Tuesday, August 05, 2008

Soeur fou rire

Les filles, en tondant le gazon ce matin, j'ai eu une révélation. Bien entendu, je me suis tout de suite précipitée vers Père indigne pour lui en parler.

Mère indigne -- Chéri, en tondant le gazon ce matin, j'ai eu une révélation. Bien entendu, je me suis tout de suite précipitée vers toi pour t'en parler.

Père indigne -- Ne me dis pas que tu as compris que j'étais fantastique?

Mère indigne -- Bien sûr, tu es forminable, comme dirait Bébé. Mais non, c'est pas ça. J'ai eu un flash. Quand j'allais à l'école au collège de soeurs, en secondaire 1 et 2, y'avait Soeur Pauline. Elle nous fascinait parce que, contrairement à la majorité de ses collègues, elle avait eu la vocation sur le tard. Je me souviens encore du moment où elle nous avait raconté qu'elle s'était mariée, qu'elle avait eu deux enfants, et qu'à trente-deux ans, elle avait reçu l'appel du Seigneur.

Père indigne -- Wow.

Mère indigne -- Ben, c'est ça qu'on se disait! Wow! Elle avait un couple, une famille, mais l'appel de Dieu était si fort qu'elle a quand même tout laissé tomber pour s'enfermer dans un couvent. Le renoncement total. Mais ce matin, j'ai compris. Tu vois ce qu'elle a fait, Soeur Pauline?

Père indigne -- Elle s'est barrée.

Mère indigne -- Ex-ac-te-ment!! Elle s'est barrée! La vie de famille, le mari, les petits monstres, les repas, les couches, les crises, les lunchs, le gazon... Elle en a eu marre et bonsoir la visite! Allez que je m'enferme toute seule dans ma petite chambre avec ma Bible et mes romans policiers, je deviens une sainte femme et j'ai la sainte paix. Alors là, chapeau, Soeur Pauline! Un vrai coup de génie! Elle doit encore en rire dans son lit le soir, en lisant le dernier Lawrence Block. (Silence admiratif.) Le pire, tu sais c'est quoi?

Père indigne -- Quoi?

Mère indigne -- Un jour, Soeur Pauline m'avait demandé de rester avec elle après la classe. Quand toutes les autres élèves ont été parties, elle s'est penchée vers moi, m'a regardé droit dans les yeux, et m'a annoncé solennellement que Dieu avait besoin de moi. J'étais terrorisée.

Père indigne -- Laisse-moi deviner. Maintenant, tu commences à trouver ça moins effrayant.

Mère indigne -- L'appel de Dieu, chéri. L'appel de Dieu... Je le sens, LÀ! Il y a comme une force irrésistible qui prend possession de moi, une soif inextinguible de Le servir...

Père indigne -- Ça va quand même impliquer que tu renonces à pas mal de trucs, foie gras et Barsac pour commencer.

Mère indigne -- Oh! Attends, je ne t'ai pas dit le meilleur. Dieu a seulement besoin de moi pendant une semaine. Dans un Club Med. Ensuite, il se peut qu'il ait encore recours à mes services, mais de manière toujours très ponctuelle.

Père indigne -- Ta soudaine vocation a l'air un peu trop taillée sur mesure.

Mère indigne -- Les voies de Dieu sont impénétrables. Et c'est comme ça qu'on les aime.

Monday, July 28, 2008

En-cas d'urgence

Mère indigne reçoit la visite d'Amie-célibataire-indigne- femme-fatale-sulfureuse-et-dégénérée (pour faire court, nous l’appellerons Emmanuelle-l'Anti-Vierge. Bon, peut-être juste Emmanuelle, finalement, mais vraiment par souci d'espace). Toutes deux tentent d’avoir une conversation de filles autour d’un café.

Mère indigne – Attends, là, je comprends mal. Ton mec, il t’a dit qu’il avait une pépine? Je croyais qu’il était médecin.

Bébé -- WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA!!!

Emmanuelle – Non, pas une pépine. Il s’est dégoté une [AAAAAAAAAAAAAAAAAAA]ine.

Mère indigne – Il s’est fait tatouer quelque chose sur la p[AAAAAAAAAAAAAAAAAAA]???

Emmanuelle – (Soupir.) Tu comprends ri[OUAIIIIIIIIINNNNNNNNN].

Mère indigne – Merde. Attends deux secondes. (Puis, se tournant vers Bébé :) Mais qu’est-ce qui se passe, chérie?

(Note aux futurs parents : la crise qui suit est authentique. Comprendrez que vous auriez dû vous retenir. Je sais. Dommage. Trop tard.)

Bébé, se jetant par terre avec grand fracas – WAAAAAAAAAAA! Moi l’a tombééééééééaaaaaHHAAAA!

Mère indigne – Mais non, tu n’es pas tombée. Tu t’es jetée par terre.

Bébé – NonmoilaPAjetéparterre!! MOILATOMBÉ! BON! WIIIIIIAAAAAAAAAAHHH!

Mère indigne – Bon, d’accor-

Bébé – NANPADACCORAAAAAAAAA!!!

Mère indigne – Viens me voir, ma chouette, on va trouver une solution.

Bébé – NooooOOOOOooooon! On trouvera PAS de solution!!! On va trouver du CACA!!!

Mère indigne -- ...

Bébé – On va trouver de la CROTTE!!!

Mère indigne -- ...

Bébé, de plus en plus féroce – ON VA TROUVER DU CACA-CROTTE!!!

Mère indigne – Oké. J’ai compris. Tiens.

Bébé – NANMOIVEUXPAAAAAAaa. Marsi.

Suit un silence inespéré et quasi insoutenable.

Emmanuelle – C’est quoi? C'est... c’est des bonbons?

Mère indigne – Oui. D'habitude, ça fonctionne avec un ou deux, mais étant donné l’ampleur de la crise, j’ai pensé que ça valait la peine de lui filer le sac.

Emmanuelle – Attends, là, je rêve. Tu es en train d’apprendre à ta fille à manger ses émotions?

Mère indigne – Si je peux au moins lui apprendre une chose utile dans la vie, que ce soit celle-là.

Emmanuelle – Ben voyons! Ça n’a aucun sens! Il faut lui apprendre à gérer ses colères, à renforcer son estime de soi, à canaliser ses sentiments négatifs dans quelque chose de productif...

Mère indigne – Dans quelque chose de prod— non. J’ai assez de bricolages qui traînent partout, s’il faut que j’en ajoute un à chaque crise...

Emmanuelle – Tu pourrais au moins essayer de la raisonner, je sais pas, moi...

Mère indigne – Ben voilà. Justement. Tu ne sais pas.

Emmanuelle, levant les yeux au ciel – Classique. Je n’ai pas d’enfants, je ne peux rien dire.

Mère indigne, doctement – C’est pas une question d’enfants, c’est une question de savoir-vivre. Je dirais même plus, c’est une question de sauce-yolodgie. Tout le fonctionnement de la société est élaboré autour de la dégustation des émotions. Et d'ailleurs, j’irais même encore plus loin et je dirais que celui qui ne mange pas ses émotions ne mérite pas d’en avoir.

Emmanuelle – Bon, v’là autre chose.

Mère indigne – Pourquoi on va au restaurant, hein? Hein? Pour fêter des trucs! Pour célébrer! D’ailleurs, dans les magazines de bouffe, c’est toujours ça : préparer des banquets, des soupers entre amoureux... T’es heureux? Tu manges. Et les chips, mon Dieu. Les chips. C’est conçu pour la célébration, les chips. Surtout les Pringles, t’a vu la forme de la boîte...

Emmanuelle – Mais là, c’est la crise de nerfs de ta fille que tu célèbres en lui donnant des bonbons.

Mère indigne – Bon, bon, t’as raison, je vais faire un peu de renforcement positif. Bébé, ça va, t’es contente maintenant?

Bébé, la bouche pleine d’une masse collante – Mvfoui.

Mère indigne – Excellent. Tiens, fête ça avec une couple d’autres framboises en gelée.

Bébé – Mfwarsi.

Mère indigne – Elle est tellement polie. Je devrais la récompenser.

Emmanuelle – Ah, mon dieu! Arrête! C’est super choquant.

Mère indigne – Peut-être, mais en attendant, je vais pouvoir comprendre ce que tu essayais de me dire depuis tout à l’heure.

Emmanuelle – Ah. Oui. Écoute. C’est encore plus choquant.

Mère indigne – Quoi? Tu t’es mise au scrapbooking?

Emmanuelle – Es-tu folle, jamais. Non. Figure-toi que mon amant s’est fait une copine.

Mère indigne – « Ton » amant? Excuse-moi, je croyais que t’en avais dix-huit.

Emmanuelle – Quatre. Cinq. En tout cas, depuis trois jours, j’en ai juste quatre, ça a l’air.

Mère indigne – Tu es phobique de l’engagement, tu m’as déjà dit que la tendresse, c’était « gluant », ça devrait te faire plaisir de voir que ton attitude n’est pas contagieuse. Et aussi de voir que le gars continue d’être attiré par des filles, même après son expérience avec toi.

Emmanuelle – Tu peux rigoler, mais ça m’affecte vraiment profondément. Le truc, c’est que j’aime que ma vie soit régie par des règles, comment dire, cosmiques. Genre, je suis le Soleil, pis là y’a plein de petites planètes qui gravitent autour de moi. Et dans un système solaire, y’a combien de soleils?

Mère indigne – Euh, attends...

Emmanuelle – Juste un. Y’en a juste un. Là, un amant qui se fait une blonde, c’est comme deux soleils dans un même système solaire. Ça perturbe le cours normal des lois de la nature.

Mère indigne – T'as quand même pas le don d'ucubit- pardon, d'ubiquité. C’est pas fatiguant d’être le seul soleil?

Emmanuelle, le regard rêveur – C’est une bonne fatigue.

Mère indigne – J’ai une idée : tu rebaptises ton amant « Pluton » et pouf!, c’est même plus une planète.

Emmanuelle – C’est pas si simple. Enfin bref, ça m’a mise toute à l’envers, ça fait trois jours que je mange à peine.

Mère indigne – Hé ben voiiiilà! La candidate parfaite pour une rééducation! Ma chère, aujourd’hui, tu vas manger tes émotions. Que dis-je, tu vas les dévorer. Et je vais t’accompagner dans ta démarche.

Emmanuelle – J’aime pas les bonbons.

Mère indigne – Minute, minute. Les bonbons, c’est le stade 1, pour les enfants, puisque leur goût n’est pas encore de toute première qualité. Pour nous, j’ai ÇA.

Mère indigne ouvre le frigo et dépose sur la table un pot de foie gras tout neuf et une bouteille de Barsac. Toute neuve aussi. Mais rassurez-vous, pas pour longtemps.

Mère indigne – Le stade 2. C’était pour Père indigne et moi, mais il va comprendre ta détresse. Enfin, je crois...

Une heure plus tard...

Mère indigne – Pis? (hic!) Pluton?

Emmanuelle – Il en reste un petit peu au fond...

Mère indigne, déçue – Oh. J’aurais vraiment cru que ça t’aurait totalement guérie.

Emmanuelle – Non, je veux dire, il reste un petit fond de foie gras. Quoique (hic!) pour Pluton, je vais quand même m’ennuyer de ses cu[WAAAAAAAAAAAAAA]us.

Mère indigne, jetant un bonbon à Bébé – De ses quoi??

Emmanuelle – Nevermind. Donne-moi le fond de Barsac, ça va finir de guérir le bobo.

Mère indigne – J’aime ça quand l’élève dépasse le maître.

Plus tard, Bébé est au lit, Emmanuelle est partie, et Père indigne questionne.

Père indigne – Puis? De quoi vous avez parlé avec Emmanuelle?

Mère indigne – D’astronomie, figure-toi. De systèmes solaires, de planètes, d’harmonie dans l’univers...

Père indigne – Des cerveaux comme vous deux, vous devez avoir réglé la question de savoir si l’univers se rétracte ou s’il est en expansion?

Mère indigne – Ben, le sien s’est rétracté, je pense. Elle a aussi vaguement fait allusion à des cumul0-nimbus... Enfin, je crois, je ne suis pas certaine, y’a Bébé qui faisait une crise.

Père indigne – C’est Bébé qui a bouffé le foie gras?

Mère indigne – Non, c’est, euh, c’est nous... Avec Emmanuelle en pleine crise galactique...

Père indigne – Notre foie gras. De couple. Ça me fait mal.

Mère indigne – T’es triste? Tu devrais manger au lieu de te plaindre. Tu sais, sociologiquement, c’est plus civilisé.

Père indigne – ...

Mère indigne – Tu veux un bonbon?

Père indigne – J’aime pas les bonbons.

Mère indigne – Je parle de « bonbons ». Stade 3. On les trouve en général dans la chambre, sous les couvertures.

Père indigne – Oh. Je vois... Tiens, c’est drôle, je sens que mon univers est en expansion.

Mère indigne – Tu vas voir, je suis une thérapeute super professionnelle. Et pour mon salaire, je prends les chèques personnels.

Père indigne -- Bien essayé, Docteur Maman, mais cette fois-ci, je vais mettre ça sur ma carte soleil.

Saturday, July 26, 2008

Photoshoppons du bois, pour la mère, pour la mère

Z'avez remarqué? Je fais des tests de design de blogue. (Bon, d'accord, "design", c'est un peu fort... À vrai dire, je niaise avec Photoshop.)

Quoi qu'il en soit, ça pourra changer un peu dans les prochaines semaines. Surtout, ne le prenez pas personnel! ;)

Thursday, July 17, 2008

Mère indigne exagère, mais il faut bien gagner sa vie

Mère indigne – L’autre jour, j’ai voulu faire un test dans Facebook, mais je n’ai pas osé me rendre jusqu’au bout.

Père indigne – Pas «quel personnage de Passe-Partout êtes-vous?», j’espère? Je ne pourrais pas supporter d’avoir la confirmation officielle que j’ai épousé Alakazou.

Mère indigne – Non, non. J’ai commencé le test «Quel genre de criminel êtes-vous?». Fiou.

Père indigne – Fiou quoi?

Mère indigne – Ben, il fallait classer des crimes dans l’ordre, en commençant par celui qu’on était le plus susceptible de commettre jusqu’à celui qu’on ne commettrait jamais.

Père indigne – Tu as mis «souper avec un ex» en premier, j’imagine?

Mère indigne – Ce n’était pas sur la liste. Par contre, je me suis rendue compte que je classais «se faire payer en échange de faveurs sexuelles» en deuxième place! Tu te rends compte? J’ai réalisé que je n’aurais vraiment presque pas de problème avec le concept.

Père indigne – Hm.

Mère indigne – Euh, je veux dire, je n’aurais pas eu de problème avec ça avant de te rencontrer, évidemment.

Père indigne – Évidemment.

Mère indigne – Non, mais c’est vrai, je n’avais jamais vraiment réfléchi à la question, mais tant qu’à avoir un one night stand poche, aussi bien s’arranger pour pouvoir s’acheter une nouvelle paire de chaussures le lendemain, non? Si on est bien prudent, au lieu de ramener une MTS à la maison, on ramène une paire de Manolo Blahnik.

Père indigne – Est-ce que tu as vraiment suivi des cours d’éthique à l’Université?

Mère indigne – Tu me prends pour qui? Je n’achèterais pas de souliers en peau de serpent ou quoi que ce soit du genre.

Père indigne, une drôle de lueur dans le regard – Écoute, je ne suis pas certain que ton attitude soit tout à fait normale, mais juste comme ça, par curiosité... Combien tu aurais chargé?

Mère indigne, super capitaliste, super vite – Pour la soirée? Service complet? Genre, cinq cents piastres. (Et, regardant Père indigne par dessous d’un air éminemment sexy, enfin, elle essaie:) Mais pour certaines personnes très, très spéciales, j’aurais fait un prix d’ami. Cent cinquante. Taxes et tendresse post-coïtale incluses.

Père indigne – Écoute, je comprends que cette histoire de te faire payer pour des services sexuels est en quelque sorte un fantasme inassouvi chez toi. Si tu veux, et en tout respect pour ta valeur intrinsèque en tant qu’être humain, je serais prêt à...

Mère indigne – OUIIIIIII!

Père indigne sort un chèque et le remplit en ne se trompant même pas une seule fois, ce qui, pour lui, relève presque du miracle. Puis il le dépose triomphalement sur la table, devant Mère indigne qui s’en saisit d’une main, alors que de l’autre, elle clavarde déjà avec les copines pour discuter des meilleures marques de chaussures de luxe.

Mère indigne, examinant le chèque – Tu es certain que tu veux me payer tout de suite? On ne sait jamais, tu pourrais peut-être ne pas être satisfait...

Père indigne – J’ai toute confiance en ton professionnalisme.

Plus tard, dans la chambre à coucher...

Père indigne – Ooooh. Il fait noir ici. Ça augure bien.

Mère indigne, de sous les couvertures – Grufahdkjgaomf.

Père indigne – Et ces grognements... Des cris d’amour?

Mère indigne – Mal à la tête.

Père indigne – Mal à... Excuse-moi, mais les vrais professionnels ne demandent pas de congé de maladie quand ils sont sur un gros contrat.

Mère indigne – Écoute, entre le moment où tu m’as donné le chèque et maintenant, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de l’amour.

Père indigne – Mais... ça fait à peine une heure!

Mère indigne – Ouais, ben en une heure, je me suis tapée la méga-crise de Bébé qui ne voulait pas prendre son bain, pas brosser ses dents, pas se coucher, bref, pas collaborer. Bruyamment.

Père indigne – D’où le mal de tête?

Mère indigne – Non, ça je pense que c’est quand Fille Aînée m’a demandé de lui trouver des extraits sonores de la maturité sexuelle des orangs-outangs.

Père indigne – Bon, d’accord, ça va. Je suis un client compréhensif. Redonne-moi mon chèque et on n’en parle plus.

Mère indigne – Je... Écoute, mon mal de tête est terrible, je ne sais plus où je l’ai cach—où je l’ai rangé...

Père indigne -- Tu ne sais...?

Mère indigne – Je l’ai peut-être même perdu... Va falloir que tu m’en fasses un autre.

Père indigne – Dis donc, juste comme ça, dans ton test Facebook, c’était quoi le premier crime que tu étais susceptible de commettre?

Mère indigne – Fraude.

Père indigne – Merde.

Mère indigne, après un bref silence – Quand je pense que tu as osé dire que je ne suis pas professionnelle.

Friday, July 11, 2008

Comme dirait Adamo, c'est ma vie

Mère indigne -- Bébé, veux-tu aller faire pipi aux toilettes?

Bébé -- On dit "SITEPLÈ", Maman. Y faut dire "SITEPLÈ".

Mère indigne -- S'il-te-plaît, Bébé, veux-tu aller faire pipi aux toilettes?

Bébé -- Non.

Mère indigne -- ...

Bébé -- Pis là, faut dire "MARSI", Maman. "MARSIII!!!"

Friday, July 04, 2008

L'avis des bêtes

Ah, là, là, les filles. Faut que je vous raconte.

J’ai été au restaurant avec un homme hier soir. Pas avec Père indigne, non. Avec une de ces créatures étranges et fascinantes qui forment la race des «ex». (D’ailleurs, puisque Jean-Louis est déjà pris et que Jean-Jules menace de revenir dans le décor incessamment, j’ai décidé que nous appellerions cet ex «Jean-Ex».)

En femmes accomplies et expérimentées que vous êtes, les poulettes, vous savez que ce genre de relation est parfois un peu difficile à gérer. Surtout quand, vous rappelez-vous vaguement, vous avez peut-être certains torts assez gratinés à vous reprocher. Personnellement, j’ai trouvé une recette infaillible pour entretenir des relations harmonieuses avec mes ex, en tout cas avec Jean-Ex : couper complètement les ponts pendant 12 ans. Ensuite, quand on recommence à se parler, non seulement on ne se souvient plus exactement de qui a fait quoi de mal, mais on s’en fiche complètement.

Et après douze ans, ce qui est chouette, c’est que quand on ne veut pas parler des Méchants Fantômes du Passé, on parle des enfants qu'on a faits entre-temps.

Mère indigne – L’autre jour, je pense que j’ai été un peu bête avec Fille Aînée.

Jean-Ex – Toi, bête? Voyons, c’est impossible! (N.D.M.I. Voyez ce que ça fait, 12 ans de silence? L’harmonie. Génial.)

Mère indigne – Non, je te jure. Même Père indigne était un peu furieux. Fille Aînée est venue me voir pour m’annoncer en grandes pompes qu’elle avait réussi à faire fonctionner le DVD. J’ai dit «Bravo, chérie, c’est très bien»...

Jean-Ex – Et...?

Mère indigne – Figure-toi qu’elle m’a regardé d’un air un peu méprisant et qu’elle m’a dit : «Ben là. J’aurais cru que tu aurais été un peu plus... enthousiaste.» Heille, moi, ça me fatigue. Les enfants, aujourd’hui, on s’extasie au moindre truc, et ensuite, ils en veulent toujours plus. «Maman, Maman, j’ai pensé à fermer la lumière de ma chambre!» «Oh, mais c’est super, chérie, on va organiser une belle fête en ton honneur! » Pu capable. Alors j’ai répondu à Fille Aînée, un peu sèchement, «Quoi? Est-ce qu’il faudrait que je me roule par terre en plus? Que je te fasse un gâteau?» Père indigne a trouvé ça bête.

Jean-Ex – Enfin, personnellement, je la trouve quand même bonne d’avoir réussi à faire fonctionner un DVD. L’autre jour, au chalet, je n’y suis jamais arrivé. Trop de fils derrière la télé, trop de boutons sur la télécommande...

Mère indigne – T'as raison! C'est comme à la maison! Comment ça se fait qu’en 2008, il ne faut pas simplement brancher un fil dans un trou pour faire marcher un DVD? Ça me rend folle à chaque fois. Pour faire fonctionner le DVD chez nous, il faut commencer par allumer le lecteur de cassettes, mais pas juste l’allumer. Il faut mettre une cassette dedans, appuyer sur Play et ensuite sur Stop, sinon le son du DVD ne marche pas. C’est juste s’il faut pas dire abracadabra. C’est hyper-complexe, je n’y arrive pas la moitié du temps.

Jean-Ex – ...

Mère indigne – (Cligne, cligne.) Merde. Fille Aînée. J’aurais peut-être bien dû faire preuve de plus d’enthousiasme...

Jean-Ex – Hm.

Mère indigne – ... Mais elle va s’en remettre.

Jean-Ex – Hm.

Mère indigne – En fait, elle s’en est déjà remise. Comme je trouvais que j’y étais quand même allée un peu fort, j’ai fait amende honorable.

Jean-Ex – Tu t'es excusée? Tu as bien changé.

Mère indigne – Pas vraiment. Je l’ai emmenée au Dairy Queen.

Jean-Ex – Ah, ça, c’est pas bête... Tiens, changement de sujet, tu as lu la chronique de Josée Blanchette dans Le Devoir? Celle qui parlait des ex?

(Jean-Ex est un grand fan de Joblo. Depuis des années. Un fan noble, d’ailleurs, qui, comme pour le Playboy, ne lit pas Josée pour ses propos occasionnels sur le sexe, mais pour l'élévation de son âme. J’étais jalouse, dans le temps.)

Mère indigne – Oui, oui, j’ai lu... Rassure-moi, on va pas parler des Méchants Fantômes du Passé, là?

Jean-Ex – Non, ça va, je te respecte dans ton déni. En tout cas, tu sais que je ne lis pas Josée Blanchette pour ses propos occasionnels sur le sexe, je préfère l'élévation de son âme...

Mère indigne – Moui, bien sûr.

Jean-Ex – ... mais l’autre jour, elle parlait des ex qui veulent encore coucher avec leur ex.

Mère indigne – Oh! Seigneur. Moi, ça, ça me DÉGOÛTE.

Jean-Ex – ...

Mère indigne – Ça ne m’est jamais arrivé, et je peux te le dire, ça ne m’arrivera JAMAIS.

Jean-Ex – ...

Mère indigne – Coucher avec un ex. Sérieusement. Quelle HORREUR.

Jean-Ex – ...

Mère indigne – (Cligne, cligne.) Oh. Je... J’ai pas réalisé... J’ai encore été bête, là, hein?

Jean-Ex – ...

Mère indigne – On va au Dairy Queen?

Thursday, July 03, 2008

Terrible Taxi

Il m'arrive, les jours de grand retard, de prendre le taxi du métro Laurier jusqu'au bureau, qui se trouve coin St-Laurent et St-Viateur. Comme vous le dira tout bon chauffeur de taxi qui se respecte, faut prendre la rue St-Joseph jusqu'à St-Laurent, tourner à droite, et hop, on y est presque.

Mais aujourd'hui, j'ai rencontré un dur à cuire.

Mère indigne -- Je vais sur St-Laurent au coin de St-Viateur.

Chauffeur -- Vous prenez par St-Denis?

Mère indigne -- C'est-à-dire que... on ne peut pas tourner à gauche sur St-Denis et... je vais sur St-Laurent.

Chauffeur -- Oui mais là, on est à côté de St-Denis.

Mère indigne -- On pourrait pas prendre par St-Joseph? Puis tourner à droite sur St-Laurent?

Chauffeur -- St-Denis est juste là!

Mère indigne -- Je vais sur St-Laurent.

Chauffeur -- (Sourcils froncés.) Oui, mais LÀ, vous êtes à St-Denis, LÀ.

Mère indigne (dont on pourrait presque croire que parfois, elle aime se soumettre) -- Bon, écoutez, on va par où vous voulez. On peut passer par St-Denis, sans problème.

Chauffeur -- Ben NON! Pas par St-Denis!! On peut pas tourner à gauche sur St-Denis!! On va prendre St-Joseph, puis ensuite on va tourner à droite sur St-Laurent.

Mère indigne -- Ma foi... Excellente idée.

Est-ce que je me suis énervée? Mais non, voyons. Pas du tout. Je suis zen, moi. Relax. Décontrax. Un vrai substitut humain au Xanax. Même mes organes internes sont certifiés feng-shui.

...

Bon, j'avoue, il y a un truc.

Je ne me suis pas énervée, mais en réalité, c'est parce que j'ai ce genre de conversation environ trente fois par jour avec Bébé.

Mère indigne -- Viens chérie, on s'en va à la garderie.

Bébé -- Naaaaaaaan, moi veux PAS aller à la gâderiiiiiie!

Mère indigne -- Mais oui, chérie, tu vas pouvoir raconter à Sophie que tu m'as aidée à arracher des mauvaises herbes ce matin.

Bébé -- Naaaaaaaaan, moi l'a PAS aidé à arracher les môvèzèèèèèbes!

Mère indigne -- Puis quand Papa viendra te chercher, vous allez vous baigner dans la piscine.

Bébé -- Naaaaaaaan, LÀ, moi l'a PAS DE PISCINE à ma maison, LÀ!

Mère indigne (chez qui on pourrait presque croire que la soumission est un art majeur) -- Bon, bon, d'accord. Reste assise ici, alors. Maman va ranger la cuisine avant de partir.

Bébé -- Ben NAN! Toi tu peux PAS ranzer la cuizine, moi va aller à la gâderie raconter à Sophie que moi l'a arraché les movèzèbes avec Maman pis là Papa va venir me chercher pou' se baigner.

Mère indigne -- Ma foi... Excellente idée.

Comme aurait dit Gengis Khan, practice makes perfect.

Friday, June 20, 2008

Moi Maman, toilettes (c'est supposé être un jeu de mots, mais pas nécessairement génial)

(Certaines parties de cette histoire sont vraies. Je vous laisse choisir lesquelles.)

***

Mère indigne -- Vraiment, je suis désolée de m’être emportée tout à l'heure.

Soeur indigne -- Même Nièce indigne t'a entendu crier par le combiné.

Mère indigne -- Écoute, j'haïs vraiment ça être dérangée quand je suis aux toilettes. Je veux dire, avec les enfants, on s'y attend, mais là, Père indigne qui frappe à la porte pour me dire que ma soeur veut me parler au téléphone? C'était, comme, trop.

Soeur indigne -- Je comprends.

Mère indigne – Pourquoi on ne peut pas avoir la paix aux toilettes? Pourquoi? Même les animaux dans la jungle ont le réflexe de s’isoler. Et on les laisse faire. Pourquoi les mères ne peuvent pas être tranquilles?

Soeur indigne -- Mm.

Mère indigne -- C'est pareil chez vous, je peux pas croire.

Soeur indigne -- Mm.

Mère indigne – Écoute ça. L'autre jour, je suis aux toilettes. Concentrée. Et là, Fille Aînée frappe à la porte.

Soeur indigne -- Classique.

Mère indigne -- Bon, c'est déjà beau qu'elle ait frappé au lieu d'entrer et de s'asseoir sur le bord du bain en me fixant jusqu'à ce que j'aie terminé...

Soeur indigne -- Qu'est-ce qu'elle voulait?

Mère indigne – J’en ai tellement marre, si tu savais. Je lui ai demandé si ce qu'elle avait à me dire était vraiment important.

Soeur indigne -- Et?

Mère indigne -- Voyons. Bien sûr que c'était d’une importance ca-pi-ta-le. Ça ne pouvait pas attendre.

Soeur indigne – Elle avait pas déjà ses règles à huit ans?

Mère indigne -- Non. Elle venait d'écouter les nouvelles du sport. Elle voulait savoir ce que “neige synchronisée” voulait dire. Evidemment, le temps que je lui explique, ça m'a perturbée.

Soeur indigne -- Le blocage.

Mère indigne -- Total. Je n'ai pas pu procéder pendant trois jours.

Soeur indigne -- Et Bébé? Elle te fout la paix?

Mère indigne -- C'est pire! Pourtant, j'essaie vraiment d'être décontract. Je m'installe sur la cuvette pendant qu'elle est dans son bain, en me disant qu'au moins, comme elle est déjà dans la salle de bain, je sais à quoi m'attendre.

Soeur indigne -- Mais non.

Mère indigne -- Non. Non seulement elle me regarde fixement elle aussi, mais elle sort du bain et essaie de m'écarter les jambes pour vérifier où j’en suis. Et si j’ai le malheur de faire un numéro 2, il faut que je lui donne un nom.

Soeur indigne -- Fuck.

Mère indigne -- Fais-moi plaisir, appelle jamais ton chat «Ti-Brun».

Soeur indigne -- En tout cas, moi, j'ai réglé le problème. Je verrouille la porte.

Mère indigne -- Comment tu fais? Suffit qu'ils entendent le "clic" pour que toute la maisonnée soit soudain prise d'une envie irrépressible.

Soeur indigne -- Non. Plus chez nous. Pour les toilettes, j'ai adopté l'approche “tough on crime”. T'as envie quand j'occupe la place, tu vas ailleurs. On a trois salles de bain, c’est pas comme si je leur demandais d’aller faire ça dans la cour .

Mère indigne – Et ça marche?

Soeur indigne -- Ils se débrouillent. Et j'ai la paix. En fait, je dois dire que maintenant, c'est aux toilettes que je conduis la plupart de ma business.

Mère indigne -- Euh... C’est-à-dire...?

Soeur indigne -- J'amène le téléphone et mon ordi avec moi, je verrouille la porte, et je prends un grand respir. Je peux rester là deux heures.

Mère indigne -- Tu me niaises? Et Beauf' adoré? Il est d'accord?

Soeur indigne -- Tony fait pareil. D'ailleurs, je suis aux toilettes en ce moment même.

Mère indigne -- J'hallucine. Tu me parles au téléphone assise sur la bol.

Soeur indigne --Si je ne te l’avais pas dit, tu ne l’aurais jamais su. Faut juste que je fasse attention de ne pas flusher quand je suis au téléphone avec un client. Remarque, Tony le fait régulièrement et ses affaires ne se sont jamais mieux portées. Je pense que notre société est vraiment sur la pente descendante.

Mère indigne -- Seigneur. Et les filles?

Soeur indigne – Tony et moi, on prend nos tours de toilettes. Pour le moment, Tony s'en occupe. Il me reste encore un bon 15 minutes avant de lui céder la place.

Mère indigne -- Tu, euh, ne manques jamais de papier de toilettes?

Soeur indigne -- C’est drôle que tu en parles. C’est arrivé la semaine dernière en pleine gastro, alors on a fait le plein chez Cosco. Rouleaux doubles. Les armoires des trois salles de bain sont remplies à pleine capacité.

Mère indigne -- Et t'as ton ordi avec toi, là, là?

Soeur indigne -- Mon laptop. C’est vraiment génial. Dans un petit endroit clos comme ça, j’ai l’impression de me retrouver dans l’utérus de Maman, mais avec tout le côté pratique de la techno. D’ailleurs, tiens! Je viens de te poker sur Facebook.

Mère indigne -- Tu viens de me... J'ai mon voyage. C’est ce qui s’appelle avoir le wireless collé aux fesses.

Soeur indigne -- Ah, shit.

Mère indigne -- Non, s’il-te-plaît. Too much information.

Soeur indigne -- Non, non, c'est pas ça.

Mère indigne -- Quoi?

Soeur indigne -- Tony vient aussi de me poker sur Facebook. Il doit être dans la salle de bain à l'étage. Le maudit. Je pensais qu'il s'occupait des filles. Attends, je vais le skyper.

Boop! Boop! Boop!

(Bon, résumons, voulez-vous? On s’amuse tellement qu’on pourrait s’y perdre : Mère indigne, via son téléphone cellulaire, s’apprête à épier une conversation Skype entre sa soeur et Beauf’ adoré.)

Soeur indigne -- Chéri?

Beauf’ adoré -- Ouais?

Soeur indigne -- Comment ça tu me pokes?

Beauf’ adoré – Ben, quoi. J’aime pas ça perdre l’avantage du poke.

Soeur indigne – Je veux bien, mais les filles? Tu t’en occupes?

Beauf’ adoré – Pas vraiment. Je suis aux toilettes en haut.

Soeur indigne – Je vois bien!

Beauf’ adoré – Il est 4 heures. Ton tour de toilettes est fini.

Soeur indigne -- Tu pourrais me prévenir! Où sont les filles?

Beauf’ adoré – Euh... Écoute, faut je te laisse. J’ai vraiment envie.

Soeur indigne -- Mais où sont les fiiiilles??

Il s’avéra que les deux nièces de Mère indigne, suivant l'exemple de leurs parents, avaient investi la troisième salle de bain, celle du sous-sol. Par contre, boudant résolument la techno, elles s’étaient consacrées à une tâche manuelle et beaucoup plus terre-à-terre consistant à bourrer systématiquement la cuvette avec des rouleaux doubles de chez Cosco.

Moi, ensuite, j’ai fait une recherche sur Google, et c’est écrit noir sur blanc : on est toujours puni par où on a poké.

Sunday, June 15, 2008

Les vacances d'été

Dernière chronique radiophonique de la saison, diffusée à l'émission Nulle part ailleurs (Radio-Can, Sudbury). Elle sera en format audio sur le site de la station d'ici quelques jours.

***

Moi, je dois vous dire franchement, en tant que parent, je ne crois plus tellement au sens du mot « vacances » dans l’expression « vacances d’été ».

Suffit de traîner un peu sur Internet pour constater à quel point on vit dans un monde rempli de détresse. La question « que faire pendant les vacances avec les enfants », qui revient des milliers de fois dans les forums de discussion, nous révèle tout l’ampleur de l’angoisse humaine, et plus précisément de l’anxiété parentale à l’aube de la saison du Dairy Queen. Surtout qu’en général, c’est dès le 3e jour qu’on devra faire face à la phrase fatidique : « J’ai rien à faire. »

Pour les gens comme moi, qui passeraient des mois entiers à lire des romans policiers et qui sont donc confrontés au vide intersidéral lorsque vient le moment d’avoir des idées d’activités en famille, il est très normal de demander de l’aide sur Internet. Mais est-ce qu’on la trouve?

Malheureusement, il suffit de faire une brève incursion sur des sites soi-disant pratiques pour voir qu’en fait, ils ne nous sont d’aucune utilité. Une chronique destinée à donner des idées aux parents nous invite, par exemple, à adopter un « code de vie des vacances ». On nous propose des règles aussi alléchantes que « Chaque vacancier doit se coiffer différemment chaque jour ». Mais bon sang, chacun sait que les parents ne se coiffent plus depuis belle lurette, et encore moins en vacances!

Un autre de ces sites sataniques nous propose de ne pas aller au lit avant d’avoir chacun attrapé deux lucioles. C’est plus qu’une idée ridicule, c’est une infamie! Premièrement, pourquoi serait-il acceptable de jouer avec la vie de pauvres lucioles? Imaginez si on nous conseillait, à la place des lucioles, d’attraper chacun deux petits bébés phoques sur la banquise? Appelez-moi la Brigitte Bardot des lucioles, mais je m’objecte farouchement à leur chasse, et surtout à l’utilisation de leur fourrure pour fabriquer sacs de couchage. On pourrait pas dormir avec toute la lumière. Et deuxièmement, le but est de COUCHER les enfants TÔT, pas de les envoyer s’exciter pour qu’ils reviennent en réclamant encore plus de guimauves grillés. Il faudrait au contraire leur inculquer la hantise des lucioles, pour qu’ils aillent eux-mêmes se cacher dans leur lit dès qu’ils en aperçoivent les premières lueurs.

Et dans d’autres sites horriblement culpabilisants, on nous exhorte à ne pas parler de l’école pendant les vacances, sous prétexte que cela pourrait traumatiser nos pauvres petits n’enfants, leur rappeler qu’ils vont être obligés de retourner en septembre dans ces sombres endroits où ils devront (horreur!) apprendre des choses. Bon, moi je veux bien, mais est-ce qu’on peut quand même se parler de l’école entre parents, pour se dire à quel point on a hâte qu’elle recommence?

Non, mes chers parents. Inutile d’espérer une quelconque aide du cyberespace. Nous sommes seuls au monde.

Ceci dit, et puisque vous m’êtes sympathiques, j’ai décidé de partager avec vous seuls quelques idées qui m’ont été inspirées par ce thème estival.

Tout d’abord, et bien que la tentation puisse être grande, je vous déconseille de perdre vos enfants en forêt avant de partir pour deux semaines à Miami. Premièrement, nos enfants aujourd’hui sont très précoces et malheureusement, ils connaissent déjà leur adresse par coeur dès l’âge de 3-4 ans. En plus ils peuvent appeler le 911 à partir du cellulaire de Dora que leur parrain leur a offert pour Noël. Une poursuite policière sur la 40 avec vos enfants qui pointent votre voiture du doigt du haut de l’hélicoptère est certes une manière enlevante de commencer des vacances, mais aussi de les terminer un peu trop rapidement.

J’ai par contre devisé un plan ingénieux pour assurer à votre couple un bref moment d’intimité pendant les vacances. Vous mettez les enfants dans un avion en partance pour l’Australie, avec un papier assurant qu’ils vont rejoindre leur grand-maman. Vous vous reposez pendant 3 ou 4 jours, le temps que la compagnie aérienne se rende compte que personne, pas même un kangourou, n’attend votre marmaille à Sydney et ne vous les rapatrie vite fait. Vos enfants, seront ravis de l’aventure, et vous aussi, puisque vous rentrerez à la maison avec les bouteilles de gin que vous leur aurez demandé d’acheter à la boutique hors taxe. Vous quitterez tous ensemble l’aéroport en rigolant et au pas de course, et comment mieux terminer cette épopée que par une autre poursuite policière sur la 40? Car malheureusement, les forces de l’ordre n’ont parfois pas le même sens de l’humour que les parents au bord de la crise de nerfs.

Mais après de multiples essais et erreurs, je pense avoir trouvé LA solution au problème des vacances. En tout cas, des miennes. Ça m’est venu en allant chercher du lait au dépanneur plus tôt aujourd’hui, et – oh! Justement, Père indigne vient de m’envoyer un texto à ce sujet : « quand reviens-tu du dépanneur, toi partie depuis 2 heures ». Juste un moment, chers amis, je lui réponds : « Chéri, plus de lait au dépanneur, moi partie à Bora-Bora acheter du lait de vaches heureuses. Retour dans trois semaines avec un 2 litres, signé, ton épouse aimante ». Hiiiiiiiiiiii!

Bon, mon avion est sur le point de s’envoler vers le Pacifique, alors je me dépêche de vous souhaiter à tous de fabuleuses vacances d’été avec les enfants, que vous aimez malgré tout, n’est-ce pas? Surtout les vôtres.

***

(Tiens, je me relis et je me dis que j'exagère sans doute, comme d'habitude... Si vous connaissez des sites Internet avec des idées intéressantes pour les vacances, ou que vous avez vous-mêmes des trucs éprouvés d'activités familiales, ne vous gênez pas pour nous donner vos idées et références dans les commentaires!)

Thursday, June 05, 2008

Surprises et autres singeries

Après quatre jours d'un cruel éloignement, Mère indigne rentre d'un voyage à Vancouver et se prépare à accueillir, au creux de ses bras aimants, les membres de sa famille désemparés par une si longue absence.

Mère indigne -- Mes chéris! C'est moi! Je le sais, vous avez tant souffert. Venez vous réfugier dans mes bras accueill-

Bébé -- MA SUPIIIIZE!

Mère indigne -- Ta...?

Bébé -- VEUX MA SUPIIIIZE!

Père indigne -- Elle veut son cadeau. Tu lui avais promis une surprise avant de partir.

Mère indigne -- Oui, bon. Viens ici, Bébé. Viens me donner un bisou. Après, je vais te donner ta-

Bébé -- SUPIIIZE! AAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHMAVEUXMASUPIIIIZEÀMAAAA!

Fille Aînée -- Maman?

Bébé -- Supize?

Mère indigne -- Ah, ma grande chérie! Tu viens me faire un gros câ--

Fille Aînée -- Euh, oui, Maman, c'est parce que, t'as une imprimante couleur à ton travail?

Mère indigne -- Ben... oui. Mais tu viens me donner un bis-

Fille Aînée -- C'est parce que c'est pour ma présentation sur les orang-outangs. J'ai besoin d'images.

Bébé -- Supize, Maman?

Mère indigne -- Oooooké, des images d'orang-outangs. C'est noté. Gros bis--?

Fille Aînée -- Et j'ai aussi besoin que tu trouves la réponse à une question très importante sur les orang-outangs.

Mère indigne -- Une question très importante. Sur les orang-outangs.

Fille Aînée -- Oui. Ça concerne l'âge de leur maturité sexuelle.

Bébé -- Supize!

Mère indigne -- L'âge. De leur maturité sexuelle.

Fille Aînée -- C'est parce que j'ai oublié si c'est à 4 ans ou à 6 ans qu'ils deviennent matures sexuellement.

Mère indigne -- Tu sais c'est quoi, la maturité sexuelle?

Fille Aînée -- Ben! C'est l'âge où le pénis pousse.

Bébé -- SUPIZESUPIZESUPIZE!!!

Mère indigne -- L'âge où le... D'accccooooooord.

Fille Aînée -- Si t'as des photos de ça, tu les imprimes.

Mère indigne, s'imaginant la gueule de Madame Nadia quand Fille Aînée va faire sa présentation en classe -- Non, je ne pense pas non. Tiens, Bébé, ta surprise.

Bébé -- MA SUPIIIIZE! Massi Maman.

Mère indigne -- Tu me donnes un beau bisou, là?

Bébé -- Va-t-en.

Mère indigne, au désespoir, se tournant vers Père indigne -- Toi, chéri, au moins, tu es content de me voir?

Père indigne -- Tu parles. J'arrivais justement à ma maturité sexuelle. Ça pousse, je le sens.

Mère indigne -- Oh! Une supize? Pour moi?

Père indigne -- Après ces retrouvailles difficiles avec nos enfants, tu le mérites bien.

Mère indigne -- Merci, chéri... Je suis rassurée de savoir que je ne suis pas pour toi qu'un simple instrument que tu prévois utiliser selon ton bon vouloir. Que je possède vraiment une dignité intrinsèque en tant qu'être humain digne de respect.

Père indigne -- Hé hé.

Mère indigne -- Chéri, je blague. Je ne suis pas dupe. Mais je suis une femme pleine de sagesse, et je sais qu'on doit accepter ce qu'on ne peut changer. Sers-moi une vodka-orange et je resterai votre esclave pour l'éternité.

Mère indigne sirota sa vodka-orange en se disant tout de même qu'un jour, elle finirait bien par les avoir.

Saturday, May 31, 2008

Redécouvertes

Chronique radiophonique diffusée il y a, hum, 25 minutes à l'émission Nulle part ailleurs (Radio-Can, Sudbury). Quasiment du direct, quoi! Et si vous voulez l'entendre avec vos oreilles, elle sera sur le site de la station d'ici quelques jours.

***

Moi, je vais vous dire franchement, en tant que parent, je trouve qu’on exagère un peu le côté émouvant du regard d’un enfant.

Vous savez, quand on entend dire que c’est tellement chouette d’avoir des enfants, parce qu’on redécouvre le monde à travers leurs yeux? Qu’on retrouve la magie des choses qu’on a fini par trouver ordinaires avec les années qui s’accumulent? Personnellement, j’ai l’impression qu’on a parfois de bonnes raisons de trouver certaines choses ordinaires : c’est parce qu’elles le sont.

Voir le monde avec des yeux d’enfants, c’est voir une limace dans le jardin et avoir envie de la manger. C’est aussi s’extasier sur quelque chose d’aussi improbable que, disons, du sable. « Maman, maman! Viens toucher comme c’est doux et chaud, du sable! » La première fois, vous souriez de l’enthousiasme de votre enfant devant une matière qui, elle le saura bien assez vite, est peut-être chaude et douce entre les doigts mais se transforme en saloperie rugueuse lorsqu’elle s’infiltre dans vos chaussures, vos cheveux, ou même pire. Néanmoins, en bon parent, vous vous exclamez, enthousiaste : « Maman change la couche de ton petit frère et elle arrive tout de suite. » Mais l’autre matière douce et chaude qui a envahi la couche de Bébé vous fait cependant oublier tout le reste.

« Maman! T’es pas encore venue toucher mon sable! », vous répète-t-on une demi-heure plus tard, d’un ton légèrement agacé. C’est que, bon sang, le sable, vous l’avez touché et retouché de nombreuses fois au cours de votre vie, et pour être franche, en tant qu’adulte, vous avez depuis longtemps découvert qu’il existe d’autres choses douces et chaudes que vous toucheriez plus volontiers que du banal sable de chez Canadian Tire. « J’arrive dans cinq minutes! », hurlez-vous, en vous empressant immédiatement d’oublier ce que vous venez tout juste de promettre.

Deux heures plus tard, on tire sur votre jupe : « Maman. Le sable. » Excédée, vous déléguez alors Bébé pour aller y toucher à votre place, au maudit sable. Ce qu’il s’empresse de faire. Et non seulement il le touche, mais il le prend à pleines mains et il le jette dans les yeux de sa grande soeur qui expérimente alors la douceur et la chaleur des grains de sables coincés sous la paupière. Elle pleure, il pleure, et vous priez pour que votre conjoint arrive au plus vite pour lancer vos deux petits monstres dans ses deux bras doux et chauds, et qui sont bien mieux d’être accueillants.

Parfois aussi, être soi-même vu à travers des yeux d’enfants, c’est pas nécessairement positif. Quand votre rejeton, dans l’autobus, vous demande de sa voix haute et claire : « Maman, pourquoi le Monsieur assis à côté de nous a les dents oranges? », vous aimeriez bien qu’il ferme ses yeux d’enfants une fois de temps en temps. Et sa bouche aussi, par la même occasion.

Et même quand ça a l’air positif d’être vu par des yeux d’enfants, on peut se poser de sérieuses questions. Vous savez par exemple que la petite voisine cultive un fétichisme avancé pour les robes de princesses et que ses yeux s’écarquillent à la moindre poupée Barbie peinturlurée comme un travesti qui se serait fait capturer par le Cirque du Soleil. Or, quand cette même petite voisine pose sur vous ses yeux d’enfants, les écarquille et s’exclame «T’es tellement bellllle Madame» alors que vous vous apprêtez à partir pour une importante réunion d’affaires, vous avez tendance à vous poser des questions sur la couleur peut-être un peu trop vive de votre nouveau rouge à lèvres ou sur la bienséance de vos talons hauts. Vous résistez à l’envie de fondre en larmes, mais vous rentrez quand même à la maison vous changer encore quatre fois avant de partir.

Et puis la redécouverte, comme son nom l’indique, c’est pas la vraie nouveauté. Ça enlève quand même le « oumph » d’une histoire de déjà savoir comment elle va finir. Pourtant, les enfants, ils peuvent écouter Aladin cinq fois de suite sans aucun problème, et ce, tous les jours pendant trois ans. Avouons que c’est tout de même préoccupant. Et parlant d’histoires qu’on répète à n’en plus finir, c’est quand on est parent qu’on se rend compte que l’humanité roule sur un capital de blagues assez restreint. Voulez-vous bien me dire comment ça se fait qu’en 2008, on est encore pognés avec Pète pis Répète? Pis la madame qui avait deux fils, Sam et Pique? Aujourd’hui, vous vous plaisez à imaginer Pète et Répète assis dans leur chaloupe, tout vieux et ridés, en train de tourner une publicité de couches pour adultes : « Tu sais comme moi, Répète, que passer sa vie sur un bateau, ça exige des solutions alternatives pour se soulager ». Et Sam et Pique, on peut espérer qu'ils ont enterré leur fatigante de mère depuis longtemps. Et on peut même imaginer qu’ils sont eux-mêmes parents de deux enfants, deux filles, qu’ils ont appelées Calamine et Vagisil, question de remettre un peu d’équilibre dans l’Univers.

Sur ce, permettez-moi de me changer les idées d’Aladin et de retourner tranquillement à la lecture de mon roman policier. C’est vrai, les intrigues sont aussi toujours les mêmes, mais au moins, c’est pas comme les vieilles blagues : les noms des personnages changent. Et tiens, je vais peut-être même accompagner ma lecture d’un petit gin tonic. Le gin tonic... Voilà bien quelque chose que je ne me lasserai jamais de redécouvrir...

Monday, May 26, 2008

Ignorance is bliss

Fille Aînée -- Maman, je sais comment on appelle ça, le poil en dessous des bras.

Mère indigne -- Ah oui? (Y'a un nom pour le poil en dessous des bras? Pouf pouf... Le poil, euh, pubien?... ah, non, c'est pas ça, ça c'est ailleurs...) Comment on appelle ça?

Fille Aînée -- Les menstruations.

Mère indigne -- Euh...

Fille Aînée -- C'est ça que mes amis disent à l'école.

Mère indigne -- Eh bien, euh, ils se gourent. C'est pas ça.

Fille Aînée -- Ben c'est ça que mes amis disent à l'école.

Mère indigne -- Les menstruations, c'est du sang.

Fille Aînée -- (Cligne, cligne.) Ben c'est pas ça que mes amis disent à l'école.

Mère indigne -- C'est du sang qui sort par la zézette une fois par mois quand notre corps comprend qu'on n'a pas de bébé dans notre ventre. Notre corps, euh, à chaque mois il construit un petit coussin, genre, en sang, puis quand aucun bébé ne vient s'installer, ben, le coussin sort. En sang.

Fille Aînée -- (Cligneclignecligneclignecligne. Cligne.) En tout cas, c'est pas ça que mes amis disent à l'école. Pis en tout cas, faut que j'aille dans ma chambre.

Mère indigne -- Super. On s'en reparle le plus tard possible, OK?

Saturday, May 24, 2008

Blogu'or... Époustouflant!

D'abord, je suis époustouflée d'avoir gagné dans la catégorie "Meilleure Bedaine", c'est pas tous les jours qu'on peut se vanter d'une chose pareille! Merci à tous!

Et ensuite, encore plus époustouflant est le gala lui-même, élaboré par la Fêlée et l'Ex-Ivrogne. Ils ont fait un travail du tonnerre, et je pense franchement que je ne me suis jamais autant amusée à regarder un gala. Les Oscars? De la small beer à côté de ça! Mille fois bravo à ces deux pionniers de la blogosphère!

Friday, May 16, 2008

Père indigne se mouille

Vous pouvez entendre le témoignage émouvant que Père indigne a livré au Salon du livre de Sudbury sur le site de l'émission Nulle part ailleurs.

Tout ce qu'il dit est vrai.

Saturday, May 10, 2008

Les joies de la lecture

Puisque je suis à Sudbury pour le Salon du livre (très chouette en passant, et où j'ai rencontré l'auteure du blogue La Petite Fumée, qui publiera aussi son livre bientôt, ainsi que Louise Desjardins, une femme et auteure éminemment intéressante), j'ai lu en direct mon billet à l'émission Nulle part ailleurs. Vous pouvez le lire ci-bas. Et si nous sommes chanceux, l'équipe de l'émission mettra aussi en ligne sur son site un billet exclusif de Père indigne, que ce dernier a préparé en cachette et qui a été diffusé juste avant mon intervention. Vous serez alors au courant de mon terrible secret: Père indigne est plus drôle que moi!

***

Moi, je dois vous dire franchement, en tant que parent, je suis 100% pour l’alphabétisation des enfants. Et plus vite on les alphabétise, mieux c’est.

Bon, c’est sûr, on veut tous que nos enfants aiment la lecture. Et au début, c’est pour des raisons nobles. On nous a tellement répété que lire, c’est important pour le bien-être de nos tout-petits. Toutes les belles couleurs dans les livres, ça les stimule – c’est sûr, ça les stimule à laisser des traces de dents sur la couverture, à déchirer les pages et à barbouiller les images, mais qu’à cela ne tienne. De toute manière, la lecture, c’est une si belle activité à faire avec son enfant : on lit une belle histoire ensemble avant le dodo, jusqu’au moment où on tombe nous-mêmes endormis dans le lit de Fiston pendant que ce dernier se relève pour aller dévaliser la crème glacée. Mais surtout, la lecture éveille nos bambins à la fantaisie, à l’imagination, à la manière de raconter des histoires, un art qui leur sera bien utile lorsqu’ils auront atteint l’adolescence.

C’est avec toutes ces excellentes raisons en tête qu’on instaure avec Fiston la jolie tradition de l’histoire avant le dodo. Et c’est là qu’on fait la connaissance de Monsieur Zozo, qui adore aller au zoo.

Votre enfant, lui, adore Monsieur Zozo. Il ne s’en lasse pas. Et si ça continue comme ça, vous avez peur qu’il ne s’en lasse jamais et n’accepte pas de s’en séparer même lorsqu’il sera plutôt en âge de lui préférer le Kama Sutra.

A priori, vous n’avez rien contre Monsieur Zozo. Les 10 premières lectures sont même plutôt agréables. Le méchant et énorme lion, qui capture Monsieur Zozo lorsque ce dernier s’approche trop près de sa cage, voulait seulement briser sa solitude et ne cherchait après tout qu’à se faire un ami. Vous tenez d’ailleurs à peu près le même raisonnement lorsque vous sortez le gin tonic après une dure journée au boulot. Mais après la 1425e lecture de « Monsieur Zozo va au zoo », comment dire? Il vous vient comme une étrange envie de mettre un peu de variété au menu.

Par exemple, après avoir annoncé que s’avançait «le méchant et énorme lion», vous succombez à l’envie d’ajouter un original «poil au menton». Mais mal vous en prend. Vous découvrez en effet que Fiston est en réalité un véritable gardien du culte de Monsieur Zozo, et ne supporte pas que vous salissiez cette littérature sacrée. Le lion, tu sauras, Maman, que ce n’est pas parce qu’il porte une crinière qu’on peut lui dire impunément «poil au menton». Pas non plus de poil aux doigts pour la girafe Rita, et les perroquets Pico et Tutu n’ont pas non plus de poil... nulle part.

Ce manque total de souplesse venant de votre progéniture ne cesse de vous attrister. En effet, lorsqu’on y pense un peu, nos enfants sont horriblement à plaindre. Dans leurs livres à eux, point des merveilleux ingrédients qui rendent la littérature pour adultes vraiment supérieure, j’ai nommé l’amour torride et le sang. Vous rêvez de pouvoir raconter la vraie histoire de Monsieur Zozo, dans laquelle l’énorme lion, en réalité un agent de l’escouade anti-drogue, capture Monsieur Zozo et l’éventre de ses griffes acérées pour trouver dans son estomac des sachets remplis d’héroïne. Ces sachets, Monsieur Zozo devait les livrer aux cruels perroquets, Pico et Tutu, membres de la filière colombienne. Mais le lion est lui-même corrompu jusqu’à l’os et, avec l’argent de la drogue, il s’enfuira avec le gardien de sécurité du zoo sur une île du Pacifique où pourra enfin s’épanouir leur amour interdit, au milieu des palmiers et des noix de coco aux formes évocatrices. Ils vivront heureux... enfin, jusqu’à ce que les perroquets les retrouvent et rapportent leurs yeux, en guise de trophée, à la girafe Rita, qui menait tout depuis le début.

Mais évidemment, il est hors de question que vous racontiez cette belle histoire à Fiston, et chaque soir, vous vous retrouvez face à face avec Monsieur Zozo, qui semble vous narguer un peu plus chaque fois en ayant l’air de dire : «Si tu me touches, tu vas avoir affaire au cartel de Medellín.»

C’est ainsi qu’un soir, votre mari remarquera de nouvelles traces de dents, les vôtres, sur la couverture du livre maudit, et il vous jettera le regard résigné de celui qui comprend que dorénavant, c’est lui qui sera de corvée de Zozo.

C’est aussi à peu près à ce moment-là que vous comprenez qui a orchestré les premières campagnes d’alphabétisation : des parents, comme vous, qui n’en peuvent plus de Zozo et du zoo et qui veulent à tout prix que les enfants, surtout les leurs, apprennent à lire au plus sacrant.

Mais il y a de la lumière au bout du tunnel. Hier soir, Père indigne m’a proposé une thérapie : son plan consiste à nous faire reconstituer l’histoire de «Zozo qui va au zoo», mais au lieu d’être Zozo, le héros, c’est moi, Zézette, et je me fais capturer par un gros gorille poilu qui tient beaucoup à briser sa solitude. Si c’est ce que ça prend pour me réconcilier avec le livre préféré de Bébé, je crois que je suis prête à faire un effort...

Friday, May 09, 2008

Billet radio de demain

Je lirai mon billet en direct de Sudbury demain, à 9h20, à l'émission Nulle part ailleurs, que vous pouvez écouter sur le Net. L'émission sera enregistrée au Salon du livre de Sudbury. Si vous êtes dans le coin, passez faire un tour!

Sunday, May 04, 2008

Changement de paradigme

Billet radiophonique diffusé hier matin à l'émission Nulle part ailleurs (Radio-Canada, Sudbury). Le billet audio sera bientôt en ligne sur le site de l'émission.

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Moi, je dois vous dire franchement, en tant que parent, je suis éblouie. Éblouie de voir à quel point avoir des enfants change notre vision du monde.

C’est vrai, tout le monde le sait, quand on a un enfant, on recommence à voir les bourgeons qui fleurissent au printemps (en même temps que les crottes de chiens qui émergent au parc et qui fascinent nos tout-petits) et on apprécie davantage le moment présent (surtout quand les enfants sont au lit). Puis prendre un enfant par la main, comme disait Yves Duteil, c’est tellement émouvant... Remarquez, on pourrait aussi changer les paroles pour :

Prendre un enfant par le bras
Pour le sortir du IGA
S’il pète une crise devant le rack à bonbons
Et qu’il prend ses parents pour des cons

... mais bon, on y reviendra sûrement dans une autre chronique.

Tout ça pour dire que les enfants, ça nous transforme d’une manière qu’on n’avait pas prévue. Par exemple, je ne sais pas pour vous, mais maintenant, quand je porte des souliers à lacets, je fais toujours des doubles noeuds, sinon, je me sens moins en sécurité. Et quand je vois certaines personnes se promener dehors à -10ºC sans leur tuque, je me demande quel genre de parents ils ont pour les laisser sortir comme ça de la maison le matin. D’ailleurs, je profite de l’occasion qui m’est donnée pour dire mes collègues de travail que c’est moi qui ai cousu leurs gants à leurs manches de manteau. Ils ne m’ont jamais remerciée, mais je sais qu’ils savent que c’était pour leur bien.

Aussi, depuis que j’ai des enfants, je ne pourrais pas être serveuse au restaurant. Les clients ne pourraient pas me commander une bavette de boeuf sans que j’essaie de l’attacher autour de leur cou. En plus, je serais toujours en train de souffler sur leur assiette en disant : « Attention! C’est chaud-chaud-chaud! » Et je ne sais pas jusqu’à quel point ils apprécieraient de se faire débarbouiller le bec après leur dessert.

Quand on a des enfants, on reconnaît aussi, infailliblement et chez n’importe qui, le twist de l’envie de pipi. Dès les premières nanosecondes, on sait ce qui se passe dans la région de leur slip et après une minute, on a envie nous aussi : envie d’en finir et d’aller les asseoir nous-mêmes sur la toilette. C’est pour ça que, si je donne une conférence dans un colloque et que je vois quelqu’un s’agiter sur son siège de plus en plus nerveusement, je n’hésite pas à m’interrompre : « Les toilettes sont au bout du couloir à gauche, Monsieur. Oui, vous, avec la cravate rayée. Allez-y, sinon vous allez avoir un accident! » Je ne sais pas pourquoi, mais en général, les gens à qui je dis ça, ils ne reviennent jamais pour entendre la fin de ma présentation.

Mais je dois dire que l’autre jour, dans l’avion, j’ai atteint le fond du baril. Mon voisin de siège, un inconnu, s’est mis à me raconter tous ses malheurs en long et en large. Si encore il avait été question de mésaventures sexuelles avec des personnalités connues, je l’aurais écouté jusqu’au bout, mais non. Il m’entretenait d’hypothèque et de prêts REER, et horreur, il s’est même mis à me parler de ses enfants. Mais au bout d’un moment, il s’est mis à se débattre. C’est parce que, sans même m’en rendre compte, j’essayais de lui fourrer dans la bouche une vieille suce qui traînait dans le fond de ma poche. Ça n’a pas tellement bien marché. Il a appelé ça une « atteinte à son intégrité physique », les agents de sécurité sont intervenus... Je leur ai dit que ça suffisait, j’ai compté jusqu’à trois et comme ils ne me lâchaient pas, je les ai tous envoyés réfléchir dans leur chambre.

Ça non plus, ça n’a pas tellement bien marché. En ce moment même, je vous parle en direct d’une cellule capitonnée et insonorisée, vêtue d’une chemise blanche à très longues manches. Mais ce n’est pas si désagréable. Ils m’ont laissé la su-suce et Père indigne est venu me porter un biberon de gin tonic. J’espère seulement que ma maman viendra me lire une histoire avant le dodo...

Friday, May 02, 2008

Chronique radio

Juste un petit mot pour vous dire que ma chronique à l'émission Nulle part ailleurs (Radio-Canada, Sudbury) sera en onde demain matin à 8h20. Je la mettrai sur le blogue après l'émission, comme d'hab.

J'aurai aussi la chance de lire ma chronique en direct le 10 mai, puisque je serai au Salon du livre de Sudbury du 9 au 11. Si vous êtes dans le coin, vous passerez me voir!

***

Pour ceux que ça intéresse, j'ai aussi mis des liens dans la colonne de droite vers des G.M. (Gentils Médias) qui parlent de Mère indigne. Sur le lien vers Archambault, il y a même des photos de la robe de Georges, avec, parfois, une fascinante ligne de bobettes en prime.

C'est Jean-Louis qui va être content.

Tuesday, April 29, 2008

Coma Chameleon

Hier, Fille Aînée m'a annoncé d'un air pénétré : "Maman, j'ai inventé une chanson. Les paroles... je pense qu'elles sont très belles."

Mère indigne -- Ah oui, qu'est-ce que c'est?

Fille Aînée -- "Sortir du coma..."

Mère indigne -- Mrfff...

Fille Aînée -- "Ne plus voir la vie en noir... Sortir du coma..."

Mère indigne -- Prfff...

Fille Aînée -- "Le coma de la joie."

Mère indigne -- "Le com... mrfff.. coma de la joie". Wow.

Fille Aînée -- Oui, tu sais, j'ai essayé de faire une chanson importante. Pour dire qu'il fallait être heureux.

Mère indigne -- Comme, sortir la joie du coma?

Fille Aînée, dont les certitudes vacillent quelques secondes -- Ouuuui. Mais sortir du coma de la joie, c'est pareil. Hein? C'est pareil?

Mère indigne -- Oui, chérie. Bien sûr. Identique. Et magnifique. Rmflgrrfff.

***

Plus tard, avec Père indigne:

Mère indigne -- Je pense que je n'aurais pas dû downloader les chansons de Marie-Mai pour Fille Aînée. Elle y est allée d'une composition personnelle.

Père indigne -- Qui disait?

Mère indigne -- "Sortir du coma/Quelque chose au sujet d'idées noires/Sortir du coma..."

Père indigne -- Mrfff...

Mère indigne -- LE COMA DE LA JOIE!

Père indigne -- ... Okayyyy. Je lui en compose une autre sur le vomi de la vie, pis on fait Star Académie.

***

Encore plus tard:

Mère indigne -- Si tu veux, avant d'aller te coucher, on peut regarder où en sont les Canadiens à la télé. Oh, oh. Trois-zéro pour Philadelphie.

Fille Aînée, très hockey, copains d'école obligent -- Ahnoncépavraiiiii!

Mère indigne -- Ouaipe, chérie. J'ai l'impression que les Canadiens ont une petite déprime, là. Un petit coup de fatigue. Qu'ils ont besoin d'un peu d'encouragements.

Fille Aînée -- Bonne idée Maman! Go Habs GO! Go Habs GO!

Mère indigne -- Go les Habs! Sortez... du... COMA DE LA JOIE!

Fille Aînée -- ...

Mère indigne -- Mrfff...

Fille Aînée -- Très drôle.

Friday, April 25, 2008

C't'une fois deux mères: La voie lactée


Après avoir gagné un prix littéraire, je me suis dit que la moindre des choses serait de vous écrire un magnifique billet avec plein de mots réfléchis et d'introspection, de longues descriptions de steppes sauvages, le tout entrelacé de pensées profondes qui contribueraient à vous emporter au-dessus des contingences de la vie, dans les nuages de la poésie. Ça n'a pas marché. Alors à la place, j'ai écouté les ordres d'Éditeur Indigne: "Si tu veux un tome II, la mère, va falloir y mettre plus de sexe". Alors voilà, le texte en bas, c'est sa faute à lui.

(Et comme une lectrice le signale dans les commentaires, ce billet aurait pu s'intituler "Tout ce que vous n'auriez jamais voulu savoir sur l'allaitement". Soyez prévenus...)

***

Future Maman -- Faut que je te dise. J'ai un peu d'appréhension à propos de l'allaitement.

Mère indigne -- Le dilemme classique, allaiter deux jours ou bien deux ans? Dans mon cas, c'est Bébé qui a décidé. À 4 mois, elle a fait une grève de la faim, refusé le mamelon tendrement offert pendant je ne sais plus combien de boires, et ensuite elle a avalé trois fois huit onces de suite dans un biberon. Pire que moi avec le gin tonic.

Future Maman -- Tu as dû te sentir trahie?

Mère indigne -- J'ai pleuré pendant deux jours. Surtout que le lait accumulé, ça vous bétonne une poitrine. J'ai eu l'impression de porter deux gongs dans le soutif pendant une semaine. Mais ensuite, je suis allée au cinéma onze soirs de suite... L'extase.

Future Maman -- T'aurais peut-être pu insister un peu plus pour qu'elle boive au sein?

Mère indigne, songeant au caractère de Bébé -- Insister? Avec Bébé??? Des plans pour me faire transformer en Amazone sans anesthésie. Non merci. Puis honnêtement, point de vue sexuel, c'était aussi préférable. Allaiter, ça dégoûte.

Future Maman -- Ça dégoûte les hommes?

Mère indigne -- Non, non. Ça dégoûte tout court. Tu sais, t'es en pleine action et PAF!, la machine s'emballe. Cléopâtre aimait peut-être le lait en bains, mais en douche, Père indigne a trouvé ça moyen. "Humide, trop humide", comme dirait Nietzsche.

Future Maman -- Seigneur. On a peut-être commis une erreur, là, Futur Papa et moi... Avez-vous trouvé une solution, au moins?

Mère indigne -- Oui, mais ça crée un léger paradoxe. On conserve le soutien-gorge dans l'intimité, et hop! on s'expose devant tout le monde pour allaiter.

Future Maman -- Justement! C'est ça qui me dérange avec l'allaitement. Devoir le faire en public. Tu sais, moi, montrer ma poitrine à tout le monde...

Mère indigne -- Mais ce ne sera plus une poitrine sexuelle, chérie! Sortir un mamelon du soutien-gorge ou sortir un Tupperware du frigo, même combat. D'ailleurs, ça peut même être pratique. Une fois, je n'avais pas de lait pour mon café. Pfuit, pfuit, deux jets, et hop! Cafe con leche, mama style.

Future Maman -- Ah, pouache. Une chance que personne ne t'a vue.

Mère indigne -- J'étais à la cafétéria de l'Université.

Future Maman -- Arrête!

Mère indigne -- Ils ont appelé la sécurité.

Future Maman -- Non!

Mère indigne -- T'inquiète. Je les ai tenus en respect avec mes deux mamelons agressivement pointés vers eux, prêts à l'attaque. Ça t'immobilise un homme, une mitraillette à lait.

Future Maman -- Tu me niaises!

Mère indigne -- Ben oui. Mais sérieusement, je connais quelqu'un qui n'avait vraiment plus de lait pour le café de ses invités. Elle allaitait, alors elle s'en est tiré un petit pot en cachette et elle l'a apporté au centre de la table.

Future Maman -- ...

Mère indigne -- Éthiquement discutable, j'en conviens...

Future Maman -- ...

Mère indigne -- ... mais entre toi et moi, on boit bien du lait de vache...

Future Maman -- ...

Mère indigne -- ... et les invités n'y ont vu que du feu.

Future Maman -- Je pense qu'on va changer de sujet.

Mère indigne -- On fait comme tu veux, ma belle. Mais une fois mère, tu vas voir. Tu vas devenir COMME NOUS AUTRES™.

Future Maman -- (Soupir.) Heille, je voulais te demander. C'est vrai qu'enceinte, on fait parfois des rêves bizarres?

Mère indigne -- Comme rêver que tu portes un extraterrestre au lieu d'un foetus, qui jaillit de ton ventre comme dans Alien?

Future Maman -- Nnnnon. Plus comme rêver de, comment dire, prodiguer certaines faveurs à Nicolas Sarkozy dans la Maison Blanche.

Mère indigne -- Mon Dieu. J'espère que ça n'est pas prémonitoire.

Future Maman -- Ben voyons! J'aurai jamais l'occasion de rencontrer Nicolas Sarkozy.

Mère indigne -- Ça ne veut pas dire que ton bébé ne ressemblera pas à Nicolas Sarkozy.

Future Maman -- Arrête, j'attends une fille.

Mère indigne -- Mes sympathies.

Future Maman -- Sérieusement, j'étais vraiment embêtée. Je me demandais vaguement où était Carla.

Mère indigne -- Elle devait être avec W. Ou bien avec Futur Papa.

Future Maman -- C'est ce qu'il pense lui aussi. Et puis dans mon rêve, je me disais qu'il y avait sûrement plein de caméras cachées dans la Maison Blanche, et puis que nos cabrioles se retrouveraient sur YouTube.

Mère indigne -- Et là? T'as arrêté?

Future Maman -- Ben... non. Je me suis dit que j'écrirais un livre sur mon expérience et que je deviendrais riche.

Mère indigne -- ... Tsé, euh, allaiter en public?

Future Maman -- Oui?

Mère indigne -- Je pense honnêtement que ça ne sera pas un problème pour toi.

Thursday, April 24, 2008

J'aime mon public et mon public m'aime!

Hé oui, ne reculant devant rien pour témoigner de ma gratitude, j'ai bel et bien emprunté cette phrase à notre Poune nationale dans mon petit mot de remerciement hier soir, alors que je recevais le Grand Prix littéraire Archambault.

C'est de tout coeur que je vous dis MERCI pour l'honneur que vous m'avez fait d'aller voter pour moi! Ça fait tout un choc de me retrouver parmi la liste prestigieuse des gagnants des autres années... Mais en même temps, et comme je l'ai aussi mentionné en recevant le Prix, j'ai eu un public avant même d'avoir publié un livre, et le Prix témoigne en quelque sorte de la relation privilégiée qui se developpe dans un blogue entre les lecteurs et la personne qui écrit. Et écrire un blogue, c'est aussi participer à une communauté tissée serrée; les messages de mes confrères et consoeurs blogueurs/blogueuses sur Facebook hier m'ont d'ailleurs fait chaud au coeur (j'allais dire "m'ont beaucoup touchée", mais j'ai tendance à utiliser le mot un peu trop souvent, comme en témoigne cette vidéo...).

Je mentionne également que Mathyas Lefebure, qui a remporté le Prix de la relève littéraire Archambault hier soir pour son roman D'où viens-tu berger?, a également commencé par raconter ses aventures sur un blogue... Peut-être que ça ne veut rien dire mais... peut-être que nous somme en train de conquérir le mooooonnnnnde! :-)

Encore une fois, merci à tous! Et je promets un tome II pour l'an prochain!

Wednesday, April 23, 2008

Toutes les femmes veulent Georges

Chroniques Blondes parlait de Georges, hier. Or, je suis justement revenue à la maison hier en portant une robe de chez Georges, ma première, parce que parfois, comme dit la pub, "vous le méritez bien". Bon, elle était dans le rayon des soldes, mais ça lui donne une qualité supplémentaire.

Bébé s'est empressée de remarquer la nouvelle sophistication de sa maman. Sa réaction? Toute en stratégie et en finesse:

"Moi l'a fait bobo à la garderie (tâte le tissu) moi l'a tombé tombé tombé de la moto (reluque le décolleté) moi l'a fait bobo au zenou mes collants sont déssirés là (palpe le rebord) moi l'a pleuré pleuré pleuré dans le local moi l'a donné une tape à Heidi (tire les bretelles) pis là Lyne était pas contente moi l'a pleuré pleuré C'EST MA ROBE À MOI TU M'AS PRIS MA ROBE DONNE-MOI MA ROOOOBE!!!"

Georges, même à deux ans et demi, elles vous veulent toutes.

Friday, April 18, 2008

Tag beauté, coudonc

Bon, me voilà taguée par Nadia. Habituellement, je ne joue pas à la tag, mais là, exactement comme Martine, vu le plaisir que j'ai à lire les réponses de celles qui ont rempli le questionnaire, j'ai décidé de m'y prêter aussi. Alors voici, dévoilés devant vos yeux éblouis, mes secrets beauté hors du commun.

Mon fond de teint : Revlon Age Defying, spf 15. Je n'ai aucune idée des meilleures marques, je l'ai probablement choisi parce qu'il était en spécial et à cause du spf. Et aussi, de puis que j'ai 36 ans, à cause du "age defying" potentiel de la chose. Et du fond de teint, j'en utilise tous les jours (ça y est, c'est dit).

Un mascara : Lash Blast de Cover Girl. Acheté il y a trois mois, jamais utilisé encore (mon ancien avait dix ans, il est mort de vieillesse et avec toutes ses dents puisqu'utilisé seulement trois fois environ). J'imagine que j'en traîne un juste pour me sentir comme une vraie madame... parce que je ne l'utilise jamais.

Une crème de jour : Je mets une crème de jour et de nuit seulement depuis que j'ai eu 36 ans l'automne dernier. Passer de l'autre côté de la trentaine m'avait (attention, un aveu) fait incroyablement suer. Je m'étais dit qu'à partir de maintenant, tout pouvait s'écrouler n'importe quand alors mieux valait commencer le travail de ravalement de façade avant qu'il soit TROP TARD™. Une amie m'a recommandé la crème de jour Dormer. Je ne l'aimais pas au début parce que je trouvais qu'elle avait une petite odeur de régurgit de bébé, mais faut croire que je me suis habituée (en espérant que personne d'autre que moi ne la sent). J'aime bien l'effet hydratant mais pas gras du bidule.

Une marque de produits : Dove. Je me lave le visage avec du Dove, les cheveux avec du Dove, le body avec du Dove. Dove rules.

Ma marque de fétiche de maquillage : Je suis infidèle, la musique m'appelle, et d'abord je ne connais pas les marques. Disons que c'est celle qui est en spécial.

Un produit must : Du t'sous d'bras?

Mon parfum : Le parfum Tommy Girl de Hilfiger. C'est Père indigne qui l'a choisi pour moi et il a eu le pif, je l'aime beaucoup. Malheureusement, avec le temps, je développe une intolérance au parfum (j'ai de gros maux de tête sitôt que quelqu'un porte un parfum de manière trop prononcée -- ça m'a déjà fait changer de place dans l'avion ou au restaurant).

Mon magazine fétiche : Rien sur la mode. N'importe quoi avec des potins de vedettes. Ça a remplacé les Archies dans ma vie, pour l'insignifiance qui détend.

Tu pars sur une île déserte et tu emportes quoi (trois produits max sans protection solaire ni rasoir) : Kéri Lotion et, euh... du gin et du tonic? À part la crème hydratante, je ne vois pas. Peut-être du baume pour les lèvres, marque Personnelle, genre.

La femme que tu admires pour sa beauté : Helen Mirren. Je veux être comme elle quand je serai grande.

La femme dont tu envies le look : Chroniques Blondes. Elle a un vrai décolleté, elle, et elle a des robes d'enfer. (Dans son billet de tag beauté, elle essaie de faire croire qu'elle peut avoir l'air de rien. Mouarf! C'est une bombe.)

Je me damnerais pour : Toi, mon chou.

Que signifie pour toi la féminité : Tout et rien. Faisons donc ce qu'on veut avec.

Un dernier mot : Je ne pourrais pas mieux dire que Nadia à cet égard. En fait, je dirais que depuis que je suis mère (de deux filles en plus), j'ai tendance à être bienveillante envers les jeunes filles extraverties et folichonnes -- que j'aurais trouvées insupportables au début de ma vingtaine... Je pense que je perçois maintenant l'insécurité présente chez la plupart des filles, et ça m'émeut.

Ton adresse blog fashion/beauté préférée : Je ne pense jamais à aller consulter des adresses sur le Web pour ça. Par contre, j'admire (avec une pointe d'ébahissement) Martine qui fait ses crèmes elle-même. (Et Martine, je viens de songer avec honte que la crème de jour que tu m'as donnée l'an dernier est probablement encore au fond de mon sac à couches. Je pensais honnêtement que j'allais m'en servir, mais comme je n'avais pas encore 36 ans, j'ai dû oublier...)

Pas trop trop branchée produits de beauté, la mère, hein? Le pire dans tout ça, c'est que je passerais facilement deux heures à la pharmacie à les examiner un par un. Je ressors toujours avec les trucs de Dove, mais j'adore flâner dans les allées des crèmes, du maquillage et des produits capillaires. Ça doit être parce que je suis Balance.

Bon, avec tout ça, je ne sais pas qui taguer! Les cinq dernières personnes qui m'ont laissé un commentaire, tiens:

Mona
Cathe
Regor (hé hé)
La Suissesse Anonyme
Petite fille

Et puis, tiens, je tague aussi Pierre-Léon, parce qu'il le mérite...

Saturday, April 12, 2008

À névroses, névroses et demies

Billet radiophonique diffusé ce matin à l'émission Nulle part ailleurs (Radio-Canada, Sudbury). Le billet audio sera en ligne sur le site de l'émission plus tard aujourd'hui.

***

Chers enfants,

Moi, je dois vous dire franchement, en tant que parent, je ne crois plus tellement à la santé mentale. Et, soyons honnêtes, en particulier à la vôtre.

Oui, oui, c’est à vous que je m’adresse, les tout-petits. Surtout aux 0-5 ans, et même si je suis sûre que vous allez faire semblant de ne pas me comprendre. Je les connais, vos trucs, bande de petits malins.

Non, sérieusement, vous avez beau être petits, il y a quand même certains de vos comportements qui sèment le doute dans la classe adulte au sujet de votre capacité future à vous intégrer dans notre belle société.

Par exemple, cette manie que vous avez de ne pas vouloir prêter vos jouets. C’est pas beau. Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, on vit dans la grande famille humaine. Il faut de l’harmonie pour que ça fonctionne. Si déjà, à un an et demi, Nicolas ne veut pas prêter ses petites autos à Alexandre, c’est un mauvais début dans la vie et c’est toute l’humanité qui en souffre. Parce que ça crée de la chicane, et nous, les parents, la chicane, on n’aime pas ça. Ça nous fait de la peine de voir vos petits yeux rougis et vos habits déchirés (surtout que les t-shirts de Dora, ça ne pousse pas dans les arbres). Ça nous fait de la peine, et ça nous dérange dans la lecture de notre roman policier. Et ça, c’est très, très grave. Parce qu’ensuite, nous, les adultes, ça nous met de mauvaise humeur et on décide de se chicaner entre nous et si jamais il n’y a pas de beaux Jeux Olympiques cette année, ça va être entièrement votre faute.

En plus, les méchants enfants qui ne prêtent pas leurs jouets, vous savez ce qu’ils deviennent plus tard? Ils deviennent des méchants gérants de banque qui ne veulent pas prêter leurs sous aux parents qui en ont désespérément besoin pour s’acheter une deuxième voiture. Et si on n’a pas de deuxième voiture, qui va en souffrir, hein? C’est vous, mes chers petits. Parce que lorsque vous serez en âge de conduire, si on n’a qu’une seule voiture, on ne va certainement pas vous la prêter.

Pendant qu’on y est, crevons un autre abcès. Les enfants, franchement, c’est quoi cette manie de pleurer pour tout et pour rien? Vous voulez du jus dans le verre rouge, et suffit qu’on vous le donne dans le verre jaune pour que vous nous déchiriez les tympans pendant une demi-heure avec vos cris d’éléphant blessé à mort comme si on avait, sans faire exprès évidemment, mis votre nounours préféré à la poubelle. Et ça n’arrive pas qu’une fois par semaine, oh que non. Plusieurs fois par jour, les cocos. C’est un signe, ça. Un signe que ça ne tourne pas très rond là-dedans...

Oui, je sais, parfois Maman se fâche elle aussi. Et parfois, on dirait qu’elle se fâche pour rien. Par exemple, la fois où j’ai pleuré et mis tout le monde à la porte parce que vous aviez barbouillé mon Sudoku. Mais c’était pas pour rien que je m’étais choquée, j’allais le réussir pour une fois. Et de toute manière, quand Maman se met en colère, elle a toujours une bonne raison. En général, Maman, quand elle se fâche, c’est parce qu’elle est dans son SPM, scientifiquement appelé le « boléro des hormones ». C’est un phénomène prouvé médicalement: Maman est victime de pulsions qui sont hors de son contrôle. Et ça, c’est pas comme vous. Vous, mes chers petits, vous n’avez aucune raison d’être agressifs, parce que médicalement, on a prouvé que les 0-5 ans, ils n’ont pas encore d’hormones. Enfin, c’est ce que j’ai lu dans le dernier numéro du, euh, je sais plus trop... Mais bon, peu importe, de toute manière, vous ne savez pas lire. Et si vous me contredisez encore une fois, je vous préviens, ça va barder.

Finalement, il faut qu’on s’assoie pour discuter de votre dépendance aux friandises. Sérieusement, le goût de la plupart des bonbons... Horrible! C’est chimique à mort, et ça ne goûte même pas ce que c’est censé imiter. Prenez les bonbons en forme de baleines. Non seulement ça ne goûte pas les baleines, mais en plus, il n’y a même pas de vraies baleines dans les ingrédients! Alors que moi, dans le daiquiri aux fraises que je suis en train de me préparer, il y a du vrai jus de fraise bon pour la santé! En tout cas, il y en a un petit peu. Et dans le gin tonic que je vais prendre après, c’est encore mieux! Il n’y a pas de fruits bons pour la santé dans le gin tonic, mais le gin, ça vient d’une plante qu’on appelle le genièvre, et les plantes, mes petits amis, c’est nécessairement plein de vitamines, et ça montre que je suis proche de la nature. C’est pas comme vous avec vos M&M industrialisés.

Décidément, les enfants, quand je vous vois agir parfois, je suis un peu pessimiste pour le futur de notre belle planète. Mais je me dis qu’heureusement, nous sommes là, nous, les adultes, pour essayer de vous rendre meilleurs.

Friday, April 11, 2008

Chronique radiophonique de demain

Ça va s'appeler "À névroses, névroses et demies" et j'ai été l'enregistrer ce matin. J'ignore encore à quelle heure elle sera diffusée, je vous tiendrai au courant -- tiens, j'ai eu le courriel juste là là, ça va être à 8h20. Et vous pourrez ensuite la lire ici-même, et l'entendre là-bas, après l'émission, si l'envie vous prend.

***

Petite pub mais c'est pour votre bien: J'ai été au lancement d'Entendu à Montréal mercredi et j'en ai acheté un exemplaire, alors je peux en toute confiance vous recommander chaudement ce livre issu du blogue du même nom et enfanté (si je puis me permettre) par Frederic Rappaz. J'avoue que j'ai une propension à bien aimer les bouquins qui ont d'abord été publiés sous forme de blogues (je me demande bien pourquoi d'ailleurs ;-)), et celui-là est hilarant. À ne pas lire dans le métro si vous n'aimez pas vous esclaffer tout seul dans votre coin en public, et aussi si vous ne voulez pas passer tout droit à la station Jean-Talon alors que vous deviez changer pour la direction Montmorency pour aller chercher les enfants -- ouais, c'est ce qui m'est arrivé. Bonne lecture!

Sunday, April 06, 2008

Petites vites du week-end

Bébé, absolument charmante -- Maman, ma touve pas mes suyiers de picesse, ma. Pi-ti aider ma? Si-ti-plaît?

Mère indigne, heureuse de voir son héritière numéro 2 dans de bonnes dispositions -- Tu ne trouves pas tes souliers de princesse? Viens avec moi, on va aller voir dans ta chambre. Hé bien oui! tu vois, ils sont là!

Bébé -- Rhôôôôôôôô! Ma les ai touvés! Ze savais-ze savais-ze savais!

Mère indigne, attendrie -- C'est Maman qui les a trouvés, mais c'est pas grave.

Bébé toise sa mère des pieds à la tête: "Qué tu fais dans ma samb'? C'é MA samb'! Va-t'en, toua! Va-t'en!

Mère indigne -- Bon, ben... Ouais... De toute manière, j'avais autre chose à faire, hein. (Sniff, sniff...)

***

La famille est attablée devant notre souper belge hebdomadaire: moules/frites à gogo.

Fille Aînée -- Oh, regarde Maman! J'écaaaaarte la moule... Ça s'étiiiiiire...

Père indigne -- Hin hin hin.

Fille Aînée -- C'est drôle, je n'ai pas tellement envie de moules, ce soir.

Père indigne -- Ah ben c'est bizarre, parce que moi c'est tout l'inverse.

Mère indigne -- Bon. Je suppose que j'aurai droit à une portion supplémentaire de frites.

***

Fille Aînée -- Tu sais, vendredi à l'école, il est arrivé quelque chose de vraiment bien.

Mère indigne -- Tu as retrouvé toutes tes mitaines perdues? (Ben quoi, on sait jamais.)

Fille Aînée -- Pfff. Ben non. C'est Michael. Il est venu me parler.

Mère indigne -- Et alors?

Fille Aînée -- Ben, j'ai calculé, et ça faisait un an et demi qu'on ne s'était pas parlés!

Mère indigne -- Pour des enfants de huit ans, c'est vrai que c'est un bail.

Fille Aînée -- Tu sais, ce que tu m'avais raconté? Que tu t'étais réconciliée avec un ami à qui tu n'avais pas parlé depuis 10 ans?

Mère indigne -- Douze.

Fille Aînée -- Et que c'était un peu ridicule de ne pas se parler pendant tout ce temps-là, t'sais, un peu niaiseux?

Mère indigne -- Même si c'était entièrement sa faute.

Fille Aînée -- Madame Sophie, elle dit que c'est toujours un peu la faute des deux. Alors ça devait quand même être un peu ta faute.

Mère indigne -- Hmfvrmmroui.

Fille Aînée -- En tout cas, j'étais vraiment contente que Michael me parle. Parce que c'est vrai que c'est niaiseux de ne pas se parler. En plus, je ne me souviens pas vraiment pourquoi on ne se parlait plus, alors...

Mère indigne -- Tu as raison. C'est très bien ce qui vous arrive, très mature. Ça veut dire que vous grandissez.

Fille Aînée -- Oui, j'étais super fière de notre comportement.

Mère indigne -- Et qu'est-ce qu'il t'a dit, Michael?

Fille Aînée -- Je sais pas, j'ai pas bien entendu.

***

Fille Aînée -- Combien de moules je suis obligée de manger, encore?

Père indigne -- Cinq.

Mère indigne -- Quatre.

Fille Aînée -- Je choisis l'opinion de Maman!

Mère indigne -- En tant que chef de famille, mon opinion n'est pas qu'un simple avis, c'est un ordre.

Mère indigne et Fille Aînée s'adonnent alors à un "tope-là" sonore qui semble indisposer Père indigne.

Père indigne -- Et moi, c'est quoi mon rôle, dans cette famille?

Mère indigne -- Serviteur de Bébé.

Fille Aînée -- Un rôle dont l'honneur te reviendra pendant des siècles et des siècles.

Père indigne, qui a tendance à user de références exagérées lorsqu'il est dépité -- On dirait Goebbels.

Mère indigne et Fille Aînée -- Tope-là!! Hin hin hin.

***

Bébé -- Un nazeau! Ma la vu un nazeau dans la finêtre!

Mère indigne -- Oh, oui! Un bel oiseau! Le printemps est arrivé! Qu'est-ce que ça fait, les oiseaux, chérie?

Bébé -- Couilles! Couilles!

Mère indigne -- Je suppose qu'il fallait s'y attendre.

Wednesday, April 02, 2008

Mère indigne et les doigts humains

Bon, bon, bon.

(Je vous le dis pour le futur, mais quand je commence un message avec "Bon, bon, bon", c'est parce que j'ai honte de quelque chose. Mais je vais vous le raconter pareil, hein, faut pas croire. On a des principes, mais seulement là où ça compte. C'est-à-dire, heu... On applique nos principes lorsque... Pouf, pouf... En tout cas, on s'en reparle, j'ai un truc à vous dire.)

Bon, bon, bon.

Ce n'est pas évident pour vous qui lisez fort gentiment ce blogue, mais je suis une personne qui a de l'imagination. Ce n'est pas évident, dis-je bien, puisque tout ce que je raconte ici est toujours ri-gou-reu-se-ment vrai. Mais j'aime bien inventer des choses de temps en temps. Comme des blagues. Quel est le pays préféré des chiens? Le Japon. Celui des voleurs? La Libye. Des bûcherons? La Syrie. Des grenouilles? La Croatie.

Je sais, je sais. Vous n'en revenez pas. Une vraie machine, je suis. Père indigne, en tant que Belge et donc, supposément "drôle", en est vert de jalousie.

Et en plus, c'est pas tout! J'invente des chansons, aussi. Enfin, je prends des airs connus et là, je remplace les paroles. Des trucs sophistiqués, bon chic bon genre. Rien de scatologique ou qui parle des parties privées, hé, ho.

Bon, bon, bon, j'avoue, ça m'arrive peut-être une fois de temps en temps. Rarem-- bon, d'accord, souvent. Et parfois même, ô horreur, devant mes enfants.

Mais ce n'est pas ma faute. C'est la faute à Fille Aînée. Qu'est-ce que je pourrais faire d'autre? Elle croit encore au Père Noël, la pauvre. Alors je me dis qu'il est de mon devoir de mère de l'éveiller à d'autres réalités. Pour qu'elle puisse apporter une contribution positive à son groupe d'amis et que sa croyance abjecte et irrationnelle dans le Père Noël ne soit pas un trop gros handicap dans sa vie sociale.

Et par "d'autres réalités", j'entends les chansons inventées. De préférence stupides. Et à léger contenu scatologique; juste ce qu'il faut pour ravir les enfants du primaire et leurs mamans. Enfin, au moins une maman. Moi.

C'est pas très joli, je sais, mais c'est pour son bien.

Mère indigne, hier, dans la voiture -- Hin hin hin.

Fille Aînée -- Pourquoi tu ris, Maman?

Mère indigne -- Hum. Je... Je ne peux pas te le dire.

Fille Aînée -- ...

(En fait, à 8 ans et demi, Fille Aînée sait déjà que sa mère est absolument incapable de retenir une blague, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Surtout, soyons honnêtes, lorsqu'elle est mauvaise.)

Mère indigne -- C'est parce que j'ai inventé des nouvelles paroles pour "La mère Michel", mais je ne peux pas te les dire, ce n'est pas un sujet pour les enfants.

Fille Aînée -- ...

Mère indigne -- Non, sérieusement. Je ne peux pas.

Fille Aînée -- ...

Mère indigne -- Je... c'est pas...

Fille Aînée -- ...

Mère indigne -- Ou alors, tu promets de ne pas dire à Papa que ça vient de moi.

(Père indigne, il ne devinerait jamais, hein. Complètement mystifié, le mec. Hum.)

Fille Aînée -- C'est promis! C'est promis! C'est quoi les paroles?

Mère indigne (ravie de pouvoir chanter tout haut ce qu'elle pense tout bas) -- C'est la mère Michel qui a perdu son doigt / Qui crie par la fenêtre à qui le lui rendra / C'est le père Lustucru / Qui lui a répondu / Allez la mère Michel, votre doigt est dans votre ...

Fille Aînée, triomphalement -- NEZ!

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais j'ai l'impression qu'on s'enligne pour être pris avec le Père Noël encore un bon bout de temps.