Tuesday, May 22, 2007
Ma vie en dégueulirama
J'étais en train de préparer le souper. Rien de sanglant, rassurez-vous. Aucun légume n'était sacrifié sur l'autel de la soupe cathartique. Quelques olives venues expressément de la région de Kalamata, à l'Est de Rimouski (ou à l'Ouest, dépendamment du point de vue), eurent bien la surprise de voir leur chair malmenée par un couteau à la lame acérée; la sauce tomate a de ces exigences auxquelles nulle mortelle ne peut surseoir, surtout quand elle manque d'ingrédients intéressants.
Bref, de la moitié supérieure de mon corps, je préparais le souper, alors que la moitié inférieure, elle, s'affairait à tenir Bébé occupée. Plus précisément, Bébé jouait au souc à la corde avec ma jupe. Moi, je ne me serais pas laissée faire, mais ma jupe, elle, se laissait manipuler avec une complaisance hardie. La salope.
Inévitablement, vint le moment où Bébé découvrit que le dessous ma jupe constituait une excellente cachette. Elle s'y engouffra avec un plaisir manifeste. C'est alors que ma fesse gauche envoya à mon cerveau un signal d'alerte: quelque chose de mouillé, et de probablement visqueux, venait de s'y frotter. Et un autre endroit de mon cerveau se mit de la partie pour me rappeler que, deux minutes plus tôt, je n'avais pas cru bon de moucher Bébé pour la millième fois, afin d'éviter de l'entendre hurler pour la neuf cent quatre-vingt-dix-neuvième fois.
Les plus aguerris d'entre vous ont déjà compris: je me retrouvais, pour la première fois de ma vie, dans la fâcheuse position d'avoir de la morve au derrière.
La marche à suivre était claire. Je m'essuyai avec ma jupe, continuai à préparer le repas et espérai que je n'oublierais pas de prendre une douche avant de dormir.
Les enfants et nous. Y'a des moments si morveilleux.
Friday, April 27, 2007
Entre-deux
-- Maman! Aujourd'hui, j'ai appris une nouvelle chanson. Tu veux la connaître?
-- Bien sûr, mon amour.
-- Je t'avertis, il y a deux mauvais mots dedans. Elle est drôle, tu vas voir: "Le ciel est bleu, la mer est calme, ferme ta gueule pis rame! J'peux pas ramer chuis constipé, va te faire engueuler!"
-- Rhhhhumpffffrrrhum. Dis donc. Des gros mauvais mots, ça. (Tousse, tousse.)
-- T'as entendu, hein? Y'a "gueule", puis "engueuler". Allez, je vais te l'apprendre. Le ciel est bleu...
Fille Aînée me regarda d'un air encourageant. Je poursuivis donc, d'un air faussement hésitant:
-- La mer est calme...
-- Ferme taaaaa...
-- Gueule!
-- Piiiiiis...
-- Rame!
-- J'peux pas raaaa...
-- Mer...
-- Chuis...
-- Con...?
-- Stiiii...
-- Pé!
-- Vas te faire ennnn...
-- En...?
-- Ennnn...
-- Engueuler!
-- Bravo maman! T'es vraiment bonne pour le par-coeur!
(Note au lecteur: Puisque la suite comporte des gros mots et dans le but d'épargner votre sensibilité, le reste du billet a été écrit dans un langage codé extrêmement difficile à déchiffrer. Ainsi, j'ai remplacé chaque lettre par la lettre qui se trouve 26 places plus loin dans l'alphabet. Bonne chance.)
Fille Aînée riait de bon coeur de voir sa maman si bonne élève, et moi, j'étais encore plus réjouie d'avoir réussi à éviter la question qui tue -- c'est-à-dire quelque chose comme "Maman, est-ce que ça existe le mot 'enculer'?" Ah, ah! Y'a pas à dire, la vie est bonne pour...
Fille Aînée -- Maman, est-ce que ça existe le mot "enculer"?
... Est bonne pour la déchiqueteuse.
Moi -- "Enculer"? Hum. Oui, ça existe. Mais c'est un très, très mauvais mot.
Fille Aînée -- Ah oui? Ça existe? Audrey, elle disait qu'il fallait dire "enculer" dans la chanson, pas "engueuler". Mais moi, moi j'avais dit à Audrey que ça n'existait pas, ce mot-là.
Moi -- Ça existe.
Fille Aînée -- Et qu'est-ce que ça veut dire?
Chienne, chienne de vie. Méchant, méchant Père indigne qui n'est pas encore revenu du boulot.
Moi -- Ça veut dire, heu, qu'une personne x met un objet p dans les fesses d'une autre personne y.
Fille Aînée -- Maman! Tu as dit "dans les fesses". C'est "sur les fesses" qu'il faut dire!
Moi -- Non non. J'ai dit "dans les fesses" parce que c'est dans les fesses.
Fille Aînée -- Dans les fesses?
Moi -- Moui.
Fille Aînée digéra d'information et déclara ensuite d'un air résolu: "Alors, c'est moi qui ai raison. C'est sûrement 'engueuler' qu'il faut dire à la fin de la chanson."
Oh, que oui, chérie. À tout le moins pendant les quelques prochaines années...
Tuesday, February 06, 2007
À la manière de Pierre-Léon: C'est ma tournée
Les deux filles étaient à peine installées sur le siège arrière du taxi que j'ai su que la ride serait dure.
-- J'peux-tu m'installer en avant? m'a demandé la grande blonde.
C'est pas que ça ne me tentait pas, mais c'est en avant que je tiens mes casquettes de rechange, pis c'est pas à moins 20 que j'étais pour commencer à les déménager dans la valise.
-- Pas de chance, ma belle. Faut que j'protège mes calottes.
Je suis pas certaine qu'elle ait compris, mais elle s'est assise en arrière sans trop rechigner.
L'autre fille, une brune, avait l'air complètement partie. Pour tout dire, c'est moi qui ai dû l'installer, puis l'attacher près de son amie. Elle avait les membres complètement mous, et me regardait la redresser puis m'acharner sur la courroie de sa ceinture comme si se faire trimbaler comme une poupée était parfaitement normal.
Je la sentais mal, côté pourboire.
-- On est-tu arrivées? a demandé la blonde.
-- Minute, papillon! On est même pas encore parties!
J'ai ri. Pas elles.
Je me suis vissé la casquette un pouce plus bas sur le front, puis j'ai démarré.
-- On est-tu arrivées?
-- Non.
Le silence était aussi pesant que mon pied sur l'accélérateur. La brune dodelinait de la tête. Reflétant les lumières de la ville, un filet de bave coulait sur son menton. Je l'ai pris en photo via le rétroviseur, puis je me suis dit: "Pourvu qu'elle ne soit pas malade avant de descendre."
-- On est-tu arrivées? de répéter la blonde.
-- Y'a du traffic. On en a encore pour une quinzaine de minutes.
-- On joue-tu aux devinettes?
Juste comme je me disais que j'aurais dû les laisser à leur party et aller me coucher tôt pour une fois, la brune a commencé à pleurer. Des grosses larmes, qui reflétaient la lumière rouge au coin de la rue où nous étions arrêtées. La blonde s'agitait. Elle regardait sa camarade sans compassion, semblait à bout de patience. Elle finit par me dire:
-- J'pense qu'elle veut un biberon, Maman.
J'ai fouillé en-dessous de mes casquettes. Je n'en avais pas habituellement, mais on ne sait jamais... Oui! Ma main a saisi un biberon tiède qui traînait à côté de ma collection de contraventions.
-- Tiens, donne ça à ta soeur. Pis j'veux plus vous entendre jusqu'à ce qu'on arrive à la maison.
-- On est-tu arrivées?
Rendues à Laval, Père indigne nous attendait sur le porche.
J'ai pas attendu le pourboire ni même le prix de la course. J'ai débarqué les filles, je suis repartie vers le Nord, pis j'ai couché dans mon char.
Tuesday, December 05, 2006
De quoi ELLE se mêle?
Mère indigne -- 20%, c'est quand même considérable, non?
Père indigne -- ...
Mère indigne -- ...
Père indigne -- Bon, je retourne à mon repassage.
J'ai pensé à un pantalon tout froissé que j'aurais bien voulu mettre demain, mais je n'ai pas osé.
ENCOURAGEONS PÈRE INDIGNE SUR LA VOIE DE LA VOLUPTÉ!!! C'EST SON ANNIVERSAIRE AUJOURD'HUI!!! (le 6)
Monday, December 04, 2006
Atchoum n'est pas seulement un ami de Blanche-Neige
Quand arrive le matin, je vous jure que je suis heureuse de dormir en vieux T-shirt plutôt qu'en pyjama de soie: les cochonneries que je me ramasse, je ne vous dis pas. Et je ne fais même pas exprès (en général)! Au contraire, c'est Bébé qui, au détour d'un câlin, vient déposer une traîtresse traînée gluante juste à l'endroit où mon bras viendra se frotter dans les secondes qui suivront. À la une, à la deux, à la trois, à la douche!
Si ça reste sous contrôle (c'est-à-dire sur les chandails troués), ça peut toujours aller. Mais si l'habitude s'étend, ça devient un handicap. Je me suis changée trois fois l'autre jour avant d'aller à l'Université. C'est à ce moment-là que j'ai compris que je ferais mieux d'aller porter Bébé à la garderie avant de mettre mes vêtements définitifs. (À ce sujet, comment elles font pour rester propres, les éducatrices à la garderie? Elles utilisent des mouchoirs? Ça alors! Vous m'en direz tant!)
Tout ça pour vous dire que l'autre jour, je pliais les chandails de Bébé quand je fus victime d'un éternuement magistral. Impossible de le retenir ou de retenir quoi que ce soit à sa suite. C'était le genre d'éternuement qui arrive une fois par année et qui, après coup, vous pend dangereusement au bout du nez. J'aurais voulu courir jusqu'à la boîte de mouchoirs que je n'aurais pas pu; c'était dramatique à ce point.
Alors je me suis mouchée avec, coïncidence, un des T-shirts de Bébé.
Je l'ai lavé à nouveau ensuite, rassurez-vous, mais tout de même: j'ai eu le fort sentiment d'avoir contribué au fragile équilibre de la vie.
Saturday, December 02, 2006
Exhibitionnouille
Mais bon, une Webcam. Il y a quand même tout un folklore rattaché aux Webcams, non? En tout cas, dans ma tête, il y en a un.
Alors quand Père indigne a mis le programme de la Webcam en réseau sur les deux ordis de la maison (c'est-à-dire qu'on pouvait voir sur le second ordinateur les pitreries faites devant le premier), je n'ai pas pu résister. J'ai voulu faire une blague.
En fait, j'ai fait une connerie.
Père indigne a appelé Fille Aînée pour qu'elle puisse venir admirer sa mère (yours truly) sur l'écran. Avant que Fille Aînée n'arrive, j'étais persuadée que j'avais le temps de flasher mes oeufs sur le plat, euh, je veux dire mes appétissants melons d'eau, à Père indigne via la Webcam. Ben quoi, c'est ça qu'on fait avec une Webcam, non?
Sauf que Fille Aînée était vraiment tout près.
Fille Aînée -- Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!
Père indigne -- Chérie, on a tout vu.
Mère indigne -- Euh, quand tu dis "on"...?
Fille Aînée -- Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii! Maman, on a vu tes seins-seins!
Père indigne -- Si jamais il y a quelqu'un qui s'amuse avec la Webcam quand elle sera ado, tu t'arranges avec.
Mère indigne -- Merde.
Fille Aînée raconte ma mésaventure à Eugénie:
Fille Aînée -- Pis là, tu sais pas quoi, Eugénie? Ma mère a montré ses seins-seins à la caméra!
Eugénie -- Elle a-tu juste montré ses jos?
Mais non, les amis. Je blague. Comme tous les hivers, l'Eugénie sauvage hiberne. Elle a tout raté de cet épisode peu glorieux et n'a pas commenté ma malencontreuse performance.
On pourrait presque le regretter.