelles paroles pour "La mère Michel", mais je ne peux pas te les dire, ce n'est pas un sujet pour les enfants.
Fille Aînée -- ...
Mère indigne -- Non, sérieusement. Je ne peux pas.
Fille Aînée -- ...
Mère indigne -- Je... c'est pas...
Fille Aînée -- ...
Mère indigne -- Ou alors, tu promets de ne pas dire à Papa que ça vient de moi.
(Père indigne, il ne devinerait jamais, hein. Complètement mystifié, le mec. Hum.)
Fille Aînée -- C'est promis! C'est promis! C'est quoi les paroles?
Mère indigne (ravie de pouvoir chanter tout haut ce qu'elle pense tout bas) -- C'est la mère Michel qui a perdu son doigt / Qui crie par la fenêtre à qui le lui rendra / C'est le père Lustucru / Qui lui a répondu / Allez la mère Michel, votre doigt est dans votre ...
Fille Aînée, triomphalement -- NEZ!
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais j'ai l'impression qu'on s'enligne pour être pris avec le Père Noël encore un bon bout de temps.
(Je vous le dis pour le futur, mais quand je commence un message avec "Bon, bon, bon", c'est parce que j'ai honte de quelque chose. Mais je vais vous le raconter pareil, hein, faut pas croire. On a des principes, mais seulement là où ça compte. C'est-à-dire, heu... On applique nos principes lorsque... Pouf, pouf... En tout cas, on s'en reparle, j'ai un truc à vous dire.)
Bon, bon, bon.
Ce n'est pas évident pour vous qui lisez fort gentiment ce blogue, mais je suis une personne qui a de l'imagination. Ce n'est pas évident, dis-je bien, puisque tout ce que je raconte ici est toujours ri-gou-reu-se-ment vrai. Mais j'aime bien inventer des choses de temps en temps. Comme des blagues. Quel est le pays préféré des chiens? Le Japon. Celui des voleurs? La Libye. Des bûcherons? La Syrie. Des grenouilles? La Croatie.
Je sais, je sais. Vous n'en revenez pas. Une vraie machine, je suis. Père indigne, en tant que Belge et donc, supposément "drôle", en est vert de jalousie.
Et en plus, c'est pas tout! J'invente des chansons, aussi. Enfin, je prends des airs connus et là, je remplace les paroles. Des trucs sophistiqués, bon chic bon genre. Rien de scatologique ou qui parle des parties privées, hé, ho.
Bon, bon, bon, j'avoue, ça m'arrive peut-être une fois de temps en temps. Rarem-- bon, d'accord, souvent. Et parfois même, ô horreur, devant mes enfants.
Mais ce n'est pas ma faute. C'est la faute à Fille Aînée. Qu'est-ce que je pourrais faire d'autre? Elle croit encore au Père Noël, la pauvre. Alors je me dis qu'il est de mon devoir de mère de l'éveiller à d'autres réalités. Pour qu'elle puisse apporter une contribution positive à son groupe d'amis et que sa croyance abjecte et irrationnelle dans le Père Noël ne soit pas un trop gros handicap dans sa vie sociale.
Et par "d'autres réalités", j'entends les chansons inventées. De préférence stupides. Et à léger contenu scatologique; juste ce qu'il faut pour ravir les enfants du primaire et leurs mamans. Enfin, au moins une maman. Moi.
C'est pas très joli, je sais, mais c'est pour son bien.
Mère indigne, hier, dans la voiture -- Hin hin hin.
Fille Aînée -- Pourquoi tu ris, Maman?
Mère indigne -- Hum. Je... Je ne peux pas te le dire.
Fille Aînée -- ...
(En fait, à 8 ans et demi, Fille Aînée sait déjà que sa mère est absolument incapable de retenir une blague, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Surtout, soyons honnêtes, lorsqu'elle est mauvaise.)
Mère indigne -- C'est parce que j'ai inventé des nouvelles paroles pour "La mère Michel", mais je ne peux pas te les dire, ce n'est pas un sujet pour les enfants.
Fille Aînée -- ...
Mère indigne -- Non, sérieusement. Je ne peux pas.
Fille Aînée -- ...
Mère indigne -- Je... c'est pas...
Fille Aînée -- ...
Mère indigne -- Ou alors, tu promets de ne pas dire à Papa que ça vient de moi.
(Père indigne, il ne devinerait jamais, hein. Complètement mystifié, le mec. Hum.)
Fille Aînée -- C'est promis! C'est promis! C'est quoi les paroles?
Mère indigne (ravie de pouvoir chanter tout haut ce qu'elle pense tout bas) -- C'est la mère Michel qui a perdu son doigt / Qui crie par la fenêtre à qui le lui rendra / C'est le père Lustucru / Qui lui a répondu / Allez la mère Michel, votre doigt est dans votre ...
Fille Aînée, triomphalement -- NEZ!
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais j'ai l'impression qu'on s'enligne pour être pris avec le Père Noël encore un bon bout de temps.
Saturday, March 29, 2008
Reproduction, mensonges et mousse au chocolat
Billet radiophonique lu ce matin à l'émission Nulle part ailleurs (Radio-Canada, Sudbury). Le billet audio sera en ligne sur le site de l'émission plus tard aujourd'hui.
Et aussi, si vous n'avez pas encore voté pour votre livre favori (je parle du mien ;-)) dans le cadre du grand prix littéraire Archambault, il ne reste que quelques jours pour le faire!
***
Moi, je dois vous dire franchement, en tant que parent, je ne crois plus tellement à l’honnêteté.
Bon, c’est connu, on se laisse tous aller parfois à quelques mensonges qui facilitent la vie en société : vous savez, quand on dit des choses comme « oui, moi ça va très, très bien! » ou « le chien a mangé mon rapport urgent », ou bien « chéri, j’espère que c’était aussi bon pour toi que pour moi »... Avouons-le, nous chérissons le petit mensonge innocent, si utile pour huiler les rouages d’une vie déjà tellement compliquée.
Mais devenir parent, c’est se découvrir un instinct féroce pour le mensonge. Pire que tout ce que vous pouviez imaginer. Se transformer en véritables machines à tromperies, voilà le destin qui nous attend.
Déjà, être enceinte est un merveilleux moment pour commencer une nouvelle vie de mystification. Un souper interminable chez de vagues collègues de travail, et vous voilà portant une faible main à vos sourcils froncés : « Je ne sais pas si c’est la grossesse, mais je suis terriblement fatiguée. Cette soirée est absolument magique, mais je crois qu’il vaut mieux rentrer à la maison. Nous pouvons amener notre portion de mousse au chocolat avec nous, si vous insistez... » Vous voilà donc dans votre lit à neuf heures et demie. Crevée de fatigue, vous plongez immédiatement dans un sommeil lourd, n’est-ce pas? Pas du tout! En réalité, vous êtes en pleine forme et vous profitez de votre liberté retrouvée pour écouter en rafale des épisodes de Lost jusqu’à une heure du matin. La mousse au chocolat est divine, et le plat dans lequel vos hôtes vous l’ont gentiment offerte est tout à fait charmant. Vous prétexterez l’avoir brisé afin de ne jamais avoir à le rendre. Crédules comme vous les connaissez, ils ne se douteront de rien.
Voyez comme déjà la maternité instille en vous des instincts bas et manipulateurs! Et, mes chers amis, ce n’est qu’un début.
Lorsque vous avez accouché, vous continuez votre vie de mensonge. « Quel beau bébé! », s’exclament les gens autour de vous. « C’est un vrai petit paquet d’amour, hein, un bébé? Tu dois être tellement heureuse! » Le petit paquet d’amour, il ne dort que trois heures par nuit, vous ravage les mamelons avec sa soif incessante et vous entretient le post-partum à coup de coliques aiguës pendant deux heures chaque soir, mais vous répondez avec un sourire extasié que oui, votre nouvelle vie est merveilleuse. Fantastique. Un vrai rêve rose. Puis, vous prétextez (encore un mensonge) une envie pressante et vous vous précipitez aux toilettes pour enfoncer sauvagement des aiguilles dans votre poupée vaudou de secours, en maudissant ces jovialistes qui ne feront même pas la vaisselle avant de partir.
Votre bébé grandit, et ensuite, la garderie constitue une mine inépuisable d’occasions pour pratiquer votre nouveau sport favori. Lorsqu’une éducatrice cernée vous demande si Bébé, par hasard, aurait commencé ces derniers temps à faire des caprices pour tout et pour rien, vous répondez, les yeux clairs et la voix pure, que « Non, c’est étrange, Bébé n’a pas récemment adopté un tel comportement à la maison ». En fait, ce que vous taisez farouchement, c’est que Bébé, depuis qu’elle a fait la transition utérus-atmosphère, vous empoisonne constamment la vie avec ses demandes toutes plus extravagantes les unes que les autres. Par exemple, oui, vous laissez Bébé s’enfoncer des asperges dans les oreilles pour jouer à Jojo le lapin vert parce que vous en avez tout simplement marre de vous battre. Enfin bref, elles ne datent pas d’hier, ces fantaisies grotesques, et strictement parlant, c’est donc une demi-vérité que vous avez dite à l’éducatrice. Mais derrière toute grande demi-vérité se cache un énorme demi-mensonge duquel, avouez-le, vous ne pouvez plus vous passer.
Rappelez-vous votre dernière visite au centre dentaire. Deux nouvelles caries chez Junior? Comment diable est-ce possible? « Vous lui passez la soie dentaire tous les soirs, n’est-ce pas? », vous demande le dentiste. La soie dentaire! Mais oui, vous la lui passez! Enfin, vous la lui avez déjà passée... Une fois. Vous avez encore les marques de morsures sur vos doigts pour en témoigner. Maintenant, vous la lui passez sous le nez, en espérant qu’il comprenne un jour comment s’en servir. « Lui offrez-vous des sucreries? », poursuit le bon docteur. « Des sucreries? » Vous battez convulsivement des paupières le temps de vous donner une contenance. « Euh, des sucreries? Non, je ne vois pas... Des fruits, parfois des cacahouètes... » Des cacahouètes enrobées de chocolat, oui! Et parfois, en guise de fruits, ces petits bonbons en forme de framboises que vous adoriez petite, que vous adorez toujours, et qui causeront encore certainement des tas d’ennuis dans votre secteur buccal et celui de vos héritiers.
Certains nullipares outragés par ces fourberies se demanderont à ce stade si nous osons aussi mentir à nos enfants. Mais tout le temps, voyons! Je ne voudrais pas révéler toute l’étendue de notre hypocrisie parentale à la radio, pendant les heures d’écoute familiales; j’aurais trop peur des poursuites. Je préfère carrément changer de sujet. Tiens, le Père Noël, il est passé chez vous cette année? Et le lapin de Pâques? Et la fée des dents? Oui, n’est-ce pas? Ils sont tellement fiables, les bougres, s’ils n’existaient pas, faudrait les inventer.
Bon, je m’amuse follement avec vous, cette matinée est absolument magique, mais voyez-vous, y’a la petite qui a mangé le chien qui avait mangé mon rapport urgent et... euh... je dois absolument y aller. J’espère que c’était aussi bon pour vous que pour moi...
Et aussi, si vous n'avez pas encore voté pour votre livre favori (je parle du mien ;-)) dans le cadre du grand prix littéraire Archambault, il ne reste que quelques jours pour le faire!
***
Moi, je dois vous dire franchement, en tant que parent, je ne crois plus tellement à l’honnêteté.
Bon, c’est connu, on se laisse tous aller parfois à quelques mensonges qui facilitent la vie en société : vous savez, quand on dit des choses comme « oui, moi ça va très, très bien! » ou « le chien a mangé mon rapport urgent », ou bien « chéri, j’espère que c’était aussi bon pour toi que pour moi »... Avouons-le, nous chérissons le petit mensonge innocent, si utile pour huiler les rouages d’une vie déjà tellement compliquée.
Mais devenir parent, c’est se découvrir un instinct féroce pour le mensonge. Pire que tout ce que vous pouviez imaginer. Se transformer en véritables machines à tromperies, voilà le destin qui nous attend.
Déjà, être enceinte est un merveilleux moment pour commencer une nouvelle vie de mystification. Un souper interminable chez de vagues collègues de travail, et vous voilà portant une faible main à vos sourcils froncés : « Je ne sais pas si c’est la grossesse, mais je suis terriblement fatiguée. Cette soirée est absolument magique, mais je crois qu’il vaut mieux rentrer à la maison. Nous pouvons amener notre portion de mousse au chocolat avec nous, si vous insistez... » Vous voilà donc dans votre lit à neuf heures et demie. Crevée de fatigue, vous plongez immédiatement dans un sommeil lourd, n’est-ce pas? Pas du tout! En réalité, vous êtes en pleine forme et vous profitez de votre liberté retrouvée pour écouter en rafale des épisodes de Lost jusqu’à une heure du matin. La mousse au chocolat est divine, et le plat dans lequel vos hôtes vous l’ont gentiment offerte est tout à fait charmant. Vous prétexterez l’avoir brisé afin de ne jamais avoir à le rendre. Crédules comme vous les connaissez, ils ne se douteront de rien.
Voyez comme déjà la maternité instille en vous des instincts bas et manipulateurs! Et, mes chers amis, ce n’est qu’un début.
Lorsque vous avez accouché, vous continuez votre vie de mensonge. « Quel beau bébé! », s’exclament les gens autour de vous. « C’est un vrai petit paquet d’amour, hein, un bébé? Tu dois être tellement heureuse! » Le petit paquet d’amour, il ne dort que trois heures par nuit, vous ravage les mamelons avec sa soif incessante et vous entretient le post-partum à coup de coliques aiguës pendant deux heures chaque soir, mais vous répondez avec un sourire extasié que oui, votre nouvelle vie est merveilleuse. Fantastique. Un vrai rêve rose. Puis, vous prétextez (encore un mensonge) une envie pressante et vous vous précipitez aux toilettes pour enfoncer sauvagement des aiguilles dans votre poupée vaudou de secours, en maudissant ces jovialistes qui ne feront même pas la vaisselle avant de partir.
Votre bébé grandit, et ensuite, la garderie constitue une mine inépuisable d’occasions pour pratiquer votre nouveau sport favori. Lorsqu’une éducatrice cernée vous demande si Bébé, par hasard, aurait commencé ces derniers temps à faire des caprices pour tout et pour rien, vous répondez, les yeux clairs et la voix pure, que « Non, c’est étrange, Bébé n’a pas récemment adopté un tel comportement à la maison ». En fait, ce que vous taisez farouchement, c’est que Bébé, depuis qu’elle a fait la transition utérus-atmosphère, vous empoisonne constamment la vie avec ses demandes toutes plus extravagantes les unes que les autres. Par exemple, oui, vous laissez Bébé s’enfoncer des asperges dans les oreilles pour jouer à Jojo le lapin vert parce que vous en avez tout simplement marre de vous battre. Enfin bref, elles ne datent pas d’hier, ces fantaisies grotesques, et strictement parlant, c’est donc une demi-vérité que vous avez dite à l’éducatrice. Mais derrière toute grande demi-vérité se cache un énorme demi-mensonge duquel, avouez-le, vous ne pouvez plus vous passer.
Rappelez-vous votre dernière visite au centre dentaire. Deux nouvelles caries chez Junior? Comment diable est-ce possible? « Vous lui passez la soie dentaire tous les soirs, n’est-ce pas? », vous demande le dentiste. La soie dentaire! Mais oui, vous la lui passez! Enfin, vous la lui avez déjà passée... Une fois. Vous avez encore les marques de morsures sur vos doigts pour en témoigner. Maintenant, vous la lui passez sous le nez, en espérant qu’il comprenne un jour comment s’en servir. « Lui offrez-vous des sucreries? », poursuit le bon docteur. « Des sucreries? » Vous battez convulsivement des paupières le temps de vous donner une contenance. « Euh, des sucreries? Non, je ne vois pas... Des fruits, parfois des cacahouètes... » Des cacahouètes enrobées de chocolat, oui! Et parfois, en guise de fruits, ces petits bonbons en forme de framboises que vous adoriez petite, que vous adorez toujours, et qui causeront encore certainement des tas d’ennuis dans votre secteur buccal et celui de vos héritiers.
Certains nullipares outragés par ces fourberies se demanderont à ce stade si nous osons aussi mentir à nos enfants. Mais tout le temps, voyons! Je ne voudrais pas révéler toute l’étendue de notre hypocrisie parentale à la radio, pendant les heures d’écoute familiales; j’aurais trop peur des poursuites. Je préfère carrément changer de sujet. Tiens, le Père Noël, il est passé chez vous cette année? Et le lapin de Pâques? Et la fée des dents? Oui, n’est-ce pas? Ils sont tellement fiables, les bougres, s’ils n’existaient pas, faudrait les inventer.
Bon, je m’amuse follement avec vous, cette matinée est absolument magique, mais voyez-vous, y’a la petite qui a mangé le chien qui avait mangé mon rapport urgent et... euh... je dois absolument y aller. J’espère que c’était aussi bon pour vous que pour moi...
Friday, March 28, 2008
Billet de demain
Le billet radiophonique de demain sera présenté à 8h20 à l'émission Nulle part ailleurs. J'y parle d'honnêteté... enfin, plutôt de l'absence de celle-ci, et du fait que tous les parents deviennent de fieffés menteurs...
Le billet écrit sera disponible sur le site après l'émission.
Bon week-end!
Le billet écrit sera disponible sur le site après l'émission.
Bon week-end!
Saturday, March 15, 2008
À la recherche de l'élégance perdue
Billet radiophonique lu ce matin à l'émission Nulle part ailleurs (Radio-Canada, Sudbury). Le billet audio sera en ligne sur le site de l'émission plus tard aujourd'hui.
***
Moi, je dois vous dire franchement, en tant que parent, je ne crois plus tellement à l’élégance.
Songez aux deux gestes cruciaux qui définissent les êtres humains depuis des millénaires : s’habiller, se déshabiller. Il arrive qu’on essaie de le faire avec élégance, une tâche parfois ardue, mais somme toute agréable. Cependant, quand on a des enfants, on se rend compte que se vêtir et se dévêtir avec élégance peut devenir un combat contre les forces d’un mal sournois, j’ai nommé : le mal habillé.
Sans enfants, ah, sans enfants... Je songe à ma vingtaine, et je revois cette jeune femme butinant dans sa garde-robe, examinant chaque morceau d’un oeil critique mais avec le coeur plein d’espoir, sortant d’un ensemble coordonné pour mieux entrer dans un autre, se changeant entre 10 et 150 fois afin d’être la plus belle pour aller danser...
Aujourd’hui, si je me change entre 10 et 150 fois, c’est parce qu’un bébé a régurgité sur mon chandail ou est venu se moucher dans ma jupe. Encore et encore. Et si je danse, c’est avant de sortir, et pour éviter les doigts pleins de confiture d’une fillette qui se découvre des envies de câlins post-tartine.
Sans enfants, ah, sans enfants! On collectionne des sous-vêtements sexy qui nous donnent l’air et les ailes d’un oiseau des Caraïbes. La beauté intérieure? On s’en moque. On n’a pas besoin de se sentir belle à l’intérieur, on rayonne suffisamment dans notre micro soutien-gorge en dentelle rose qui arriverait à peine à soutenir notre abondante poitrine si celle-ci ne se soutenait pas déjà fièrement toute seule. Et dans notre string léopard, on a certes peur des courants d’air, mais on est prête à toute éventualité.
Après les enfants, hof, après les enfants... Notre beauté intérieure, mesdames, c’est tout ce qu’il nous reste. Nos sous-vêtements sexy? Nos enfants s'amusent avec. Quoi de mieux qu’un soutien-gorge en dentelle rose pour simuler le bonnet de nuit de poupée Cendrillon? De toute manière, après l’allaitement, on a pratiquement besoin d’un corset en acier galvanisé pour redonner un peu de oumph! à ces deux inconnus qui se sont lâchement rapprochés du centre de gravité terrestre sans nous demander notre avis. Quant à notre string léopard, ne dirait-on pas qu’il a été créé exprès pour remplacer les courroies défectueuses de la poussette de Barbie?
Sans les enfants... (soupir). Sans les enfants, notre amoureux nous trouve à croquer dans notre nouvelle robe à fleurs et nos escarpins chics. Paradoxalement, cette admiration provoque en lui l’envie de nous dévêtir sauvagement afin de nous interpréter la « Flûte enchantée » version 18 ans et plus. Ce à quoi nous acquiesçons, n’est-ce pas, mesdames? Tout ce qu’on risque, c’est que notre jolie robe à fleurs soit un peu froissée, mais ce sera amplement compensé par le rose délicieux qui nous montera aux joues.
Les enfants, bien, les enfants... Eux aussi, ils nous trouvent belle. Surtout les petites filles. Et les petites filles aussi veulent nous déshabiller. Pour nous piquer nos trucs! Pour parader dans la cuisine en faisant clic-clac, clic-clac avec nos escarpins que nous retrouverons plus tard remplis de confiture. Pour tournoyer dans notre belle robe à fleurs, si jolie, tout en profitant de l’occasion pour se moucher le trop-plein dans la manche.
Je sais de source sûre que certaines parmi nous ont eu l’audace de se rebeller. Que certaines mères, dont j’admire le courage, ont refusé de céder leurs habits de bal à leurs fillettes revendicatrices. Mais alors là, les petites, elles se mettent à pleurer, et Maman les prend dans ses bras, et elles finissent quand même par se moucher dans sa manche, les vauriennes.
Je pourrais continuer comme ça indéfiniment. Sans enfants, on se remonte les cheveux dans un chignon négligé qui dénudera notre gracieux cou de gazelle. Avec les enfants, on s’attache les cheveux n’importe comment, soit pour ne pas se les faire arracher, soit pour ne pas laisser deviner qu’on n’a pas eu le temps de se coiffer pendant les 4 dernières années. Autant se le dire entre nous, ça ne fonctionne pas du tout : on a quand même toujours l’air de s’être pris la perruque dans le ventilateur.
Quant au parfum, vous avez autrefois utilisé ce précieux liquide afin que ses effluves enivrants attirent auprès de vous le meilleur géniteur possible pour la reproduction de l’espèce. Votre manoeuvre ayant porté ses fruits, vous voilà maintenant réduite à vous en asperger afin de camoufler la petite odeur de lait caillé qui semble dorénavant vous suivre partout. Et là non plus, ça ne fonctionne pas.
Finalement, être mère, c’est comme vivre la vie de Cendrillon, mais au complet . Ils vécurent heureux, ils eurent beaucoup d’enfants, et Cendrillon se retrouva à faire le ménage en haillons comme dans le bon vieux temps. Allons, soyons modernes : le Prince aussi.
Ceci dit, nous serions bêtes de concéder la victoire sans nous battre. C’est pourquoi je m’apprête illico à aller me dénicher une jolie petite robe fleurie que je jure de porter l’été prochain pour aller danser, quitte à l’enfiler en cachette, sur le siège arrière de la voiture.
Pourvu qu’il n’y traîne pas une vieille tartine.
***
Moi, je dois vous dire franchement, en tant que parent, je ne crois plus tellement à l’élégance.
Songez aux deux gestes cruciaux qui définissent les êtres humains depuis des millénaires : s’habiller, se déshabiller. Il arrive qu’on essaie de le faire avec élégance, une tâche parfois ardue, mais somme toute agréable. Cependant, quand on a des enfants, on se rend compte que se vêtir et se dévêtir avec élégance peut devenir un combat contre les forces d’un mal sournois, j’ai nommé : le mal habillé.
Sans enfants, ah, sans enfants... Je songe à ma vingtaine, et je revois cette jeune femme butinant dans sa garde-robe, examinant chaque morceau d’un oeil critique mais avec le coeur plein d’espoir, sortant d’un ensemble coordonné pour mieux entrer dans un autre, se changeant entre 10 et 150 fois afin d’être la plus belle pour aller danser...
Aujourd’hui, si je me change entre 10 et 150 fois, c’est parce qu’un bébé a régurgité sur mon chandail ou est venu se moucher dans ma jupe. Encore et encore. Et si je danse, c’est avant de sortir, et pour éviter les doigts pleins de confiture d’une fillette qui se découvre des envies de câlins post-tartine.
Sans enfants, ah, sans enfants! On collectionne des sous-vêtements sexy qui nous donnent l’air et les ailes d’un oiseau des Caraïbes. La beauté intérieure? On s’en moque. On n’a pas besoin de se sentir belle à l’intérieur, on rayonne suffisamment dans notre micro soutien-gorge en dentelle rose qui arriverait à peine à soutenir notre abondante poitrine si celle-ci ne se soutenait pas déjà fièrement toute seule. Et dans notre string léopard, on a certes peur des courants d’air, mais on est prête à toute éventualité.
Après les enfants, hof, après les enfants... Notre beauté intérieure, mesdames, c’est tout ce qu’il nous reste. Nos sous-vêtements sexy? Nos enfants s'amusent avec. Quoi de mieux qu’un soutien-gorge en dentelle rose pour simuler le bonnet de nuit de poupée Cendrillon? De toute manière, après l’allaitement, on a pratiquement besoin d’un corset en acier galvanisé pour redonner un peu de oumph! à ces deux inconnus qui se sont lâchement rapprochés du centre de gravité terrestre sans nous demander notre avis. Quant à notre string léopard, ne dirait-on pas qu’il a été créé exprès pour remplacer les courroies défectueuses de la poussette de Barbie?
Sans les enfants... (soupir). Sans les enfants, notre amoureux nous trouve à croquer dans notre nouvelle robe à fleurs et nos escarpins chics. Paradoxalement, cette admiration provoque en lui l’envie de nous dévêtir sauvagement afin de nous interpréter la « Flûte enchantée » version 18 ans et plus. Ce à quoi nous acquiesçons, n’est-ce pas, mesdames? Tout ce qu’on risque, c’est que notre jolie robe à fleurs soit un peu froissée, mais ce sera amplement compensé par le rose délicieux qui nous montera aux joues.
Les enfants, bien, les enfants... Eux aussi, ils nous trouvent belle. Surtout les petites filles. Et les petites filles aussi veulent nous déshabiller. Pour nous piquer nos trucs! Pour parader dans la cuisine en faisant clic-clac, clic-clac avec nos escarpins que nous retrouverons plus tard remplis de confiture. Pour tournoyer dans notre belle robe à fleurs, si jolie, tout en profitant de l’occasion pour se moucher le trop-plein dans la manche.
Je sais de source sûre que certaines parmi nous ont eu l’audace de se rebeller. Que certaines mères, dont j’admire le courage, ont refusé de céder leurs habits de bal à leurs fillettes revendicatrices. Mais alors là, les petites, elles se mettent à pleurer, et Maman les prend dans ses bras, et elles finissent quand même par se moucher dans sa manche, les vauriennes.
Je pourrais continuer comme ça indéfiniment. Sans enfants, on se remonte les cheveux dans un chignon négligé qui dénudera notre gracieux cou de gazelle. Avec les enfants, on s’attache les cheveux n’importe comment, soit pour ne pas se les faire arracher, soit pour ne pas laisser deviner qu’on n’a pas eu le temps de se coiffer pendant les 4 dernières années. Autant se le dire entre nous, ça ne fonctionne pas du tout : on a quand même toujours l’air de s’être pris la perruque dans le ventilateur.
Quant au parfum, vous avez autrefois utilisé ce précieux liquide afin que ses effluves enivrants attirent auprès de vous le meilleur géniteur possible pour la reproduction de l’espèce. Votre manoeuvre ayant porté ses fruits, vous voilà maintenant réduite à vous en asperger afin de camoufler la petite odeur de lait caillé qui semble dorénavant vous suivre partout. Et là non plus, ça ne fonctionne pas.
Finalement, être mère, c’est comme vivre la vie de Cendrillon, mais au complet . Ils vécurent heureux, ils eurent beaucoup d’enfants, et Cendrillon se retrouva à faire le ménage en haillons comme dans le bon vieux temps. Allons, soyons modernes : le Prince aussi.
Ceci dit, nous serions bêtes de concéder la victoire sans nous battre. C’est pourquoi je m’apprête illico à aller me dénicher une jolie petite robe fleurie que je jure de porter l’été prochain pour aller danser, quitte à l’enfiler en cachette, sur le siège arrière de la voiture.
Pourvu qu’il n’y traîne pas une vieille tartine.
Friday, March 14, 2008
Lu dans La Presse de ce matin
Dans le budget, il paraît que "la ministre offre une hausse du crédit d'impôt pour frais de garde. Les parents de 93 000 enfants bénéficieront de la mesure."
Vous faites comme vous voulez, mais moi, j'arrête quand même à deux.
***
Ceci dit, demain matin, vers 9h15, ma chronique radiophonique d'Humeurs indignes traitera d'élégance. Avec un grand "Euh". Le technicien (23 ans, toutes ses dents, 0 enfant) m'a confié à la fin que "ça n'était pas très encourageant". M'enfin, vous déciderez pour vous-mêmes...
Je publierai le texte demain en fin de journée. La chronique elle-même sera disponible sur le site de Radio-Canada après l'émission.
Vous faites comme vous voulez, mais moi, j'arrête quand même à deux.
***
Ceci dit, demain matin, vers 9h15, ma chronique radiophonique d'Humeurs indignes traitera d'élégance. Avec un grand "Euh". Le technicien (23 ans, toutes ses dents, 0 enfant) m'a confié à la fin que "ça n'était pas très encourageant". M'enfin, vous déciderez pour vous-mêmes...
Je publierai le texte demain en fin de journée. La chronique elle-même sera disponible sur le site de Radio-Canada après l'émission.
Thursday, March 06, 2008
Non, ce pays n'est pas pour la self-estime
Bébé me tend une petite coccinelle bleue en caoutchouc qu'elle a volée dans un jeu appartenant à sa grande soeur. (Bon, je dis "volée", mais j'ai tort, puisque pour Bébé, l'Univers et toutes ses créatures lui appartiennent de droit.)
-- Tins, Maman.
-- Oh, une coccinelle!
-- NON! (Crétine!) C'é PAS une cossinelle! C'é un bôôôôbô.
-- Ah! Un bonbon. Bien sûr. Un beau bonbon bleu. C'est pour moi?
-- Ui.
Je porte la cocci-- pardon, le bonbon, à cinq centimètres de ma bouche et roule des yeux en signe de fervente délectation.
-- Mmm! Que c'est bon! Crounch, crou--
-- NAOOOOOOON! (Imbécile!) Faut san-semblant!
-- Heu, oui, évidemment, faut faire semblant. C'est ce que je...
-- Faut SAN-SEMBLANT! (Bordel!) Cô ça!
Bébé m'arrache des mains l'objet du litige et, me regardant de l'air de dire "observe et tire des leçons, espèce de tarée", se met à faire "crounch crounch" en tenant la coccinelle (pardon, le bonbon, je n'apprendrai jamais) à un bon 30 centimètres de sa bouche. Voilà, Maman, comment on san-semblant.
Non mais.
Ensuite, Bébé replace délicatement le "bonbon" sur la table et me jette un regard d'avertissement.
-- Toupa.
-- Touche pas? D'accord, Maman n'y touchera pas.
Sauf que, tout de suite après, Bébé me regarde de l'air d'un revendeur de Xanax qui rencontrerait Carla Bruni six mois après son mariage. Suave. Assuré de faire une vente.
-- Oh! Gad', Maman! Un bôbô pou touâââ!
Un bonbon? Pour moi??
-- Oh, un bonbon pour moi! Merci Chérie! Je vais bien faire san-semblant, regarde!
Je m'empare de la coccin--
-- NOOOOOON!!! TOUPA, Z'AI DIT!!! TOUPAAAAA!
Bon sang! Je... Je viens de me faire avoir comme une débutante!
Retour de la coccinelle sur la table. Et retour de l'air suave chez l'héritière fourbe. Qui me murmure d'une voix invitante:
-- Rhôôôô... Gad' Maman... Un beau bôbô pou TOUA!
La tentation est énorme. La pression, étouffante. Mais trop d'intérêts sont en jeu. Ne. Pas. Flancher. Sous le regard vigilant de Bébé, je reste par-fai-te-ment immobile. Deux, trois... cinq longues secondes.
Et, sur les jolies lèvres roses de Bébé, naît ce qui ne peut être qualifié que de rictus de satisfaction.
Elle n'a pas dit "Excellent, Fido, nous finirons par faire quelque chose de toi. Et maintenant, cou-couche panier". Non. La vraie femelle alpha n'a point besoin d'enfoncer le clou.
Mais, devant vous, je fais cette promesse solennelle: lorsque, un jour, Bébé me traînera dans les concours d'obéissance canine, j'irai pas la chercher, la ba-balle.
Non mais.
-- Tins, Maman.
-- Oh, une coccinelle!
-- NON! (Crétine!) C'é PAS une cossinelle! C'é un bôôôôbô.
-- Ah! Un bonbon. Bien sûr. Un beau bonbon bleu. C'est pour moi?
-- Ui.
Je porte la cocci-- pardon, le bonbon, à cinq centimètres de ma bouche et roule des yeux en signe de fervente délectation.
-- Mmm! Que c'est bon! Crounch, crou--
-- NAOOOOOOON! (Imbécile!) Faut san-semblant!
-- Heu, oui, évidemment, faut faire semblant. C'est ce que je...
-- Faut SAN-SEMBLANT! (Bordel!) Cô ça!
Bébé m'arrache des mains l'objet du litige et, me regardant de l'air de dire "observe et tire des leçons, espèce de tarée", se met à faire "crounch crounch" en tenant la coccinelle (pardon, le bonbon, je n'apprendrai jamais) à un bon 30 centimètres de sa bouche. Voilà, Maman, comment on san-semblant.
Non mais.
Ensuite, Bébé replace délicatement le "bonbon" sur la table et me jette un regard d'avertissement.
-- Toupa.
-- Touche pas? D'accord, Maman n'y touchera pas.
Sauf que, tout de suite après, Bébé me regarde de l'air d'un revendeur de Xanax qui rencontrerait Carla Bruni six mois après son mariage. Suave. Assuré de faire une vente.
-- Oh! Gad', Maman! Un bôbô pou touâââ!
Un bonbon? Pour moi??
-- Oh, un bonbon pour moi! Merci Chérie! Je vais bien faire san-semblant, regarde!
Je m'empare de la coccin--
-- NOOOOOON!!! TOUPA, Z'AI DIT!!! TOUPAAAAA!
Bon sang! Je... Je viens de me faire avoir comme une débutante!
Retour de la coccinelle sur la table. Et retour de l'air suave chez l'héritière fourbe. Qui me murmure d'une voix invitante:
-- Rhôôôô... Gad' Maman... Un beau bôbô pou TOUA!
La tentation est énorme. La pression, étouffante. Mais trop d'intérêts sont en jeu. Ne. Pas. Flancher. Sous le regard vigilant de Bébé, je reste par-fai-te-ment immobile. Deux, trois... cinq longues secondes.
Et, sur les jolies lèvres roses de Bébé, naît ce qui ne peut être qualifié que de rictus de satisfaction.
Elle n'a pas dit "Excellent, Fido, nous finirons par faire quelque chose de toi. Et maintenant, cou-couche panier". Non. La vraie femelle alpha n'a point besoin d'enfoncer le clou.
Mais, devant vous, je fais cette promesse solennelle: lorsque, un jour, Bébé me traînera dans les concours d'obéissance canine, j'irai pas la chercher, la ba-balle.
Non mais.
Sunday, March 02, 2008
Pour en finir avec le bricolage
Second billet radiophonique lu à l'émission Nulle part ailleurs (Radio-Canada, Sudbury).
***
Moi, je dois vous dire franchement, en tant que parent, je ne crois plus tellement à l’art.
C’est pas que je ne trouve pas de mérite aux toiles de Picasso ou de Monet. C’est juste que je ne peux pas voir une de leurs toiles sans penser à ce qu’ils ont dû faire endurer à leurs parents quand ils étaient petits, côté bricolage.
Parce que moi, je déteste le bricolage.
En fait, non, je ne déteste pas le bricolage. Ce que je ne peux pas supporter, c’est qu’on fasse faire du bricolage aux enfants pour les mauvaises raisons. Est-ce que quelqu’un parmi vous croit réellement que jouer avec de la colle, du papier journal chiffonné et des boules de ouate aide à développer chez les enfants leur sens artistique? Mettons quelque chose au clair : des rouleaux de papier de toilette et des boîtes d’oeufs vide, ça n’est pas artistique.
C’est laid.
Si votre enfant vous demande s’il peut faire du bricolage avec le contenu du bac à recyclage, dites NON! Parce que non seulement rien ne ressemble plus à un rouleau de papier de toilette vide qu’un bricolage fait en rouleau de papier de toilette vide, mais en plus, comme les fameux rouleaux de papier de toilette auront, dans la tête de votre artiste en herbe, accédé au statut d’ART, ça sera ensuite impossible pour vous de remettre le bricolage à l’endroit qui lui convient, c’est-à-dire dans le bac à recyclage. Vous devrez laisser traîner, pardon, trôner ces oeuvres dans les rayons de votre bibliothèque et vos amis riront de votre bordel dans votre dos pendant des années.
Mais, me répliqueront certains idéalistes qui ne se sont pas encore reproduits, peut-être que le bricolage sert à développer la dextérité des tout-petits? Peut-être que découper du carton ou jouer avec de la pâte à modeler prépare en fait nos enfants à gagner leur vie en faisant de vrais métiers, comme chirurgien ou réparateur de nids de poule?
Je vais vous dire une chose, messieurs-dames qui n’y connaissez rien aux enfants, au bricolage et à leurs périls combinés : ce genre d’activité développe certes l’habileté manuelle, mais pas celle des enfants, non. Celle des parents. Et quand on est un parent qui se démène pour terminer le souper, se faire demander : « Maman, qu’est-ce que ça veut dire « Colle les cercles l'un au-dessus de l'autre en faisant coïncider les pliures »? », ça... comment dire... ça nous fait vraiment rêver à un monde sans papier de construction.
Mettons les choses au clair : quand vous voulez faire un cadeau à votre nièce de 7 ans et que c’est écrit sur la boîte : « Magnifique chat 3D à assembler, 153 morceaux, 8 ans et plus, assistance parentale peut être requise », vous n’achetez pas. Vous. N’achetez. Pas. Bien sûr, votre nièce deviendrait votre amie pour la vie. Mais vous brûleriez aussi tous les ponts entre vous et ses parents, c’est-à-dire les personnes qui comptent vraiment. Car ce sont nous, et pas les enfants, qui avons le pouvoir de vous inviter à souper ou de vous prêter de l’argent.
La grande différence entre nous et les enfants, c’est que les enfants, ils veulent avoir leur chat 3D mais ils ne sont pas capables de le faire. Nous, les parents, on est capable de faire coïncider les pliures, mais on n’en a rien à cirer du chat 3D. On a d’ailleurs remarqué son air vaguement hébété d’animal dont les parties intimes ont été éparpillées dans une boîte et portent maintenant les numéros 12, 34 et 126. Et on n’en veut pas sur les tablettes de notre bibliothèque.
Oubliez le sens artistique et la dextérité. La seule et unique bonne raison pour mettre un pinceau dans la main d’un enfant, c’est que ça nous libère un quinze minutes pour finir notre roman policier ou nous servir un apéro.
Et comprendre ça, c’est s’ouvrir à une toute nouvelle manière d’aborder le bricolage. Puisque le vrai objectif est désormais de gagner du temps, on ne se casse plus la tête à trouver des endroits propices à faire sécher les peintures hideuses de Junior. On les empile plutôt les unes par-dessus les autres, encore humides des envolées van goghiennes de notre progéniture, afin qu’elles sèchent en petits tas pratiques, jetables à la poubelle en une seule étape facile. (Enfin, en deux étapes : car il faut en plus enterrer les dessins sous les pelures de pommes de terre, pour ne pas que Junior tombe dessus en jetant sa gomme et nous fasse sa crise de l’artiste incompris.)
De même, lorsque, avec sa gouache ultra-lavable, Bébé peinture sur la table plutôt que sur la feuille, on n’intervient pas. Tant qu’on a la paix pendant quinze minutes, on laisse faire la nature. Idem si Bébé décide de se tatouer le corps avec ses crayons feutre non toxique. Il s’amuse, alors profitons-en pour chiper quelques barres Mars dans le fond de son sac d’Halloween. Veillons tout de même à ce que notre enfant ne se colore pas le dedans des yeux avec son marqueur de teinte asperge. Voir son bébé pleurer vert pendant dix minutes, c’est tout de même un peu culpabilisant, et ça nous empêche de profiter pleinement de sa dernière mini KitKat.
Certains m’accuseront de n’avoir aucune limite, allant jusqu’à dire que je n’interviendrais pas si Junior mangeait ses crayons, pourvu que je puisse terminer mon Sudoku tranquille. Alors là, je dis non. Si Junior grignote le matériel, il faut en racheter, et ça coûte quand même cher, ces cochonneries.
Enfin, tout ça pour dire que je n’ai absolument rien contre Monet et Picasso. À la limite, je serais même prête à accrocher une ou deux de leurs toiles chez moi, pourquoi pas? Mais qu’on ne vienne pas reprocher à maman Picasso d’avoir jeté les bricolages de son fils quand il était petit. Si elle les avait gardés, les amis de Monsieur et Madame Picasso auraient ri de leur bordel dans leur dos pendant des années. Et Picasso aurait peut-être pensé que c’était joli, des mobiles faits en rouleaux de papier de toilette, et à cause de cette sale manie, il n’aurait jamais connu le succès.
Sur ce, vous m’excuserez, mais y’a la petite qui s’apprête à se faire une teinture capillaire bleue avec sa peinture à doigts... le moment idéal pour moi d’aller me bricoler un petit gin tonic.
***
Moi, je dois vous dire franchement, en tant que parent, je ne crois plus tellement à l’art.
C’est pas que je ne trouve pas de mérite aux toiles de Picasso ou de Monet. C’est juste que je ne peux pas voir une de leurs toiles sans penser à ce qu’ils ont dû faire endurer à leurs parents quand ils étaient petits, côté bricolage.
Parce que moi, je déteste le bricolage.
En fait, non, je ne déteste pas le bricolage. Ce que je ne peux pas supporter, c’est qu’on fasse faire du bricolage aux enfants pour les mauvaises raisons. Est-ce que quelqu’un parmi vous croit réellement que jouer avec de la colle, du papier journal chiffonné et des boules de ouate aide à développer chez les enfants leur sens artistique? Mettons quelque chose au clair : des rouleaux de papier de toilette et des boîtes d’oeufs vide, ça n’est pas artistique.
C’est laid.
Si votre enfant vous demande s’il peut faire du bricolage avec le contenu du bac à recyclage, dites NON! Parce que non seulement rien ne ressemble plus à un rouleau de papier de toilette vide qu’un bricolage fait en rouleau de papier de toilette vide, mais en plus, comme les fameux rouleaux de papier de toilette auront, dans la tête de votre artiste en herbe, accédé au statut d’ART, ça sera ensuite impossible pour vous de remettre le bricolage à l’endroit qui lui convient, c’est-à-dire dans le bac à recyclage. Vous devrez laisser traîner, pardon, trôner ces oeuvres dans les rayons de votre bibliothèque et vos amis riront de votre bordel dans votre dos pendant des années.
Mais, me répliqueront certains idéalistes qui ne se sont pas encore reproduits, peut-être que le bricolage sert à développer la dextérité des tout-petits? Peut-être que découper du carton ou jouer avec de la pâte à modeler prépare en fait nos enfants à gagner leur vie en faisant de vrais métiers, comme chirurgien ou réparateur de nids de poule?
Je vais vous dire une chose, messieurs-dames qui n’y connaissez rien aux enfants, au bricolage et à leurs périls combinés : ce genre d’activité développe certes l’habileté manuelle, mais pas celle des enfants, non. Celle des parents. Et quand on est un parent qui se démène pour terminer le souper, se faire demander : « Maman, qu’est-ce que ça veut dire « Colle les cercles l'un au-dessus de l'autre en faisant coïncider les pliures »? », ça... comment dire... ça nous fait vraiment rêver à un monde sans papier de construction.
Mettons les choses au clair : quand vous voulez faire un cadeau à votre nièce de 7 ans et que c’est écrit sur la boîte : « Magnifique chat 3D à assembler, 153 morceaux, 8 ans et plus, assistance parentale peut être requise », vous n’achetez pas. Vous. N’achetez. Pas. Bien sûr, votre nièce deviendrait votre amie pour la vie. Mais vous brûleriez aussi tous les ponts entre vous et ses parents, c’est-à-dire les personnes qui comptent vraiment. Car ce sont nous, et pas les enfants, qui avons le pouvoir de vous inviter à souper ou de vous prêter de l’argent.
La grande différence entre nous et les enfants, c’est que les enfants, ils veulent avoir leur chat 3D mais ils ne sont pas capables de le faire. Nous, les parents, on est capable de faire coïncider les pliures, mais on n’en a rien à cirer du chat 3D. On a d’ailleurs remarqué son air vaguement hébété d’animal dont les parties intimes ont été éparpillées dans une boîte et portent maintenant les numéros 12, 34 et 126. Et on n’en veut pas sur les tablettes de notre bibliothèque.
Oubliez le sens artistique et la dextérité. La seule et unique bonne raison pour mettre un pinceau dans la main d’un enfant, c’est que ça nous libère un quinze minutes pour finir notre roman policier ou nous servir un apéro.
Et comprendre ça, c’est s’ouvrir à une toute nouvelle manière d’aborder le bricolage. Puisque le vrai objectif est désormais de gagner du temps, on ne se casse plus la tête à trouver des endroits propices à faire sécher les peintures hideuses de Junior. On les empile plutôt les unes par-dessus les autres, encore humides des envolées van goghiennes de notre progéniture, afin qu’elles sèchent en petits tas pratiques, jetables à la poubelle en une seule étape facile. (Enfin, en deux étapes : car il faut en plus enterrer les dessins sous les pelures de pommes de terre, pour ne pas que Junior tombe dessus en jetant sa gomme et nous fasse sa crise de l’artiste incompris.)
De même, lorsque, avec sa gouache ultra-lavable, Bébé peinture sur la table plutôt que sur la feuille, on n’intervient pas. Tant qu’on a la paix pendant quinze minutes, on laisse faire la nature. Idem si Bébé décide de se tatouer le corps avec ses crayons feutre non toxique. Il s’amuse, alors profitons-en pour chiper quelques barres Mars dans le fond de son sac d’Halloween. Veillons tout de même à ce que notre enfant ne se colore pas le dedans des yeux avec son marqueur de teinte asperge. Voir son bébé pleurer vert pendant dix minutes, c’est tout de même un peu culpabilisant, et ça nous empêche de profiter pleinement de sa dernière mini KitKat.
Certains m’accuseront de n’avoir aucune limite, allant jusqu’à dire que je n’interviendrais pas si Junior mangeait ses crayons, pourvu que je puisse terminer mon Sudoku tranquille. Alors là, je dis non. Si Junior grignote le matériel, il faut en racheter, et ça coûte quand même cher, ces cochonneries.
Enfin, tout ça pour dire que je n’ai absolument rien contre Monet et Picasso. À la limite, je serais même prête à accrocher une ou deux de leurs toiles chez moi, pourquoi pas? Mais qu’on ne vienne pas reprocher à maman Picasso d’avoir jeté les bricolages de son fils quand il était petit. Si elle les avait gardés, les amis de Monsieur et Madame Picasso auraient ri de leur bordel dans leur dos pendant des années. Et Picasso aurait peut-être pensé que c’était joli, des mobiles faits en rouleaux de papier de toilette, et à cause de cette sale manie, il n’aurait jamais connu le succès.
Sur ce, vous m’excuserez, mais y’a la petite qui s’apprête à se faire une teinture capillaire bleue avec sa peinture à doigts... le moment idéal pour moi d’aller me bricoler un petit gin tonic.
Thursday, February 28, 2008
Ma semaine de relâche
Houlà, grosse semaine, les amis.
Pas vraiment côté enfants, non, c'est pour ça que je suis restée plutôt discrète -- bon, Bébé m'a bien demandé de lui donner un bisou sur les crottes de nez, et a aussi essayé de (et réussi à) me coller sa suce dans la bouche en me hurlant "CAME-TOI MAMAN, CAME-TOI! DODO!", mais ça n'est rien pour fouetter un chat, ni même un masochiste qui le réclamerait le plus gentiment du monde. Non, cette semaine, nous avons plutôt concilié travail et travail, et boulot, et famille aussi un peu (faut quand même rentrer se coucher à un moment donné), et relâché sur le blogue en versant des larmes de sang.
Mais! J'ai quand même quelques petites choses pour vous. Tout d'abord, cette savoureuse photo de la page d'une entrevue que j'ai donnée au journal "24 heures" et qui a été publiée mardi dernier. Remarquez la publicité qui se trouve sous l'article; ça m'a fait chaud... au coeur.

Ensuite, j'ai aussi travaillé avec acharnement sur ma chronique radiophonique de cette semaine, qui s'intitule: "Pour en finir avec le bricolage". J'ai frappé fort sur les rouleaux de papier de toilette, je peux vous le dire. Pas de pitié pour les cartons d'oeufs non plus. La chronique sera diffusée samedi prochain à 8h50 à l'émission Nulle part ailleurs (Radio-Canada, Sudbury) et (merci à l'équipe!) vous pourrez aussi l'écouter en tout temps en allant sur le site de l'émission. Bon, c'est plutôt vous qui dites merci à l'équipe, parce que moi, le truc de l'enregistrement, ça ne me fait pas particulièrement chaud au coeur -- je ne peux pas vous dire à quel point la première expérience d'écoute a été traumatisante, je préfère presque qu'on me hurle de me CAMER directement dans le tympan -- mais c'est la vie, c'est sur le site, allez-y m'entendre mais ne m'en parlez pas. ;-)
Le texte lui-même sera en ligne sur le blogue lundi prochain.
Sur ce, on garde la su-suce solidement en bouche et on se souhaite bonne chance pour la semaine de relâche qui s'en vient. (Chroniques Blondes, elle, est déjà en plein dedans, et je pense qu'elle accepte les encouragements.)
***
P.S. Pour le bisou, j'ai dit non.
Pas vraiment côté enfants, non, c'est pour ça que je suis restée plutôt discrète -- bon, Bébé m'a bien demandé de lui donner un bisou sur les crottes de nez, et a aussi essayé de (et réussi à) me coller sa suce dans la bouche en me hurlant "CAME-TOI MAMAN, CAME-TOI! DODO!", mais ça n'est rien pour fouetter un chat, ni même un masochiste qui le réclamerait le plus gentiment du monde. Non, cette semaine, nous avons plutôt concilié travail et travail, et boulot, et famille aussi un peu (faut quand même rentrer se coucher à un moment donné), et relâché sur le blogue en versant des larmes de sang.
Mais! J'ai quand même quelques petites choses pour vous. Tout d'abord, cette savoureuse photo de la page d'une entrevue que j'ai donnée au journal "24 heures" et qui a été publiée mardi dernier. Remarquez la publicité qui se trouve sous l'article; ça m'a fait chaud... au coeur.

Ensuite, j'ai aussi travaillé avec acharnement sur ma chronique radiophonique de cette semaine, qui s'intitule: "Pour en finir avec le bricolage". J'ai frappé fort sur les rouleaux de papier de toilette, je peux vous le dire. Pas de pitié pour les cartons d'oeufs non plus. La chronique sera diffusée samedi prochain à 8h50 à l'émission Nulle part ailleurs (Radio-Canada, Sudbury) et (merci à l'équipe!) vous pourrez aussi l'écouter en tout temps en allant sur le site de l'émission. Bon, c'est plutôt vous qui dites merci à l'équipe, parce que moi, le truc de l'enregistrement, ça ne me fait pas particulièrement chaud au coeur -- je ne peux pas vous dire à quel point la première expérience d'écoute a été traumatisante, je préfère presque qu'on me hurle de me CAMER directement dans le tympan -- mais c'est la vie, c'est sur le site, allez-y m'entendre mais ne m'en parlez pas. ;-)
Le texte lui-même sera en ligne sur le blogue lundi prochain.
Sur ce, on garde la su-suce solidement en bouche et on se souhaite bonne chance pour la semaine de relâche qui s'en vient. (Chroniques Blondes, elle, est déjà en plein dedans, et je pense qu'elle accepte les encouragements.)
***
P.S. Pour le bisou, j'ai dit non.
Monday, February 18, 2008
La déprime hivernale
Voici le texte de mon premier billet radiophonique d'Humeurs indignes, présenté samedi dernier lors de l'émission Nulle part ailleurs (Radio-Canada, Sudbury). Là-bas, leur festival d'hiver battait son plein.
***
Moi, je dois vous dire franchement, en tant que parent, je ne crois plus tellement à la science.
Non, mais c’est vrai : prenez la déprime hivernale.
Les scientifiques, ils disent que la déprime hivernale est due au fait que le soleil se couche tôt. Balivernes! Je vais vous dire une chose que tous les parents savent : la déprime hivernale, c’est entièrement dû aux vêtements. Je parle de ceux dans lesquels on doit, de peine et de misère, insérer nos enfants avant de pouvoir les lancer dehors.
Et la déprime hivernale chez les gens qui ont la chance, euh, je veux dire, le malheur de ne pas avoir d’enfants, elle est évidemment due à leur écoeurement de nous entendre nous plaindre sans arrêt de cette abominable situation.
En plus de se tromper sur l’origine de la déprime hivernale, la science refuse de se pencher sur une multitude de questions pratiques importantes : Pourquoi met-on systématiquement les deux jambes de notre bambin dans la même patte d’habit de neige, et ce, jour après jour et malgré nos efforts de concentration répétés? Pourquoi enfoncer un petit pied dans la seconde botte fait-il automatiquement tomber la première botte du premier pied?
Sans parler des mitaines. Les fabricants de vêtements ont compris que les parents n’avaient aucune chance de pouvoir correctement mettre le pouce des enfants de moins de six mois dans un pouce de mitaine, et ont ainsi mis sur le marché des mitaines sans pouce. Fort bien. Pour ma part, je suis d’avis que ce bannissement du pouce de la mitaine devrait être généralisé. Après tout, pas besoin de pouce pour s’amuser à nos jeux d’hiver traditionnels, comme se faire une commotion cérébrale en glissant sur une plaque de glace, ou encore jouer à cache-cache avec la souffleuse. Ôtons le fardeau du pouce dans la mitaine des épaules des parents débordés, et nous aurons fait un grand bout de chemin vers un hiver sans anti-dépresseurs.
Ah, et puis il paraît que les élections fédérales s’en viennent. Exigeons que soit présente sur la plate-forme électorale de tous les partis un projet de loi visant à interdire aux enfants d’avoir envie de pipi alors qu’on vient tout juste de finir de les habiller pour jouer dehors. Un « J’ai enviiie » susurré d’un ton geignard devrait être puni, au minimum, par une amende de 3$ prélevée de la tirelire du pipi-maniaque; cette somme servira à financer les deux Tylénols extra-forts nécessaires pour guérir le mal de tête qu’il vient de provoquer chez ses parents. Quant au terrible « j’ai fait pipi dans ma culotte » (et, par conséquent, dans mes pantalons de neige, et dans mes bottes), il devrait entraîner une détention provisoire à la maison, le temps que le tout passe à la lessive et que papa et maman oublient l’affront en sirotant tranquillement un gin-tonic.
Parfois, cependant, lorsqu’on a réussi, de peine et de misère, à les vêtir convenablement, on ne peut pas se contenter de catapulter les enfants dehors en leur souhaitant une bonne lutte pour la survie. Dans le cas des festivals d’hiver, par exemple, il faut les accompagner.
L’horreur.
Bon, c’est chouette pour les vendeurs de nourriture, les festivals d’hiver. Ils n’ont pas vraiment besoin de faire cuire les frites et les pogos qui se retrouvent de toute manière congelés à leur arrivée à la table de pique-nique. Tout comme vos doigts, d’ailleurs, qui seront encore engourdis trois jours plus tard. Et que dire des enveloppes de ketchup dont on peut sucer le contenu tout comme on le ferait avec un popsicle. Une expérience gastronomique inoubliable.
Parlant d’expérience gastronomique, le festival se poursuit et vous remarquez que votre bambin, en guise de dessert, lèche gaiement des glaçons décrochés des pare-chocs des voitures, et dont les ingrédients se retrouvent probablement sur la liste de certaines armes chimiques prohibées dans la plupart des pays du globe. Qu’à cela ne tienne, vous neutraliserez ces effets néfastes en lui offrant la classique tire d’érable.
C’est alors que vous vous apercevez que, dans l’euphorie d’avoir réussi à habiller tout le monde pour venir à la fête, vous avez oublié de passer à la banque. Après avoir payé au prix fort vos pogos congelés, il ne vous reste que 75 sous. Prix de la tire : 1 dollar. Vous négociez farouchement avec le vendeur, vous suppliez, vous gesticulez en pointant du doigt Junior qui, s’il n’a pas sa traditionnelle tire d’étable de festival, en paiera les frais chez son psychiatre pendant des années.
Et dans votre for intérieur, vous savez que s’il n’a pas sa tire, la détresse de Junior sera telle qu’il fera aussi pipi dans sa culotte. Et dans son pantalon de neige. Et dans ses bottes. Il fait -14˚, -27˚ avec le facteur vent. Vous êtes à deux kilomètres de la voiture, à 30 kilomètres de la maison. Ce que ce vendeur sans cœur vous réserve, c’est le cauchemar absolu.
Mais le vendeur, pas mauvais bougre (ou peut-être a-t-il vu la lueur sauvage de folie dans votre regard), vous offre finalement la tire gratuitement.
Et Junior, de soulagement, fait pipi dans sa culotte, son pantalon de neige, et ses bottes.
Vous prenez Junior dans vos bras et retournez vers la voiture, ne sachant trop comment vous réussirez à vous en séparer pour le mettre dans son siège, vu la tire qu’il étend consciencieusement sur vos manteaux et chevelures respectives. Vous voilà devenus jumeaux siamois fleurant bon le sucre et le fond de culotte.
C’est le cauchemar absolu.
Alors, quand les scientifiques disent que la déprime hivernale, c’est dû au soleil qui se couche trop tôt, moi, je proteste. Parce qu’au contraire, nous, les parents, épuisés par les exigences de l’hiver, nous sommes ravis que le soleil se couche pour pouvoir enfin coucher les enfants et nous étendre nous-mêmes, semi-comateux, entre des draps accueillants.
Évidemment, à cause de la maudite tire, les petits ne s’endormiront pas avant minuit, mais ça, c’est une autre histoire.
***
Moi, je dois vous dire franchement, en tant que parent, je ne crois plus tellement à la science.
Non, mais c’est vrai : prenez la déprime hivernale.
Les scientifiques, ils disent que la déprime hivernale est due au fait que le soleil se couche tôt. Balivernes! Je vais vous dire une chose que tous les parents savent : la déprime hivernale, c’est entièrement dû aux vêtements. Je parle de ceux dans lesquels on doit, de peine et de misère, insérer nos enfants avant de pouvoir les lancer dehors.
Et la déprime hivernale chez les gens qui ont la chance, euh, je veux dire, le malheur de ne pas avoir d’enfants, elle est évidemment due à leur écoeurement de nous entendre nous plaindre sans arrêt de cette abominable situation.
En plus de se tromper sur l’origine de la déprime hivernale, la science refuse de se pencher sur une multitude de questions pratiques importantes : Pourquoi met-on systématiquement les deux jambes de notre bambin dans la même patte d’habit de neige, et ce, jour après jour et malgré nos efforts de concentration répétés? Pourquoi enfoncer un petit pied dans la seconde botte fait-il automatiquement tomber la première botte du premier pied?
Sans parler des mitaines. Les fabricants de vêtements ont compris que les parents n’avaient aucune chance de pouvoir correctement mettre le pouce des enfants de moins de six mois dans un pouce de mitaine, et ont ainsi mis sur le marché des mitaines sans pouce. Fort bien. Pour ma part, je suis d’avis que ce bannissement du pouce de la mitaine devrait être généralisé. Après tout, pas besoin de pouce pour s’amuser à nos jeux d’hiver traditionnels, comme se faire une commotion cérébrale en glissant sur une plaque de glace, ou encore jouer à cache-cache avec la souffleuse. Ôtons le fardeau du pouce dans la mitaine des épaules des parents débordés, et nous aurons fait un grand bout de chemin vers un hiver sans anti-dépresseurs.
Ah, et puis il paraît que les élections fédérales s’en viennent. Exigeons que soit présente sur la plate-forme électorale de tous les partis un projet de loi visant à interdire aux enfants d’avoir envie de pipi alors qu’on vient tout juste de finir de les habiller pour jouer dehors. Un « J’ai enviiie » susurré d’un ton geignard devrait être puni, au minimum, par une amende de 3$ prélevée de la tirelire du pipi-maniaque; cette somme servira à financer les deux Tylénols extra-forts nécessaires pour guérir le mal de tête qu’il vient de provoquer chez ses parents. Quant au terrible « j’ai fait pipi dans ma culotte » (et, par conséquent, dans mes pantalons de neige, et dans mes bottes), il devrait entraîner une détention provisoire à la maison, le temps que le tout passe à la lessive et que papa et maman oublient l’affront en sirotant tranquillement un gin-tonic.
Parfois, cependant, lorsqu’on a réussi, de peine et de misère, à les vêtir convenablement, on ne peut pas se contenter de catapulter les enfants dehors en leur souhaitant une bonne lutte pour la survie. Dans le cas des festivals d’hiver, par exemple, il faut les accompagner.
L’horreur.
Bon, c’est chouette pour les vendeurs de nourriture, les festivals d’hiver. Ils n’ont pas vraiment besoin de faire cuire les frites et les pogos qui se retrouvent de toute manière congelés à leur arrivée à la table de pique-nique. Tout comme vos doigts, d’ailleurs, qui seront encore engourdis trois jours plus tard. Et que dire des enveloppes de ketchup dont on peut sucer le contenu tout comme on le ferait avec un popsicle. Une expérience gastronomique inoubliable.
Parlant d’expérience gastronomique, le festival se poursuit et vous remarquez que votre bambin, en guise de dessert, lèche gaiement des glaçons décrochés des pare-chocs des voitures, et dont les ingrédients se retrouvent probablement sur la liste de certaines armes chimiques prohibées dans la plupart des pays du globe. Qu’à cela ne tienne, vous neutraliserez ces effets néfastes en lui offrant la classique tire d’érable.
C’est alors que vous vous apercevez que, dans l’euphorie d’avoir réussi à habiller tout le monde pour venir à la fête, vous avez oublié de passer à la banque. Après avoir payé au prix fort vos pogos congelés, il ne vous reste que 75 sous. Prix de la tire : 1 dollar. Vous négociez farouchement avec le vendeur, vous suppliez, vous gesticulez en pointant du doigt Junior qui, s’il n’a pas sa traditionnelle tire d’étable de festival, en paiera les frais chez son psychiatre pendant des années.
Et dans votre for intérieur, vous savez que s’il n’a pas sa tire, la détresse de Junior sera telle qu’il fera aussi pipi dans sa culotte. Et dans son pantalon de neige. Et dans ses bottes. Il fait -14˚, -27˚ avec le facteur vent. Vous êtes à deux kilomètres de la voiture, à 30 kilomètres de la maison. Ce que ce vendeur sans cœur vous réserve, c’est le cauchemar absolu.
Mais le vendeur, pas mauvais bougre (ou peut-être a-t-il vu la lueur sauvage de folie dans votre regard), vous offre finalement la tire gratuitement.
Et Junior, de soulagement, fait pipi dans sa culotte, son pantalon de neige, et ses bottes.
Vous prenez Junior dans vos bras et retournez vers la voiture, ne sachant trop comment vous réussirez à vous en séparer pour le mettre dans son siège, vu la tire qu’il étend consciencieusement sur vos manteaux et chevelures respectives. Vous voilà devenus jumeaux siamois fleurant bon le sucre et le fond de culotte.
C’est le cauchemar absolu.
Alors, quand les scientifiques disent que la déprime hivernale, c’est dû au soleil qui se couche trop tôt, moi, je proteste. Parce qu’au contraire, nous, les parents, épuisés par les exigences de l’hiver, nous sommes ravis que le soleil se couche pour pouvoir enfin coucher les enfants et nous étendre nous-mêmes, semi-comateux, entre des draps accueillants.
Évidemment, à cause de la maudite tire, les petits ne s’endormiront pas avant minuit, mais ça, c’est une autre histoire.
Saturday, February 16, 2008
À vos Internets!...
Je suis un peu à la dernière minute, et je pense qu'il s'agit d'un oubli sélectif, mais je vais lire une chronique à la radio ce matin, à 9h47 précises... C'est ici que ça se passe (vous sélectionnez l'option "Sudbury" dans le menu déroulant de la colonne de gauche, sous "Écoutez en direct: Radio Première Chaîne") .
Je vais mettre le texte en ligne lundi.
Bon week-end tout le monde!
Je vais mettre le texte en ligne lundi.
Bon week-end tout le monde!
Tuesday, February 12, 2008
Routine, shmoutine
Il faut briser la routine, qu'y disent dans les magazines. Ah! Elle est bien bonne, celle-là! J'aime ça, moi, la routine. Surtout celle du dodo, pour les enfants.
Parce qu'une fois que la routine pré-sommeil est solidement établie, le chemin à suivre est simple et tout tracé:
1. On effectue la routine;
2. On garroche Bébé dans le lit;
et 3. Plus rien!
C'est fait. Bébé s'endormira tout seul et sans tracas, véritable petite image de la douceur et de la tranquillité, petit ange nocturne qui fera dodo jusqu'au lendemain matin sans même se retourner dans son lit.
Sans hurler pour avoir sa su-suce qu'il vient lui-même de jeter par terre.
Sans fracasser à répétition sa lampe sur pied contre le mur qui s'effrite, à force.
Sans nous emmerder, finalement.
...
Je ne sais pas si vous me voyez venir, chers lecteurs. Sans doute que oui, vous qui possédez la perspicacité du grand sage, vous qui savez lire l'infinie détresse qui se cache derrière mes facéties de clown de cirque.
Ce que je veux vous dire, en fait, et que vous avez déjà deviné, c'est que Bébé, mon Bébé, n'en a rien à foutre de la routine du dodo.
Je vais vous donner un exemple. Attention, les coeurs sensibles et les couples enceints qui croient que la vie avec bébé ne sera qu'un jardin de dodos roses, n'allez pas plus loin. Car c'est l'enfer que je m'apprête à décrire.
***
Il est 20h15. Mère indigne s'installe dans la chaise berçante avec Bébé, comme elle le fait depuis deux ans et demi. Elle veut lui chanter une berceuse et la mettre au lit, comme elle le fait depuis deux ans et demi. Et, comme elle le fait depuis deux ans et demi, Bébé adopte un comportement totalement imprévisible.
Une attitude anti-routine, quoi.
Et Bébé a deux ans, comme dans "terrible two". Ça n'arrange rien, je peux vous le dire.
Mère indigne commence à se bercer avec Bébé.
Bébé -- Non. Pas besser.
Mère indigne -- Tu ne veux pas qu'on se berce ensemble? Voyons, c'est chouette, regarde...
Bébé -- Rarrête.
("Rarrête", dans le langage de Bébé, c'est l'antonyme de "Rencore".)
Mère indigne -- Bon, d'accord, on ne bouge plus... Mais Maman va te chanter une belle chanson. Àààà, la claire fontaiiiineuh, m'eeennnn--
Bébé -- Non.
Mère indigne -- Ah. Euh, tu ne veux pas que je chante "À la cl--
Bébé -- NOOOOON!
Mère indigne -- D'accord... Hum. Veux-tu que je te chante la chanson du petit navire?
Bébé -- Non. Rarrête.
Mère indigne -- Veux-tu aller dans ton lit, alo--
Bébé -- Naaaannnnn! Pas dans le liiiiit!
Mère indigne -- Tu veux une histoire?
Bébé -- Non. Pas l'histrare.
Mère indigne, d'un ton mielleux de vendeur de voiture -- Meuh oui, voyons. Tu adores les histoires. Voudrais-tu que je te raconte celle du vilain petit cana--
Bébé -- NONPALISTRARE! RARRÊTEEEEUH!!!
Mère indigne ne dit rien. Quand on manipule de la nitroglycérine, il faut savoir quand se la fermer.
Les secondes s'écoulent, et puis...
Bébé, d'une toute petite voix -- Veux l'histrare des récureuils.
Enfin, du positif! Fallait seulement savoir attendre un peu, c'est tout...
Mère indigne -- D'accord! Je vais te raconter l'histoire des écur--
Bébé, se tortillant soudainement dans tous les sens -- NIIIOOOOONNNNN! PAS L'HISTRARE DES RÉCUREUIIIIIILS!
Argh! C'était un sinistre piège! Tentons un changement de tactique radical. Endormons sa méfiance afin, ultimement, de l'endormir elle-même.
Jasons.
Mère indigne -- Tu sais, quand il n'y aura plus de neige, on va aller faire du vélo!
Bébé -- Non.
Mère indigne, désemparée -- Mais... mais tu aimes ça, faire du vélo! Avec ton casque!
Bébé -- Noooon. Ma l'aime pas le casse. Pas. De. VÉLOOOOOO!!!
Le silence s'installe dans la chambre. S'étire. Il fait noir, Mère indigne n'y voit goutte, mais elle pourrait jurer que Bébé se laisse aller à un rictus de mépris.
La meilleure solution, dans ce cas de figure, c'est la fuite. La fuite dans l'imaginaire.
Mère indigne, dans son for intérieur -- (Alors là, quand je vais raconter ça sur le blogue, je vais écrire que j'ai dit à Bébé: "L'été prochain, on va aller dans la piscine avec Mathis", et là, ça va être super drôle parce que soudainement, Bébé va arrêter de rechigner et va dire "Mathis, il a un zizi-pénis" et c'est ÇA qui va réussir à la calmer et elle voudra enfin aller dans son lit! Hin hin hin. Et là, elle va lire mes chroniques quand elle sera ado, et elle aura SUPER HONTE, et ça, ce sera vraiment trop choueeeeette... Prends ça, Bébé! Maman is the champion, my friend... Mais là, je ne lui parlerai pas de piscine pour vrai, parce qu'y en a marre de ses zizi-pénis à gogo, ça en devient même gên--)
Bébé, interrompant ce monologue réjouissant -- Quand pus de neize, pas de vélo.
Mère indigne -- Mais non. D'accord. Plus jamais de vélo, pour la vie. À la casse, vélos maudits.
Bébé -- Quand pus de neize, ma va aller dans la piscine.
Mère indigne -- Euh... oui...
Bébé -- Avec Mathis.
Mère indigne -- Hum. Oui, avec Mathis et sa maman et son papa et sa soeur et...
Bébé -- Mathis, l'a... l'a un zizi-pénis! Mathissss, l'a un zizi-pénissss. Ma--
Mère indigne -- (Holy COW.)
Bébé -- ...this, zizi-pénis, Mathis, zizi-pé--
Mère indigne -- Euh... Excuse-moi de t'interrompre, chérie, mais... Je me trompe, ou tu t'es calmée?
Bébé -- N'a pu de peine, ma. Veux aller dans mô lit.
Mère indigne -- Ben là! Tu m'as volé mon punch.
Bébé -- Rarrête...
***
(Oui, bon, je sais, toutes ces histoires sur les zizi-pénis, ça en devient gênant à la fin. Mais rassurez-vous: bientôt, je vais publier ici mes capsules radiophoniques, dans lesquelles je ne pense pas me laisser aller au point de raconter la ZP-obsession de Bébé. C'est triste, mais c'est comme ça. Alors dans quelques jours, je vais poster un billet 100% sans zizi-pénis, et on aura un bel équilibre! Mais d'ici là, n'oubliez pas: on peut pas le manzer.)
Parce qu'une fois que la routine pré-sommeil est solidement établie, le chemin à suivre est simple et tout tracé:
1. On effectue la routine;
2. On garroche Bébé dans le lit;
et 3. Plus rien!
C'est fait. Bébé s'endormira tout seul et sans tracas, véritable petite image de la douceur et de la tranquillité, petit ange nocturne qui fera dodo jusqu'au lendemain matin sans même se retourner dans son lit.
Sans hurler pour avoir sa su-suce qu'il vient lui-même de jeter par terre.
Sans fracasser à répétition sa lampe sur pied contre le mur qui s'effrite, à force.
Sans nous emmerder, finalement.
...
Je ne sais pas si vous me voyez venir, chers lecteurs. Sans doute que oui, vous qui possédez la perspicacité du grand sage, vous qui savez lire l'infinie détresse qui se cache derrière mes facéties de clown de cirque.
Ce que je veux vous dire, en fait, et que vous avez déjà deviné, c'est que Bébé, mon Bébé, n'en a rien à foutre de la routine du dodo.
Je vais vous donner un exemple. Attention, les coeurs sensibles et les couples enceints qui croient que la vie avec bébé ne sera qu'un jardin de dodos roses, n'allez pas plus loin. Car c'est l'enfer que je m'apprête à décrire.
***
Il est 20h15. Mère indigne s'installe dans la chaise berçante avec Bébé, comme elle le fait depuis deux ans et demi. Elle veut lui chanter une berceuse et la mettre au lit, comme elle le fait depuis deux ans et demi. Et, comme elle le fait depuis deux ans et demi, Bébé adopte un comportement totalement imprévisible.
Une attitude anti-routine, quoi.
Et Bébé a deux ans, comme dans "terrible two". Ça n'arrange rien, je peux vous le dire.
Mère indigne commence à se bercer avec Bébé.
Bébé -- Non. Pas besser.
Mère indigne -- Tu ne veux pas qu'on se berce ensemble? Voyons, c'est chouette, regarde...
Bébé -- Rarrête.
("Rarrête", dans le langage de Bébé, c'est l'antonyme de "Rencore".)
Mère indigne -- Bon, d'accord, on ne bouge plus... Mais Maman va te chanter une belle chanson. Àààà, la claire fontaiiiineuh, m'eeennnn--
Bébé -- Non.
Mère indigne -- Ah. Euh, tu ne veux pas que je chante "À la cl--
Bébé -- NOOOOON!
Mère indigne -- D'accord... Hum. Veux-tu que je te chante la chanson du petit navire?
Bébé -- Non. Rarrête.
Mère indigne -- Veux-tu aller dans ton lit, alo--
Bébé -- Naaaannnnn! Pas dans le liiiiit!
Mère indigne -- Tu veux une histoire?
Bébé -- Non. Pas l'histrare.
Mère indigne, d'un ton mielleux de vendeur de voiture -- Meuh oui, voyons. Tu adores les histoires. Voudrais-tu que je te raconte celle du vilain petit cana--
Bébé -- NONPALISTRARE! RARRÊTEEEEUH!!!
Mère indigne ne dit rien. Quand on manipule de la nitroglycérine, il faut savoir quand se la fermer.
Les secondes s'écoulent, et puis...
Bébé, d'une toute petite voix -- Veux l'histrare des récureuils.
Enfin, du positif! Fallait seulement savoir attendre un peu, c'est tout...
Mère indigne -- D'accord! Je vais te raconter l'histoire des écur--
Bébé, se tortillant soudainement dans tous les sens -- NIIIOOOOONNNNN! PAS L'HISTRARE DES RÉCUREUIIIIIILS!
Argh! C'était un sinistre piège! Tentons un changement de tactique radical. Endormons sa méfiance afin, ultimement, de l'endormir elle-même.
Jasons.
Mère indigne -- Tu sais, quand il n'y aura plus de neige, on va aller faire du vélo!
Bébé -- Non.
Mère indigne, désemparée -- Mais... mais tu aimes ça, faire du vélo! Avec ton casque!
Bébé -- Noooon. Ma l'aime pas le casse. Pas. De. VÉLOOOOOO!!!
Le silence s'installe dans la chambre. S'étire. Il fait noir, Mère indigne n'y voit goutte, mais elle pourrait jurer que Bébé se laisse aller à un rictus de mépris.
La meilleure solution, dans ce cas de figure, c'est la fuite. La fuite dans l'imaginaire.
Mère indigne, dans son for intérieur -- (Alors là, quand je vais raconter ça sur le blogue, je vais écrire que j'ai dit à Bébé: "L'été prochain, on va aller dans la piscine avec Mathis", et là, ça va être super drôle parce que soudainement, Bébé va arrêter de rechigner et va dire "Mathis, il a un zizi-pénis" et c'est ÇA qui va réussir à la calmer et elle voudra enfin aller dans son lit! Hin hin hin. Et là, elle va lire mes chroniques quand elle sera ado, et elle aura SUPER HONTE, et ça, ce sera vraiment trop choueeeeette... Prends ça, Bébé! Maman is the champion, my friend... Mais là, je ne lui parlerai pas de piscine pour vrai, parce qu'y en a marre de ses zizi-pénis à gogo, ça en devient même gên--)
Bébé, interrompant ce monologue réjouissant -- Quand pus de neize, pas de vélo.
Mère indigne -- Mais non. D'accord. Plus jamais de vélo, pour la vie. À la casse, vélos maudits.
Bébé -- Quand pus de neize, ma va aller dans la piscine.
Mère indigne -- Euh... oui...
Bébé -- Avec Mathis.
Mère indigne -- Hum. Oui, avec Mathis et sa maman et son papa et sa soeur et...
Bébé -- Mathis, l'a... l'a un zizi-pénis! Mathissss, l'a un zizi-pénissss. Ma--
Mère indigne -- (Holy COW.)
Bébé -- ...this, zizi-pénis, Mathis, zizi-pé--
Mère indigne -- Euh... Excuse-moi de t'interrompre, chérie, mais... Je me trompe, ou tu t'es calmée?
Bébé -- N'a pu de peine, ma. Veux aller dans mô lit.
Mère indigne -- Ben là! Tu m'as volé mon punch.
Bébé -- Rarrête...
***
(Oui, bon, je sais, toutes ces histoires sur les zizi-pénis, ça en devient gênant à la fin. Mais rassurez-vous: bientôt, je vais publier ici mes capsules radiophoniques, dans lesquelles je ne pense pas me laisser aller au point de raconter la ZP-obsession de Bébé. C'est triste, mais c'est comme ça. Alors dans quelques jours, je vais poster un billet 100% sans zizi-pénis, et on aura un bel équilibre! Mais d'ici là, n'oubliez pas: on peut pas le manzer.)
Wednesday, February 06, 2008
Off Surprises
Mon Dieu, pardonnez-moi, car je dois avoir gravement péché.
Je viens de consulter mes statistiques de blogue pour savoir, entre autres, combien nous sommes à avoir des relations de groupe sur ce site en moyenne une fois par semaine, mais aussi pour avoir une idée des mots-clés que certains d'entre vous tapez sur Google avant d'atterrir ici.
C'est pas joli-joli, les copains.
Bon, que vous cherchiez des "mamans de 40 ans bien roulées", c'est sympathique, mais pour les paroles des "portes du pénis enflé", ou bien de "il fallait pas tant, il fallait pas tant, il fallait pas tant te faire enculer", alors là, non. Allez voir ailleurs si ça y est. Ça vaut aussi pour les "photos de toilettes avec singe". Ce n'est pas le genre de la maison.
Pas plus, d'ailleurs, que les gens qui viennent me faire la bise en espérant trouver ici des "mères indignes nues", des "grands-mères érotiques", des "échangistes sur l'autoroute", de la "morve aux fesses" et même "Binou qui fait des cochonneries".
Seigneur.
Quelqu'un dans cette joyeuse bande s'interroge: "Rions-nous à la même chose?" I don't think so.
Ah, oui. Un avis important aux gens qui sont arrivés ici en tapant "j'aime faire caca dans ma culotte" et "pourquoi je n'ai pas d'amis": si vous ne faites qu'une seule et même personne, ne vous posez plus de questions.
Par contre, ceux qui tombent sur ce blogue en cherchant "zizi manger", alors là oui, on vous a bien renseigné.
Mais dans tout ça, une requête m'a vraiment fait de la peine. Elle disait: "Sors de ma vie, mère indigne!" Le choc. Suivi des questionnements. Qui? Qui a pu me jeter au visage une méchanceté pareille? Père indigne? Impossible! Jean-Louis 3X? Mais ça n'est pas ma faute si la piscine est pleine de neige et qu'il ne peut plus venir se faire bronzer dans la cour! En tout cas, si c'est lui, ça prendra plus que "la magie blanche pour raviver la flamme entre nous", je vous le garantis.
Mais qu'à cela ne tienne, je persiste et je singe! (Euh, pardon: je signe.) Je voulais vous faire une surprise moi aussi: je vous annonce qu'à partir du 16 février, j'aurai le plaisir de livrer toutes les deux semaines un billet radiophonique qui s'intitulera Humeurs Indignes.
Ça va se passer à Radio-Canada (Sudbury), à l'émission Nulle part ailleurs, présentée le samedi matin. Vous pourrez écouter l'émission en direct sur Internet, et probablement lire les billets ensuite sur le Off indigne. Merci à l'animatrice de l'émission, Mélanie Tremblay, et aussi à toute son équipe, de m'offrir cette belle opportunité (et d'avoir trouvé le génial titre du billet à ma place!).
Bon, sur ces chouettes nouvelles, je vous laisse. Faut absolument que je sache qui a eu l'audace d'arriver ici en pensant trouver des "off p'tits seins". Non mais...
Je viens de consulter mes statistiques de blogue pour savoir, entre autres, combien nous sommes à avoir des relations de groupe sur ce site en moyenne une fois par semaine, mais aussi pour avoir une idée des mots-clés que certains d'entre vous tapez sur Google avant d'atterrir ici.
C'est pas joli-joli, les copains.
Bon, que vous cherchiez des "mamans de 40 ans bien roulées", c'est sympathique, mais pour les paroles des "portes du pénis enflé", ou bien de "il fallait pas tant, il fallait pas tant, il fallait pas tant te faire enculer", alors là, non. Allez voir ailleurs si ça y est. Ça vaut aussi pour les "photos de toilettes avec singe". Ce n'est pas le genre de la maison.
Pas plus, d'ailleurs, que les gens qui viennent me faire la bise en espérant trouver ici des "mères indignes nues", des "grands-mères érotiques", des "échangistes sur l'autoroute", de la "morve aux fesses" et même "Binou qui fait des cochonneries".
Seigneur.
Quelqu'un dans cette joyeuse bande s'interroge: "Rions-nous à la même chose?" I don't think so.
Ah, oui. Un avis important aux gens qui sont arrivés ici en tapant "j'aime faire caca dans ma culotte" et "pourquoi je n'ai pas d'amis": si vous ne faites qu'une seule et même personne, ne vous posez plus de questions.
Par contre, ceux qui tombent sur ce blogue en cherchant "zizi manger", alors là oui, on vous a bien renseigné.
Mais dans tout ça, une requête m'a vraiment fait de la peine. Elle disait: "Sors de ma vie, mère indigne!" Le choc. Suivi des questionnements. Qui? Qui a pu me jeter au visage une méchanceté pareille? Père indigne? Impossible! Jean-Louis 3X? Mais ça n'est pas ma faute si la piscine est pleine de neige et qu'il ne peut plus venir se faire bronzer dans la cour! En tout cas, si c'est lui, ça prendra plus que "la magie blanche pour raviver la flamme entre nous", je vous le garantis.
Mais qu'à cela ne tienne, je persiste et je singe! (Euh, pardon: je signe.) Je voulais vous faire une surprise moi aussi: je vous annonce qu'à partir du 16 février, j'aurai le plaisir de livrer toutes les deux semaines un billet radiophonique qui s'intitulera Humeurs Indignes.
Ça va se passer à Radio-Canada (Sudbury), à l'émission Nulle part ailleurs, présentée le samedi matin. Vous pourrez écouter l'émission en direct sur Internet, et probablement lire les billets ensuite sur le Off indigne. Merci à l'animatrice de l'émission, Mélanie Tremblay, et aussi à toute son équipe, de m'offrir cette belle opportunité (et d'avoir trouvé le génial titre du billet à ma place!).
Bon, sur ces chouettes nouvelles, je vous laisse. Faut absolument que je sache qui a eu l'audace d'arriver ici en pensant trouver des "off p'tits seins". Non mais...
Saturday, February 02, 2008
Tuesday, January 29, 2008
Échec et maths
Les filles, faut que je vous raconte.
Quand j'ai été au dépanneur l'autre soir, je me suis fait outrageusement draguer. Et pas par n'importe qui, hein! Par un membre de l'espèce sauvage communément appelée "les petits jeunes". Incroyable, hein? Le machin, là, derrière le comptoir, ça avait à peine 20 ans! Et ça me draguait, j'en suis sûre!
Comment je le sais, qu'il me draguait? Trop facile! Trop "faf", comme dirait Fille Aînée.
Il me tutoyait.
Si c'est pas la haute-voltige de la séduction, ça, mesdames, je ne sais pas ce que c'est.
Non mais, c'est vrai. Tout le monde le sait. Avant trente ans, on a besoin d'un paquet de flas flas pour comprendre que ces messieurs, si timides, si réservés, nous feraient bien une place dans leur coeur à côté du dernier modèle d'iPod. Ça nous prend des regards sulfureux mais pas trop, des jeux de genoux éloquents mais juste assez; parfois même, on exige de la conversation. Fariboles! Carabistouilles!
Après trente ans, on devient beaucoup plus désesp-- avisées. D'entrée de jeu, on comprend que le tutoiement, loin d'être un banal choix de langage, signifie "je te considère comme mon égale, l'âge n'a pas d'importance, envolons-nous ensemble sur les ailes d'un transporteur aérien à rabais afin d'aller découvrir les méandres des paradis tropicaux ainsi que les nôtres, et tout cela, alcool inclus."
Alors quand le petit jeune m'a dit "Salut! Ça va-tu bien?", j'en avais déjà les jambes toutes ramollies.
Je me mis à arpenter les allées du dépanneur en fredonnant "Il était une fois nous deux". J'étais hypnotisée par les pots de mayonnaise, dans lesquels je voyais la crème solaire que nous glisserions dans nos bagages, moi et le petit jeune, afin de vivre sans insolation notre rêve fou.
C'est au moment de payer que les choses se sont gâchées. Je déposai mon Canada Dry et mes deux contenants de lait sur le comptoir, et le jeune me posa la question fatale:
Petit jeune -- T'as-tu la carte du CAA?
Remarquez le tutoiement doublé. Ah, ça, il y allait fort, le jeune homme. Il avait compris que la qualité, ça ne se négocie pas. Mais de mon côté, c'est là que j'ai commis ma première erreur. J'aurais dû comprendre que c'était une question purement rhétorique. Que la carte du CAA, y'a que les vieux qui en ont une. Que les femmes avec qui on rêve d'aller explorer l'Amazone en string ne possèdent pas de carte du CAA. "La carte du quoi?" aurais-je dû répondre avec dérision.
Mais non. J'ai choisi la voie de l'échec.
Moi -- Euh... Ça donne quoi, au juste, la carte du CAA?
Le petit jeune -- 2% de rabais sur les achats.
Il n'a pas dit "Un dérisoire 2% qui ne vaut pas le fait qu'en me présentant ta carte, tu deviendras à mes yeux, et à jamais, une vulgaire matante", mais de toute manière, ça n'aurait pas changé grand chose. Parce que moi, j'étais déjà en train de faire le calcul.
2% sur deux fois 3,25 plus 1,25, ça fait, euh... euh... Deux fois trois, six, plus 1, plus trois fois vingt-cinq, et là on parle de sous, alors... tralala, j'économise un peu plus de 8 sous. HUIT SOUS! Wow. Malade! J'ai réussi à faire le calcul!
Mon regard éclatant traduisait ma joie d'avoir vaincu la multiplication des pourcentages. Son regard méprisant traduisait le fait qu'il pensait que mon regard éclatant signifiait que je m'énervais pour même pas dix cennes.
Le reste ne fut qu'une suite d'erreurs tragiques. Les miennes.
Moi -- Oui, euh, c'est parce que, du lait, j'en achète souvent, c'est pour les enfants...
Sourcils froncés du commis qui ajoute quelques années à mon curriculum et qui, horreur, comprend que ce corps caché sous six couches de vêtements a servi à autre chose qu'à s'abandonner aux plaisirs débridés de la chair.
Moi -- Euh, en fait, c'est mon mari qui insiste pour qu'on aie la carte du CAA...
Regard inquisiteur du commis qui remarque mon alliance et qui s'imagine alors, j'en suis certaine, sa cliente debout sur une chaise, ridiculement hilare, en train de se faire arracher la jarretière par un inconnu bavouillant, devant une foule qui a trop profité du bar ouvert.
Et le massacre n'était même pas terminé.
Moi -- Et, euh... du Canada Dry, je... j'en bois jamais d'habitude, c'est juste que ce soir, euh...
Non, non, malheureuse!, me criait mon instinct millénaire de chasseresse. Ne dis rien! Ne--
Moi -- ... J'ai des problèmes de digestion.
Le commis, dégoûté -- Ça vous fera 7,75$.
Vous! Il m'avait dit vous.
Oubliées, nos promenades sans fin sur les plages de Bali, nos courses folles dans la mer, les coquillages qu'il m'aurait offerts en me lançant de timides regards d'admiration et de déférence, nos après-midis passés à nous éclabousser en riant, riant... Tout ça, mort et enterré, parce que ce jeune blanc-bec ne pouvait pas (ou ne voulait pas?) comprendre que j'avais mangé trop de crème fouettée avec les fraises, au dîner.
Je saisis mes emplettes d'un geste rageur et me dirigeai vers la sortie sans un regard en arrière. Je ne pus cependant m'empêcher, avant de claquer la porte, de lui décocher ce trait assassin:
-- Je n'en portais même pas, de jarretière, à mon mariage! Traître!
Cassé-bouché, il était, le petit. Je pense même que j'ai vu son doigt frôler le bouton-panique.
***
Père indigne -- Tu as parlé de tes problèmes de digestion??
Mère indigne -- Ouiiiii! (sniff) Et après... après... il m'a vouvoyée!
Père indigne -- Allons, allons. Je te prépare une vodka-orange, et on n'en parle plus. De toute manière, tu oublies le principal.
Mère indigne -- (sniff) Quoi?
Père indigne -- Eh, bien, tu t'es trompée dans ton calcul. Ce n'est pas huit sous que tu as épargnés, mais bel et bien QUINZE!
Mère indigne -- Mais... mais alors... Je suis une héroïne?
Père indigne -- Avec cette carte du CAA, plus rien ne pourra t'arrêter.
Mère indigne -- Oh, Chéri... Comme tu sais parler à ta femme...
Père indigne -- Qui plus est, il me vient à l'esprit une excellente suggestion: pour exorciser tout ça, on se rejoue la scène du dépanneur. Mais cette fois, c'est moi le commis...
Quand j'ai été au dépanneur l'autre soir, je me suis fait outrageusement draguer. Et pas par n'importe qui, hein! Par un membre de l'espèce sauvage communément appelée "les petits jeunes". Incroyable, hein? Le machin, là, derrière le comptoir, ça avait à peine 20 ans! Et ça me draguait, j'en suis sûre!
Comment je le sais, qu'il me draguait? Trop facile! Trop "faf", comme dirait Fille Aînée.
Il me tutoyait.
Si c'est pas la haute-voltige de la séduction, ça, mesdames, je ne sais pas ce que c'est.
Non mais, c'est vrai. Tout le monde le sait. Avant trente ans, on a besoin d'un paquet de flas flas pour comprendre que ces messieurs, si timides, si réservés, nous feraient bien une place dans leur coeur à côté du dernier modèle d'iPod. Ça nous prend des regards sulfureux mais pas trop, des jeux de genoux éloquents mais juste assez; parfois même, on exige de la conversation. Fariboles! Carabistouilles!
Après trente ans, on devient beaucoup plus désesp-- avisées. D'entrée de jeu, on comprend que le tutoiement, loin d'être un banal choix de langage, signifie "je te considère comme mon égale, l'âge n'a pas d'importance, envolons-nous ensemble sur les ailes d'un transporteur aérien à rabais afin d'aller découvrir les méandres des paradis tropicaux ainsi que les nôtres, et tout cela, alcool inclus."
Alors quand le petit jeune m'a dit "Salut! Ça va-tu bien?", j'en avais déjà les jambes toutes ramollies.
Je me mis à arpenter les allées du dépanneur en fredonnant "Il était une fois nous deux". J'étais hypnotisée par les pots de mayonnaise, dans lesquels je voyais la crème solaire que nous glisserions dans nos bagages, moi et le petit jeune, afin de vivre sans insolation notre rêve fou.
C'est au moment de payer que les choses se sont gâchées. Je déposai mon Canada Dry et mes deux contenants de lait sur le comptoir, et le jeune me posa la question fatale:
Petit jeune -- T'as-tu la carte du CAA?
Remarquez le tutoiement doublé. Ah, ça, il y allait fort, le jeune homme. Il avait compris que la qualité, ça ne se négocie pas. Mais de mon côté, c'est là que j'ai commis ma première erreur. J'aurais dû comprendre que c'était une question purement rhétorique. Que la carte du CAA, y'a que les vieux qui en ont une. Que les femmes avec qui on rêve d'aller explorer l'Amazone en string ne possèdent pas de carte du CAA. "La carte du quoi?" aurais-je dû répondre avec dérision.
Mais non. J'ai choisi la voie de l'échec.
Moi -- Euh... Ça donne quoi, au juste, la carte du CAA?
Le petit jeune -- 2% de rabais sur les achats.
Il n'a pas dit "Un dérisoire 2% qui ne vaut pas le fait qu'en me présentant ta carte, tu deviendras à mes yeux, et à jamais, une vulgaire matante", mais de toute manière, ça n'aurait pas changé grand chose. Parce que moi, j'étais déjà en train de faire le calcul.
2% sur deux fois 3,25 plus 1,25, ça fait, euh... euh... Deux fois trois, six, plus 1, plus trois fois vingt-cinq, et là on parle de sous, alors... tralala, j'économise un peu plus de 8 sous. HUIT SOUS! Wow. Malade! J'ai réussi à faire le calcul!
Mon regard éclatant traduisait ma joie d'avoir vaincu la multiplication des pourcentages. Son regard méprisant traduisait le fait qu'il pensait que mon regard éclatant signifiait que je m'énervais pour même pas dix cennes.
Le reste ne fut qu'une suite d'erreurs tragiques. Les miennes.
Moi -- Oui, euh, c'est parce que, du lait, j'en achète souvent, c'est pour les enfants...
Sourcils froncés du commis qui ajoute quelques années à mon curriculum et qui, horreur, comprend que ce corps caché sous six couches de vêtements a servi à autre chose qu'à s'abandonner aux plaisirs débridés de la chair.
Moi -- Euh, en fait, c'est mon mari qui insiste pour qu'on aie la carte du CAA...
Regard inquisiteur du commis qui remarque mon alliance et qui s'imagine alors, j'en suis certaine, sa cliente debout sur une chaise, ridiculement hilare, en train de se faire arracher la jarretière par un inconnu bavouillant, devant une foule qui a trop profité du bar ouvert.
Et le massacre n'était même pas terminé.
Moi -- Et, euh... du Canada Dry, je... j'en bois jamais d'habitude, c'est juste que ce soir, euh...
Non, non, malheureuse!, me criait mon instinct millénaire de chasseresse. Ne dis rien! Ne--
Moi -- ... J'ai des problèmes de digestion.
Le commis, dégoûté -- Ça vous fera 7,75$.
Vous! Il m'avait dit vous.
Oubliées, nos promenades sans fin sur les plages de Bali, nos courses folles dans la mer, les coquillages qu'il m'aurait offerts en me lançant de timides regards d'admiration et de déférence, nos après-midis passés à nous éclabousser en riant, riant... Tout ça, mort et enterré, parce que ce jeune blanc-bec ne pouvait pas (ou ne voulait pas?) comprendre que j'avais mangé trop de crème fouettée avec les fraises, au dîner.
Je saisis mes emplettes d'un geste rageur et me dirigeai vers la sortie sans un regard en arrière. Je ne pus cependant m'empêcher, avant de claquer la porte, de lui décocher ce trait assassin:
-- Je n'en portais même pas, de jarretière, à mon mariage! Traître!
Cassé-bouché, il était, le petit. Je pense même que j'ai vu son doigt frôler le bouton-panique.
***
Père indigne -- Tu as parlé de tes problèmes de digestion??
Mère indigne -- Ouiiiii! (sniff) Et après... après... il m'a vouvoyée!
Père indigne -- Allons, allons. Je te prépare une vodka-orange, et on n'en parle plus. De toute manière, tu oublies le principal.
Mère indigne -- (sniff) Quoi?
Père indigne -- Eh, bien, tu t'es trompée dans ton calcul. Ce n'est pas huit sous que tu as épargnés, mais bel et bien QUINZE!
Mère indigne -- Mais... mais alors... Je suis une héroïne?
Père indigne -- Avec cette carte du CAA, plus rien ne pourra t'arrêter.
Mère indigne -- Oh, Chéri... Comme tu sais parler à ta femme...
Père indigne -- Qui plus est, il me vient à l'esprit une excellente suggestion: pour exorciser tout ça, on se rejoue la scène du dépanneur. Mais cette fois, c'est moi le commis...
Saturday, January 26, 2008
Tranche de vie, cuvée huit ans et demi
Fille Aînée -- Maman, maman! J'ai inventé une blague!
Mère indigne -- Vas-y, j'écoute...
Fille Aînée -- Sais-tu ce qui est écrit en premier sur la liste de course d'un petit orphelin?
Mère indigne -- Heu. Des parents?
Fille Aînée -- Hin hin hin! C'est ça! DES PARENTS!
Mère indigne -- Hin hin hin... Hum. C'est pas... enfin... C'est pas très gentil comme blague.
Fille Aînée -- Oh, mais je ne voulais pas rire des orphelins, hein. C'est juste que dire qu'il y a des parents sur leur liste de courses, je trouvais ça drôle...
Mère indigne -- Oui, je comprends. C'est parce que c'est incongru de penser qu'on pourrait trouver des parents au magasin. C'est ça, la vraie blague, ce n'est pas que les orphelins n'ont pas de parents.
Fille Aînée -- Ouais. C'est ça.
Mère indigne -- C'est comme si tu demandais ce qui est écrit en premier sur la liste de courses d'un unijambiste. Ce ne serait pas pour--
Fille Aînée -- C'est quoi, un unijambiste?
Mère indigne -- Quelqu'un qui a juste une jambe. Alors si tu demandes--
Fille Aînée -- Une jambe.
Mère indigne -- ... ce qui est écrit en prem--
Fille Aînée -- Une jambe.
Mère indigne -- ... premier, sur la liste de courses d'un--
Fille Aînée -- Une jambe!
Mère indigne -- ... d'un unijambiste, la--
Fille Aînée -- Une jambe!
Mère indigne -- ... la réponse, c'est--
Fille Aînée -- Unejambunejambunejambunejambunejambe!
Mère indigne -- ... c'est une--
Fille Aînée -- JAMBE! Hein maman, c'est une jambe!
Mère indigne -- Ben oui, c'est une jambe.
Fille Aînée -- Je le savais! Hin, hin...
Mère indigne -- Mais c'est pas pour rire des unijambistes que--
Fille Aînée -- Une jambe! Hin hin hin...
Mère indigne -- ... qu'on fait la blague.
Fille Aînée -- Hin hin hin!
Mère indigne -- Hin hin hin!... Hum.
Mère indigne -- Vas-y, j'écoute...
Fille Aînée -- Sais-tu ce qui est écrit en premier sur la liste de course d'un petit orphelin?
Mère indigne -- Heu. Des parents?
Fille Aînée -- Hin hin hin! C'est ça! DES PARENTS!
Mère indigne -- Hin hin hin... Hum. C'est pas... enfin... C'est pas très gentil comme blague.
Fille Aînée -- Oh, mais je ne voulais pas rire des orphelins, hein. C'est juste que dire qu'il y a des parents sur leur liste de courses, je trouvais ça drôle...
Mère indigne -- Oui, je comprends. C'est parce que c'est incongru de penser qu'on pourrait trouver des parents au magasin. C'est ça, la vraie blague, ce n'est pas que les orphelins n'ont pas de parents.
Fille Aînée -- Ouais. C'est ça.
Mère indigne -- C'est comme si tu demandais ce qui est écrit en premier sur la liste de courses d'un unijambiste. Ce ne serait pas pour--
Fille Aînée -- C'est quoi, un unijambiste?
Mère indigne -- Quelqu'un qui a juste une jambe. Alors si tu demandes--
Fille Aînée -- Une jambe.
Mère indigne -- ... ce qui est écrit en prem--
Fille Aînée -- Une jambe.
Mère indigne -- ... premier, sur la liste de courses d'un--
Fille Aînée -- Une jambe!
Mère indigne -- ... d'un unijambiste, la--
Fille Aînée -- Une jambe!
Mère indigne -- ... la réponse, c'est--
Fille Aînée -- Unejambunejambunejambunejambunejambe!
Mère indigne -- ... c'est une--
Fille Aînée -- JAMBE! Hein maman, c'est une jambe!
Mère indigne -- Ben oui, c'est une jambe.
Fille Aînée -- Je le savais! Hin, hin...
Mère indigne -- Mais c'est pas pour rire des unijambistes que--
Fille Aînée -- Une jambe! Hin hin hin...
Mère indigne -- ... qu'on fait la blague.
Fille Aînée -- Hin hin hin!
Mère indigne -- Hin hin hin!... Hum.
Monday, January 21, 2008
L’amour à trois, ou les alexandrins de la frustration
(Ces quelques lignes de poésie pleines de tendresse sont dédiées à Chroniques Blondes, qui nous rappelait vendredi dernier que «nos chères têtes blondes sont bel et bien notre meilleur moyen de contraception».)
***

***
Dans la maison Indigne, au lit sont les petites
Et Père indigne, l’œil vif, y va de son invite
PÈRE INDIGNE
Les filles sont couchées, sans gastro ni bronchite
Profitons du sommeil qui enfin les habite
Si tu l’oses, de l’amour, accomplissons le rite
Ma baguette magique, c’est de la dynamite
(Mais leurs premiers ébats, leur future inconduite
Sont interrompus par un virulent pruït! pruït!)
MÈRE INDIGNE
Qu’est-ce donc que ce bruit, interruption fortuite
Qui distrait mon esprit de ton bloc de granite?
PÈRE INDIGNE
Heu, parlant de baguette, c’est Bébé qui agite
Celle que tu as achetée dans un Dolloramite
MÈRE INDIGNE
Que fait-elle dans son lit, cette baguette maudite?
PÈRE INDIGNE
C’est moi qui l’y ai mise, c’est sa favorite
Mais rétrospectivement, je me traite de twit!
MÈRE INDIGNE
Ouain, si ça continue tes carottes sont cuites
Ce bruit (pruït!) mettra ma libido en faillite
PÈRE INDIGNE
Attendons dans le noir, peut-être bien que (pruït!)
Bébé s’endormira, et nous pourrons ensuite
(Pruït!) Jouer à explorer grotte et stalagmite
Les parents tendent l’oreille vers les bruits parasites
Et après quinze minutes ponctuées de pruït!
Le dodo semble enfin imposer ses limites…
PÈRE INDIGNE
Plus de pruït!, ma chérie, ne soit pas déconfite!
Bébé dort! À l’attaque! Enlève-moi cette (pruït!)
(Pruït! pruït! pruït! « Fèreuh Zak! » Pruït! « Matineuh! » Pruït, pruït!)
MÈRE INDIGNE
Range la tienne, de baguette, parce que tous ces "pruïts!"
M’ont jusqu’à enlevé le goût d’une petite vite
PÈRE INDIGNE
Je comprends, ma chérie. Que ce destin m’irrite!
J’aurai toute la nuit une crampe à la frite.
***
***
Dans la maison Indigne, au lit sont les petites
Et Père indigne, l’œil vif, y va de son invite
PÈRE INDIGNE
Les filles sont couchées, sans gastro ni bronchite
Profitons du sommeil qui enfin les habite
Si tu l’oses, de l’amour, accomplissons le rite
Ma baguette magique, c’est de la dynamite
(Mais leurs premiers ébats, leur future inconduite
Sont interrompus par un virulent pruït! pruït!)
MÈRE INDIGNE
Qu’est-ce donc que ce bruit, interruption fortuite
Qui distrait mon esprit de ton bloc de granite?
PÈRE INDIGNE
Heu, parlant de baguette, c’est Bébé qui agite
Celle que tu as achetée dans un Dolloramite
MÈRE INDIGNE
Que fait-elle dans son lit, cette baguette maudite?
PÈRE INDIGNE
C’est moi qui l’y ai mise, c’est sa favorite
Mais rétrospectivement, je me traite de twit!
MÈRE INDIGNE
Ouain, si ça continue tes carottes sont cuites
Ce bruit (pruït!) mettra ma libido en faillite
PÈRE INDIGNE
Attendons dans le noir, peut-être bien que (pruït!)
Bébé s’endormira, et nous pourrons ensuite
(Pruït!) Jouer à explorer grotte et stalagmite
Les parents tendent l’oreille vers les bruits parasites
Et après quinze minutes ponctuées de pruït!
Le dodo semble enfin imposer ses limites…
PÈRE INDIGNE
Plus de pruït!, ma chérie, ne soit pas déconfite!
Bébé dort! À l’attaque! Enlève-moi cette (pruït!)
(Pruït! pruït! pruït! « Fèreuh Zak! » Pruït! « Matineuh! » Pruït, pruït!)
MÈRE INDIGNE
Range la tienne, de baguette, parce que tous ces "pruïts!"
M’ont jusqu’à enlevé le goût d’une petite vite
PÈRE INDIGNE
Je comprends, ma chérie. Que ce destin m’irrite!
J’aurai toute la nuit une crampe à la frite.
Tuesday, January 15, 2008
Ça change du jambon roulé
A priori, je n'ai rien contre France Gall et Jacques Dutronc. Poupée de cire, poupée de son, c'est très bien, et entendre la pauvre France chanter l'amour d'Annie pour les sucettes a quelque chose d'émouvant.
Mais ces deux-là jouent aussi à un jeu dangereux. Ils chantent des chansons qui parlent de thèmes d'adolescents et d'adultes, mais qu'à cause de leurs mélodies rigolotes, les enfants aiment aussi. Ça, ça nous fait peur, à nous, les parents. Car même si on préfère Dutronc à Océane, il y a des choses qu'on aime mieux ne pas avoir à expliquer.
Fille Aînée -- Maman, c'est quoi un piège à filles, un piège tabou, un joujou extra, qui fait crac-boum-hu?"
Moi -- Euh... Une Wii.
Fille Aînée -- Aaaaah, d'accord.
(Soeur Indigne, à qui nous avons relaté l'incident -- Ah, ouais. Une Wii, Wii, Encore.)
Cependant, rendons à Fille Aînée ce qui lui appartient: à huit ans, elle est encore l'innocence incarnée. C'est pas comme l'autre, là, le truc de deux ans et demi qui gambade dans la maison en scandant ZIZI-PÉNIS et en célébrant le potentiel érotique du jambon roulé. D'ailleurs, la chanson préférée de Bébé, en ce moment, je vous le donne en mille, c'est "Les Playboys" de Dutronc. Elle, je suis convaincue qu'elle le sait d'instinct, ce que c'est, le joujou qui fait crac-boum-hu.
L'instinct, chez les bébés, ça peut être terrifiant.
Mais Fille Aînée, c'est différent. Un oasis de pureté au milieu d'un désert de jambon. À preuve, cette conversation entre elle et moi dans un petit train électrique de centre commercial:
Fille Aînée -- Maman... Est-ce que je pourrais faire un tour de train toute seule, tout à l'heure?
Moi -- Toute seule? Mmmm...
Fille Aînée -- Steplèsteplèsteplèsteplèsteplèstepl--
Moi -- ...moui.
Et Fille Aînée, ravie, d'entonner: "Mes premières vraies vacances, j'en rêvais depuis longtemps..."
Ça, c'est une chanson de France Gall, où elle raconte à quel point elle sera ravie de partir à la mer l'été prochain sans ses imbéciles de parents, de rester décoiffée, nu-pieds, et peut-être même de rencontrer un charmant jeune homme qui va lui jaser crac-boum-hu dans un coin sombre de la seule discothèque du patelin. Ou peut-être pas. Car France insiste:
D'accord
Pour la balade en bateau
D'accord
Et s'il m'offre des gâteaux
D'accord
Mais s'il m'en demande trop
Paaaas d'accord
Je craignais un peu le moment où Fille Aînée voudrait investiguer les tenants et aboutissants du "trop" en question. Qu'est-ce qu'il pourrait lui demander "de trop", au juste? J'avoue que dans ma tête, entre le bisou sur la joue et la relation sexuelle non protégée, la réponse n'était pas clairement définie.
Mais, dans le petit train électrique du centre commercial, alors que nous chantions en coeur ce périlleux refrain, Fille Aînée m'a complètement rassurée.
Fille Aînée -- Hein? Comment t'as dit, Maman?
Moi, d'une toute petite voix -- Euh... "Et s'il m'en demande trop, pas d'accord"?
Fille Aînée -- Mais noooon! C'est pas ça qu'elle dit! Elle dit "D'accord, pour la balade en bateau, d'accord, et s'il m'offre des gâteaux, d'accord, mais s'il en mange trop, paaaas d'accord!"
Vive les gâteaux! Et gardons les doigts croisés...
Mais ces deux-là jouent aussi à un jeu dangereux. Ils chantent des chansons qui parlent de thèmes d'adolescents et d'adultes, mais qu'à cause de leurs mélodies rigolotes, les enfants aiment aussi. Ça, ça nous fait peur, à nous, les parents. Car même si on préfère Dutronc à Océane, il y a des choses qu'on aime mieux ne pas avoir à expliquer.
Fille Aînée -- Maman, c'est quoi un piège à filles, un piège tabou, un joujou extra, qui fait crac-boum-hu?"
Moi -- Euh... Une Wii.
Fille Aînée -- Aaaaah, d'accord.
(Soeur Indigne, à qui nous avons relaté l'incident -- Ah, ouais. Une Wii, Wii, Encore.)
Cependant, rendons à Fille Aînée ce qui lui appartient: à huit ans, elle est encore l'innocence incarnée. C'est pas comme l'autre, là, le truc de deux ans et demi qui gambade dans la maison en scandant ZIZI-PÉNIS et en célébrant le potentiel érotique du jambon roulé. D'ailleurs, la chanson préférée de Bébé, en ce moment, je vous le donne en mille, c'est "Les Playboys" de Dutronc. Elle, je suis convaincue qu'elle le sait d'instinct, ce que c'est, le joujou qui fait crac-boum-hu.
L'instinct, chez les bébés, ça peut être terrifiant.
Mais Fille Aînée, c'est différent. Un oasis de pureté au milieu d'un désert de jambon. À preuve, cette conversation entre elle et moi dans un petit train électrique de centre commercial:
Fille Aînée -- Maman... Est-ce que je pourrais faire un tour de train toute seule, tout à l'heure?
Moi -- Toute seule? Mmmm...
Fille Aînée -- Steplèsteplèsteplèsteplèsteplèstepl--
Moi -- ...moui.
Et Fille Aînée, ravie, d'entonner: "Mes premières vraies vacances, j'en rêvais depuis longtemps..."
Ça, c'est une chanson de France Gall, où elle raconte à quel point elle sera ravie de partir à la mer l'été prochain sans ses imbéciles de parents, de rester décoiffée, nu-pieds, et peut-être même de rencontrer un charmant jeune homme qui va lui jaser crac-boum-hu dans un coin sombre de la seule discothèque du patelin. Ou peut-être pas. Car France insiste:
D'accord
Pour la balade en bateau
D'accord
Et s'il m'offre des gâteaux
D'accord
Mais s'il m'en demande trop
Paaaas d'accord
Je craignais un peu le moment où Fille Aînée voudrait investiguer les tenants et aboutissants du "trop" en question. Qu'est-ce qu'il pourrait lui demander "de trop", au juste? J'avoue que dans ma tête, entre le bisou sur la joue et la relation sexuelle non protégée, la réponse n'était pas clairement définie.
Mais, dans le petit train électrique du centre commercial, alors que nous chantions en coeur ce périlleux refrain, Fille Aînée m'a complètement rassurée.
Fille Aînée -- Hein? Comment t'as dit, Maman?
Moi, d'une toute petite voix -- Euh... "Et s'il m'en demande trop, pas d'accord"?
Fille Aînée -- Mais noooon! C'est pas ça qu'elle dit! Elle dit "D'accord, pour la balade en bateau, d'accord, et s'il m'offre des gâteaux, d'accord, mais s'il en mange trop, paaaas d'accord!"
Vive les gâteaux! Et gardons les doigts croisés...
Wednesday, January 09, 2008
La sirène de l'autorité, ou la tentation de la vodka-orange en intraveineuse
Bébé -- Veux tatines.
Mère indigne -- Chérie, c'est l'assiette de Maman.
Bébé -- Patazer.
Mère indigne -- On partagera une autre fois, mon amour. Maman va manger son déjeuner tranquillement, va t'asseoir à ta place pour manger le tien. Regarde, Papa t'a préparé des gau--
Bébé -- WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA...
Mère indigne -- Gauffres! Papa a fait des gauffres!
Bébé -- ...AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA...
Mère indigne -- Ça va! D'accord ma chérie. Viens t'asseoir sur Maman. Mais s'il-te-plaît, tais-toi.
Bébé -- ...AAAaa. Dézeuner pas à Maman. À ma.
***
Bébé -- Veux tousser.
Mère indigne -- Non, non, non. Ça, c'est les seins-seins de Maman. On ne touche pas.
Bébé -- Patazer.
Mère indigne -- Mais non, voyons. C'est les parties privées. On ne touche pas aux parties privées si l'autre personne ne veut pas. Surtout si on se sert de nos doigts comme des pinces coup--
Bébé -- WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA...
Mère indigne -- D'accord! D'accord. Juste-trois-secondes-après-faut-s'habiller.
Bébé -- ...AAAaa. Rhi hi hiiii!
Mère indigne -- Ouch.
***
Bébé -- Veux cuyottes.
Mère indigne -- C'est les culottes de Grande Soeur. Elles sont trop grandes pour--
Bébé -- WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA...
Mère indigne, la tête entre les mains -- Non! Non, chérie. Arrête, s'il-te-plaît. Arrête.
Bébé -- ...AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA...
Mère indigne, plongeant les mains dans le tiroir de Fille Aînée -- Tu veux les culottes de ta soeur? Tiens. En voilà sept paires.
Bébé -- ...AAaa. Pas les cuyottes à Gande Seuh. Les cuyottes à ma. Pas tô gandes.
Mère indigne -- ... Ah, ben oui. Si tu te les mets sur la tête, ça va.
***
Bébé -- Veux bôbôs.
Mère indigne -- Non. Ça, alors, non. Pas de bonbons. C'est dé-fi-ni-tif. Les bonbons,c'est pas bon pour les dents des béb--
Bébé -- WA...
Splat! (Ça, c'est Mère indigne qui a jeté une (grosse) poignée de M&M sur la table. On peut considérer qu'à ce moment précis dans sa vie de mère, elle vient d'abdiquer. Du latin "abdicare", renier. Son autorité, ses principes, tout le kit. Rien à foutre, du moment qu'elle arrête ses hurlements.)
Bébé -- ...Aa. Dé bôbôôôôs. Ci bô. Ci sikké.
Mère indigne -- Oui, c'est sucré. Il va falloir bien brosser tes dents tout à l'h--
Bébé -- NAAOOOOON! Pas bôsser les dents! W--
Mère indigne -- C'est une blague! Ahahahaha. Une blague. Tu vas avoir plein de caries, mais on s'en fout. On. S'en. Fout. C'est beau les caries, dans le fond. C'est la nature. C'est beau. Ahahaha... Et tiens, Maman aussi va se prendre un bonbon! Un bonbon qui se boit... Mais où est donc cette fichue bouteille de vodka?
***
Père indigne -- Où sont mes bonbons?
Fille Aînée -- Où sont mes culottes?
Mère indigne -- Ahahahahah... glou glou...
Mère indigne -- Chérie, c'est l'assiette de Maman.
Bébé -- Patazer.
Mère indigne -- On partagera une autre fois, mon amour. Maman va manger son déjeuner tranquillement, va t'asseoir à ta place pour manger le tien. Regarde, Papa t'a préparé des gau--
Bébé -- WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA...
Mère indigne -- Gauffres! Papa a fait des gauffres!
Bébé -- ...AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA...
Mère indigne -- Ça va! D'accord ma chérie. Viens t'asseoir sur Maman. Mais s'il-te-plaît, tais-toi.
Bébé -- ...AAAaa. Dézeuner pas à Maman. À ma.
***
Bébé -- Veux tousser.
Mère indigne -- Non, non, non. Ça, c'est les seins-seins de Maman. On ne touche pas.
Bébé -- Patazer.
Mère indigne -- Mais non, voyons. C'est les parties privées. On ne touche pas aux parties privées si l'autre personne ne veut pas. Surtout si on se sert de nos doigts comme des pinces coup--
Bébé -- WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA...
Mère indigne -- D'accord! D'accord. Juste-trois-secondes-après-faut-s'habiller.
Bébé -- ...AAAaa. Rhi hi hiiii!
Mère indigne -- Ouch.
***
Bébé -- Veux cuyottes.
Mère indigne -- C'est les culottes de Grande Soeur. Elles sont trop grandes pour--
Bébé -- WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA...
Mère indigne, la tête entre les mains -- Non! Non, chérie. Arrête, s'il-te-plaît. Arrête.
Bébé -- ...AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA...
Mère indigne, plongeant les mains dans le tiroir de Fille Aînée -- Tu veux les culottes de ta soeur? Tiens. En voilà sept paires.
Bébé -- ...AAaa. Pas les cuyottes à Gande Seuh. Les cuyottes à ma. Pas tô gandes.
Mère indigne -- ... Ah, ben oui. Si tu te les mets sur la tête, ça va.
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Bébé -- Veux bôbôs.
Mère indigne -- Non. Ça, alors, non. Pas de bonbons. C'est dé-fi-ni-tif. Les bonbons,c'est pas bon pour les dents des béb--
Bébé -- WA...
Splat! (Ça, c'est Mère indigne qui a jeté une (grosse) poignée de M&M sur la table. On peut considérer qu'à ce moment précis dans sa vie de mère, elle vient d'abdiquer. Du latin "abdicare", renier. Son autorité, ses principes, tout le kit. Rien à foutre, du moment qu'elle arrête ses hurlements.)
Bébé -- ...Aa. Dé bôbôôôôs. Ci bô. Ci sikké.
Mère indigne -- Oui, c'est sucré. Il va falloir bien brosser tes dents tout à l'h--
Bébé -- NAAOOOOON! Pas bôsser les dents! W--
Mère indigne -- C'est une blague! Ahahahaha. Une blague. Tu vas avoir plein de caries, mais on s'en fout. On. S'en. Fout. C'est beau les caries, dans le fond. C'est la nature. C'est beau. Ahahaha... Et tiens, Maman aussi va se prendre un bonbon! Un bonbon qui se boit... Mais où est donc cette fichue bouteille de vodka?
***
Père indigne -- Où sont mes bonbons?
Fille Aînée -- Où sont mes culottes?
Mère indigne -- Ahahahahah... glou glou...
Thursday, January 03, 2008
Toupie et Binou au pays du jambon magique
Ça se passe il y a trois semaines. La famille Indigne est en visite chez des copains.
Bébé (deux ans et demi), est dans le bain avec Mathis (un an et demi, le fils des copains en question):
Bébé est obnubilée par les parties intéressantes de son compagnon de bain: "Mathis, il a un zizi-pénis."
Mère indigne -- Oui chérie. C'est ça. Un zizi-pénis. Il a aussi un joli petit nez, regarde!
Bébé -- Mathis, il a un zizi-pénis.
Mère indigne -- Oui mon amour. C'est ça. Et aussi de beaux yeux bleus...
Bébé -- MaTHIS, il a un zizi-péNIS!
Mère indigne -- Oui mon poussin. Ça rime. Mais tu sais, Mathis, ça rime aussi avec, euh... lys?
Bébé, s'approchant de plus en plus de l'empire du milieu de Mathis -- Mathis, il a un zizi-pénis! Mathis, il a un zizi-pénis! MATHIS, IL A UN ZIZI-PÉNIS!
Puis, Bébé se tourne vers Mère indigne, lui lance un regard d'une tristesse abyssale et ajoute: "Mais on peut pas le manzer."
***
Deux semaines plus tard, Mathis est en visite à la maison. Bébé observe avec intérêt le moment du changement de couche. Elle a elle-même traîné une chaise près de la table à langer, pour mieux espionner.
Bébé -- Mathis, il a un zizi-pénis.
Mère indigne -- Ah ben oui, il est encore là, celui-là. Et, oh!, son nombril aussi, regarde!
Bébé -- Mathis, il a un zizi-pénis. Mathis, il a un zizi-pénis. Mathisilaunzizipénismathisilaunzizipénismathisilaunzizipénis
mathisilaunzizipénismathisilaunzizipénis... Mais on peut pas le manzer.
Le regret se lit, profond, dans ses yeux empreints d'une infinie tristesse.
***
Hier midi, dans un élan anti-gastronomique presque inégalé, Mère indigne offre à Bébé, en guise de lunch, deux tranches de jambon roulées accompagnées de quelque chose de plus ou moins vert (mais ce n'est pas de la dinde).
Bébé saisit la roulade de jambon entre ses petits doigts, l'examine de très près, la secoue. Puis, ses yeux s'illuminent. Au cri de "ZIZI-PÉNIS!", elle croque joyeusement dans la viande.
***
Les réactions:
Mère indigne: "Ahahahahahahaha! ... Mon Dieu. Dire qu'elle aura quinze ans un jour."
Copine maman: "Tu lui laisses manger du jambon, à deux ans?? C'est plein de nitrites ou quelque chose du genre, voyons!"
Mamie indigne: "Bon. Dis-moi pas qu'elle va être encore plus précoce que sa mère."
Père indigne: "Tu les as lus, toi, ses nouveaux livres de Toupie et Binou? Qu'est-ce qu'il y a, dans les livres de Toupie et Binou? C'est louche. C'est LOUCHE. Donne-moi ses livres de Toupie et Binou. Tu vois? Les couleurs sont un peu psychédéliques. Ça doit être plein de COCHONNERIES, Toupie et Binou."
Mère indigne: "Non. Pas quinze ans un jour. Non. Pas quinze ans un jour. Non. Pas quinze... (etc., etc., etc.)"
Bébé (deux ans et demi), est dans le bain avec Mathis (un an et demi, le fils des copains en question):
Bébé est obnubilée par les parties intéressantes de son compagnon de bain: "Mathis, il a un zizi-pénis."
Mère indigne -- Oui chérie. C'est ça. Un zizi-pénis. Il a aussi un joli petit nez, regarde!
Bébé -- Mathis, il a un zizi-pénis.
Mère indigne -- Oui mon amour. C'est ça. Et aussi de beaux yeux bleus...
Bébé -- MaTHIS, il a un zizi-péNIS!
Mère indigne -- Oui mon poussin. Ça rime. Mais tu sais, Mathis, ça rime aussi avec, euh... lys?
Bébé, s'approchant de plus en plus de l'empire du milieu de Mathis -- Mathis, il a un zizi-pénis! Mathis, il a un zizi-pénis! MATHIS, IL A UN ZIZI-PÉNIS!
Puis, Bébé se tourne vers Mère indigne, lui lance un regard d'une tristesse abyssale et ajoute: "Mais on peut pas le manzer."
***
Deux semaines plus tard, Mathis est en visite à la maison. Bébé observe avec intérêt le moment du changement de couche. Elle a elle-même traîné une chaise près de la table à langer, pour mieux espionner.
Bébé -- Mathis, il a un zizi-pénis.
Mère indigne -- Ah ben oui, il est encore là, celui-là. Et, oh!, son nombril aussi, regarde!
Bébé -- Mathis, il a un zizi-pénis. Mathis, il a un zizi-pénis. Mathisilaunzizipénismathisilaunzizipénismathisilaunzizipénis
mathisilaunzizipénismathisilaunzizipénis... Mais on peut pas le manzer.
Le regret se lit, profond, dans ses yeux empreints d'une infinie tristesse.
***
Hier midi, dans un élan anti-gastronomique presque inégalé, Mère indigne offre à Bébé, en guise de lunch, deux tranches de jambon roulées accompagnées de quelque chose de plus ou moins vert (mais ce n'est pas de la dinde).
Bébé saisit la roulade de jambon entre ses petits doigts, l'examine de très près, la secoue. Puis, ses yeux s'illuminent. Au cri de "ZIZI-PÉNIS!", elle croque joyeusement dans la viande.
***
Les réactions:
Mère indigne: "Ahahahahahahaha! ... Mon Dieu. Dire qu'elle aura quinze ans un jour."
Copine maman: "Tu lui laisses manger du jambon, à deux ans?? C'est plein de nitrites ou quelque chose du genre, voyons!"
Mamie indigne: "Bon. Dis-moi pas qu'elle va être encore plus précoce que sa mère."
Père indigne: "Tu les as lus, toi, ses nouveaux livres de Toupie et Binou? Qu'est-ce qu'il y a, dans les livres de Toupie et Binou? C'est louche. C'est LOUCHE. Donne-moi ses livres de Toupie et Binou. Tu vois? Les couleurs sont un peu psychédéliques. Ça doit être plein de COCHONNERIES, Toupie et Binou."
Mère indigne: "Non. Pas quinze ans un jour. Non. Pas quinze ans un jour. Non. Pas quinze... (etc., etc., etc.)"
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