Désolée pour le titre, les copains, mais l'autre jour, j'ai rêvé que j'étais enceinte d'une troisième fille (si, si) et qu'on la nommait Rosie. La bonne nouvelle, c'est que ce n'était qu'un rêve, et la mauvaise, c'est que ça fait deux semaines que j'ai des chansons de Francis Cabrel dans la tête. Alors voilà, je vous l'avoue candidement, j'en suis au point où je dois partager mon cauchemar avec mon prochain. Avec vous. Gnac, gnac.
Mais je vous connais, ô lecteurs dont la curiosité n'a d'égale que la violente envie d'un Pim's Cake à l'orange à deux heures du mat' (en tout cas, si vous ressemblez un tant soit peu à Père indigne, vous êtes comme ça). Vous vous demandez "mais qu'est-ce qui peut bien continuer encore et encore, nom d'un petit bonhomme?"
Mes histoires de toilettes. C'est ça qui continue, encore et encore.
Comme vous le savez, il y a déjà plusieurs mois que je tente de reconquérir le territoire de la lunette. J'ai la faiblesse de croire qu'il est de mon bon droit de vouloir faire pipi/faire caca/prendre ma douche en paix. Fol espoir, j'en conviens, mais comment continuer à vivre, sinon? Or, j'ai souvent l'impression que mes prières et injonctions se perdent dans le tourbillon d'une vicieuse chasse d'eau métaphorique.
Mère indigne - OK, tout le monde, soyez forts. Je vais aux toilettes. Je vais verrouiller la porte. Prière de ne me déranger qu'en cas d'absolue nécessité.
Tout le monde - Compriiiis!
Mère indigne - (En business.)
Fille Aînée - (Toc.) Maman?
Mère indigne - (Se visualise loin, très loin, au bout du monde, au milieu d'un désert accueillant, avec une banane dans l'oreille pour faire bonne mesure.)
Fille Aînée - (Toctoctoc.) Maman. Maman? Maaaamaaannn! MAM-!
Mère indigne - Quoi? Mais QUOI, enfin???
Fille Aînée - Euh...
Mère indigne - C'est urgent?
Fille Aînée - Assez, oui.
Je termine la travail en triple vitesse (ce qui constitue en soi un traitement inhumain dénoncé par la Convention de Genève contre la torture) puis, je déverrouille la porte.
Fille Aînée - C'est parce que là, Bébé s'est déguisée en lapin, et là, je lui ai expliqué que j'étais aussi un lapin parce que mon signe chinois, c'est le Lapin, et qu'elle, elle était un --
Bébé - ZE SUIS PAS UN COOOOOOOQ!!!
Fille Aînée - Oui, t'es un coq --
Bébé - NAAAAOOOOOON!
Fille Aînée - ... parce que ton signe chinois, c'est le Coq...
Bébé, ajustant un masque de lapin sur son visage transformé en vallée de larmes - MAMAAAAAAAANZESUISUNLAPINPASMA
SOEURETZESUISPASUNCOOOOOOQ!!!
Mère indigne, désemparée, ne sachant quoi expliquer à qui - C'est parce que là, est-ce que je peux retourner aux toilettes? Parce que je pensais que j'avais fini mais j'ai pas fini et --
Bébé - Maman? Ze veux faire du bricolage avec toi pis ça va aller mieux.
Mère indigne - Ack. Peut-être que Papa pourrait... Chériiii?
Fille Aînée - Papa vient d'entrer dans la salle de bain. Il m'a dit de te dire qu'il en serait indélogeable pendant les deux prochaines heures et demie.
Mère indigne - Merde.
Bref, dans ma lutte pour la domestication des lieux d'aisances, je ne cesse de perdre des batailles. Mais je ne désespère pas de gagner la guerre!
Enfin, je ne désespérais pas. Car l'autre jour, je vous l'avoue, j'ai été ébranlée.
J'avais pourtant un bon pressentiment. D'autant plus que, ce jour-là, j'étais restée à la maison pour travailler. Vous me voyez venir. Seule à la maison. L'occasion rêvée de fréquenter les toilettes sans avoir l'impression qu'on était pour y faire défiler la flamme olympique.
Au début, ça a super bien été. J'ai tout fait ce que j'avais à faire, tranquille - la porte verrouillée, tout de même; on ne sait jamais, un passant aurait pu s'aviser de passer la tête dans l'embrasure par besoin urgent de savoir quelle était la racine carrée de 23.
C'est une fois sous la douche que les problèmes ont commencé.
Mère indigne - Aôôô champs Élyséééées, toulitoudoudouuu, aôôôôôôô champs Élyséééées, pfoufoudifouf-
Chien Premier - (Gratte.) Ouaf!
Mère indigne - Ben voyons donc.
Chien Premier - (Grattegrattegrattegratte.) Ouaf! Ouaf? Aouuuuuu! AOUUU-
Mère indigne - Chien Premier! Arrête ça tout de suite!
Chien Premier s'est arrêté pour mieux repartir sur les chapeaux de griffes, direction la porte patio. "Ouaf! Ouaouaouaf! Ouaffeuh, bon sang de bordel de chnoutte! Faut que tu viennes, vénérée maîtresse! J'te jure, c'est MÉGA-IMPORTANT! AOUUUUUUU!!!"
Bon. Là, je vous rappelle que j'étais toute seule à la maison. Et Chien Premier, ce brave toutou, ne jappe jamais pour rien. À peine s'il laisse échapper quelques (dizaines) d'aboiements (sonores) lorsqu'il aperçoit un écureuil, entend le chien du voisin, voit arriver le facteur ou ce qu'il croit être son ombre, s'imagine que le camion de vidanges passe ou, tout simplement, lorsqu'il s'ennuie un peu. Bref, j'étais tout de même un peu inquiète.
Et si quelque chose de grave se passait dans la cour arrière? Et si les voisins en avaient finalement eu assez de notre haie mal taillée, s'ils avaient décidé de prendre les choses en main à grands coups de chainsaw? Ou pire: et si le comité exécutif de la Ville de Laval avait unanimement décrété que Mère indigne devenait illégale sur son sol d'adoption? Je me défendrais pathétiquement: "Corrompre la maternité, moi? Mais Monsieur le juge, tout ce que j'ai jamais voulu, c'est faire des blagues! D'ailleurs, laissez-moi vous raconter la fois où Bébé--" Mais on m'interromprait, on me jetterait au cachot. Père indigne courrait au Jean-Coutu le plus proche pour me procurer de la ciguë afin que, telle Socrate au féminin, je puisse choisir d'abréger moi-même mes souffrances. Mais non, suis-je folle, il n'y a plus de ciguë dans nos pharmacies déliquescentes! À la place, Père indigne reviendrait avec une vingtaine de boîtes de Tylénols pour enfants. En plus, je le connais, il aurait choisi la saveur gomme-baloune, la plus ignoble, puisqu'il m'aime et ne voudrait pas que je les avale... Ou alors, il aurait fait ça pour se venger du fait que j'ai échappé son saxophone par terre, l'autre jour? Mais c'était un accident! C'était...
Oui, bon, avec tout ça, il fallait que j'aille voir de quoi il en retournait. Je suis sortie de la douche, ruisselante, à moitié nue (mais non, voyons! Je sors de la douche! Je suis toute nue, quand même! Pardonnez-moi, je cabotine, je le sais, mais ça faisait trop longtemps que je n'avais pas écrit de billet).
Chien Premier, en pleine imitation de derviche tourneur - Ouaf, ouaf! Tchèque ça, vénérée maîtresse! As-tu vu ÇA??? J'capoooooote! Aouuuuuuuuuuuuuu! AOUUUUUU!!!
De la neige. C'était de la neige. Chien premier avait pété les plombs et m'avait tirée de la salle de bain parce qu'il neigeait.
Après avoir garroché le chien dehors pour lui permettre d'apprécier tout le côté pastoral, ludique et merveilleusement glacial des flocons qui bâtissent des ponts entre nous et le ciel (encore du Cabrel, gnac gnac), je suis retournée sous la douche.
La morale de l'histoire? Lorsque les épreuves nous accablent, il faut se souvenir qu'il y a moyen d'en sortir plus propre.
Thursday, December 03, 2009
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17 comments:
Hé hé hé...
Finalement, le chien, il est quand même utile à mon art. ;-)
Merci, ça faisait longtemps qu'on se retenait... de te lire! Tu écris avec une telle aisance que tout lieu devient aussitôt un lieu d'aisance. Hum, bon. Ce commentaire est à flusher.
T'aurais dû dire au chien:" C'est que le début (de la neige), d'accord, d'accord."
Moi je viens du ciel et les étoiles entre elles ne parlent que de toi !!!
(et de tes toilettes uh uh)
Olivier, pas besoin de se censurer. C'est la liberté, ici, dans la belle P.Q.!
Martine: Argh. Ma journée commence mal. ;)
ophise: Re-argh! ;)
Ah ouin? Ben moi, je vis dans une maison sans balcon, sans toiture, où il n'y a même pas d'abeilles sur les pots de confiture!
Je défaille de bonheur de lire un vrai grand billet...
Tu as aussi l'option je vais aux toilettes avec mon ordinateur portable, (merci le wifi) et je TRAVAILLE, on ne me dérange pas. Faut faire des wawas ton bureau.
(Cabrel? T'es mal là, très mal)
Quatre grandes cages, dans un coin retiré et isolé du sous-sol de ta maison, c'est tout ce que ça prend pour avoir la paix dans la s.de.b. ...
Et vive Mère Indigne !
Champ élisés o_o
dans la douche ?
Peut-être que ce n'était pas la neige qui rendait chien premier fou >_>
Superbilletunefoisdeplus!
Mawie: aucune vie privée, donc! Quelle horreur! Mais au moins, pas d'abeille pour vous espionner. ;-)
Angel: J'y arrive pas. Faudra que tu m'aides. La prochaine fois que j'y vais, je te skype - c'est un début!
ratata! Oui, tous dans la cage du chien! Ça devrait les occuper pendant suffisamment de temps... ;-)
S.J.: Mouais. Peut-être qu'il est plus intelligent qu'il n'en a l'air... ;-)
J'avais les barbapapa dans la tête depuis ce matin, maintenant j'ai du cabrel... ça résonne ça résonne...
C'est dans les grandes grottes que ça résonne le plus m'a-t-on dit un jour...
Moi je connais une chanson qui énerve les gens,
Moi je connais une chanson qui énerve les gens,
Moi je connais une chanson qui énerve les gens,
Moi je connais une chanson qui énerve les gens,
bis
ter
adlib repetita nec megitur.
Je m'appelle Rosie à cause de Francis Cabrel justement ;)
Pffffffff, le chien !!!!!!!!
Les toilettes... j'ai depuis longtemps renoncé à fermer la porte quand je suis seule à la maison avec Grande Fille, Garçon et Doudou. C'est plus simple et curieusement, depuis ce temps, y'en a pu d'urgence.
Je crois à la conspiration pour nous empêcher de faire nos besoins en paix. S'ils n'ont pas l'impression de déranger, ben plus de dérangements.
Quand je dis que je vais faire pipi, mon fils me dit "Attend, j'arrive!"
roooh les toilettes.....un endroit qui connait un grand engouement de la part des enfants des que maman est dedans...ici j ai droit quand je file aux toilettes a: "moi aussi pipi maman"...et forcement ca devient urgent des que j y suis!^^
je compatis a ta douleur :)
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